Killers 2: The Beast (2002)

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Killers 2: The Beast

(2002)

 

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La première fois que j’ai entendu parler de Killers 2, c’était dans les pages de Mad Movies à la section Notules Lunaires, où sont traités les films “en cours”. Généralement des petits budgets qui peuvent même ne jamais voir le jour. Je n’ai pas le magazine sous la main mais l’article parlait d’une suite façon film d’horreur, où la survivante du premier opus serait confrontée à une bande de goules ou de créatures monstrueuses au sein d’un hôpital psychiatrique où elle a finalement échouée après les évènements du premier film. Le titre était alors Hellion: Killers 2. Vous remarquerez que le nom du film dont je vais vous parler est différent. Killers 2: The Beast. Il paraît donc évident que le projet initial a été modifié en cours de route, troquant l’approche Fantastique au profit d’un thriller réaliste équivalent au film original. J’ai une théorie là-dessus, laquelle s’appuie surtout sur le manque flagrant de budget, mais nous y reviendrons. Parlons un instant de Killers, sortie en 1997 (et à ne pas confondre avec le film homonyme de Mike Mendez de 1998) par une petite compagnie toute nouvelle et encore inconnue: The Asylum. Oui, je parles bien de cet Asylum.

 

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Le film a été réalisé par David Michael Latt, un des fondateurs de la boite, avec rien de moins que sa femme dans le rôle principal, l’actrice Kim Little. Thriller minimaliste mais suffisamment sombre et violent pour être efficace, il racontait comment une bande de petits gangsters pénétrait par effraction dans un hangar abandonné pour faire un deal de came, jusqu’à ce qu’ils réalisent que les lieux appartiennent en fait à un empire criminel local n’appréciant guère les intrus. Le fils du patron en personne et ses hommes de main s’appliquaient alors à traquer et tuer les voyous jusqu’à ce que l’un d’eux, un psychopathe autiste, tombe amoureux d’une petite droguée et se rebelle contre les siens, causant un véritable massacre. Fauché, Killers avait au moins pour lui un scénario imprévisible et un décors simpliste mais parfaitement exploité grâce à des éclairages travaillés et un sens du cadrage donnant une impression de claustrophobie.

 

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Environ cinq ans plus tard, David Michael Latt et sa femme remettent le couvert avec Killers 2, pour un film que l’on suppose être identique mais qui tente en fait de partir dans une tout autre direction. L’histoire se déroule six semaines après le film précédent et Heather, l’héroïne, a été interné dans un asile sans qu’elle ne sache pourquoi. Elle s’y réveille en réalisant que le personnel est terrifié de ses réactions et nous apprenons que les évènements qu’elle a vécue l’ont tellement traumatisée qu’elle a développée une sorte de schizophrénie la rendant au moins aussi dangereuse que le terrifiant tueur du premier film. Lorsque poussée à bout, Heather entre subitement dans un état bestiale qui décuple ses forces et la pousse à attaquer sauvagement tout ce qui bouge. Une conséquence directe de sa confrontation avec le psychopathe, puisque son esprit se représente tout agresseur comme un tueur potentiel en voulant à sa vie. Une réaction dont elle ignore tout mais qui lui vaut d’être surnommée “The Beast” par les internes (d’où le nouveau titre du film) et de rester sous étroite surveillance par un personnel absolument odieux.

 

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Larguée par ses parents, persuadée que les tueurs qui étaient à ses trousses vont venir l’achever, Heather tente de s’évader plusieurs fois. Jusqu’à ce que le film fasse une dernière révélation quant à la vérité de la situation. Rien de spectaculaire puisqu’il ne s’agit que d’une reprise des évènements de Killers transposés dans un autre lieu et en beaucoup moins bien. Killers 2 est un film étrange qui tente vainement de nous faire croire que Heather est peut-être devenue folle, paranoïaque, et que personne ne veut la tuer en réalité. En fait il apparaît vite que le nouveau scénariste (Paul S. Bates, qui succède à Steven Ramirez) ne veut pas faire un film d’action mais quelque chose de plus intimiste et cérébrale. Mais l’argent manque et si l’intention est là, aucune scène ne vient vraiment rendre crédible cette démarche: Heather passe son temps à être maltraité, les médecins semblent s’étonner de son cas (alors que l’enquête de police a bien révélée le massacre générale du premier film) et l’angle de la paranoïa est rendu immédiatement obsolète en raison de l’attitude de l’entourage de l’héroïne.

 

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Entre un directeur d’établissement adepte de l’électrochoc, des matons pervers, drogués et violents, une surveillante grande gueule et un médecin qui n’a visiblement pas bien lu le dossier de sa patiente, cette suite accumule les personnages détestables qui ne font rien pour améliorer le cas d’Heather. Et lorsqu’au final on réalise que certains d’entre eux ont en fait été engagé par le chef de la pègre pour l’éliminer, on ne s’étonne pas plus que ça. Mais le vrai problème vient avant tout du scénario, rébarbatif, qui s’embourbe dans des séquences inutiles ou répétitives (le nombre de tentatives d’évasion d’Heather, les discussions sur sa mémoire peut-être défaillante par rapport au premier film). Le dernier acte censé jouer la carte de la surprise est plus laborieux qu’autre chose puisque non seulement tout était grillé depuis le début (même le résumé du film au dos du DVD vendait la mèche), mais en plus la conclusion ne remplie pas ses promesses…

 

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On voulait une Heather primale contre une horde de nouveaux tueurs, quelque chose de viscéral à la manière de la fin de Killers, au lieu de ça on se retrouve avec une tuerie ultra cheap et finalement sans enjeux. Difficile de croire que l’homme derrière l’original se rend responsable d’un massacre aussi faible, avec des mises à mort continuellement hors champ, des gunfights qui sonnent faux et sans impact, et parfois franchement ridicule (un sbire mis hors d’état de nuire en étant renversé par un brancard, sérieusement ?). Le tout est sérieusement mis à mal par une réalisation inepte, abusant de fondus au noir ou au blanc et de gros plans serrés cache-misère. Si le mince budget de Killers était habilement camouflé grâce à la réalisation, c’est tout le contraire ici et l’absence de moyens se fait énormément ressentir. Le film se vautre lamentablement sur tous les points, et ce qui aurait dû être un longue montée de suspense débouchant sur une explosion de violence se dégonfle très vite en une série Z ennuyante.

 

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Et c’est bien dommage car le concept était intéressant et il reste encore quelques bonnes idées dans tout ça. Malgré leur répétitions, les flashbacks du premier opus expliquent comment Heather entre dans cet état bestial et s’intègrent logiquement dans l’histoire. Le thème de la barbarie comme moyen de survie est intéressante et donne lieu à quelques séquences oniriques comme lorsque l’héroïne est victime de visions d’une autre Elle couverte de sang, symbolisant sa nouvelle personnalité qui la met en garde contre d’éventuels ennemis. Et voilà où je place ma théorie de la réécriture de Hellion: Killers 2: je pense que, dès le début, l’argument Fantastique était faussé et devait correspondre à ces hallucinations qu’à Heather lorsqu’elle est sur le point de céder à la Bête qui est en elle. Le film devait probablement faire apparaître les tueurs et autres personnages néfastes sous les traits de véritable monstres, allant jusqu’à nous faire croire qu’Heather luttaient contre eux “pour de vrai”, jusqu’à ce que l’épilogue ne révèle la psychose de l’héroïne et la façon dont sa perception éclate lorsqu’elle entre dans un état berserker.

 

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Mais probablement pour des raisons de budgets, les créatures nécessitant un gros travail de maquillage et d’effets spéciaux, le script a été remanié et le “Hellion” du projet est passé à la trappe. On en retrouve quelques échos ici et là, même dans la mise en scène, via un éclairage bleu et froid qui contraste avec celui du premier film, et Kim Little est encore une fois très bonne dans le rôle de cette jeune fille apeurée qui redevient sauvage. Il faut la voir s’éclater la tête continuellement contre une vitre de sécurité une fois en transe ! Tout cela rend fort regrettable le fait qu’Asylum n’est pas tenté de mener son projet jusqu’au bout, car Hellion: Killers 2 aurait été un bien meilleur successeur à Killers que ce Killers 2: The Beast très plat. Bien sûr je ne fais qu’extrapoler et peut-être que je me plante totalement. Le DVD zone 1 du film, que je ne possède pas, comporte un commentaire du réalisateur et quelques scènes coupées qui pourraient un peu mieux nous aiguiller sur toute cette histoire. Avis aux enquêteurs.

 

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Terminons cette chronique en évoquant quand même ce gag assez énorme du gardien pervers qui, après avoir avalé du viagra en pensant prendre du bon temps avec l’héroïne, se fait assommer sans pour autant en perdre son gourdin. Heather, qui cache le corps dans son lit pour tromper la surveillance, ne parviendra pas à faire redescendre le membre durci et devra le cacher avec son oreiller ! On pari que ça n’avait pas sa place dans Hellion ?

 

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