Wolverine: Revolver (2009)

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Wolverine: Revolver

(2009)

 

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Petit one shot de quelques pages écrit par Victor Gischler (Red Sonja / Conan: The Blood of the God, Sally of the Wasteland), Wolverine: Revolver n’est pas vraiment un comic-book américain mais plutôt une bande-dessinée européenne publiée directement aux États-Unis. J’en veux pour preuve le découpage et l’agencement des cases, et surtout les illustrations de Das Pastoras, alias Julio Martínez Pérez, artiste espagnol ayant travaillé avec Alejandro Jodorowsky sur Castaka, un spin-off de La Caste des Méta-Barons. Comme sur une œuvre de chez nous il dessine, encre et colorise seul, et le rendu parle de lui-même, bien qu’il soit parfois étrange de voir ce style associé au personnage de Wolverine. Et pourtant cela convient parfaitement à cette petite histoire qui n’a rien d’une aventure incroyable, montrant plutôt une tranche de vie dans le quotidien tordu du célèbre Mutant.

 

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Ici il se retrouve dans un jeu de roulette russe organisé clandestinement par la mafia à Las Vegas, et choisi volontairement de participer juste pour rencontrer un seul homme – sa proie. Car si Logan ne craint pas de recevoir une balle en pleine tête avec son crâne en adamantium, son opposant paraît étrangement calme pour quelqu’un qui enchaine les matches. Ce n’est même pas une surprise de dévoiler qu’il est en fait un démon sous forme humaine et qu’il va finir par révéler sa véritable forme (une sorte d’homme chauve-souris bleue très corpulent), Revolver nous gratifiant d’un petit combat entre les deux personnages qui partagent d’ailleurs aussi bien les griffes acérées que le pouvoir auto-regénérant. Il y a naturellement une raison pour laquelle Wolverine traque ce monstre et la conclusion le montre agir en conséquence, semant les morceaux de la créature dans le désert afin de l’empêcher de se réunir et réservant un sort plutôt lugubre à la tête toujours consciente.

 

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Il est maintenant loin le temps où Marvel permettait à ses personnages mâles et Blancs d’être bad asses et crédibles, et Revolver est un témoignage encore récent de cette époque. Pastoras n’a même pas besoin de montrer Logan utiliser ses griffes pour dire combien il est hardcore, puisqu’il lui suffit de présenter quelques plans de son visage impassible lorsqu’il se pose le canon d’un flingue contre la tempe, le Mutant ne ressentant aucune émotion alors que la détonation lui bousille le tympan. Le script aide aussi en faisant preuve d’autant de retenue que possible, utilisant les bulles et les boites de narration avec parcimonie pour laisser parler les dessins, et au final on se surprend presque à regretter que ce one shot ne soit pas un peu plus long. Car en l’état, si court, il s’apparente à du simple filler que de nombreux lecteurs vont ignorer au profit de story arcs plus complètes et potentiellement plus significatives.

 

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Mais cela serait croire que Revolver a eu des lecteurs, ce qui ne fut pas vraiment le cas: en raison de sa couverture stylisée assez particulière, où le X-Man se montre très simiesque dans son apparence, beaucoup auront préféré passer leur tour, et aujourd’hui encore la BD n’est évoquée pour cette mauvaise illustration. La critique vient principalement d’un lectorat américain formaté à un certain style plus classique et passe-partout, et qui n’est sans doute pas familier avec des auteurs à forte personnalité comme Richard Corben, Sam Kieth, Simon Bisley ou, pour citer un artiste européen, Tanino Liberatore. Franchement imaginez un instant une histoire de Wolverine par le dessinateur de RanXerox. Cela ne passerait définitivement pas au pays de l’Oncle Sam, et encore moins maintenant !

 

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