Re-Animator (1991-1992) | Re-Animator in Full Color

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Re-Animator

(1991-1992)

 

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Lorsque Malibu Graphics récupère la licence Re-Animator via Brian Yuzna afin de l’adapter en bande-dessinées, le film n’est plus d’actualité. Nous sommes aux débuts des années 90 et La Fiancée de Re-Animator est déjà disponible en vidéo à ce moment là. Cela n’empêcha pas la compagnie d’avoir de grandes idées pour le personnage, continuant ses aventures bien avant que Beyond Re-Animator ne voit le jour. C’est dans leur label Adventure Comics qu’elle publie ce premier essaie, une adaptation du film Stuart Gordon. Celle-ci avait déjà connu une novélisation promotionnelle en 1987, mais il s’agit d’un nouveau projet avec de tout autres auteurs aux commandes. Si l’histoire demeure essentiellement la même, le scénariste Steven Philip Jones (un spécialiste de l’horreur et de Lovecraft) semble utiliser ici le scénario original qui contient quelques différences, auquel il apporte lui-même d’autres petites altérations.

 

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Et ça commence par une rivalité surprenante entre Dan et West, ce dernier gagnant dès son arrivée à Miskatonic une recommandation pour une prestigieuse académie convoitée par l’autre, là où le film l’offrait à Dan grâce à ses connections avec le directeur de l’hôpital, père de sa petite amie. Le cours d’anatomie dans la morgue, avec ce cadavre autopsié dont on retire le cerveau, a ici lieu dans un amphithéatre et sans scènes gores, mais avec une joute verbale entre le Dr. Hill et West qui fait bien plus que casser ses crayons. Nous apprenons aussi que les recherches du médecin avec son trépan laser sont ce qui permettent à l’université de recevoir des fonds et de tenir tête à Harvard et Hopkins. Le Re-animateur évoque un peu plus son temps avec Hans Gruber (le médecin, par le terroriste), admettant qu’il était comme un père pour lui, et le flashback en Suisse est déplacé en milieu de film lorsqu’il présente ses recherches à Dan après la résurrection du chat. Celui-ci est d’ailleur tué une troisième fois, découpé au scalpel par West après l’intrusion de Megan.

 

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Les origines d’Herbert West, bien que gardées secrètes, son sensiblement évoquées et nous découvrons que sa famille, installée à Boston, est riche, l’apprenti-sorcier ayant choisi de s’installer à Arkham après avoir été expulsé d’Europe parce que l’endroit n’est pas très éloigné de la demeure familiale. Quant au désire pervers qu’éprouve Hill pour la jolie Megan, il est grandement amplifié puisque la jeune fille explique savoir qu’il est obsédé par elle depuis qu’elle a douze ans. Elle-même est décrite comme n’ayant que 19 ans dans cette version, et Dan partage alors une haine du personnage avec Herbert West, qui lui de son côté est bien plus sensible au plagiat des travaux de Gruber que dans le film. La réanimation de Halsey n’est pas montrée mais Hill débarque sur les lieux après le drame et récupère un dictaphone où toute l’affaire a été enregistré.

 

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Il est également présent lorsque Dan tente de convaincre le doyen que West a vaincu la mort avec sa formule, et on pourra trouver la scène coupée où il étudie un Halsey zombifié avant opération, incrédule devant son état physique. Tout cela permet d’expliquer un peu plus pourquoi il vient rendre visite à West pour lui voler ses travaux, alors que la version cinéma le montrait jusqu’ici plus gêné par la présence de West en raison de ses liens avec Gruber. Son bureau affiche une apparence très occulte, reflétant un peu plus son don pour l’hypnotisme, et il n’assome pas le Re-animateur immédiatement lorsqu’il parvient à contrôler son corps décapité, son ennemi se montrant fort surpris de cette connexion psychique et prévoyant de le disséquer pour étudier la question. Enfin l’héroïne fait l’amour avec Dan alors qu’elle ne veut pas dans le film car effrayée par West, et elle découvre le corps de Rufus après coït, se baladant toute nue dans l’appartement.

 

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La mort des deux savants fous apparaît aussi différente: la tête de Hill est toujours broyée par Halsey, mais d’un seul coup et très brutalement lorsque le mort-vivant frappe des deux poings sur sa caboche dans un accès de rage. Son corps, jamais surdosé de sérum, n’explose donc pas, et à la place West est empoigné par le directeur zombifié qui bouscule le générateur du laser par inadvertance, provoquant une explosion. Bien sûr tant de changement apporte son lot de bonnes et de mauvaises surprises, et certains choix paraissent plus judicieux que d’autres. Ce Re-Animator est parfois bien trop soft par rapport au niveau de violence très apprécié de l”original, et l’artiste ne montre pas vraiment les morts-vivants abimés du Dr. Hill dans le dernier acte, limitant leur apparence à quelques corps nus à peine mutilés (encore que l’un se balade avec une main coupée dans la bouche, sans aucun contexte – peut-être dévore t-il le corps de Hill, ce qui est amusant).

 

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Si les dialogues sont fidèles à ceux que l’on connait, certaines répliques inventées sonnent plutôt bizarres (dont une étrange référence à Star Trek lorsque Hill et West se disputent au sujet d’un discours: “I’m not a grammarian, captain. I’m a doctor”), et malgré l’utilisation du scénario original il manque deux scènes coupées bien connues des fans: celle où West s’injecte son propre sérum tel un junkie, la formule agissant comme un stimulant à petites doses, et le cauchemar de Dan ou Halsey et Hill lui présente le corps nu de Megan à la morgue qui fini par se réveiller. Pas bien grave pour cette dernière puisque l’on a plus d’une occasion de voir la demoiselle en tenue d’Eve, y compris dans le final où elle perd vite la chemise que Dan lui colle sur les épaules dans le film. Reste quelques bonnes idées comme cette spirale de sang qui se forme lorsque West transperce un cadavre à la scie électrique, le détail de la bulle de dialogue émise par le sac où est caché la tête coupée de Hill lorsqu’il se rend incognito à la morgue, et les dernières cases qui reprennent à l’identique l’effet de montage de la conclusion, avec la solution fluorescente injectée à Meg dans le noir total.

 

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A ce titre l’éditeur revendique haut et fort la publication en couleur, que ce soit en slogan sur les couvertures ou dans le titre officiel de l’oeuvre dans les crédits (Re-Animator in Full Color), chose effectivement très rare avec les labels Adventures et Aircel qui publiaient presque exclusivement en noir et banc par économie. Intéressant lorsque l’on sait que Malibu devint la première compagnie à utiliser un système de coloration informatique au milieu des années 90, si révolutionnaire que Marvel Comics racheta la compagnie juste pour empêcher DC de mettre la main dessus. Cela coupe presque l’herbe sous le pied de l’illustrateur, Christopher Jones (The Batman Strikes ! et Day of Judgment chez DC), qui fait pourtant du bon boulot malgré le manque de temps évident l’obligeant à faire au plus simple et d’épurer les détails au maximum. De toute évidence il s’est aidé d’une copie du film, reprenant nombre de cadrages tels quels, mais ses rajouts sont souvent bienvenu malgré la simplicité de ses compositions. La ressemblance avec les acteurs a été merveilleusement conservée, à part peut-être pour Megan qui évoque plus souvent une blonde générique que Barbara Crampton, et on ne peut que rêver de ce qu’aurait donné son travail avec un peu plus de temps et de moyens.

 

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Le résultat demeure malgré tout plaisant puisque fidèle à l’oeuvre dont il s’inspire et parfaitement structuré en trois numéros, ce qui n’est ni trop long ni trop court. Quants aux modifications et aux rajouts, ils permettent de garder les fans engagés pour répertorier chaque différence plutôt que de leur faire se demander pourquoi il ne se contentent pas juste de revoir le film. Parallèlement à cette adaptation Malibu proposa une préquelle, Dawn of Re-Animator, se déroulant entre le prologue en Suisse et le retour de West aux Etats-Unis. Un livre plus cheap et entièrement en noir et blanc qui à le mérite de créer un début d’univers étendu pour le notre savant fou. Dans l’édito du #3, il fut annoncé d’autres histoires à venir avec un Herbert West plus jeune mais ces projets ne virent jamais le jour, la faute sans doute aux ventes décevantes des deux premières BD, ou à la date d’expiration de la licence. Il fallu attendre plus de dix ans pour voir revenir la franchise au format comics, avec un one shot en guise de #0 au crossover Army of Darkness / Re-Animator – et encore, puisque cette version du personnage n’est pas tout à fait celle du film mais une imitation similaire, et ce n’est qu’en 2008 que le “vrai” Herbie fit son retour, via le crossover avec Hack/Slash qui devait servir de prologue à House of Re-Animator avant que cette troisième suite ne soit abandonnée faute d’investisseurs.

 

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