Dragon Fury (1995)

 

Dragon Fury

(1995)

 

I’ll answer more questions after we rest and have sex

 

 

Le titre Dragon Fury se rapporte à plusieurs choses. Il y a un film de à la Asylum datant de 2021, la version française du Cry of the Winged Serpent de Jim Wynorski, un vieux truc de kung fu aussi appelé Duel at Forest, et puis il y a ce jeu nommé Dragon’s Fury sur Mega Drive. Mais c’est surtout le nom d’un gros Z distribué par la Troma au milieu des années 90, même s’il convient de préciser qu’elle ne l’a pas produit et s’est contentée de le récupérer pour gonfler son catalogue. Si la vue de ces acteurs aux biceps surgonflés laisse présager un actioner quelconque à base d’arts-martiaux, l’histoire pompe en fait Terminator en remplaçant les flingues et les robots par des épées et cette bonne vieille peste. La chose étant un micro budget, cela permet d’esquiver toutes explosions ou fusillades bien trop coûteuses et de se focaliser sur ces bonnes vieilles bastons économiques et rarement bien chorégraphiées. Une habitude pour le responsable, David Heavener (Kick of Death, Ragin’ Cajun), qui a fait sa carrière sur cette formule.

 

 

Excentrique à l’égo surdimensionné, il se présente à la fois comme acteur, chanteur, combattant, compositeur, producteur, réalisteur et scénariste, et il jongle d’un poste à l’autre en fonction des besoins. Ici c’est sous la bannière A Dirty Squirrel Production qu’il écrit et met en scène, se gratifiant même d’un special guest appareance dans les crédits pour se faire plaisir puisque déléguant le rôle principal à quelqu’un d’autre. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il est également mauvais dans chaque département puisque Dragon Fury se montre aussi cheap que prévisible et mal filmé. Ce qui en vérité ne sera un problème que pour ceux qui mettent les films amateurs et les blockbusters hollywoodien sur le même plan, tout l’intérêt de la chose résidant justement dans ses fautes de goûts, ses choix discutables et ses idées à peines développées. Car contrairement aux autres clones de Terminator, celui-ci semble au moins avoir sa propre vision des choses avec son univers mi-sword ans sorcery mi-hair metal des années 80.

 

 

L’intrigue débute dans un Los Angeles post-apocalyptique dévasté tant par le redouté Big One que par une maladie ultra contagieuse qui ne possède pas de traitement. Une variante de la peste fabriqué artificiellement par une compagnie, la AAMA, et lâchée sur le monde peu avant que le tremblement de terre ne frappe dans l’idée de vendre le remède (inefficace) une fortune. Désormais la ville n’est plus que ruine et sous le joug du tyrannique Vestor, le “chief medical dictator” de la multinationale qui non seulement existe encore mais domine la région. Pour faire le sale boulot il dispose de Dragons, des gardes d’élite qui se baladent torse nu avec une cagoule de ninja sur la tête et possèdent un sabre à lame rétractable pour faire Star Wars. Et à la manière du Réveil de la Force, le film commence lorsque l’un d’eux fini par déserter, sauvant une mère et sa petite fille durant une attaque contre des civiles. Il s’appelle Mason et il faut dire qu’il a perdu sa femme et sa gamine de cette façon avant d’être capturé et soumis à un lavage de cerveau.

 

 

Ayant brisé ses chaines car “sa capacité à aimer est plus forte que sa capacité à haïr”, il protège désormais la populace avec l’aide d’un vieux savant et de sa compagne Regina. Hélas la pandémie est si virulente que ses actes héroïques ne servent plus à grand chose et son seul espoir réside dans un voyage dans le temps, afin de récupérer l’unique vaccin efficace que la AAMA avait détruit. Il retourne en 1999 avec seulement 36 heures pour récupérer le produit, après quoi il se retrouverait coincé au XXème siècle, et non seulement Vestor envoie quelques Dragons à ses trousses, mais en plus il se retrouve temporairement amnésique à son arrivée à cause du sale état de la machine temporelle. Seules Regina et la jolie docteur qui s’occupe de son cas pourront l’aider à mener sa mission à bien, et dans le pire des cas il existe un Dragon Fury II donc tout devrait bien se passer. Et tant qu’à faire notre héros pourra aussi se faire vengeance puisque l’un de ses poursuivants n’est autre que l’assassin de sa famille.

 

 

Pour le reste prière de se référer au classique de James Cameron, car le film ne manque pas une occasion de les pomper sans verogne: les Dragons rencontrent des punks aussitôt arrivé dans le passé, piquant leurs vêtements et tuant l’un d’eux avec son propre couteau, le massacre du commissariat à lieu dans un centre de recherche hautement sécurisé et l’infiltration du-dit bâtiment par les héros venu voler le vaccin rappelle l’escapade dans les locaux de Cyberdyne de Terminator 2. Les rapports entre Mason et la médecin sont calqués sur ceux de Reese et Sarah et l’antagoniste à force surhumaine se jette sur sur le capot d’une voiture lancée à pleine vitesse, traque Mason dans toute la ville grâce à un tracker et se comporte généralement comme un robot sans véritables raisons, mais il le fait bien. La vraie différence vient du fait que les personnages n’utilisent pratiquement aucune armes à feu, se battant à coups de tatanes et de sabres avec énergie. En fait il ne fait aucun doute que certains acteurs s’y connaissent en la matière, le soucis venant plutôt du réalisteur qui semble incapable de trouver le bon angle pour mettre en valeur tout ça.

 

 

Le manque de temps est également à pointer du doigt, rendant certaines chorégraphies un peu douteuses (les Dragons s’arrêtent subitement en plein combat pour se coller face contre un mur et frapper mollement du pied vers l’arrière comme des mules gériatriques) et les cascades minimalistes, avec juste un véhicule qui se renverse et un acteur immolé par le feu. PM Entertainment this is not, mais peu importe puisque le divertissement se trouve dans les petites choses que Dragon Fury peut se permettre et, soyons honnête, dans son ineptitude. Au rayon des bonnes choses citons quand même deux décapitations réussies et surprenantes considérant le manque de moyen, la mort inattendue d’un des compagnons de Mason, tué par un vilain caché hors caméra au beau milieu d’une conversation, et impossible de ne pas ressentir l’inspiration heavy metal dans le prologue avec ce héros musclé aux cheveux longs qui chevauche une Harley Davidson épée à la main.

 

 

Regina débarque au XXème siècle en plein sur le lit d’un jeune marié sur le point de faire sa nuit de noce, semant la zizanie dans le couple, et les Dragons ont une bagarre totalement gratuite avec des voyous de Chinatown qui fait plaisir à voir, avec même un pseudo Bolo Yeung que l’antagoniste soulève sans effort pour le balancer au-dessus d’une rembarde. Et tout simplement il y a ces combats à l’épée, tellement plus originaux que le kickboxing qu’on nous resservait ad nauseam à l’époque. Il faut dire que le rôle principal a été donné à Robert Chapin, véritable épéiste (et désormais animateur de CGI pour Hollywood) qui venait juste de prouver son talent dans le sympathique Ring of Steel, et si les coups de poings fusent quand même, force est de constater que son talent rend le film visuellement plus intéressant. Cependant gardons à l’esprit qu’il s’agit d’une série Z et que les choses restent surtout involontairement drôles.

 

 

Comme lorsque Mason se fait passer pour un médecin en blouse blanche et lunettes malgré ses deux mètres de haut et sa coupe mulet, ou quand personne ne croit l’héroïne à propos du duel qui a eu lieu dans le parking de l’hôpital malgré que quelqu’un a été tué et que son cadavre devrait être trouvable. L’apparence de Vestor prête à sourire, sorte d’albinos avec un caducée tatoué sur la joue en rapport à sa position de chef médical (en plus c’est une erreur, le symbole aurait dû être un bâton d’Asclépios), les héros explorent un conduit d’aération à la torche enflammée comme s’il s’agissait d’un vieux donjon, et Mason est bizarrement appelé “Dragon” par les autres comme si c’était son surnom alors qu’il s’agit d’un rang dans l’organisation qu’il a quitté. Ajoutez quelques bruitages et musiques cartoonesques mal venus lors de moments comiques, une conclusion ultra précipitée qui abandonne ses personnages et oublie que Los Angeles est à la veille du Big One, et l’amnésie provoquée le bond temporel qui n’affecte comme par hasard qu’un seul personnage.

 

 

Le casting s’en sort majoritairement bien, et si Chapin n’est pas un grand acteur il demeure efficace dans le rôle du tas de muscles à grand cœur qui ne désire que sauver les enfants. Son adversaire lui vole un peu la vedette cependant, incarné par un T.J. Storm impressionnant (Mortal Kombat, Il Était une Fois en Chine 6) que le scénario soigne malgré un rôle mutique. Il soulève une voiture à mains nues, vole un camion de glace pour poursuivre les héros et tue quelqu’un au fusil après lui avoir promis de ne pas lui trancher la gorge. Richard Lynch est impeccable comme à son habitude, jouant presque trop bien au regard du budget et reprenant là grossièrement d’oppresseur de Barbarians. Enfin la méconnue mais poumonnée Chona Jason (Shira: The Vampire Samurai) met constamment ses atouts en avant, se mettant topless pour voyager dans le temps et séduisant un Dragon avec une simple serviette autour du corps, montrant ses jolies fesses à la caméra. Il faut la voir refuser des explications en Mason en prétextant qu’elle préfère d’abord baiser !

 

 

Citons enfin une apparition de Judy Landers (Dr. Alien) pour ce qui est pratiquement son dernier rôle, le fameux guest de Heavener qui pour une fois se met dans la peau d’un nerd plaintif au lieu d’un super héros, et les plus zédeux d’entre-vous (ou ceux qui suivent avidement Red Letter Media) pourront repérer Sean “Miles Long” Donahue, la star de Parole Violators, comme coordinateur des cascades. Du lourd pour un si petit film qui n’est ni le meilleur ni le pire de son temps et de sa catégorie. Cela le rend en tout cas un peu plus attractif que les nombreux actioners au rabais qui étaient produit à tour de bras en ces temps. Dommage alors que Dragon Fury soit désormais si compliqué à trouver, alors qu’il fut longtemps disponible gratuitement sur la chaine YouTube de la Troma jusqu’à ce qu’elle soit frappée de restrictions stupides qui la contraignirent à supprimer tout son catalogue de films. Depuis lors trouver un VHSrip en anglais est une véritable quête qui fait regretter de ne pas pouvoir nous aussi revenir dans le passé…

 

 

 

   

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