Rabid Grannies (1988) | Les Mémés Cannibales

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Rabid Grannies

(1988)

 

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Rabid Grannies, c’est l’histoire d’un film belge qui a vu le jour un peu par accident puisque son réalisateur, Emmanuel Kervyn, rêvait plus d’action que d’horreur à l’époque de sa confection. C’est en tentant de monter un projet pour Jean-Claude Van Damme qu’il s’associa a un producteur sans-le-sou qui lui fit faux bond au dernier moment faute de moyens. Au lieu d’abandonner, le cinéaste se contenta de changer ses plans et d’emballer autre chose à la place, ayant pondu au préalable un script sous l’influence de Evil Dead. Une imitation qui remplace la cabane au fond des bois par un manoir aristocrate, mais qui ne se contente pas de tout miser sur l’horreur comme d’autres clones, l’auteur ayant comprit que le cœur de son modèle résidait dans son détournement des comédies splapstick, et non du gore pour le gore. Les deux œuvres fonctionnent ainsi sur le même principe, remplaçant les tartes à la crème jetées au visage par des organes arrachés, et les chutes comiques par des amputations cartoonesques.

 

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Malgrés son manque d’expérience, Kervyn se rattrape en singeant la mise en scène de Sam Raimi avec cadrages inventifs et caméras mouvantes, et en ajoutant sa touche personnelle par le biais d’un humour satirique qui tire à boulets rouges sur le clergé et la bourgeoisie. L’intrigue tourne autour de deux vieilles dames si pieuses et si riches que même le Vatican a entendu parler d’elles, et dont la famille espère un jour récupérer leur fortune. Celle-ci forme une galerie d’odieux personnages qui va du fabriquant d’armes sans scrupules à la femme d’affaire couchant avec ses assistantes via de belles promesses, et tous se détestent cordialement. Comme chaque année le clan se réuni pour fêter l’anniversaire de leurs tantes, à l’exception du mouton noir qui fut rayé du testament pour être devenu prêtre d’une secte satanique. Pretextant vouloir faire amende, celui-ci leur envoie un cadeau empoisonné pour se venger d’elles et de tous les autres, forcément bien content d’avoir un rival de moins dans cette course à l’héritage.

 

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Contenenant un mauvais esprit ou un sortilège, son modeste présent va transformer les saintes en véritables démons, créant la panique et surtout la discorde puisque les survivants ne vont pas chercher à s’entraider. S’ensuit un jeu de massacre aussi féroce que créatif où les victimes sont malmenées comme dans un épisode des Looney Tunes: un type est littéralement plié en deux, un autre empalé par les couilles sur une hallebarde puis lancé dans les airs, une cuisinière est ébouillantée dans sa marmite et un obèse coincé dans un passage étroit se fait grignoter ses jambes sans défenses. Un monstre jette son propre foie par terre pour qu’un servant glisse dessus comme sur une peau de banane, un autre étire son bras pour attraper une convive située à l’autre bout de la table et l’attirer dans sa bouche, caméra subjective au fond de la gorge l’appuie, et une fuyarde est rattrapée en voiture et se retrouve scotchée contre la grille de radiateur alors que le véhicule percute un portail et la broie entre les barreaux…

 

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Bref le spectacle est grand-guignolesque à souhait, et pourtant le réalisateur laisse parfois entrevoir un film plus sérieux et cauchemardesque, comme lorsque les mémés monstrueuses torture psychologiquement un prêtre en lui donnant le choix entre le suicide ou une mort douloureuse, ou quand une mère retrouve sa fillette démembrée mais cajolée par l’une des démones. Des moments un peu perdus dans un tourbillon de gags pachydermiques et de critiques au vitriol où un curé est attablé avec les enfants parce qu’il les “aiment beaucoup” et une servante pense que son homard n’était pas frais en voyant la sale tronche de sa maitresse possédée. Qu’importe puisque Rabid Grannies divertit de bout en bout en proposant tout et n’importe quoi: d’un acteur vomissant sur la caméra aux jolis seins de l’héroïne, en passant par cette scène où l’une des vieilles enfile une armure médiévale pour se blinder face à la mitrailleuse du marchand de guerre. Autant dire que l’amateurisme général n’empêche pas de rire un bon coup.

 

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Car techniquement les choses sont parfois bancales, notamment du côté audio avec le doublage des comédiens qui ne collent pas toujours à leurs apparences et encore moins aux mouvements de leurs lèvres. D’emblé prévu pour le marché international, le film fut joué en anglais phonétique par les comédiens, et les dialogues réenregistrés par d’autres dans la langue de Shakespeare (ou dans celle de Molière si vous regardez la rare version française titrée Les Mémés Cannibales). Le résultat est forcément un peu étrange et on ne sera pas surpris d’apprendre que c’est la Troma qui récupéra l’affaire pour gonfler son catalogue, sans doute séduite par ce passage où le prêtre décide de ne pas condamner le business des armes à feu du moment que cela nous débarasse des communistes. Malgré tout elle censura inexpliquablement les scènes sanglantes, et cela nous vaut cette espèce de légende urbaine qui ressort a chaque nouvelle édition du film et déclare que Rabid Grannies est enfin disponible dans son intégralité alors que c’est déjà le cas depuis longtemps.

 

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Si le producteur Johan Vandewoestijne (Lucker the Necrophagus) continua de refourguer à Lloyd Kaufman quelques bandes délirantes comme Maniac Nurses, Parts of the Family et State of Mind, Emmanuel Kervyn arrêta là les frais pour marcher dans les traces de son idole JCVD, allant jusqu’à rejoindre les États-Unis et rencontrer le même promotteur: Menahem Golan de la Cannon. Alors séparé de son cousin Globus, celui-ci accepta de l’engager sur deux projets qui ne virent pas le jour, encore une fois pour des raisons financières. Persistant, il trouva l’opportunité incroyable de succéder à Van Damme dans le rôle de Kurt Sloan(e) sur Kickboxer 2, affrontant Tong Po dans une scène d’ouverture que le réalisateur Albert Pyun lui-même encensa… pour aussitôt la couper au montage comme cela faisait de l’ombre aux autres combats de la star Sasha Mitchell ! Rabid Grannies de son côté fit quelques émules avec Flesh Eating Mothers et un quasi remake non officiel, The Granny, avec une seule mamie jouée par Stella Stevens.

Quant aux acteurs, ils n’ont toujours pas été payés jusqu’à présent !

 

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GALERIE

 

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