Weekend at Bernie’s II (1993)

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Weekend at Bernie’s II
(1993)

 

He’s a zombie. Don’t worry about it, we’ll explain later !

 

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S’il n’est pas aussi drôle qu’on le dit, Weekend at Bernie’s premier du nom est devenu une oeuvre (relativement) culte avec le temps, ayant su marquer son public grâce à un concept loufoque et la performance amusante de Terry Kiser dans le rôle-titre. Plus que le film lui-même c’est surtout l’image du cadavre de Bernie, comiquement soutenu par un duo de crétin, qui s’est ancré dans la culture populaire à force de rediffusions à la télévision, et il n’en fallu évidemment pas plus à Hollywood pour donner le feu vert à une suite quelques années plus tard. C’est sans Ted Kotcheff, le réalisateur de l’original mais aussi de Rambo, que se déroula le projet, le scénariste Robert Klane revenant alors pour assurer non seulement l’écriture du script mais également la mise en scène. A priori une bonne manière de s’assurer de la continuité entre les deux opus avec le même type d’humour et des intrigues qui devraient facilement se relier l’une à l’autre. Sauf que c’est du mec responsable d’European Vacation que l’on parle, du genre à faire une faute dans le nom de son personnage principal sans s’en rendre compte.

 

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Du coup celui-ci trouve à la fois le moyen de créer des inconsistences au regard de la première aventure et d’injecter de nouveaux éléments n’ayant rien à faire dans cet univers comique mais globalement réaliste. Imaginez un peu un deuxième Petits Meurtres entre Amis où Ewan McGregor ferait face à un Christopher Eccleston revenu d’entre-les-morts pour récupérer le magots qu’ils devaient se partager… Cela serait extrêmement stupide, n’est-ce pas ? C’est pratiquement ce que Klane a décidé de faire ici, apparemment incapable de juste reprendre son concept en le transposant dans un autre décor. Il faut dire qu’il avait déjà un peu de mal à exploiter cette idée du cadavre encombrant dans le premier épisode, alors on imagine sa difficulté à se répéter une nouvelle fois. Pourtant le point de départ était tout trouvé puisque les héros sont de retour à New York, tandis que le corps de Bernie est rappatrié à la morgue: au risque de répéter les erreurs de Maman j’ai Encore Raté l’Avion, il aurait suffit d’utiliser le centre-ville comme terrain de jeu, forcément plus permissif qu’une simple plage.

 

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Hélas Weekend at Bernie’s II change de cadre au bout de trente minutes pour revenir à l’ambiance “coquillage et crustacée” que tout le monde connait, envoyant le trio en voyage dans les Îles Vierges antillaises où traine une prêtresse vaudou qui va transformer le macchabé en zombie. Une histoire un peu confuse: quelques temps après les évènements du film précédent, la police clôture l’affaire Bernie Lomax mais deux millions de dollars volé à la compagnie pour laquelle il travaillait son toujours manquant. Larry et Richard se font renvoyer sous suspicion de complicité mais vont récupérer les effets personnels de leur ancien patron, gagant la clé d’un coffre de banque qui renfermerait peut-être le magot. Le problème est que celui-ci se trouve dans un paradis fiscal et nécessite la présence du défunt en personne pour récupérer le contenu. N’ayant plus rien à perdre, ils décident de voler le cadavre et de l’utiliser comme un pantin pour signer le retrait, sans savoir que les anciens associés de Bernie veulent faire de même, ayant contacté une sorcière afin qu’elle réanime le mort sous forme d’un zombie qui les mènera au pactole…

 

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Quiconque aura vu le premier opus comprendra que Klane se moque totalement de la continuité, puisque en plus de supprimer le personnage jouée par Catherine Mary Stewart qui n’est même pas mentionnée (Richard part draguer des filles en maillots de bain aussitôt qu’il débarque sur l’île, Revenge of the Nerds 2 style), il transforme les faits relatifs à l’argent de Bernie pour justifier l’existence de cette suite. Dans l’original c’était plusieurs dizaines de millions que celui-ci avait détourné au cours des années, les transférant à un mafieux en échange d’un pourcentage. Les deux millions représentaient un sacrifice monétaire qu’il était prêt à faire pour supprimer les héros, son plan étant de faire croire qu’ils avaient détourné cette somme avant de se suicider par culpabilité. Ce qui signifie que non seulement les gangsters devraient se moquer complètement de ce cash sorti directement des poches de leur partenaire, mais la police aurait dû confisquer tout ça pour les besoins de l’enquête, les billets étant présent avec une note dans la maison du défunt. Comment cet argent a t-il pu subitement se téléporter sur une île tropicale ?

 

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Et s’il s’agit de quelques millions différents mis de côté en plus du reste, comment le cartel est-il au courant de leur existence ? Bref tout ça n’a pas beaucoup de sens et il convient de ne pas trop y penser sous peine de finir aussi décérébré que le mort-vivant qui se trimballe ici. Un rajout très malvenu selon à peu près tout le monde puisque trop délirant et ne changeant finalement pas grand chose à l’affaire puisqu’utilisé principalement pour déplacer plus facilement Bernie d’un endroit à un autre sans s’embarasser de logistique. Honnêtement une fois passé la surprise il faut avouer que cela n’est pas si terrible que ça, le procédé n’étant utilisé qu’occasionnellement, à l’exception du final, et ne déraillant pas vraiment le concept de base. Nous sommes toujours sur le territoire du slapstick et le cadavre est constamment malmené du début à la fin de l’histoire, qu’il soit inerte ou en mouvement: il est balancé du haut d’un immeuble, tassé dans une valise, manipulé comme une marionnnette géante sans que personne ne remarque rien et fait des allez-retour à la morgue à la surprise du légiste.

 

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La question de l’odeur ne se pose qu’une fois, encore plus bâclée qu’auparavant, mais on s’amusera de le voir être trimballé en plein Time Square sur un caddie de supermarché ou finir oublié et détroussé dans le métro. Sa résurrection est bien sûr une plaisanterie, et parce que des idiots sacrifient un pigeon au lieu d’un poulet, Bernie ne marche que lorsqu’il entend de la musique. Cela lui vaut de s’échapper plusieurs fois en raison de l’ambiance festive des îles ou de s’écrouler sans prévenir, comme lorsqu’un voleur embarque boom box utilisée pour le guider. L’humour du film repose bien sûr sur les quiproquos et le zombie se retrouve à baffer une brute bodybuildée nommée Arnold ou à danser avec des touristes en pleine conga, mais la répétition guête le spectateur qui a déjà vu le premier opus: le cadavre séduit une fille trop stupide pour réaliser qu’il est mort, la scène où il était tiré par un bateau en se cognant aux balises maritimes est reprise avec un parachute ascensionnel et des côcotiers, et un personnage devient fou en le voyant revenir sans cesse… Heureusement la bonne humeur règne.

 

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Car aussi “mauvais” soit-il, Weekend at Bernie’s II se montre plus fun et plus fou que son prédecesseur et peut s’apprécier si l’on ne reste pas buté. Il n’y a plus une once de sympathie chez Larry et Richard qui n’oeuvrent désormais que pour leur intérêt personnel, et l’amourette obligatoire est sacrément malmenée lorsque la nouvelle héroïne colle un rateau au lourdeau qui essaie de la draguer. Les sous-intrigues liées à la compagnie d’assurance et à la mafia sont complètement expédié dans un final qui n’a rien à foutre des convenances, et certaines scènes sont assez hallucinantes, comme cette cérémonie vaudou se déroulant dans des toilettes publiques new yorkaise ou quand deux crétins tentent de récupérer le poulet qui leur a échappé dans un cinéma porno, croisant un zoophile venu avec sa propre volaille ! Bernie se fait même tirer dans la tête avec un fusil harpon, la flèche restant solidement plantée dans son crâne tandis qu’on y attache les rennes d’une diligence pour l’utiliser comme cheval de fortune, la radio le partir au trot. Le film s’aventure même dans la sharksploitation lorsqu’un requin s’attaque au cadavre et que la musique parodie celle de John Williams.

 

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Quant à la chasse au trésor, elle se termine en envoyant le zombie marcher sous l’eau, un Walkman sur les oreilles pour qu’il puisse continuer à entendre de la musique. Nique la logique. Et pour ceux qui en veulent encore plus, le générique d’ouverture présente un petit dessin animé ultra cheap façon Hanna-Barbera et les sbires de la sorcière se transforment progressivement en chèvres, l’un allant jusqu’à se retrouver sexuelle excité par une jolie biquette. Comment diable détester cette séquelle avec tout ça ? Oui, le film est stupide et nonsensique, mais sa surenchère dans le n’importe quoi le rend également sympathique et parfois plus généreux que l’autre dans les péripéties. Et comment ne pas sourire devant la démarche zombifiée de Terry Kiser qui se promène le corps arqué en arrière en dandinant de la tête non-stop ? Il faut lui reconnaître au moins cette performance tant son rôle est encore plus ingrat que la dernière fois (pas un seul dialogue ou flashback de son vivant), et certains lui rendirent hommage avec le mouvement Movin’ Like Bernie qui devint viral sur Internet entre 2011 et 2012, reprit entre autres par quelques sportifs comme le footballeur Ray Rice et la ligue de baseball Oakland Athletics.

 

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Pas si mal pour un projet mercantile conçu tardivement et ayant connu des problèmes de production importants comme les émeutes de Los Angeles de 1992 qui effrayèrent l’équipe (en un parallèle avec le film où le cadavre de Bernie est dépouillé par des racailles, le mannequin utilisé comme doublure fut également démuni de ses affaires), et un changement d’actrice de dernière minute après que la comédienne initialement choisi pour jouer l’héroïne fut victime d’une dépression nerveuse (là encore mimant un événement du scénario), forçant le réalisateur à lui trouver une remplassante et retourner quelques scènes en catastrophe. Et puis s’il vous fallait une excuse supplémentaire, on y croise aussi le bad ass Stack Pierce, second couteau de série B aperçu plus d’une fois aux côtés de Fred Williamson et Leo Fong. Cela n’a pas suffit à sauver la réputation de Weekend at Bernie’s II à l’époque, qui se fit écharper par la critique et devint emblématique de la séquelle hollywoodienne inutile avant de sombrer dans l’oublie. Sans surprise il n’y eu pas de Weekend at Bernie’s III après ça, même s’il existe un script trouvable en ligne…

 

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Écrit en 2016 par Pete Johnson et Craig Douglas Miller, deux apprentis scénaristes qui ne firent jamais carrière, celui-ci n’a rien d’officiel et ne sera jamais produit. Il ne fait d’ailleurs pas vraiment suite aux aventures de Bernie, Richard et Larry, et donne plutôt dans le méta en se déroulant dans “notre” réalité où les acteurs Andrew McCarthy et Jonathan Silverman tentent de produire leur propre reboot. Terry Kiser ne meurt que dans les dernières minutes et Quentin Tarantino fait une apparition comme metteur en scène du film dans le film. On remerciera le ciel que tout ceci ne soit que de la fanfiction !

 

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