Miracle Beach (1992)

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Miracle Beach

(1992)

 

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Réalisé par un Skott Snider qui sonne très faux et cache un employé de Playboy habitué aux vidéos érotiques (Sexy Lingerie, Wet & Wild) et écrit par un Scott Bindley qui s’est très vite reconverti dans les œuvres familiales (Opération Casse-Noisette, la suite DTV d’Un Flic et Demi avec Lou Diamond Phillips), Miracle Beach est l’exemple type du film inutile où il ne se passe rien. Un petit budget s’inscrivant dans le registre de la comédie sexy mais sans jamais vraiment présenter quoique ce soit de drôle ou de coquins. C’est loin d’être un cas unique bien sûr, et on peut recenser des centaines de titres similaires tournés entre les années 80 et 90, mais la plupart de ces productions ont la décence de rester dans les limbes après leur sortie originale, n’étant visible que sous la forme de VHSrip de mauvaise qualité sur Youtube ou les sites spécialisés. Miracle Beach, lui, trouva inexpliquablement le moyen de se payer une restauration haute définition en Blu-ray en dépit du bon sens, exposant ainsi pleinement la futilité de son existence.

 

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Car il n’y a rien ici qui puisse justifier cette édition: ni débutant devenu star depuis lors, ni charme nostalgique des comédies graveleuses d’autrefois, ni créativité d’aucune sorte. C’est à peine s’il y a une histoire en fait, plutôt un point de départ servant vaguement de fil rouge, autour duquel des choses se passent jusqu’au générique de fin: un peu de nudité gratuite, une romance jamais vraiment développée et un concept de base qui a probablement été inspiré par le alors récent Bill & Ted’s Bogus Journey: Dans les Cieux ne se trouve pas que le Paradis mais aussi Fantasyland, où vivent toutes les êtres imaginairent censés nous offrir du bonheur. S’y croisent le Père Noël, le Lapin de Pâcques, Cupidon mais aussi les génies, qui ont pour mission d’exaucer les vœux de certaines personnes sélectionnées par leur patron farfadet. Quand l’adorable Jeanie apprend qu’elle va être envoyée sur Terre pour aider un humain, elle désespère: notre monde à mauvaise réputation et l’humanité est perçue comme cupide, défaitiste et égoïste.

 

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Mais elle n’a pas le choix du fait de ses mauvais antécédents, et un échec lui vaudrait de perdre ses pouvoirs et d’être bannie pour toujours dans sa bouteille ! La voilà téléportée quelque part en Californie où elle va tomber entre les mains de Scotty, un jeune loser qui vient de perdre son appartement, sa copine et son travail le même jour. Il va alors profiter de ce miracle pour se remettre d’aplomb, et surtout pour essayer de gagner le cœur de la belle Dana dont il est éperduement amoureux mais qui ne traine qu’avec l’élite locale… L’idée, vous vous en doutez, est de montrer les protagonistes tomber progressivement amoureux, le garçon abandonnant sa vaine poursuite de la femme de ses rêves pour finir dans les bras de celle qui l’a aidée quand il était au plus bas. Seulement il faudra attendre cinquante bonnes minutes avant que la génie ne découvre que sa rivale est une Marie-couche-toi-là séduisant quiconque peut lui apporter quelque chose, et les dernières secondes du film pour que Scotty réalise ses propres sentiments à son égard !

 

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C’est à un très mauvais script que nous avons ici affaire, qui semble ne jamais savoir dans quelle direction s’engager ni sur quoi miser pour remplir sa durée pourtant assez courte. Il y a bien sûr quelques vœux d’exaucés, encore que le film ne prend jamais le temps d’établir les règles, les limites et les conséquences. Le héros ne pense jamais à demander d’ailleurs, faisant demande sur demande pour sa pomme sans jamais voir grand: il se fait construire une grande villa sur la plage, avec nightclub et danseuses inclus, détourne un concours de beauté internationale afin qu’il se déroule juste sous ses fenêtres et devient le meilleur joueur de beach volley pour impressioner Dana dans une séquence qui s’éternise beaucoup trop. Voilà toute l’étendue de la magie de Miracle Beach, qui n’a pas plus d’imagination dans son humour. L’héroïne n’étant visible que de son maitre, on nous refait plusieurs fois ce gag à la Code Quantum où les gens pensent que Scott est un fou qui parle tout seul, et naturellement celui-ci possède ses propres sidekicks.

 

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Un duo insupportable dont le réalisateur ne semble pas savoir quoi faire, les présentants pour mieux les séparer des personnages principaux. Ils apparaissent par intermitences en faisant leurs propres trucs dans leur coin, sans que cela n’ait le moindre impact sur l’histoire principale, et ont surtout l’air exister pour faire un peu de remplissage. On ne peut même pas dire qu’ils sont amusants puisque leurs aventures paraissent improvisées et parfois à la limite de l’incompréhensible, à la manière de ce jeu de pêche à la ligne qu’ils organisent pour attraper leur propre génie, avec uen seiche en guises d’appâts. Entre ça, la partie de volley et le long montage final servant à ouvrir les yeux du héros sur sa vie amoureuse, le film évoque plus un quelconque épisode de série télé artificiellement gonflé pour atteindre la durée réglementaire d’un long métrage qui peine à atteindre les 85 minutes au bout du compte. Difficile alors de se sentir impliqué et rares sont les éléments venant fournir un tant soit peu de divertissement.

 

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L’abondance de poitrines dénudées et de fessiers rebondis ne viendront pas sauver la mise car expédiés très froidement, presque mécaniquement par un artisant tellement rompu à l’exercice que le coeur n’y est plus. Même le concours de beauté avec son épreuve des maillots de bain est bâclé, la caméra s’intéressant plus au visage des participantes qu’à leurs corps. Cela n’empêche pas les amis de Scotty de coucher avec chacune d’elle et de rester à leurs côtés lorsqu’elles se changent en coulisses, sans aucune considération pour elles. De nos jours on parlerait sans doute de harcèlement sexuel et cela n’aide en rien ces personnages déjà difficilement supportable. Quelques gags viennent heureusement pointer le bout de leur nez, même si on peut les compter sur les doigts d’une main: le groupe de musique romantique jouant pour Dana et Scotty réagit avec un peu trop d’enthousiasme lorsque le garçon emballe, Miss Iraq et Miss Koweït se crêpent le chignon (rapport à une actualité d’époque que les jeunes ne comprendront pas)…

 

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Lorsque Jeanie se retrouve dans la friendzone et déprime en se goinfrant de pizza devant la télé, elle est pratiquement narguée par l’autre fille qui apparaît sans prévenir dans une publicité. Voyant que son maitre s’apprête à s’envoyer en l’air avec celle-ci, elle se venge en la remplaçant au dernier moment par la vieille maman de Scotty. Ce n’est certes pas grand chose, mais devant la vacuité de l’ensemble c’est toujours ça de prit. Reste ce moment d’humour involontaire lorsque le patron des génies prend notre défense en déclarant que nous nous sommes débarassé des armes nucléaires, que la démocratie règne et que nous bossons très dur sur la question du recyclage. Le scénariste était-il naïf à ce point ? Pour le reste il faudra soit être désespéré de trouver quelque chose d’intéressant (un extrait de Think Big avec les frères Paul, une apparition surprise du basketteur Gary Grant), soit se pencher du côté du casting où quelques grands noms viennent brader leurs talents, comme Pat Morita, ici en clochard des plages.

 

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Citons Vincent Schiavelli en grand mystique qui apparaît pendant deux minutes à tout casser et un jeune Dead Cain ultra musclé, qui semble jouer l’adversaire de Scotty avant de disparaitre en cours de route. A noter aussi la présence d’Alexis Arquette, actrice transgenre vu dans plusieurs grosses séries B (Les Démons du Maïs 5, La Fiancée de Chucky, Sometimes They Come Back… Again), sœur de David, Patricia et Rosanna, qui était encore un homme à l’époque. Face à eux ce pauvre Dean Cameron n’impressionne guère, se retrouvant avec le même genre de gentils branleurs qu’il incarnait dans Prof d’Enfer pour un Été et Ski School, la gouaille en moins. Au moins ses jolies collègues s’en tirent un peu mieux, Ami Dolenz (Pumpkinhead II, Ticks, Witchboard 2) faisant une Jeanie craquante de gaieté et de gentillesse qui aurait mérité plus d’attention. Son costume, hommage possible à la série Jinny de mes Rêves, aurait mérité d’être un peu plus attrayant (au moins un midriff plus exposé quoi, merde) mais elle enfile le bikini dans les vingt dernières minutes, ce qui rattrape un peu.

 

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Quant à Dana, elle est jouée la bombasse Felicity Waterman qui passe le plus claire de son temps en lingerie et en maillot de bain. Une belle plante qui a surtout fait sa réputation dans le soap opera Côte Ouest mais que l’on a pu croiser dans Caraïbes Offshore avec Hulk Hogan et Die Hard 2. Dommage que son personnage sont inutilement transformé en pétasse de service en plein milieu du film car son introduction laissait entrevoir une personnalité plus intéressante, lassée de se faire courtiser par tous les fils de riche du coin et surprise par la franchise de Scotty qui se présente d’emblée à elle comme pauvre et sans ressource. Le virage est brusque et un peu décevant, mais après tout fallait-il s’attendre à autre chose de la part des gars qui ont signés des trucs du niveau de Comme Chiens et Chats 3 et Playboy: Wet & Wild II ?

 

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