Porkchop (2010)

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Porkchop

(2010)

 

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Auteur de films comme Catholic Ghoulgirls et Vampire Whores From Outer Space, Eamon Hardiman n’est pas exactement la personne la plus subtile du monde et il n’est guère étonnant de le retrouver aux commandes de ce slasher fortement inspiré de Massacre à la Tronçonneuse, où le Leatherface de service est un gros redneck habillé d’une salopette et d’une tête de cochon. Un shot on video sans budget que lui suggère un certain Zack Bassham, alias Zakula Von Nasty du groupe de horror punk The Big Bad, qu’il développe d’abord sous le titre de Pigdude. Pas du tout à l’aise avec les ambiances premier degré et doté d’un humour franchement poussif, il décide de faire dans la parodie outrancière à la manière de ThanksKilling, où rien n’a de sens et où les personnages sont tous des abrutis finis. Un style assez populaire dans le Z américain, mais qui ne sera pas au goût de tout le monde puisque la comédie est très subjective et que l’absence d’enjeux peut rapidement détruire l’intérêt du public.

 

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Reconnaissons-lui au moins d’avoir essayé, puisqu’au lieu de simplement envoyer son casting fumer des joints en forêt pour s’y faire trucider hors champ, il place son intrigue en plein durant les années 80 afin de surfer sur la mode “rétro”, allant jusqu’à ajouter un petit robot façon Riptide ou Rocky IV au groupe de protagonistes, et n’hésite pas à verser dans le gore malgré ses grosses limitations. Pas sûr que cela suffise à sauver les meubles tant le résultat ne pisse pas loin, mais ça lui permis néanmoins de se faire remarquer et de créer une petite franchise avec plusieurs suites. Son intrigue présente donc l’histoire de Porkchop, un meurtrier cannibale qui, enfant, était le fils d’un fermier spécialisé dans l’élevage de porc. Il sombra dans la folie après que son père, un vrai salaud, tua sous ses yeux son animal préféré et le puni de sa réaction colérique en l’enfermant dans une grange, lui servant des morceaux de la bestiole en guise de repas. Incapable de pardonner à ses parents, il refusa de s’alimenter, préférant chasser insectes et souris dans sa prison.

 

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Quand son geôlier oublia un jour de refermer la porte à clé, il s’évada, tuant et découpant en morceaux ses parents avant de les transformer en bacon. Devenu cannibale, il erre désormais dans les bois, ayant trouvé refuge dans le chalet d’un camp de vacance abandonné et traquant le randonneurs de passage pour s’en nourrir. Des origines racontées devant un feu de camp en un hommage évident à Carnage et Madman, faute de pouvoirs en montrer quoique ce soit. C’est sur son terrain de chasse que débarque un groupe d’adolescents supposément venu faire la fête. En réalité ce voyage est l’ultime tentative d’un couple à la dérive de recoller les morceaux, même s’il n’y a aucun espoir de réconciliation entre les deux: Deborah invite son frère Richard et une amie, et son compagnon embarque un colocataire et surtout la nana avec qui il trompe actuellement sa copine ! Inutile de dire que personne ne s’entend et que pas un seul d’entre eux ne tient vraiment à être là, à part peut-être Eltron, un robot créé par Richie et appâté par la promesse de bières et de marijuana.

 

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Puisque les meurtres ne commencent qu’au bout d’une heure entière, ces relations tendues forment le gros du film et le spectateur va devoir s’y intéresser s’il ne veut pas mourir d’ennui. Pas évident tant on se moque des histoires de cœur de ces héros antipathiques, Deborah et Mike étant eux-mêmes les moins intéressant du lot. Les autres peuvent au moins se targuer d’avoir quelques traits de caractère, même si principalement centrés en-dessous de la ceinture, et d’être des clichés ambulants reconnaissables d’un coup d’œil. Il y a le geek pathétique et loser, mix improbable du Franklin de Massacre à la Tronçonneuse et des crétins de Revenge of the Nerds, la cheerleader en jupette qui espère un amour pur mais adore se faire tirer les cheveux quand on la sodomise, et la copine délurée qui tellement le feu aux fesses qu’il flirt avec l’androïde durant tout le film. Et puis il y a cet étudiant anglais, punk de service que le scénario veut faire passer pour insupportable mais qui est finalement le mec le plus censé et le plus sympa du lot !

 

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S’il n’a aucun respect pour son ami Mike qui se comporte comme un salaud, il copine assez naturellement avec le détesté Richie, lui apprenant à boire du moonshine et à draguer, et ne s’offusquant jamais du comportement exubérant de ce puceau frustré. Le réalisateur lui-même semble avoir craqué pour le personnage, l’épargnant au dernier moment alors que les storyboards montrent qu’il devait périr comme les autres. Mais surtout il y a Eltron le robot, qui devait d’abord être incarné par un acteur en costume mais n’est finalement qu’un amas de cartons et de papier d’aluminium sur roulettes. Un véritable trou du cul qui passe son temps à humilier et cockbloquer son créateur, finissant même pas s’envoyer en l’air avec la demoiselle que celui-ci convoitait: “I win” balance t-il au garçon qui les surprend en plein ébat, son écran-tête affichant un sourire démoniaque. Persuadé qu’il peut boire même si c’est impossible, il faut lui poser une cannette sur la tête pour le satisfaire, et ses yeux affichent des croix lorsqu’il se pense défoncé.

 

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Et les scènes horrifiques alors ? Elles sont plutôt fun, à part pour cette véritable vidéo d’un cochon battu et égorgé dans un abattoir lors du générique d’ouverture. Un crâne est pulvérisé d’un coup de serpe, un type est crucifié au sol avec des piquets de tente, un autre se fait tué à coups de lawn darts, ces énormes fléchettes qui furent interdit à la vente à la fin des années 80 parce qu’elles étaient trop dangereuses… Plus fou: Porkchop trahit ses pulsions sexuelles en rencontrant la pom-pom girl, lui caressant les cuisses. Quand elle s’enfuit et grimpe à un arbre pour rester hors de porté, il utilise une tronçonneuse montée sur un manche afin de l’atteindre, lui déchirant l’entrejambe jusqu’à ce que mort s’ensuive. L’héroïne retrouvera une sorte de fœtus mutant près de son cadavre, qu’elle piétinera rageusement en pensant qu’il s’agit de celui de Mike ! Sans doute une manière pour le réalisateur de préparer son projet suivant, Zombie Babies, mais si la logique est incompréhensible. Ces effets sont évidemment très rudimentaires, mais en ils demeurent en général efficaces.

 

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Tout n’est pas parfait cependant, et le meurtre au fer à cheval que le tueur enfonce dans le visage d’une victime a lieu hors champ. Eltron est mis en pièce sans cracher une seule étincelle et sans bruitages, et les emprunts à Massacre à la Tronçonneuse sont un peu trop nombreux pour être honnêtes: les héros voyagent en minibus, un type est assommé d’un coup de masse, l’héroïne blesse son poursuivant à la jambe et s’en va rejoindre la route pour trouver de l’aide… Pas l’ombre d’une caricature dans ces instants qui sont copié à la lettre, très sérieusement. Et a cela se rajoute aux problèmes inhérent aux petites productions amateurs: cadrages approximatifs voir tremblant,s montage abusant du remplissage autant que possible, son catastrophique (dialogues inaudibles contre bruits d’ambiance poussés au max), acteurs non professionnels surjouant ou sous-jouant à fond et faux raccords en pagaille: une lampe apparaît magiquement dans les mains d’un personnage, l’emblème de Cadillac décorant Eltron disparaît en cours de film, la forêt se transforme en cimetière sans arbres le temps d’une scène…

 

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Tout ce qu’il faut pour choquer le cinéphile, même s’il existe bien pire dans le genre. Les autres, les habitués, sauront où trouver leur amusement: dans les concepts fous, la violence, la nudité, les gags qui fonctionnent et l’humour involontaire. Comme lorsque la cheerleader demande à son amant de la défonce avec sa “tronçonneuse”, quand le Crazy Ralph de service apparaît derrière une rangée de paquets de chips pour interpeller les héros (“DOOOOMED !) ou qu’une cannette tenue par le robot s’envole suite à un courant d’air. Porkchop s’agace lorsque Ian renverse accidentellement de l’alcool sur sa salopette tâchée de sang, et le punk n’hésite pas à chier dans la cheminée du tueur lorsqu’il visite sa cabane. On croise les enseignes de véritables roadside attractions (une pit snake au rabais et un Mystery Hole avec une statue de gorille), l’unité de lieu est débattable (l’histoire se déroule en Virginie-Occidentale mais les informations évoquent San Antonio) et celle de temps l’est encore plus (la Commodore 64 semble toute nouvelle, comme en 1982, mais un fait divers de 1988 est évoqué).

 

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Autant de petites choses qui permettent de rester attentif à ce qui se passe à l’écran, comme cet épilogue montrant des sosies péquenauds de Clerks se présenter comme ceux qui ont exterminé le croquemitaine, présentant son masque comme un trophée et vendant des poupées de Ken avec des têtes de cochon dans leur boutique souvenir. L’un d’eux est d’ailleurs un personnage récurrent dans l’univers de Eamon Hardiman, façon Marvel Cinematic Universe. Mais celle que l’on retient le plus, c’est la sexy Erin Russ, modèle alternatif pour Girls & Corpses Magazine. Munie d’une petite jupe serrée, n’hésitant pas à montrer ses seins, elle se fait prendre en lévrette par un androïde capable de prouesses grâce à une “breeding update” ! Et comme si cela ne suffisait pas, la machine est doublée par le regretté Dan Hicks, inoubliable bouseux de Evil Dead 2 qui figurait souvent dans les œuvres de Sam Raimi. A leurs côtés se trouve Ruby Larroca, pin-up du Z souvent croisée dans les coquineries de Seduction Cinema.

 

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S’il est loin d’être le meilleur film du monde, ou même le meilleur slasher du monde, ou encore le meilleur Z du monde, Porkchop propose suffisamment de bonnes petites choses pour ne pas perdre son public en cours de route. C’est parfois limite et il y a de gros passages à vide, mais le metteur en scène a su palier à ses défauts en injectant autant de bêtises que possible afin de divertir, ce qui n’est jamais une garantie dans ce type de production. Cela lui permis d’obtenir un petit succès et de mettre en chantier trois séquelles les années suivantes, Porkchop II: Rise of the Rind (depuis retitré Porkchops, avec un “S”), Porkchop 3D, et Pig Girl, qui s’intéresse à la fille du cannibale, déjà présentée dans le troisième opus, elle aussi portant un masque en tête de cochon et commettant quelques atrocités. Camp Blood n’a qu’à bien se tenir !

 

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