Don’t Open Till Christmas (1984)

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Don’t Open Till Christmas

(1984)

 

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Si le slasher de Noël classique à tendance à nous présenter habituellement un tueur en série déguisé en Santa Claus, le britannique Don’t Open Till Christmas fait l’inverse et transforme le gentil Papa Noël en cible privilégiée d’un assassin d’apparence simple, avec un masque transparent sur le visage. Une idée pittoresque qui tombe bien puisque le film débarque en 1984, pile à temps pour concurrencer le mètre-étalon du genre Silent Night, Deadly Night. Mais voilà, celui-ci n’était pas vraiment un slasher à la base et se trouve être le fruit d’une collaboration houleuse entre les producteurs et les différents réalisateurs qui s’y sont succédé. En fait le résultat est plus proche du psychokiller movie (Cauchemars à Daytona Beach, Maniac), et probablement inspiré par la vague littéraire naissante du splatterpunk, très en vogue dans le pays à ce moment là avec l’émergence d’auteurs comme Guy N. Smith, James Herbert et Shaun Hutson. Ce n’est pas un hasard si on retrouve à l’origine du projet le duo Dick Randall et Stephen Minasian, à qui l’on doit des titres d’exploitation assez branques comme Slaughter High, Supersonic Man et surtout Le Sadique à la Tronçoneuse (sic) de Juan Piquer Simón.

 

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C’est justement l’antagoniste de celui-ci qui est engagé pour tenir la vedette ici, Edmund Purdon (Horrible, 2019 Après la Chute de New York), qui n’accepta qu’à condition de pouvoir également toucher à la mise en scène. Un cadeau empoisonné car le bonhomme entra aussitôt en désaccord avec ses patrons, ce qui entraina une telle pagaille que le tournage fut constamment altéré et repoussé sur deux longues années. Entre temps l’acteur jetta l’éponge, remplacé par son scénariste Derek Ford (non crédité sur Blood Tracks) qui fut cependant viré après deux jours de travail ! Débarque le monteur, Ray Selfe (lui aussi non crédité sur Emmanuelle in Soho) tandis que le scénario est révisé par Alan Birkinshaw (La Maison des Usher et Le Masque de la Mort Rouge pour Corman dans les 80s), forçant l’équipe à retourner plusieurs fois certaines scènes et à en supprimer d’autres. Dans ce bordel une séquence essentielle à l’aspect whodunit de l’intrigue fini par sauter, avec Nicholas Donnelly (Lifeforce, Venin) dans le rôle d’un directeur d’hôpital psychiatrique qui révélait bien des choses à l’héroïnes, et plusieurs comédiens finir ne furent plus disponible avec le temps puisque engagé sur d’autres choses.

 

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Seul un miracle (de Noël ?) permis le retour de Purdom dans son rôle, permettant de garder un minimum de cohénsion, tandis que les producteurs furent contraint de faire quelques concessions comme garder la conclusion originale du filmn laquelle a son importance puisqu’elle donne son titre au film. Avec tout ça il est assez incroyable que Don’t Open Till Christmas tienne quand même la route malgré les reshoots flagrants qui pourraient presque être retiré du montage sans que cela ne pause problème. Il faut dire qu’ils sont centrés meurtre et nudité et se trahissent par un aspect visuel assez pauvre, et des limitations de temps et de moyens avec un ou deux figurants filmés dans des ruelles désertes pour se faire rapidement trucider (le coup du pistolet en est un exemple flagrant). Ces scénettes sont même inconsistantes avec le point de départ du film où il est précisé que nous ne sommes qu’à trois jours et trois meurtres de Noël, comme si les exécutions se faisaient à la manière d’un calendrier de l’avent, alors que le produit final s’étire sur presque une semaine avec des morts passées sous silence par la police puisqu’elles n’existaient pas dans le script original.

 

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Pourtant le film a bien besoin de ces rajouts grotesques pour survivre, car l’idée de base était plutôt ennuyeuse avec cette affaire qui piétine sans jamais évoluer, malgré les suspicions de la police sur certains suspects. Le premier est Cliff, petit magouilleur sans le sou s’étant maqué avec une jeune bourgeoise dans le but évident de profiter de ses finances. Lorsque le riche papa de la fille est retrouvé mort, sa combine devient un motif très arrangeant. Mais il y a aussi les mystérieux allez-retour à l’asile du coin par l’inspecteur en chef qui dirige les opérations, jamais dans les parages quand un crime à lieu et observé de loin par un étrange journaliste qui s’empresse de semer le doute dans l’esprit de ses collègues, sans pour autant dévoiler la moindre preuve… La conclusion surprendra comme, à force de modifications, elle ne se déroule absolument pas dans les règles et que la plupart des protagonistes vont subitement passer l’arme à gauche contre toute attente avant la grande confrontation. Du pain béni pour l’intrigue, puisque l’on ne sait alors plus trop sur quel pied danser avec la perte de ces repaires et la précipitation avec laquelle ces mises à mort ont lieu.

 

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De quoi dynamiser l’enquête trainante qui évoque un peu celles des vieux gores de H.G. Lewis avec ces flics incompétents, et comme chez Lewi, le sang devient la véritable source d’amusement à la place, avec des meurtres parfois élaborés, parfois bâclés, qui se succèdent sans la moindre escalade et sans équilibre, balancés plutôt pêle-mêle à l’écran. Un vendeur de marrons se fait cramer le visage sur son fournaux, le tueur abandonnant le corps qui va prendre feu en pleine rue, un Père Noël est empalé par une lance lancée derrière lui, la lame ressortant par la bouche alors même qu’il soufflait dans un serpentin qui s’allonge, un ivrogne tombe nez-à-nez avec le canon d’un Magnum qui s’enfonce dans sa bouche pour lui exploser le crâne, un pervers est poignardé dans un peep show, son sang éclaboussant la vitre derrière laquelle se trouve une stripteaseuse hurlante, un type se retrouve avec un œil arraché au tesson de bouteille, un fouineur est électrocuté par une voiture dont la carrosserie entière est branchée sur batterie, et un type se prend un bon coup de serpe dans la poire, son corps se retrouvant transporté par le biais d’une plateforme sur la scène d’un concert en plein live. Au total c’est plus d’une douzaine de meurtres qui viennent parasiter le récit mais maintenir l’intérêt du spectateur.

 

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Le meilleur est sans doute ce moment giallesque où un Père Noël de supermarché se rend aux toilettes pour soulager sa vessie et se fait séctionner le pénis d’un coup rasoir. Le jet d’urine devient écarlate et il se vide lentement de son sang jusqu’à ce que la femme de ménage le retrouve exsangue entre les pissotières. D’autres sont parfois inutiles, comme cette scène d’intro qui repompe celle de Vendredi 13 (qui repompait déjà celle de Halloween) où un couple s’envoyant en l’air dans une voiture est poignardé par un agresseur dont on épouse le point de vue. Un rajout de dernière minute sans doute, comme la séquence générique qui imite celle de Halloween II en remplaçant la citrouille qui s’ouvre pour dévoiler un crâne par une bougie de Santa qui fond et laisse apparaître un couteau caché à l’intérieur. De la pure exploitation parfois très “série B américaine” (voir ce moment absurde où un flic déguisé se fait frapper l’entrejambe par le tueur qui cache une lame dans sa chaussure façàn James Bond, et qui est achevé par des coups de gant clouté) mais heureusement très british le reste du temps avec cet humour cynique et ces absurdités de circonstances.

 

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Une victime échoue dans un musée de cire psychédélique forcément garni d’armes pour l’assassin, un modèle de charme est questionné par la police qui lui reproche d’avoir été surprise à moitié nue dans la rue malgré sa rencontre avec le tueur (“Indencent ? I’m a professionnal !” s’exclame-t-elle alors en ouvrant sa robe de chambre devant les flics) et il y a cette conversation complètement folle dans un sex club entre un client nerveux dont c’est la première fois et cette demoiselle qui déclare que c’est également le cas pour elle… puisqu’elle remplace en fait sa mère absente, qui se trouve aussi être la gérante ! Plus fou encore: Cliff embarque sa copine accablée par la mort de son père, qu’elle a vu de ses propres yeux, chez un ami photographe afin de la pousser à faire quelques clichés érotiques avec une autre fille dans un costume de Santa. Lorsqu’elle quitte les lieux, évidemment furieuse, le garçon renonce à la poursuivre et va flirter avec l’autre, qu’il abandonne aussitôt que des policiers les surprennent lors d’une séance en extérieur. Et que dire de cette poursuite entre un Père Noël et des punks moqueurs à qui il fait un doigt d’honneur ?

 

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La séquence, dont le son bizarrement mixé donne l’impression qu’elle a été bruité à la bouche façon La Cité de la Peur, se termine avec la fuite du costumé qui s’échappe en escaladant la façade d’un vieux building tandis que les voyous lui pique son vélo en représaille. On croit parfois rêver, et à ce titre la seule chose qui semble manquer à Don’t Open Until Christmas vu son concept, c’est d’une grande conférence de presse où la police tenterait de bannir les costumes de Santa dans toute la ville au grand dam des habitants, comme dans Les Dents de la Mer avec la fermeture des plages. Mais peu importe. Le film fait (involontairement) du bon boulot pour se démarquer des nombreux slashers hivernaux de la même période et sa nature anglaise lui rajoute une petite saveur vicieuse que n’ont pas ses cousins amércains. Pas de campus ou de banlieue bien propre ici, nouss ommes au cœur d’une Londres eighties peu touristique où tout le monde semble être un pervers ou un salaud. Même l’assassin possède sa petite parenthèse en kidnappant une femme de mauvaise vie prenant le sexe à la légère et qu’il va tenter de corriger à la dur, comme pour nous rappeler que nous sommes bien dans l’Angleterre conservative de Margaret Thatcher.

 

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Cela n’empêche pas le film d’être parfois festif, allant jusqu’à nous montrer Caroline Munro pousser la chansonnette et remuer des hanches dans une aparthée un peu longuette. Car oui, le film est sacrément fun et multiplie les rebondissants, transcendant le foutoir de sa production pour devenir un divertissement sincère et recommandable – et très marrant, même si cela n’était certainement pas dans les intentions de Edmund Purdom. Ce qui est moins drôle en revanche, c’est le décès d’Alan Lake, l’acteur qui incarne le journaliste douteux et qui se suicida quelques temps avant la sortie du film par dépression, suite au décès de son épouse Diana Dors. Triste, d’autant qu’il avait une certaine intensité à l’écran et que l’on aurait pas été contre le voir un peu plus souvent (ce qui était peut-être le cas dans le script original, allez savoir). On appréciera aussi l’acting de ses collègues, à commencer par Purdom qui reste insondable du début à la fin, et donc parfait en suspect crédible, et ce méconnu Mark Stone (officier impérial dans L’Empire Contre-Attaque) en policier sarcastique.

 

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S’il reste la cible de beaucoup, surtout sur Internet on l’on se moque facilement de la série B, Don’t Open Till Christmas semble heureusement connaître un petit regain d’intérêt grâce au boulot de quelques éditeurs courageux (Vinegar Syndrome, Uncut Movies chez nous) qui le ressortent avec quelques bonus non négligeables comme ce documentaire d’époque où figurent certaines séquences qui n’ont pas été gardées dans le montage final. De nos jours encore il demeure un avatar assez unique de la christmasploitation horrifique et mérite le coup d’oeil ne serait-ce que pour ces visions assez oniriques de Pères Noëls traqués dans les ruelles crades de Londres, et la surprise finale pour le moins explosive. Le genre possède de toute façon de biens pires représentants, et c’est toujours mieux que de ce farcir un énième remake de Black Christmas

 

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