Friday the 13th Part 2 (1981)

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Friday the 13th Part 2

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Le succès de Vendredi 13 surpris un peu tout le monde, à commencer par ses créateurs qui s’attendaient juste à empocher quelques dollars. Car non seulement le film explosa le box office, mais sa formule fonctionna si bien qu’elle engendra un genre à part entière et les copieurs pointèrent aussitôt le bout de leur nez. Une suite fut rapidement mise en chantier avec une sortie prévue pour l’année suivante, mais la production se heurta à un problème: comment continuer l’intrigue ? Le format d’anthologie fut brièvement considéré, où chaque opus serait indépendant tout en conservant la date fatidique comme point commun, mais c’est la décision de poursuivre la malédiction de Crystal Lake qui l’emporta, avec l’idée de ramener la final girl Alice en guise d’héroïne récurrente. Seulement Adrienne King refusa de continuer l’aventure à cause d’un stalker qui l’effraya tellement qu’elle préféra faire profile bas (où peut-être parce qu’elle demanda un meilleur salaire qu’on lui refusa, comme évoqué dans la bible Crystal Lake Memories).

 

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Même si elle accepta de revenir dans une scène pour faire ses adieux, les producteurs durent aussi trouver un nouveau tueur et Jason Voorhees fut probablement choisi comme son apparition saisissante à la fin de l’original marqua le public, et tant pis pour la logique. Car le personnage existait à peine, déjà mort au début de l’histoire et simple prétexte pour les actions de l’assassin. Cette idée suffit à faire perdre au projet toutes les grosses têtes qui étaient derrière Vendredi 13, ceux-ci la jugeant stupide: Tom Savini parti faire Carnage, Sean Cunningham démissionna et Victor Miller refusa d’écrire le scénario. C’est Ron Kurz qui lui succèda, lequel avait opéré quelques réécritures la dernière fois (dont possiblement le célèbre épilogue), tandis que Steve Miner, protégé de Cunningham depuis La Dernière Maison sur la Gauche, dirige les opérations en gardant avec lui pratiquement toute l’équipe du premier film – dont Harry Manfredini, qui compose un score tellement similaire au précédent qu’il est difficile de les différenciers.

 

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La même chose pourrait être dite à propos de Part 2 qui est structuré exactement comme son modèle, avec certains éléments reprit à l’identique au point que l’on pourrait presque le considérer comme un remake. Le prologue présente Alice, toujours en ville deux mois après sa longue nuit à Camp Blood alors qu’elle tente de remettre un peu d’ordre dans sa vie. Mais quelqu’un s’introduit chez elle et cache la tête coupée de Mme Voorhees dans son frigo pour la terrifier avant de la tuer. Cinq ans plus tard toute l’affaire est devenu une légende urbaine locale où Jason fait office de croquemitaine bon à effrayer les enfants. Son corps n’aurait jamais été retrouvé après sa noyade et certains disent qu’il aurait survécu, vivant dans les bois et devenu sauvage. Désormais adulte il aurait été témoin de la mort de sa mère et l’aurait vengé, continuant de massacrer quiconque entre sur son territoire. L’ancien camp a d’ailleurs été condamné par la police et c’est la première fois depuis le drame qu’un nouveau groupe s’installe dans le coin.

 

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C’est un centre d’entrainement pour moniteurs qui ouvre ses portes, avec plus de monde que la dernière fois et où personne ne croit au grand méchant loup. Mais Jason existe et lorsque quelques curieux décident de braver l’interdit il contre-attaque aussitôt la nuit tombée, alors que la plupart sont parti s’amuser en ville… Bon pour être honnête c’est lui qui frappe d’abord en se débarassant de ce pauvre Crazy Ralph, venu une fois de plus avertir la jeunesse ignarde, et les envahisseurs font à peine deux mètres dans la zone interdite, mais le script tente de rationaliser les choses en expliquant que le meurtrier n’a jamais eu d’autre contact humain que sa mère avant sa noyade et qu’il est possiblement un gamin coincé dans un corps d’adulte, ou un “attardé effrayé”. Ou encore un psychopathe, ce qui jette par la fenêtre toute tentative de sympathie que l’on pourrait éprouver pour lui. Le script tente pourtant de l’humaniser via la nouvelle héroïne, étudiante en psychologie pour enfants qui théorise à son propos.

 

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Il est ainsi supposé que Jason n’a jamais eu d’ami, n’est pas allé à l’école et que sa mère représentait tout pour lui, au point qu’il la pleure encore, espèrerant toujours sa résurrection, en témoigne cet autel macabre qu’il a érigé en son honneur dans sa petite cabane construite au fond des bois. Là traine la tête coupée de sa génitrice, tandis que le cadavre d’Alice gît par terre telle une offrande. Autant d’idées intéressantes que le film n’exploite jamais et qui furent immédiatement abandonnées par la suite pour transformer Jason en ce monstre invincible que l’on connait tous. Car il n’y a pas de masque de hockey ici, ni de mort-vivant à force surhumaine, et le bonhomme se comporte de manière très différente de ses futures itérations. Il crève de peur lorsque la final girl brandit une tronçonneuse pour se défendre, se pli de douleur lorsqu’elle lui tape dans les couilles, et il pense à retirer une théiète sifflante de la gazinière après un crime pour on ne sait quelle raison. 

 

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Son apparence est en partie pompée sur celle du tueur de The Town That Dreaded Sundown avec ce sac à patate sur la tête, mais en encore plus bouseux grâce à cette grosse salopette. Pas vraiment l’idée qu’on se fait d’un Vendredi 13 c’est sûr, mais l’important est là avec pratiquement un meurtre toutes les dix minutes pour un bodycount équivalent à celui du premier volet: coup de machette en plein visage, crâne percé par l’arrache-clou d’un marteau, égorgement d’une victime pendu à l’envers, étranglement au fil barbelé, et même une référence directe à Halloween avec cette fille poignardée au couteau de cuisine à la première personne. Le plus mémorable reste cet emprunt non dissimulé à La Baie Sanglante, quand ce couple en plein ébats est embroché d’un coup de lance. Un carnage plutôt varié en somme et il est dommage que le film épargne la moitié de son casting alors que certains méritaient d’y passer, comme Ted le clown de service et véritable tête à claques. Dommage aussi que Tom Savini n’assure par les effets spéciaux.

 

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Il est remplacé par Carl Fullerton (Les Prédateurs, Wolven), pas vraiment adepte du sanglant, et pour ne rien arranger la censure amputa son travail de précieuses secondes pour diminuer son impact. Le résultat n’est pas aussi sévère que sur certains autres opus de la série, mais il se fait quand même remarquer comme lors du meurtre d’Alice où le pique à glace qui lui traverse la tempe ressortait à l’origine par l’arrête du nez. Part 2 paraît du coup plus faiblard que son grand frère et certains de ses concurrents d’alors et le réalisateur se rattrape avec un peu d’humour (un clébard croise Jason en forêt et le montage passe à des saucisses grillées au barbecue), des images frappantes (ce cadavre en chaise roulante qui dégringole un escalier sous la pluie) et quelques idées absurdes (la fille cachée sous un lit qui se pisse dessus parce qu’un rat vient la rejoindre, l’idée que Jason a installé des toilettes dans son cabanon) en plus de recycler les fondus au blanc effectifs de son modèle.

 

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Bien sûr il tend vers le ridicule avec la nouvelle tronche de Jason (barbu avec de longs cheveux roux) et la fausse tête de sa maman, une actrice maquillée et cachée sous une table (elle devait à l’origine ouvrir les yeux et sourire à la caméra avant le générique de fin), et il cède parfois à la facilité comme lorsqu’il jette un chat au visage d’une actrice pour un jumpscare. Mais il se montre mâlin avec ces faux plans en vue subjective similaires au premier film, où l’on pense être à la place du tueur alors que ce n’est cette fois pas le cas. Un trucage qui permet notamment de surprendre le public durant la scène où ce pauvre handicapé reçoit une machette en pleine poire alors que tout laisse croire que Jason va l’attaquer par derrière. Et puis l’héroïne est plus intéressante que la dernière fois, s’en prenant au tueur tant physiquement (en lui éclatant une chaise sur le dos WWE style) que psychologiquement, en volant le pull de Mme Voorhees et se faisant passer pour elle afin de le tromper et lui faire baisser sa garde.

 

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Enfin il y a la nudité, abondante et généreuse, car toutes les filles se déshabillent de la façon la plus gratuite possible. La jolie Amy Steel (Week-end de Terreur) enfile le bikini, Kirsten Baker (Teen Lust) n’hésite pas à se montrer toute nue et possède sans doute le plus beau fessier de toute la saga (Miner nous le fait savoir avec un gros plan sur son postérieur dès sa première apparition, qu’un plaisantin va cibler au lance-pierre) et la jeune Marta Kober (Neon Maniacs) exhibe une énorme poitrine qu’elle met constamment en valeur. Elle aussi tourna dans le plus simple appareil pour sa scène de sexe, mais comme il fut découvert qu’elle n’avait alors que 16 ans, le passage entier fut coupée au montage. Quant à Betsy Palmer, elle revient pour une très courte apparition de quelques secondes et conserve heureusement ses vêtements, se montrant excellente malgré un total de trois répliques.

 

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Friday the 13th Part 2, chez nous bizarrement titré Le Tueur du Vendredi, sait donc se faire pardonner ses défauts, ses incohérences et sa trame ubuesque, et avec juste 85 minutes au compteur il s’emballe assez vite. Il faudra juste ne pas trop être regardant du côté des imitateurs qui l’enterraient facilement à l’époque (Carnage, Madman, Meurtres à la St-Valentin et éventuellement Halloween II). Malgré une réception un peu moins chaude par le public, le film fut suffisament profitable pour lancer un troisième chapitre, toujours avec Steve Miner aux commandes et à nouveau pour une sortie prévue pour l’année suivante. Comme pour moquer cette précipitation ridicule, cette nouvelle aventure ne s’embarassa même plus bond temporel dans la narration et poursuit les choses directement là où elles s’étaient arrêtées, maltraitant encore plus la continuité de ce fait comme Jason perd ses cheveux et gagne une nouvelle garde robe en l’espace de quelques heures. Friday the 13th in a nutshell, mes amis !

 

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