Z-Girl
(2010)
Z-GIRL features a sexy Asian heroine searching for the source of power behind the evil Demon King. After locating the Demon King’s secret base, she encounters a group of guards who pose no problem for her. Her battle with the Demon King, however, is much more of a challenge, as the Demon has set a trap for our heroine and seeks revenge !
C’est en 2009 qu’un webmaster anonyme, et que l’on surnommera HM à défaut d’autre chose, lança son site Heroine Movies, entièrement dédié aux super héroïnes en détresse et aux petits films amateurs qui leurs sont consacrés par les fétichistes. S’il passe d’abord son temps à écrire chroniques et annonces à propos des œuvres du japonais Zen Pictures et de ses équivalents américains (Dominated Heroines, Ring Divas, Superherogirls Media et bien d’autres), le bonhomme fini naturellement pas céder à la tentation de réaliser son propre court-métrage et un peu plus d’un an plus tard débarque ce Z-Girl. La chose s’adresse évidemment à un public très restreint – principalement les fidèles de Heroine Movies, puisque ne proposant rien d’autre des scénettes de bondage et de ryona avec une jolie fille en costume. En fait, de l’aveu du responsable, le projet a principalement été inspiré par les productions Zen Pictures, ce qui n’est pas quelque chose qui parlera à beaucoup.
Mais pour autant HM s’applique, fait attention à livrer le meilleur produit possible malgré ses limitations et son inexpérience, et met sans doute à profit ses heures de visionnage pour ne pas reproduire les erreurs qu’il a lui-même critiqué dans ses articles. Oui Z-Girl est ridiculement insignifiant en soit, mais il n’y a pas arnaque sur la marchandise et le résultat surpasse même d’autres vidéos du même genre. Il faut dire que le metteur en scène n’est pas dupe quant à ses limites et a judicieusement choisi de rythmer les choses autant que possible, expliquant sur son site avoir voulu trouver un juste équilibre entre les moments d’action et les périls. Certes ce n’était sans doute pas trop difficile puisque le film n’excède pas les 16 minutes, mais encore une fois d’autres s’en sortent moins bien avec plus de moyens. Et ça commence dès les premières secondes avec ce texte d’introduction qui sert à donner un peu de contexte à cette aventure dont le scénario est pratiquement inexistant.
Il est donc question d’une petite agente secrète, Z-Girl, dont la mission est d’infiltrer la base secrète du maléfique Demon King afin de trouver la source de ses pouvoirs et de l’éliminer. Voilà, c’est tout, encore que le script nous offre au moins un premier acte avant la confrontation en montrant la jeune femme éliminer quelques sbires cagoulés avant de trouver son adversaire. HM tâche aussi de montrer son personnage comme une héroïne compétente, versant dans le femdom pendant les premières minutes de la vidéo. Car si le Demon King possède une force surhumaine, Z-Girl parvient à lui tenir tête au corps-à-corps avant de lui voler son médaillon magique, le rendant vulnérable à un sacré passage à tabac. Hélas pour elle il s’agit d’un piège (du moins c’est ce que le résumé officiel prétend, à la vision ça ressemble plutôt à un gros coup de chance pour le vilain) et un laquais armé d’un taser va surprendre la belle, trop occupée à cogner pour l’entendre venir. Ainsi s’achève la partie “action” de l’affaire.
Avec ces six minutes d’écoulées, HM entre dans le vif du sujet et commence la longue torture de son héroïne, affaiblie par la décharge et à la merci de son adversaire qui va la rouer de coups avant de la punir au fouet. Un angle damsel in distress divisé en trois parties, pour trois sévices différents (encore que deux sont globalement les mêmes), formule plutôt traditionnelle du genre qui va ici remplir les dix dernières minutes du film. La première se fond assez bien dans la continuité puisqu’il montre la vengeance directe de Demon King envers Z-Girl, la frappant alors qu’elle est à son tours en état de faiblesse. La jeune femme est remise debout et doit encaisser une série de coups au ventre et dans les côtes qui aura progressivement raison d’elle. Elle endure, grogne sous la douleur et tente de rester sur ses jambes même si elle fini par se recroqueviller petit à petit, finissant au sol à quatre pattes avant de s’évanouir. Elle se réveille toute attachée, les bras au-dessus de la tête, et va subir le même sort une nouvelle fois.
Soyons honnête, si ce n’est pour l’aspect bondage et la tenue sexy de l’actrice, toute cette séquence fait redites avec ce que l’on vient de voir et, film fétiche ou non, la sensation de déjà vu peut devenir pesante. Encore plus quand le diabolique Demon King ne fait rien d’autre que les mêmes gestes, encore et encore, donnant parfois l’impression de voir la même action être répétée en boucle. Un problème partagé avec bien d’autres œuvres ryona, notamment chez Zen Pictures, qui vient rappeler que Z-Girl et ses semblables ne sont vraiment rien d’autre que du matériel masturbatoire dédié à un groupe très spécifique. Mais bon, l’héroïne est mignonne et au moins HM a bien conscience du soucis. A l’inverse de ses collègues qui se contentent alors de laisser l’actrice geindre et se tortiller en boucle de la même façon, il privilégie le silence et le regard de sa comédienne qui ne donne jamais satisfaction à son tortionnaire. Pas un son ne sort de sa bouche et elle le fixe du regard par défi.
Coups de poings et de coudes pleuvent sur son abdomen malgré tout, et il faut avouer que la position dans laquelle elle est ligotée en ajoute à son impuissance puisqu’elle ne peut pas protéger son corps exposé. De plus le vilain n’hésite pas à taper dans les reins ou au visage de temps à autre comme pour bien souligner l’idée. La jeune femme titube et tente là encore de se tenir bien droite, mais Demon King fini par enchainer les frappes de plus en plus vite en de mini combos, jusqu’à ce qu’elle perde conscience de nouveau. L’ultime tourment arrive alors sous la forme de coups de fouet, l’héroïne restant attachée dans la même position mais nous offrant quelques secondes de tension avant le premier coup avec ce regard d’anticipation un rien effrayé. Force est de constater que ce moment est le meilleur du film, avec de bons bruitages et surtout des expressions de douleur convaincantes puisque l’on peut y lire un peu de colère dans les yeux de la victime. Celle-ci gémit enfin un peu plus et cela rend très bien à l’oreille.
Pas de marques sur son corps bien sûr, et les rares plans de contact entre le fouet et la peau sont clairement au ralentis, tant pour que l’on puisse voir la lanière que pour camoufler le manque d’élan donné à l’attaque afin de protéger l’actrice. Au moins celle-ci se met à souffler pour donner l’impression d’endurer les choses et les bruitages de claquements sont effectifs. Le montage devient plus frénétique sur la fin, ne présentant plus que l’impact des attaques, et la petite agente finit par tomber dans les pommes pour la dernière fois avant que la mention “to be continued” ne viennent clôturer le film. Un peu brusque mais il fallait s’y attendre vu la nature du projet, et le bilan est de toute façon globalement positif pour que l’on fasse avec. Il faut dire que la jeune femme recrutée pour tenir le premier rôle est franchement mignonne, très girl next door qui tranche avec les super héroïnes à fortes poitrines que l’on voit chez les autre: asiatique aux grands yeux, petite et toute mince, elle profite également d’un costume simple mais seyant.
Toute en noire avec un petit short, une brassière de sport avec lanières de soutien-gorge apparantes, des mitaines et un holster sur une cuisse nue, elle exhibe ses jambes, ses épaules et surtout son ventre, que l’on préfèrerait honnêtement embrasser que frapper. Du cosplay certes limité mais qui fait ici parfaitement l’affaire et attire le regard sur le physique de la miss, la caméra ne perdant jamais une occasion pour la filmer de près, utilisant ici une contre-plongée avantageuse, là un cadrage sur les abdos en mouvements. De quoi faire oublier la crudité des décors inexistants (un parc, une pièce aux murs noirs) et l’apparence hilarante du méchant (un capuchon noir et masque d’Halloween façon vieille sorcière au teint verdâtre et long nez) dont l’aspect inhumain se limite à son visage puisque l’acteur n’avait pas de gants raccords pour cacher ses mains. HM a sans doute composé avec ce qu’il a pu et on connait la chanson avec les shot on video sans budget. Néanmoins le réalisateur se rattrape là où il peut.
Les bruitages sont réussis, une séquence où Z-Girl utilise son pistolet passe très bien grâce à des flashes convaincants et la musique, sans doute piquée à une quelconque bibliothèque libre de droit, fait le boulot à merveille. Si on pourra reprocher aux bastons d’être extrêmement simples et sans doute expédiées en quelques minutes, la comédienne sait au moins lever la patte pour simuler des highkicks et le Demon King aurait été interprété par quelqu’un avec un minimum de connaissance en arts-martiaux selon HM. Les gestes lents et télégraphiés sont contrebalancé par un montage qui ajoute un peu de punch et à l’occasion certaines techniques de combats parviennent à surprendre. Et c’est tant mieux puisque la totalité de l’acting est ici physique, les acteurs n’ayant aucune ligne. Un choix délibéré pour aller plus vite et éviter des dialogues bancales, même si certains sur le site n’auront pas raté l’ironie de la situation, le réalisateur ayant auparavant critiqué un film sur cette même raison. Il le reconnaitra d’ailleurs dans un commentaire.
Si critique il fallait faire, cela serait plutôt sur la qualité d’image du film qui a désormais bien vieillie. Car de la même manière que les caméscopes d’antant, les SOV digitaux des années 2000 accusent de visuels limités en raison de ce que permettait la technologie d’alors, et l’abence de pellicule empêche toute restoration future. Z-Girl est donc coincé dans un 720p primitif avec un tas d’artefacts visibles du genre bouillie de pixels ou grains prononcé dans les endroits obscures. Un défaut surtout visible en début de film, mais qui malgré tout rappel que la haute définition est encore récente. Le public-cible, habitué à prendre ce qu’il peut là où il peut, s’en accomodera toutefois facilement. Et sans surprise Z-Girl remporta un franc succès, bien aidé il est vraie par l’exposition dont il bénéficia sur son propre site. Agréablement surpris par ces retours, HM prit alors rapidement la décision de produire une suite, Z-Girl Returns, qui est toutefois une nouvelle aventure de l’héroïne plutôt qu’une suite immédiate.
Ce deuxième épisode débarqua un peu moins d’un an plus tard en 2011, et le metteur en scène y retrouva sa petite actrice dans le même costume pour d’autres mésaventures sexy. HM semble y avoir prit en compte nombre de critiques afin de s’améliorer, notamment du côté des dialogues, et conserva ce mélange action / péril dans l’idée d’en faire sa marque de fabrique. Il est malheureusement impossible de voir le film à l’heure actuelle, à moins de l’avoir acheté à l’époque, puisqu’il ne figure plus sur le catalogue du réalisateur. Pas de raison donnée et il va falloir interroger celui-ci pour comprendre puisque Z-Girl premier du nom est toujours disponible. Dans tous les cas HM alla ensuite de l’avant, inventant de nouvelles héroïnes et de nouvelles séries (Agent Alexis, Asami, Tomb Hunter) pendant les dix prochaines années, ressuscitant même Z-Girl en 2019 avec une nouvelle actrice dans le rôle (Z-Girl Reloaded et Z-Girl: Domination). Mais si Heroinemovies.com est toujours en ligne, ce n’est peut-être plus pour longtemps.
HM a visiblement choisi de tirer sa révérence, annonçant il y a quelques temps maintenant la fermeture du site pour 2021. A l’heure actuelle il semble être revenu temporairement sur sa décision et la plateforme est en sursie, même si l’on ignore pour combien de temps encore. Croisons les doigts et espérons que cela ne soit pas encore la fin pour Z-Girl et ses copines !
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