The Tricephalon Monster (Godzilla Battles the Tricephalon Monster, 1979)

Lost (and found) in the 5th Dimension

Épisode 39

 

THE TRICEPHALON MONSTER

Godzilla Battles the Tricephalon Monster (1979)

 

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Anguirus, Battra, Destoroyah, Hedora, King Ghidorah, Orga… La liste des adversaires de Godzilla est longue mais les fans la connaissent par cœur. Cependant le lézard atomique a parfois affronté des ennemis plus obscure au cours de sa carrière: comics, jeux vidéos et mangas ont dû inventer de nouveaux opposants soit pour l’attrait de la nouveauté, soit parce que la Toho ne leur accorda que les droits de leur monstre principal et non de son plein bestiaire. Et c’est ainsi qu’est né le méconnu Tricephalon, créature à trois têtes ayant probablement servi de remplaçant de Ghidorah pour les besoins d’un playset et de quelques illustrations créées par la compagnie américaine HG Toys, un fabriquant spécialisé en tous types de jeux pour enfants, des déguisements aux jouets en passant par les jeux de société. Pas étrangère aux propriétées intellectuelles, elle développa des tas de produits dérivés durant son existence, entre la fin des années 70 et le début des années 80: Alien, Musclor, Voltron et quelques séries japonaises comme Great Mazinger et Godzilla qui sortirent sous le même label de Shogun Warriors.

 

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La naissance de notre hydre remonte donc en 1978 pour les besoin d’un puzzle, objet que HG Toys fabriquait en abondance à propos de tout et n’importe quoi (CHiPs, La Croisière S’amuse, La Petite Maison dans la Prairie). S’associant au talentueux illustrateur Earl Norem (les peintures acryliques hyper réalistes de Musclor et des couvertures Marvel Comics d’autrefois), elle en produisit quatre, chacun représentant le célèbre daikaijū dans ses œuvres, mais avec un design américanisé lui donnant des allures de T-Rex: trois standards de 150 pièces pour une dimension de 25,5 x 35,55cm, et un géant de 100 pièces massives dont la taille avoisine le 91,5 x 360cm ! C’est ce Godzilla Giant Puzzle qui nous intéresse, avec sa forme toute allongée intéressante, qui préfigure un peu la merveilleuse affiche du Godzilla vs. King Ghidorah de 1991 avec cette image de Godzilla emmêlé dans les têtes allongées de son opposant. Contrairement aux autres puzzles cependant, la scène ne possède pas de titre et la créature demeure anonyme. Il est même difficile de se faire une idée précise de son physique puisque seuls ses longs cous sont apparents.

 

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Quatre têtes – c’est important – écailleuses et serpentines, dotées de moustaches de chats. Les anneaux semblent métalliques, garnis de piques en forme de clous à tête diamant, et il permis de se demander si la bête est d’origine organique ou robotique, un peu comme la Machine à Tuer de Red Sonja. D’ailleurs il est également compliqué de savoir si ces éléments sont tous relié à un même corps ou s’il s’agit de bestioles indépendantes. C’est a priori ce que semble prouver la quatrième tête, tout en bas de l’image, qui délaisse le reptile radioactif pour s’en prendre à quelques humains. Soyons franc: l’auteur n’en avait certainement rien à foutre et n’a probablement même pas pensé à la logique de la situation. De manière intéressante on pourra remarquer que cette peinture est un changement de dernière minute, le concept original présentant la même chose mais dans un style différent, réalisé par un autre artiste. Tricephalon y demeure identique, métallique, clouté et avec une quatrième caboche se détachant du combat pour venir effrayer la foule paniquée. Ce prototype est trouvable dans le matériel publicitaire d’époque mais ne fut jamais publié.

 

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Même chose pour cette version alternative qui devait servir à un poster en noir et blanc que les enfants pouvait colorier. La résolution empêche de vraiment détailler cette incarnation mais le physique reptilien demeure et seulement trois têtes sont visibles, un bandeau d’annonce venant tronquer l’image. L’air de rien cela nous amène au playset Godzilla Battles the Tricephalon Monster sorti un an plus tard en 1979, qui ressort la bête pour lui donner une forme complète et un nom définitif. Consistant de deux monstres en plastique, de petits soldats et d’un décors en carton à assembler, ce jeu de plateau permet aux bambins de simuler une bataille entre humains et monstres dans une ville en proie à la destruction. Un tapis de sol et divers véhicules permettent de créer un environnement en trois dimensions tandis que l’on peut jongler entre civils et militaires. Godzilla est là bien sûr, mais plus important, son ennemi apparaît dans son entier… avec une tête de moins ! Un coup d’oeil à la boite permet de comprendre pourquoi, puisque comme sur la publicité du poster à colorier, une image du jeu a été placardée sur l’illustration de Earl Norem, cachant la quatrième tête possiblement indépendante comme pour nous faire oublier qu’elle a jamais existée.

 

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Dommage car “Tetracephalon” aurait été un nom plutôt cool et cela aurait fait un monstre unique au lieu d’un ersatz de Ghidorah. Même son côté robotique a été modifié malgré son nom écrit en lettres métalliques sur la boite, la créature étant moulée dans un plastique vert qui lui donne une nature plus dragonique, comme celle d’une hydre. Les têtes sont différentes (et sans moustaches) mais les piques sont toujours là, quoique différents. Heureusement certains détails rattrapent un peu la déception et Tricephalon se trouve être sacrément bizarre dans sa composition: un corps quadrupède de dinosaure avec une longue queue, des pattes palmées qui trahissent des origines aquatiques et une grande crête dorsale d’espadon, qui pourrait aussi bien être celle d’un Dimetrodon (ou une aile unique de Ghidorah). Plus surpenant encore: il semble être doté d’une carapasse de tortue comme le prouve ces plaques blindées sur son dos, et c’est par-dessus celle-ci que se trouve la crête ! Pas de doute, c’est bien un kaijū. La chose existe même dans une variante de couleur rouge, possiblement accidentelle puisque les pièces en plastiques du jeu ont été fabriquée à Hong Kong, où l’on se moque un peu du cahier des charges.

 

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Mais il existe une autre explication puisque la figurine a été recyclée par HG Toys quelques temps plus tard, en 1982, pour les besoins d’un autre playset, lequel n’a aucun rapport avec la franchise Godzilla. Il s’agit du Sword & Sorcery Playset, qui s’inspire évidemment de Donjons & Dragons (et existe en trois versions dont une sans notre bestiole). A la place d’une ville on se retrouve avec un château fort, les chevaliers remplacent les soldats et des catapultes font officent de véhicules. Et Tricephalon est là, tout rouge et jouant le rôle du dragon de service. Il apparaît même sur la boite, totalement différent de son design original et – marrez-vous – de couleur verte, dessiné par un quelconque illustrateur. Son nom n’est pas réutilisé non plus et pour cause: il existe là encore une version différente de la créature, toujours rouge, mais avec une seule tête (Unicephalon ?). Une modification dont la raison nous échappe, mais il est facile d’imaginer que les producteurs préfèrent donner à la créature une allure plus traditionnelle pour coller au thème. A ce niveau là elle aurait presque pu devenir la mascotte de la compagnie, et il aurait été fun d’en trouver d’autres itérations à travers différents produits.

 

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Las, l’histoire de Tricephalon s’arrête là. HG Toys est toujours là mais sa licence arriva à échéance il y a bien longtemps, certainement avant même la création de Sword & Sorcery. Le monstre, lui, n’existe plus que dans quelques mémoires, et surtout dans le cœur des fans hardcore de Godzilla qui parfois l’exhume pour quelques vidéos YouTube. A ce titre il convient de saluer l’animateur Vhrano, qui fit apparaître l’hydre le temps d’un gag dans son petit film d’animation parodique Godzilla Gets a YouTube Award, Part 1, qui date de 2021. Le kaijū apparaît brièvement, bousculant accidentellement Rodan avant de se réjouir d’avoir pu ruiner la journée de quelqu’un, et son apparence est une fusion très réussie de l’illustration de Earl Norem et de la figurine. Le monstre est aquatique et tricéphale, doté d’une peau métallique aux reflets verts, et possédant ses têtes de serpents à barbillons ainsi que ses piques rectangulaires et sa crête. Le corps, immergé, n’est pas rendu intégralement, mais on ne voit assez pour le reconnaître, et force est de constater que cette version moderne rend plutôt bien.

 

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Le vrai gâchi dans tout ça c’est de n’avoir pu avoir un match dantesque entre Tricephalon et Tricephalous, un autre kaijū à trois têtes de Marvel Comics dont la première apparition remonte à 1961 dans Fantastic Four #1 ! La Maison des Idées possédait justement les droits de Godzilla à l’époque où Godzilla Battles the Tricephalon Monster était dans les magasins, il aurait suffit d’un coup de fil pour arranger les choses et faire apparaître les deux tricéphales dans la série régulière du lézard atomique. Peut-être qu’un jour la technologie d’impression 3D sera plus accessible et permettra de se créer des figurines des deux bestiaux pour réaliser ce doux rêve. Tant qu’à faire on ajoutera aussi Ghidorah dans le mix histoire de dire.

 

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