Terror Train
(1980)
Jamie Lee Curtis rejoignit le tournage de Terror Train immédiatement après avoir fini celui de Prom Night, les deux films sortant en salle la même année. Voici donc un nouveau morceau de canuxploitation profitant du succès de Halloween, et comme beaucoup de slasher émergeant, il n’a rien de spectaculaire. Vendredi 13 n’ayant pas encore mis sa griffe sanglante sur le genre, le résultat s’apparante plus à un thriller un poil plus agressif que d’ordinaire et ne propose pas grand chose question scènes chocs, misant avant tout sur un whodunit qui aurait pu être intéressant comme le tueur change de costume après chaque meurtre, mais qui tombe à l’eau comme le suspect principal est un magicien et que le coupable n’utilise jamais d’illusions pour se débarasser de ses victimes. Heureusement ce Monstre du Train possède d’autres atouts dans sa manche, à commencer par son décor: un train qui s’enfonce dans la campagne enneigée où il est impossible de s’arrêter longtemps à cause du froid.
Cela force non seulement l’assassin à être mâlin pour ne pas se faire voir et cacher les corps, mais aussi le metteur en scène et son directeur de la photographie pour rendre le paysage intéressant sous peine de répétitions ennuyeuses. Coup de chance le premier est Roger Spottiswoode, un protégé de Sam Peckinpah qui fut monteur sur Les Chiens de Paille (et qui mis en boite aussi bien Demain ne Meurs Jamais que Arrête ou ma Mère va Tirer !), et le second est John Alcoot, qui bossa pour Stanley Kubrick sur des trucs comme Barry Lyndon et Orange Mécanique. Autant dire que le film se situe techniquement un peu au-dessus du lot, le slasher étant souvent conçu à l’arrache par de petits faiseurs sans expériences. Hélas le script plombe un peu tout ça en freinant des quatre fers aussitôt que les héros découvre le danger. Le meurtrier devient moins prolifique, les séquences de cache-cache se multiplient, et cette volonté de cacher la violence avec le hors-champ fini par gâcher un peu l’ambiance.
Ca commençait plutôt bien pourtant, avec cette fête du nouvelle an organisée par une fraternité qui se termine avec une mauvaise blague pour Kenny, garçon timide et pas vraiment intégré au reste du groupe. Parce qu’il craque sur une fille, ses camarades prétendent lui arranger le coup et le mènent dans une chambre où la demoiselle l’attend au lit pour une séance de galipettes. Sauf qu’il s’agit d’un cadavre démembré volé à la faculté de médecine, et la surprise est si forte que le jeune homme fait une crise nerveuse et fini à l’hôpital. Trois ans plus tard les responsables terminent leurs études et célèbrent le coup avec un nouveau réveillon de fin d’année: un bal costumé, où s’invite un mystérieux individu qui va éliminer tous ceux qui traumatisèrent Kenny. Le chef de train va réaliser ce qui se passe et devoir gérer la situation en secret pour éviter la panique, tandis qu’un magicien embauché pour divertir la troupe pourrait bien être l’auteur de ces horribles crimes. Un perpétrateur prestidigitateur, si vous préférez.
En réalité le mystère passe à la fenêtre aussitôt que le tueur apparaît, avec sa petite carrure qui ne laisse pas de doute quant à son identité. C’est bien Kenny qui est revenu se venger, se cachant derrière des masques différents pour semer la zizanie, y compris celui vite grillé de l’assistante de l’illusioniste. Il suffit de prêter attention à sa voix et aux traits masculins de son visage pour éventer la surprise, mais il est amusant de voir à quel point les auteurs de Terror Train espéraient nous surprendre avec ça au lieu de miser sur le sexe et la violence. A ce propos certaines séquences fonctionnent plutôt bien, comme ce meurtre où le clown de service est embroché par un sabre devant tout le monde tandis que ses amis pensent qu’il blague. Son corps est ensuite caché sous les roues du train qui le met en pièce. Une autre scène montre un type être blessé en plein spectacle quand l’audience est plongée dans le noir, son ami tentant d’appeler au secours de wagons en wagons sans recevoir d’attention car personne ne le prend au sérieux.
Hélas la demi-douzaine de meurtres composant le film n’est jamais montrée, les victimes étant juste égorgée ou empalée quand la caméra ne regarde pas. Il faut alors se raccrocher aux petites trouvailles: un ivrogne se fait éclater la tête contre un miroir, une fille confond le tueur avec un potentiel amant et se fait tripoter avec une main arrachée, une tête coupée est cachée dans un porte-bagages et quelqu’un fini embroché par plusieurs lames dans la boite magique du prestidigateur. C’est peu, mais au moins le combat final entre Kenny et Jamie Lee Curtis est plutôt violent, la survivante utilisant une sex doll pour le tromper avant de lui planter un pique-notes dans le visage, tandis que l’autre lui arrache violemment une boucle d’oreille. Il faut également féliciter l’idée de la soirée costumée, qui certes évoque plus Halloween que le réveillon mais permet de reconnaître en un clin d’oeil chaque personnages et de jouer avec le look de l’assassin qui devient tour à tour Groucho Marx, un monstre reptilien et une vieille sorcière.
Le casting aussi est bon, notamment notre final girl préférée qui a ici beaucoup plus de caractère et de répondant que dans Halloween et Prom Night réunis ! Il y a le magicien David Copperfield qui assure le spectacle à l’aide de “véritable” tours de passe-passe, et honnêtement il n’est pas mauvais contrairement à ce que l’on pourrait croire. A leurs côté figure le vieux Ben Johnson (La Dernière Séance, La Horde Sauvage), absolument adorable en chef de train bienveillant, Sandee Currie (Curtains) et une Vanity encore inconnue et créditée comme D.D. Winter au générique. Déjà magnifique, elle passe le film déguisée en une sorte de petite sirène et se promène en soutien-gorge du début à la fin. Intéressant aussi est Derek MacKinnon dans le rôle du tueur, qui n’était pas un acteur mais un véritable travesti trouvé dans les rues de Montreal. Son utltime confrontation avec Jamie Lee Curtis le montre pourtant menaçant à souhait, avec une voix profonde et un regard glaçant qui détonnent de son physique fluet.
De quoi sauver Le Monstre du Train de la déception, même si cela ne fut pas suffisant pour lutter contre ses féroces compétiteurs, tous plus fous et violents que lui, et encore maintenant on se souvient surtout de lui parce que Jamie Lee Curtis y tenait la vedette. La plateforme stream Tubi en fit malgré tout l’objet d’un remake en 2022, absolument horrible et tourné en back-to-back avec une suite encore plus nulle, Terror Train 2, qui sorti d’ailleurs la même année !
GALERIE
Salut Adrien.
Ah je l’ai vu celui là. y’a longtemps. Je m’en souviens un peu.
C’est vrai que le tueur qui change de déguisement, pour un slasher c’est rare.
J’aime bien cette idée de train comme lieu. j’adore les trains.
Après le film en lui même ne m’avait pas marqué. J’ai même pas envie de le revoir..
Sans être un fan de Jamie Lee, je la trouve sympathique. Juste dommage qu’elle a tant fait des films d’horreur alors qu’elle pouvait faire autre chose.
A ce propos, elle a joué dans un film avec Jennifer Love Hewitt dans les années 90.
House arrest.. dans ce film il y a aussi Jennifer Tilly que j’adore. Je la trouve très fun.
Attention, y’a un autre film qui porte ce nom.
Bonne semaine à toi
Je comprends, j’ai eu un peu de mal à le revoir pour l’article alors que je l’avais déjà vu il y a pas longtemps quand le Blu-ray est sorti. Mais les films d’horreur dans les trains ont tendance à être plutôt cool oui, et il y en a un ou deux dont j’ai envie de parler.
Quant à Jamie Lee, elle s’est depuis rattrapé en faisant tout sauf des films d’horreur et a passé la promo de Halloween 20 An Après à cracher dessus.
Le film n’est pas extra, mais passe mieux que l’ennuyeux Bal de l’horreur. Sinon, le meilleur slasher venu du Canada reste Meurtres à la Saint-Valentin.
Oui Prom Night est franchement pas folichon et se fait facilement défoncer par tous les autres. C’est un peu le risque du genre vu la saturation du marché, mais comme tu dis avec Meurtres à la St Valentin, le risque vaut bien la récompense.