Sleepaway Camp II: Unhappy Campers (1988)

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Sleepaway Camp II: Unhappy Campers

(1988)

 

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♫ Oooooooooh, I’m a happy camper, I love the summer sun
I love the trees and forest, I’m always having fun
Oooooooooh, I’m a happy camper, I love the clear blue sky
And with the grace of God, I’ll camp until I die ♪

 

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Sleepaway Camp II: Unhappy Campers aurait aussi bien pu s’appeler Sleepaway Camp II: Hard Rock & Grand Guignol tant c’est tout ce qui le caractérise. Car il ne s’agit pas de la suite à laquelle on pourrait s’attendre, celle-ci partant à l’opposé total de son modèle en terme de ton, de mise en scène et de personnage, troquant l’ambiance sérieuse, les morts douloureuses et l’intrigue mystérieuse pour une franche parodie aux meurtres cartoonesques et à l’histoire inexistante. Le budget et les intentions ne sont plus les mêmes, le cadre demeure le même mais passe d’une présentation réaliste à une plus simpliste comme dans la plupart des slashers d’alors, et le protagoniste, Angela Baker, est désormais complètement différent voir même contradictoire avec celui du premier opus. Une trahison pourrait-on penser, et beaucoups de fans renient Sleepaway Camp II et III, tournés dans la foulé par de nouveaux créateurs n’ayant aucuns liens avec l’original. Robert Hiltzik n’est que brièvement crédité au générique et à sa place viennent un énigmatique Fritz Gordon, scénariste sous pseudonyme qui serait peut-être Michael Hitchcock (comédien et écrivain associé aux séries Glee et Crazy Ex-Girlfriend), et le réalisateur Michael A. Simpson (Funland avec son clown vengeur) qui ramène dans le projet quelques copains qu’il s’était fait sur son film précédent, Fast Food: ce sont Michael J. Pollard, qui ne débarque que dans le 3ème épisode, et Pamela Springsteen, petite sœur de Bruce, qui remporte le rôle d’Angie, remplaçant une Felissa Rose un temps considérée mais trop prise par ses études à l’université.

 

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Une bénédiction pour le film, celle-ci étant absolument parfaite pour cette version plus comique et joyeuse du personnage. Car celui-ci a bien changé après les évènements de Massacre au Camp d’Été, après un détour à l’hôpital psychiatrique pour une thérapie à base d’électrochocs, de drogues et d’une opération chirurgicale. Car Peter “Angela” Baker est désormais bel et bien une femme, son identité ayant été changé sur décision de l’État (“and our parents’ taxes paid for it !”). Dommage que le script ne s’intéresse pas vraiment aux conséquences de cette transition qui semble encore une fois avoir été imposée au garçon, déjà fortement traumatisé par des années de travestissement. La logique voudrait que sa psyché soit encore plus brisée après ce changement non désiré de sa part, mais le film part dans le sens inverse, montrant Angela comme une personne libérée qui assume pleinement sa transexualité. Du moins en apparence car plusieurs scènes mettent le bémol sur cette impression, la demoiselle paraissant toujours gênée avec son corps (elle refuse toujours de se baigner avec les autres, est embarassée de la nudité des autres filles autour d’elle et possède un petit coin pour s’isoler). Après quatre ans de traitement la voilà cependant dehors, avec un nouveau nom et des recommandations de la part de ses docteurs (et même du clergé) qui lui permettent de se trouver un job comme monitrice dans le camp de vacances de Rolling Hills, situé à quelques kilomètres de celui d’Arawak, désormais fermé.

 

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Mais qu’elle soit Angela Baker ou Angela Johnson, elle demeure une psychopathe instable tuant à la moindre frustration, et les têtes tombent régulièrements alors que la saison des vacances vient juste de commencer. Fidèle à sa réputation (son massacre est devenu une légende urbaine et on prétend qu’elle n’assassine que les mauvais garnements, ce qui lui vaut le surnom de Angel of Death), elle s’en prend aux dévergondées et aux voyous, faisant un carnage parmis ceux qui baisent, boivent et fument. Une véritable straight edge, fière d’être vierge et de n’avoir aucun vice, qui agit comme une sorte de censure vivante. Son motto: “Keep your morals strong and you’ll never go wrong”, un dicton qui lui vient de sa bonne vieille tante à laquelle elle se réfère constamment. Plus que ça: elle la copie complètement, ce qui a du sens puisqu’elle fut probablement son unique figure de référence féminine (son père était gay et divorcé et elle ne vivait qu’avec son cousin Ricky). Dommage quand même de ne pas avoir ramené la comédienne Desiree Gould pour un ou deux flashbacks, mais celle-ci avait déjà changé de carrière. Elle demeure présente en esprit cependant, à travers chaque réplique cul-cul et chaque enthousiasme exagéré d’une Angela qui n’a clairement pas les yeux en face des trous. Elle est incapable de comprendre qu’un collègue la drague, dit ouvertement la vérité sur ses actions à certaines occasions et pense sincèrement que personne ne va s’inquiéter des multiples disparitions qu’elle provoque, utilisant toujours la même excuse de “ils ont été renvoyés chez eux”, même devant le directeur du centre alors qu’elle n’a aucun pouvoir décisionnaire.

 

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Voilà qui fait tout le sel du film, et c’est basiquement le Angela Show du début à la fin. Oubliez les slashers nous faisant perdre du temps avec des protagonistes idiots en attendant le dernier acte, ici nous collons à la peau de la meurtrière et du moindre de ses actes, y compris lorsqu’elle espionne, se débarasse des corps en quatrième vitesse ou cherche avec quelle arme elle va commettre ses méfaits. Quand elle apprend que deux gars comptent l’effrayer en se déguisant en Freddy et Jason, elle enfile un costume de Leatherface pour les prendre à revers. Quand elle surprend la bimbo de service s’envoyer en l’air dans les douches, elle tente d’utiliser une tronçonneuse pour défoncer la porte verrouillée… avant de juste toquer normalement comme elle ne parvient plus à démarrer l’engin. Durant un jeu consisant à bander les yeux de quelqu’un et lui faire toucher une matière qu’il doit deviner, elle déclare que sa mixture est de la cervelle d’adolescents morts, ce qui est la vérité, comme elle le confirme l’instant d’après à une collègue curieuse. Toujours aussi créative Angela attaque rarement au couteau, préférant des techniques plus brutales ou dégoûtantes: elle carbonise deux soulardes sur une grille de barbecue, lance de l’acide de batterie au visage d’un moniteur rival, coupe la main d’un type sur le point d’appeler la police, décapite le héros de service avant de ranger sa tête à l’intérieur d’une télévision cassée, coupe la langue d’une campeuse grossière et étrangle une fouineuse avec une corde de guitare faute de trouver quelque chose de mieux.

 

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Graphiquement les meurtres ne sont pas si gore, faute de moyens, mais ils sont tellement absurdes qu’ils fonctionnent aussi bien et ceux sont les réactions de Pamela Springsteen qui vendent les choses à la perfection. Car l’actrice se donne à 200% dans le rôle tout en restant naturelle, mettant ses crimes sur le même plan que n’importe quelles autres actions. Il faut la voir fouiller dans ses affaires aussitôt qu’une teenager en colère déclare préférer mourir que rester au camp, exhumant une perceuse à grosse mèche pour la tuer. La scène la plus mémorable reste sans doute celle de la mort d’Ally, la nouvelle Judy – une blonde sexuellement active qui déteste naturellement les mœurs conservatrice d’Angie – qui fini noyée dans des latrines pleines de merde, de pisse et de sangsues qui se collent à son visage. La psychopathe utilise même un bâton pour la garder au fond de la fosse sceptique, comparant l’attitude de sa victime à la montagne d’excrêment dans laquelle elle finie. Une sacré intéraction qui résume bien l’attitude ultra punk (ou plutôt ultra hard rockeur) de Sleepaway Camp II, qui est blindé de petites choses pour gagner le cœur du public. Deux sœurs constamment défoncées au joint et à la bière sont surnommée les Shit Sisters, quand les garçons organisent un raid de petites culottes, les filles leur rendent la pareil, et c’est post-coït que Ally demande à son partenaire s’il n’a pas de MST, sans avoir vraiment quelque chose à faire. Enfin il y a de la nudité en abondance, et ces dames semblent ne vraiment pas comprendre pourquoi Angela le leur reproche, inconscientent que le camp possède deux petits pervers en herbe: “qui va me voir ?” demande une campeuse topless abritée dans sa cabane. “The Tit Patrol, that’s who !” répond un jeune voyeur en la prenant en photo avec son polaroid !

 

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Bref, Sleepaway Camp II est extrêmement con mais divertissant, et il fonce à toute allure pour remplir ses 80 petites minutes (générique de fin inclus !) au point que le réalisateur doit même faire un peu de remplissage pour atteindre la durée. Le dernier acte commence ainsi sur un cauchemar du protagoniste, qui revoit inutilement en flashback des scènes vues précédemments. Des extraits de Sleepaway Camp 1 auraient été préférable. Et puis bien sûr la conclusion ne cherche même pas à tenir la comparaison avec celle de l’original, au point que cette suite semble juste se terminer comme ça, sans véritable fin. Mais peu importe. Sleepaway Camp II: Unhappy Campers est évidemment un film imparfait, une petite série B ultra cheap torchée en quelques semaines et chaperonnée par des producteurs qui, d’après le cinéaste, ne s’étaient encore jamais soumis à l’exercice et ne servaient absolument à rien. Cela ne l’empêche pas d’être extrêmement fun, et c’est bien le plus important. On saluera à ce titre l’idée de nommer les personnages d’après des membres du Brat Pack (Sean pour Sean Penn, T.C. pour Tom Cruise, Diane pour Diane Lane, etc) et d’avoir casté Renée Estevez, sœur de Charlie et Emilio, dans le rôle de la gentille héroïne qu’Angela prend sous son aîle.

 

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Mentionnons aussi la présence de Walter Gotell, plus d’une fois Général Gogol dans les James Bond et officier Nazi tué par Six Shooter dans Puppet Master III, et la sorte de mise en abyme que provoque l’affiche du film où Pamela Springsteen est remplacée par la modèle Connie Craig, car elle était indisponible pour le shoot, un peu comme Felissa Rose pour cette séquelle… Et si tout ça n’était pas suffisant, sachez aussi que Massacre au Camp d’Été 2 est le slasher préféré de Chris Jericho. Ça doit bien compter pour quelque chose. Le film obtint miraculeusement une sortie très (mais alors très) réduite en salles, témoignage d’un autre temps où le slasher se vendait comme des petits pains, avant de trouver sa place comme il se doit en vidéo. Sleepaway Camp III suivi très vite, conçu en même temps, sur les mêmes lieux et avec la même équipe mais aussi le même budget, ne fonctionnant alors plus que sur les miettes de son prédecesseur. Il s’agit d’ailleurs moins d’une séquelle que d’un add-on, ou un DLC comme on dirait aujourd’hui, qui permet de prolonger un peu plus l’expérience mais au rabais et avec le strict minimum. Quant à Sleepaway Camp IV il ne fut jamais terminé, shot on video n’existant que sous une forme incomplète consistuée de tests de tournage et plus tard distribuée avec quelques voix off et des dizaines d’extraits des précédents films pour faire croire à une version finalisée. Autant dire que l’on ne s’amuse pas vraiment dans celui-ci…

 

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GALERIE

 

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