Nigtwish
(1990)
Le film commence en nous présentant des étudiants en parapsychologie et leur professeur faire une expérience sur les rêves et les cauchemars, tâchant d’en garder le contrôle sans visiblement beaucoup de succès. Après une séquence introduisant cela, nous passons à un autre cadre: celui d’une maison isolée dans un décors désertique. Nos étudiants y rejoignent leur mentor dans le but de l’assister à une autre expérience, cette fois sur le surnaturel: il semblerait que la maison abrite une entité démoniaque et le professeur souhaiterait avoir la preuve de son existence…
Commencer un sujet de science fiction pour ensuite s’orienter vers le cliché du film d’horreur avec l’habituel groupe aux prises avec une force dangereuse dans un lieu clos, voilà l’étrange parti-pris de Nightwish. Problème de script ? Et bien non pas vraiment, mais il faut attendre le final pour comprendre un tant soit peu ce scénario visiblement bancal, en tout cas très perturbant. Car le résultat n’est jamais vraiment compréhensible tant les situations s’enchaîne les unes aux autres en faisant fi des précédentes, et le film déroute constamment le spectateur par les réactions ou les agissements des personnages, tout simplement aberrants: un type est tué d’un coup de couteau ? Pas grave, personne ne semble se rappeler de ça l’instant d’après. Un autre se fait couper un doigt ? Tant pis, cela ne provoque chez lui guère plus de réaction qu’une vive douleur sur le moment. On parle d’une entité démoniaque pour ensuite voir des fantômes ou théoriser sur un complot extraterrestre ? Au temps pour la cohérence.
En dépit de toute logique, Nightwish aligne une série de scènes complètement décalées, tel ce rêve “érotique” complètement gratuit et hors propos, l’apparition subite d’un morceau de corps humain dans un réfrigérateur ou le retour d’un personnage, complètement hilare, sans aucune raison ni nécessité particulière. Le spectateur déconcerté essaye alors de se raccrocher à la trame principale de l’histoire, qui fait un peu penser au From Beyond de Stuart Gordon avec cette espèce de créature ectoplasmique en forme de vers géant, tout droit venu d’une autre dimension, qui semble pouvoir générer un climat de paranoïa autour de lui et altérer la réalité (un personnage voit ses amis sous forme de monstres le temps d’un moment, une autre voit un type apparaître subitement pour lui placer la tête dans un bocal remplie d’araignées). Mais alors qu’on se croit en terrain connu malgré tout, on perd vite pied avec l’orientation du scénario. Le docteur devient soudainement un psychopathe qui abat un de ses élèves et se fait aider par un assistant attardé mental (qui sert visiblement de cobaye à en juger par une réplique et la présence de cicatrices sur son cou), tandis que l’un des personnage va découvrir dans les fondations sous la maison un tas de cadavres gluants censés êtres les victimes des expériences du professeur, mais qui sont utilisés comme hôtes pour des larves étranges de nature supposément extraterrestre.
Impossible de savoir de quoi il est réellement question, et le récit stagne complètement. Alors qu’on s’attendait à voir disparaître l’un après l’autre chaque acteur du film, aucun monstre ne vient s’attaquer à eux. Le film possède alors un rythme de progression en dents de scie, passant du lent (dialogues stupides et inutiles entres les acteurs qui déambulent dans la maison) au rapide (enchaînement de séquences sans rapport comme la poursuite entre une des filles et l’assistant, la découverte des cadavres, les hallucinations et les rêves, etc.), ce qui accentue la bizarrerie de la chose. Et alors que l’on approche de la fin et qu’un retournement de situation final semble venir éclairer notre lanterne, permettant une explication à tout ce que l’on vient de voir, un second twist intervient subitement, sans prévenir, déconcertant à nouveau. Perplexe, on se pose encore la question: est-ce un habile pied-de-nez aux histoires conventionnelles ou est-ce que le réalisateur ne savait-il pas lui-même ce qu’il faisait ? En tout cas, la réaction du spectateur dépendra surtout des goûts et de l’humeur du moment.
Imprévisible, déroutant et très onirique, Nightwish compte aussi sur une mise en scène parfois inspiré (vue subjective depuis une bouche ouverte), un éclairage assez particulier par instant, parfois cheap mais conférant au film une certaine ambiance évitant une platitude pourtant assez commune au série B de ce type, mais surtout de la présence des studios KNB en ce qui concerne les effets spéciaux, qui livrent de belles amputations, des corps liquéfiés, des morceaux humains perdus çà et là et une fracture du crâne remplie de cafards.
Toutefois les effets visuels relatifs à l’ectoplasme sont eux ratés, sorte de dessins animés rajoutés sur le film et marquant le manque sévère de budget. De même le jeu des acteurs est une catastrophe, en rajoutant presque à la situation (est-ce que personne ne semble réagir normalement parce que c’est le scénario qui le veut ou parce que les acteurs sont nuls ?), même s’il faut compter sur la présence sympathique de Elizabeth Kaitan (une habituée des nanars sexy et érotiques tel que les Vice Academy 3 à 5, Dr. Alien ou encore Slave Girls From Beyond Infinity) et surtout du toujours impressionnant Brian Thompson (inoubliable tueur au couteau dans Cobra), très sympathique à suivre même s’il n’est pas souvent présent à l’écran.
Série B visiblement typique des années 80 (gore, érotisme, scénario stupide et budget inexistant), Nightwish possède quelques atouts mais se perd dans un scénario très étrange. Raté ou réussi ? Impossible de le dire (enfin peut-être pas “réussi” non plus, faut pas exagérer !) mais une chose est sûre, voilà un film qui n’est pas banal et qui offre une alternative intéressante aux productions parfois répétitives et sans originalité de l’époque.
Avec Jack Starrett. Pas mal je trouve.
En effet ! J’étais hélas très loin de connaitre sa carrière en 2005 (on voyait même plutôt mes priorités vu les deux que je cite).
Oui, j’ai vu ça ! 🙂