La Cicatrice

LA CICATRICE

 

    Elle avait toujours été à part et elle le savait. Mais elle savait aussi qu’elle avait toujours aimé les films, et lorsqu’on lui proposa d’en voir un en cachette de madame Pigeot, elle avait acceptée.
    A la fin de la journée, après avoir joué à la plage, on lui avait dit d’attendre l’heure de dormir pour aller dans la petite salle de jeux. Mot de passe: famille. Alors elle patienta, dans le noir, que la surveillante fasse son petit passage pour vérifier, comme à son habitude.
Elle scruta la fente lumineuse sous la porte, attendant de voir l’ombre des pieds de la femme. Se faisant, elle tenta de se calmer car elle avait peur qu’on entende son cœur qui battait si fort. Et que dans l’obscurité, madame Pigeot puisse voir ses yeux briller. Ses yeux que tout le monde aime, et qu’elle voit scintiller comme deux émeraudes quand elle se regarde dans un miroir…
    Les pieds de l’éducatrice lui apparurent enfin sous la rainure de la porte et elle se dépêcha de fermer les yeux quand celle-ci entra dans la chambre. Quelques instants d’attente, puis la porte se referma. L’enfant de huit ans qu’elle était soupira de soulagement. Mais les autres lui avait dit que le film valait les risques de punition. Elle attendit encore jusqu’à ce que madame Pigeot dises: “Extinction des feux !” et que la lumière du couloir ne s’éteigne.
    L’enfant se dépêcha de se lever et alla doucement à la porte, guettant le moindre son. Rien. Et il fallait qu’elle se dépêche avant que le film ne commence. La petite fille s’engagea discrètement dans le couloir et se dirigea vers l’endroit qu’elle connaissait bien. Elle dû s’arrêter a mi-chemin, se baissant au sol pour se faire toute petite lorsqu’elle entendit la voix de la surveillante venant d’une pièce voisine. Elle parlait avec monsieur Marc, le directeur de l’orphelinat et du voyage des vacances qu’ils venaient de faire à la mer méditerranée.
    L’enfant n’écouta pas la discussion. Elle aimait être en vacance à la mer, mais elle voulait voir le film. Arrivant à la salle de jeux, elle frappa doucement à la porte. Une voix chuchota.
– Qui c’est ?
Une seconde voix se fit entendre, sur le même ton.
– Non, faut dire le mot de passe !
– Ah, oui ! Mot de passe ?
– Famille, répliqua doucement l’arrivante.
– C’est bon ?, fit la première voix.
– Oui, c’est Nasha. Laisse-là entrer.
La porte s’ouvrit et une fillette blonde aux yeux noisettes passa sa tête.
– Entre Nasha.
– C’est Natasha !, protesta celle-ci.
– Chuuuut !, fit l’autre voix.
Un petit garçon brun aux yeux sombres se montra.
– J’ai dis qu’elle pouvait entrer !
Natasha reconnu Thibault et Émilie, puis pénétra dans la salle de jeux.
– C’est Natasha, pas Nasha !, fit-elle. Combien de fois je vais le dire ?
Émilie haussa les épaules.
– T’as qu’à pas avoir un nom difficile à dire !
Thibault secoua la tête, désespéré.
– C’est pas grave ça !, fit-il.
– Si c’est…, commença la fillette aux yeux verts.
Elle s’interrompit et se figea comme les autres: on avait frappé à la porte. Émilie s’en approcha.
– Mot de passe ?
– Famille.
– Ah, c’est toi ! Entre Michel !
Le jeune garçon entra.
– Le film a commencé ?
– Pas encore, répondit Thibault. On est tous là ?
Michel hocha la tête puis se tourna vers Natasha.
– T’es pas facile à suivre.
– Quoi ?
– Dans le noir. T’étais invisible, j’arrivais plus à te voir.
– Oh ? Pardon.
– Arrête de t’excuser pour rien Nasha, soupira Thibault.
– Natasha !
– Oui, oh…
– Le film, le film !, s’exclama Émilie.
Les quatre enfants en oublièrent tout le reste et allèrent se mettre devant la télé.

    Thibault alluma la télé et tous retinrent leur respiration lorsque le son se fit entendre. Il agrippa la télécommande et baissa immédiatement le volume.
– Tu crois que ça s’entend ?, fit l’autre garçon.
– Là c’est nous qu’on entend rien !, répliqua Émilie.
– C’est la bonne chaine ?, questionna Natasha.
L’enfant en charge de la télécommande appuya sur une touche et l’écran fit apparaître une image de bateau, en pleine nuit. Il y avait écrit sur l’écran “dans un instant” et une voix féminine disait quelque chose comme: “dans un instant, les Dents de la Mer de Steven Spielberg. Interdit aux moins de 12 ans.” Michel glapit.
– On a pas 12 ans !
– Ben justement, fit Thibault, c’est ça qu’est bien !
– T’as qu’à partir, fit Émilie avec insouciance.
Natasha se leva.
– Je vais voir si on entend, la porte fermée. Comme ça on pourra monter le son.
Elle disparu derrière, et son camarade augmenta progressivement le son. La petite fille fit passer sa tête par l’ouverture.
– Encore !
L’autre continua jusqu’à ce qu’elle lui demande d’arrêter et de baisser un peu.
– C’est bon, fit-elle en entrant.
– Eh, ça commence, s’écria Michel.
– Dépêche-toi Nasha, fit Émilie dont les yeux étaient rivés sur l’écran.
– C’est Natasha !

    Le film commença et les enfants n’émirent plus un son. Après la mort aussi soudaine qu’impressionnante de la jeune femme, ils se resserrèrent tous les quatre les uns contre les autres, jetant de temps en temps des coups d’œil nerveux autours d’eux, comme s’ils étaient encerclé par l’eau et qu’un monstre marin pouvait venir les attirer dans les profondeurs. Puis vint la mort du petit garçon sur son matelas jaune. C’était terrifiant de voir que la bête ne s’attaquait pas qu’aux adultes. Et puis il y avait la façon dont l’enfant été mort: il y avait eu plein de sang et une sorte de forme noire qui tournait sur elle-même. On ne voyait presque rien du monstre, mais il était là.
    Tandis qu’Émilie se cacha les yeux et que Michel détourna le regard, Natasha se crispa et se fit toute petite, complètement terrifiée. Thomas, lui, avait déjà fermé les yeux quand le chien avait mystérieusement disparu quelques secondes plus tôt. Puis il y eu l’attaque des pêcheurs qui leur arracha quelques frissons, mais dont l’impact était inférieur aux autres puisque la créature ne mangeait personne à ce moment. Émilie poussa un gémissement de dégoût, appuyée par le visage livide de Michel, lorsqu’un des héros regarda le corps de la première victime qui ne tenait plus que dans un carton. Natasha voulu leur dire qu’on ne voyait qu’un morceau de bras arraché, mais laissa tomber. Puis vint le moment qui leur fit se dresser les cheveux sur la tête: les deux héros partant en pleine nuit sur un bateau. A un moment le sonar détecta quelque chose qui fut interprété comme un banc de poisson compact.
– Mais c’est le requin !, lança Thomas à l’intention des personnages fictifs.
Natasha était muette de peur et Émilie se cacha à l’aide d’un coussin. Michel tremblait. Et lorsque l’un des héros décida d’aller dans l’eau après avoir trouvé un bateau grandement détérioré, le quatuor s’exprima en chœur.
– Non !!

 

(…)

Texte inachevé. Première tentative de nouvelle planifiée, à l’époque du forum d’Ambreworld, là où la première (Tempête sous un Crâne) et la suivante (Deserty) furent tout simplement improvisées en cours de soirée, au feeling. Contrairement à celles-ci, qui ne construisent rien autour du personnage en terme d’historique, le présent texte devait expliquer l’origine de la cicatrice que Natasha porte dans le dos, et ainsi se placer chronologiquement au début de ses aventures.

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