Tempête Sous un Crâne

TEMPÊTE SOUS UN CRÂNE

 

Traverser les Ombres n’est plus un problème pour moi. Bien sûr pour cela je m’entraîne afin d’éviter quelques problèmes, je suis encore débutante après tout et les erreurs de destination sont fréquentes. Un peu comme après avoir apprit à conduire une voiture: vous vous exercez à faire de longues distances dans des endroits que vous ne connaissez pas.
Ce fut le cas aujourd’hui, lorsqu’à la nuit tombée je me suis mise à errer sur une autoroute. Pratiquement déserte (et tant mieux pour moi), j’en modifiai les alentours afin de n’en garder que la route elle-même, cette longue ligne droite de bitume noir. Tout changea bientôt. Le ciel, bleu nuit d’abord, prit une teinte légèrement violette. Les bruits alentours s’étouffèrent de plus en plus, jusqu’à donner un silence brisé uniquement par le vent.
La route est toujours impeccable et je continuai de la suivre. Bientôt, toutes structures pouvant se trouver dans mon champ de vision disparurent derrière moi. Il n’y eu plus qu’un désert de sable, parsemé de quelques roches. Je poursuivis dans cette voie, limitant alors mon influence sur les Ombres, curieuse que je suis de connaître la destination finale de ce chemin.

C’est alors que je vis les premières carcasses métalliques. Elles ne se trouvaient pas sur la route, mais dans le désert. Des restes de voitures, de camions. J’en rencontrai de manière régulière bien qu’elles n’empiétèrent pas sur le paysage par leur nombre. Puis je vis les lueurs près de moi. De grandes flammes de chaque côté de la route, dont la lueur n’arrivait cependant pas à éclaircir ces étranges ténèbres violettes. Je cru d’abord à une sorte de lampadaire primitif, mais plus je m’en approchais, plus je dû me rendre à l’évidence qu’il s’agissait d’un bûcher. Je m’arrêtai au milieu des deux premiers, chacun au bord de la route, à ma droite et à ma gauche. Ce n’était pas que de vulgaires torches, et mon cœur se serra. Un picotement dans ma nuque me fit frémir. De grands crucifix enflammés. Et sur ses croix se tenaient des squelettes humains, attachés par je ne sais quel moyen. Je regardai devant moi. Si je ne peux voir la fin de la route, qui semble se perdre au loin, je constatai que les croix enflammées se faisaient nombreuses, toutes à une vingtaine de mètres d’intervalle.

Hésitante, je me retournai. La route semblait autant interminable d’un côté que de l’autre, mais au moins il n’y avait pas de squelettes par ici. Ce sont les ténèbres pures d’un côté, et une vision dantesque de l’autre. Que choisir ? L’Enfer ou le Néant ? Mon esprit de jeune Ambrienne se retrouva en proie à une panique naissante. Les membres de ma famille sont plus ou moins habitués aux Cours du Chaos et autres dimensions démoniaques, mais ce n’est pas mon cas, ayant vécue jusqu’à mes dix-neuf ans sur Ombre-Terre. Et j’ai toujours dix neuf ans. En gros, je suis très novice, et l’exploration d’un tel monde, d’une telle dimension ou qu’elle que soit cette Ombre, ne m’enchantai guère. Je suis une fan de film d’horreur sur Terre, et je sais donc que dans ce genre de cas, on ne fait pas long feu. Et pourtant, malgré la peur primitive, instinctive de l’inconnue, du noir, je ne pu m’empêcher d’être attirée par ce lieu étrange. Pourquoi ? Je ne le sais pas, mais une seule chose s’imposa à mon esprit: “Je n’ai rien à perdre !
Allons bon, voilà que mon côté autodestructeur (suicidaire ?) refait surface. Certes, c’est l’entière vérité, et l’idée de la mort m’indiffère au plus haut point maintenant que… que Vincent n’est plus là…

Vincent. Je leva la tête, regardant le ciel sans nuage, cette grande toile violette opaque. Vincent, le garçon que j’avais aimée et qui n’était plus. Son souvenir me hantera toujours… Je secouai la tête: ce n’est pas le moment de penser à cela.
Donc je me sentis attirée par cet inconnu. Bien que la peur de la mort n’est plus qu’un vague souvenir (bien que très présent lorsqu’un danger m’est proche – instinct de survie sûrement), c’est plus la peur d’être bloquée pour l’éternité dans un endroit chaotique plein de torture qui m’effraie. D’être retenue dans un monde à la Hellraiser par exemple. Tiens, une référence cinématographique… Celle là, mieux vaux l’éviter lors d’un déplacement en Ombre…
Je décidai de progresser, sans m’écarter de la route. Même si celle-ci était infinie, elle est sûrement plus sûre que ce désert étrange balayé par un vent fantasmatique. Et ces carcasses de voitures ne m’inspiraient pas confiance. Mais de quel côté m’engager ?

Je scrutai encore les ténèbres, et au moment où j’allai me retourner pour poursuivre mon chemin avec mes amis les squelettes, quelque chose retint mon attention. Je me figeai complètement, attentive. Le vent toujours. Mais il y a autre chose au loin. Très loin. Une légère vibration, un sourd grondement sonore. Un bruit de moteur ? Un monstre quelconque ? En tout cas, mon esprit se refusa à trouver une réponse. Tout ce qu’il me fit m’imaginer, c’était que quelque chose de gros, de très gros, se rapprochait de moi à grande vitesse. Quelque chose pour le moment caché dans l’obscurité au loin, mais qui m’avait repérée. Et quelque chose me dit que cette entité qu’elle quelle soit, n’était pas du tout amicale.

Je me retournai donc et avançai calmement, regardant droit devant moi. C’est fou ce que ces petites croyances que l’on a depuis toujours ne veulent pas vous quitter dans ce genre de cas: j’étais persuadée que si je ne voyais pas le “monstre”, il ne m’attaquerait pas. Un peu la politique de l’autruche si vous voulez. Mais je restai sur mes gardes. Je peux très bien me trouver dans un monde onirique, résultat de rêves improbables issus de mon subconscient, et me retrouver avec un ersatz de Freddy Krueger dans un instant.
Étrangement, alors que le mot “onirique” me vint en tête, je remarquai autre chose: le facteur “température”. Il ne fait ni chaud, ni froid. Il ne fait rien. Étrange description que je fais là, je vous l’accorde, mais comment décrire le “rien” ? Imaginez “tiède”: et bien c’est ça sans l’être.

Enfin peu importe, je viens de remarquer que ce lieu était véritablement semblable à celui des rêves. On se retrouve perdu au milieu de nulle part, sans rien (à parts ses vêtements, je vous rassure), et sans aucune pensées cohérentes (d’ailleurs, pourquoi est ce que je fais un monologue intérieur de cette façon ? A qui est-ce que je m’adresse ? Je crois que je suis trop partisane de cette théorie philosophique qui dit qu’on n’imagine rien, et que tout ce que l’on croit être imaginé est déjà arrivé quelque part. Que nous ne sommes que des réceptacles à histoire que l’on recevrait et retransmettrait comme un poste de radio avec les ondes hertziennes).

De même que je ne ressens pas la chaleur ou le froid, je ne ressens pas plus le temps que la fatigue. Depuis combien de temps est-ce que je marche ? Pourquoi mes jambes ne me font-elles pas souffrir ? Ces questions vont et viennent dans mon esprit, disparaissant aussi vite qu’elles naissent. Ce peut-il que ce lieu embrume le mental de ses explorateurs ? Est-ce que je vais devenir amnésique ? Pourtant non, car je suis toujours consciente de moi, de mon histoire, de ce que je risque ici, ou de ce que j’ai peur de risquer. Hum… A bien réfléchir je crois que je n’ai pas les idées très claires. Faisons une petite pause.

M’asseyant à même la route, je fermai les yeux, me concentrant sur le bruit. Le vent toujours, mais le grondement a disparu. Je ne suis quand même pas assez naïve pour croire que cette chose est partie. Non, elle s’est arrêtée aussi, ça ne peut être que ça. Guettant le moindre de mes mouvements, de mes sentiments. Mais elle va être déçue car je n’ai pas peur. Et je ne terminerai sûrement pas comme ces pauvres gars là, à côté de moi, crucifiée à un bûcher et réduite à l’état de squelette. Certes je ne me fais pas trop d’illusion quant à mon avenir incertain depuis que j’ai appris qui j’étais réellement, une Princesse d’Ambre, et je me doute que je finirai dans un état semblable d’une manière ou d’une autre. Mais pas aujourd’hui.

Je fini par me relever après un temps, puis me retournai. Les ténèbres si proches étaient loin désormais, et je voyais toujours les lueurs des deux premiers bûcher que j’avais croisée brûler tout là bas. Mais là bas, “il” est toujours là, je le sentais. Je fis deux pas dans sa direction, et le grondement se refit entendre. Plus fort, plus impressionnant. Étais-ce moi où avais-je la sensation que la terre tremble ? Peu importe, si cette chose vient vers moi je ne vais pas fuir éternellement…
Le grondement se rapprochant furieusement, il me semblai discerner quelque chose là-bas, dans le noir. Le noir ? Je levai les yeux un instant. Oui, le noir. La couche violette qui recouvrait la zone il y a encore quelques instants avait disparu. Et ce n’était pas moi la responsable de ce changement. Non, je n’avais pas changée d’Ombre ni même de plan. J’étais toujours ici. Mais maintenant, il faisait noir, très noir même. Mes yeux revinrent vers les ténèbres. Oui, il y avait bien quelque chose là-bas. Quelque chose qui bouge.

Soudainement, les lueurs lointaines des deux brasiers s’éteignirent. La chose doit avoir éteint les bûcher sur son passage. Le temps de m’en rendre compte, deux autres croix de feu s’éteignirent. Merde.

Je reculais malgré moi. Bon d’accord, le phénomène était impressionnant. Peut-être trop pour moi. Je reculai encore de quelques pas avant de trébucher lamentablement. Comment puis-je trébucher sur une route ? Une route plate qui plus est.

Sans perdre un instant, je me relevai et tournai les talons pour m’enfuir. Un acte peu glorieux certes, mais ça suffit pour vous garder en vie parfois. Je remarquai dans ma fuite que je m’étais écorchée les coudes et que mon sang coulait. Le petit picotement désagréable qui s’en suivit me permis de penser à autre chose que ce qui se trouve derrière moi. Je m’étais fait mal mine de rien !

Bon, trêve d’idioties. De cette manière je n’en sortirai pas, et cette route ne semblait pas en finir, alors qu’elles étaient mes choix ? Continuer ne rentrait pas en ligne de compte. Faire demi-tour non plus et m’arrêter ne me sembla pas très sage. Il ne me restait plus qu’à sortir de cette route et traverser le désert. Changer d’Ombre ? Et bien disons que j’étais bien trop perturbée pour émettre la moindre influence sur cette dimension. C’est à peine si je pouvais me concentrer sur mes propres pensées, alors sur ce lieu…

Je partis sur ma droite et traversai le désert, dépassant une vieille voiture ressemblant à une Chevrolet en bien triste état. Et si je me planquai dans un de ces cadavres mécaniques ? Quelle question ! Je continuai ma progression péniblement, soufflante bien que n’étant pas essoufflée. Cet endroit sans sensation, je devrai le tirer à mon avantage plutôt que de m’enfuir comme ça. Bon sang, je ne savais même pas de QUOI je me sauvais !
Je jetai un regard en arrière et m’arrêtai aussitôt. La route avait disparu. Non pas que je m’étais éloignée d’elle, non, elle a tout simplement disparu. Plus de route, plus de bûchers, plus de lumière. Plus de grognement. Juste le désert et quelques vestiges d’un âge motorisé laissé à l’abandon.
Si la vision était impressionnante, elle n’en restait pas moins terrifiante. Encore une fois, je n’ai pas agit sur cette Ombre, et je suis sûre que personne d’autre ne l’avait fait. C’est l’Ombre elle même qui se modifiait, comme si elle était vivante. Mais quel intérêt ? Pourquoi changer de cette manière sans avoir de but particulier ? J’en arrivai à la conclusion que ce phénomène devait relever du hasard pur et simple, et que rien ne pouvait contrôler ces changements.
Du moins, je l’espérais…

Je décidai de continuer à explorer les lieux sans en exercer l’influence. Et le phénomène recommença. Plus de carcasse de voitures, et le sable sembla perdre sa couleur jaunâtre peu discernable dans la quasi obscurité des lieux pour devenir grisâtre. Le noir du ciel tira lui aussi sur le gris au fur et à mesure de ma progression. Le sol changea de consistance, se faisant plus dur. Ce n’était pas de la terre, pas directement en tout cas. Le sol était gris, et je marchai sur ce qui me semble être une accumulation de poussière en une couche de plusieurs centimètres. De la poussière, de la cendre, peu importe. En tout cas, l’air fut bientôt saturé de cette matière grisâtre qui virevolta dans tous les sens, comme de la neige, me donnant des indications sur les directions que prenait le vent. Des directions par ailleurs sans logique: il pouvait très bien souffler sur ma gauche pendant dix pas pour ensuite souffler sur ma droite ou venir de derrière moi sans que je ne fasse quoi que ce soit. C’était comme si j’étais au centre d’une minuscule tornade, bien que le vent ne tournait pas sur un axe circulaire et qu’il ne possèdait aucune force susceptible de me jeter à terre ou de m’emporter.

Puis l’un de mes pieds rencontra une autre forme de consistance. Quelque chose de très familier et désagréable. Je m’arrêtai et baissai les yeux: je venais de marcher sur la jambe d’un corps humain. Un corps aussi gris que le reste du décors, vaguement décomposé mais sans pourriture. Un corps “poussiéreux”, dont la peau partait en lambeaux quant on y touche. L’intérieur, les os, les organes, n’étaient qu’à moitié solide. Et j’étais persuadée qu’en donnant un coup de pieds à la masse, tout ce déchirerait comme du vieux parchemin pour s’envoler autour de moi.

Un recoin de mon cerveau m’informa que le décor n’est pas nouveau et qu’il s’agissait du même que celui de la fin d’un film de Lucio Fulci, là où atterrissaient David Warbeck et l’héroïne. Et Tu Vivrai nel Terrore… L’Aldila.
L’Au-Delà. Une peur panique m’envahis et j’y cédais. Je bougeai rapidement mon pied du cadavre en poussant un léger cri. En relevant la tête je m’aperçus qu’une série d’autres corps dans le même état était alignés à côté de celui-ci. Je devais perdre les pédales car je n’arrêtais pas d’évoluer dans des décors issus de peurs primitives et de films d’horreur. Est-ce que l’état second dans lequel je me trouvais était responsable de ces changements sans que j’en prenne conscience ? J’étais seule ici de toute évidence, et personne ne pouvait faire évoluer une Ombre pareillement (à ma connaissance, personne de mon entourage ne connaît le film). C’était moi de toute évidence.

J’étais tellement chamboulée par la mort de Vincent que mon subconscient me jouait des tours et me transportait dans des endroits étranges…

Ainsi je venais de traverser l’une des Sept Portes de l’Enfer d’un cinéaste italien… Reste à savoir si j’entrais ou si je ressortais… Je regardai autour de moi, sans vraiment savoir si j’en avais assez. Je compris le problème: je m’étais laissée aller, j’ai laissées mes émotions et mes sentiments me guider vers des lieux sans aucun sens, fruit de mes souvenirs cinématographiques, de mon imagination et de mes cauchemars. J’étais curieuse de savoir jusqu’où je peux aller comme ça, mais cela pouvait être dangereux. Ne valait-il pas mieux rentrer ? Rentrer où de toute manière ? Chez moi sur Terre ? Chez moi en Ambre ? Rien ne me satisfait. J’étais aussi vide que ce décor, aussi morte que ces corps. Peut-être que cette Ombre n’est autre que la représentation physique de mon Moi intérieur actuel ?
Dans ce cas, je ne valais pas grand chose. Je n’étais rien, même pas du chaos… Juste un endroit vide, mort, où tout se perd dans une tempête de cendres et de poussières…

État de conscience. Je devais être actuellement la chose la plus moche qui ait jamais existé dans le monde. Dans l’univers. Enfin partout quoi… Même pas pourriture ou ruine. Je n’étais même pas “rien”, même pas du “néant”. J’étais quelque chose d’indéfinissable, de “au-delà” de tout, changeant constamment, une âme torturée, un subconscient sans fond ni forme. Une Ombre vivante dans laquelle je me promenais pour m’isoler du reste du monde (du reste des mondes plutôt).
J’aurai presque pu en rire. Rire hystériquement, comme une folle ou une damnée, perdant les pédales. Vivre en moi-même, à jamais seule jusqu’à la fin de la démence. Ou de ma vie.
Mais non. Je ne me mis pas en colère, en rage. J’étais confuse tout simplement, prisonnière de la tempête de mon Moi. De la tempête qui a lieu sous mon crâne.

L’idée de faire visiter cet endroit à un psychanalyste s’imposa d’elle même. Qu’est-ce que je ne donnerai pas pour voir la tête de Freud a cet instant. Pas même de symbole phallique dans le coin, cher docteur…
Un léger rire sorti du fond de ma gorge et me réveilla. Je repris progressivement conscience de la situation. Je suis horrible, cette Ombre est horrible, et pousser à plus loin son exploration me serait certainement fatale. Je décidai donc qu’il fallait changer tout cela. Vincent ne mérite pas ça. Il méritait mieux. En Moi, il doit subsister le meilleur de lui. Le souvenir de lui. Et construire autour de ce souvenir merveilleux un monde de rêve. Mon Moi, mon comportement, ma façon d’être, peut donner naissance à une Ombre, à un Monde. Je peux donner la Vie rien qu’en agissant sur moi-même. Et je décidais que si Vie il doit y avoir, ce sera une Vie merveilleuse. Comme celle que j’ai vécue auprès de Vincent. Oui, je lui dédierais cette Ombre.

La tempête sembla se calmer à cet instant et la cendre cessa de voler pour retomber doucement. J’en conclus que ce long monologue intérieur m’avait servit à quelque chose finalement. A calmer ma confusion. Cette pluie de cendres semblait éternelle, comme une réminiscence des camps d’exterminations Nazis quand on s’imagine la chose.
Je n’étais certes pas en paix avec moi-même (le serais-je un jour ?), seulement je promis à Vincent, et je me le promis également, que cette pluie de mort deviendra un jour une pluie de pétale de rose. Et à partir de cet instant pourra germer les graines d’une Vie nouvelle. La mienne et celle d’un nouveau Monde.

Un sourire illumina mon visage. Je me concentrai et commençai à influencer l’Ombre pour lui redonner l’aspect d’Ombre-Terre au fur et à mesure de ma marche. Bientôt je fus chez moi. Il était tard, mais le temps n’avait pas changé. Cette Ombre-Moi ne connait peut-être pas la temporalité et y vivre pendant des siècles pouvait très bien ne pas compter pour une demi-seconde sur Terre ou Ambre.

Avant de me coucher et de rêver à ce que je pourrais changer, faire naître, je me retournai vers là où je m’étais trouvée. Il n’y avait plus rien certes, seulement à la place d’Ombre-Terre, mes yeux virent le monde de poussière dans lequel je fis la promesse à Vincent.
J’y regardai la pluie de cendre une dernière fois et avant que tout disparaisse, je prononçai quelques mots. Quelques mots qui me redonnèrent confiance, me réconfortèrent. Finir de me donner le courage qui aurait pu me manquer. Ce que je dis, j’ai tellement eu de mal à le dire autrefois que c’en était presque ironique quelque part. Mais cela me fit du bien quand même.
Ce que je dis avant de partir au royaume des songes ce fut…

– Je t’aime Vincent.

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