Cyst (2020)

 

Cyst

(2020)

 

 

A première vue Cyst semble être un énième rejeton de la mode du so bad it’s good volontaire engendrée par The Room, Birdemic et The Incredible Bulk. Le film engage justement quelques têtes bien connues du genre comme Greg Sestero de The Room et George Hardy, le père de famille de Troll 2 qui a doit être à la retraite de son métier de dentiste et a fini par rejoindre la communauté qu’il méprisait pourtant dans le documentaire Best Worst Movie. Samurai Cop 2, Wolf Cop et Zombeavers l’ont confirmé: peu importe la qualité du machin, Internet force le hype en prétendant avoir trouver le nouveau pire film du monde, faisant abstraction du fait que la production remplit un cahier des charges de nullités factices. Puisqu’ici le réalisateur est un inconnu (Tyler Russell, principalement technicien et qui n’a rien fait d’intéressant à part assistant de caméra sur Universal Soldier: Le Jour du Jugement), on l’imagine bien torcher une histoire ridicule et bâcler le travaille pour se faire du fric rapide. Et a en juger par les photos de son monstre, montré en pleine lumière pour ne rien cacher de son aspect “costume en mousse” qui sonne faux, on a vite fait de se dire qu’il s’agit là de l’arnaque habituelle.

 

 

Quelle agréable surprise que de voir que ce n’est pas le cas, même avec un manque de moyens évident. Malgré son sujet délirant, l’intrigue (coécrite par Russell et un complice) ne sombre pas dans la caricature à l’humour poussif et emprunte plutôt le ton mélodramatique involontairement drôle des films de drive-in des années 50. C’est d’ailleurs plus le Blob original ou Fiend Without a Face qui viennent en tête au lieu de l’habituel gloubi-boulga rétro 80s dont nous gave la pop-culture moderne. A se demander même pourquoi le projet ne fut pas conçu en noir et blanc, mais au moins la cinématographie a été soignée avec une image élégante en dépit des décors limités et des effets spéciaux grotesques, avec un esthétisme épuré seyant parfaitement au cadre de l’histoire, qui se déroule au début des années 60. C’est là qu’un savant fou, directeur d’un petit cabinet médical spécialisé dans les problèmes de peau, tente désespérément de faire breuveter sa dernière invention afin de s’enrichir. Mais la machine, un scalpel laser muni d’un aspirateur pour se débarasser des matières organiques excisées, ne fonctionne jamais correctement et se montre très dangereuse.

 

 

Pour ne rien arranger son coyabe ne possède qu’un kyste minuscule dans le dos, ce qui met en danger sa présentation tant les juges ne sont pas impressionnés. Il va alors utiliser un produit qu’il a mis au point pour régénérer les cellules afin de le rendre plus gros, obtenant un résultat pour le moins spectaculaire. Hélas l’appareil surcharge en cours d’opération et non seulement le docteur absorbe tout le pus que contient le bouton, mais il vide complètement son patient de l’intérieur ! Dans le chaos, le sac à contenu fini par exploser et laisse s’échapper le crâne de la victime, qui va reprendre vie sous l’effet de la formule et devenir une petite aberration. Celle-ci va commencer à grossir en parasitant une autre personne pour absorber sa masse organique, et les survivants vont se retrouver coincé avec elle lorsque le bâtiment est verrouillé par mesure de sécurité. Esquiver les attaques du monstre va se révéler d’autant plus difficile que son créateur est complètement taré et n’hésite pas à sacrifier autrui pour sauver sa propre peau… Du creature feature basique en gros, qui ne révolutionnera rien mais dont l’attrait repose sur l’aspect répugnant de sa menace.

 

 

S’il faut patienter plus d’une quarantaine de minutes pour que celle-ci se dévoile, cela en vaut quand même la peine puisqu’il s’agit d’un véritable Craignos Monster à l’ancienne, certes mal foutu volontairement mais blindé de détails. La bête n’est qu’une boursouflure de chairs gonflées et purulentes d’où saillissent de gros furoncles gorgés de fluides dégoutants. La chose dispose d’un unique œil difforme, de tentacules et laisse derrière elle une trainée gluante telle une limace. Un vrai festival, et il faut rajouter ces instruments chirurgicaux qui s’incorporent à sa masse après un bref passage dans une remise, les morceaux de squelettes de ses proies digérées qui s’échappe son corps par endroits et les visages de ses victimes que l’on peut apercevoir sur certaines zones. Seul bémol: on ne la voit manger qu’une seule personne, dans une scène qui imite un peu le Blob de Chuck Russell avec la personne en cours d’absorbtion dont le bras s’arrache. Les autres sont souvent happé dans un coin sombre et meurent hors-champ, faute de budget ou par paresse. Dommage, mais il y a bien d’autres séquences folles et / ou gores à se mettre sous la dent pour compenser.

 

cyst (3)

 

Une tête qui explose sous l’effet d’un projectile lancé à toute vitesse, l’héroïne qui doit sacrifier son bras en le plongeant à l’intérieur de la bête pour récupérer la clé qui lui permettra de s’enfuir, un gros kyste arraché par la fermeture d’une porte blindée, la naissance de la bestiole qui se fait pousser des pattes d’araignées en forme de doigts et s’accroche à quelqu’un façon Basket Case pour lui sucer la moëlle… Le savant fou s’amuse à humilier son assistante en éclatant les boutons de ses patients de façon à ce que le pus lui gicle au visage, et les deux vont finir par se battre à coups de scalpels et de stéthoscopes pour régler leurs comptes. La présentation du super laser est l’occasion d’un interminable techobabble à la Star Trek et le petit monstre résorbe les trous laissé par les balles d’un revolver grâce à l’effet de la potion rejuvenante. Bref, autant dire que les 68 petites minutes du film sont bien remplies et cette courte durée est même l’un de ses bons points, l’oeuvre ne s’éternisant jamais malgré une première partie qui traine peut-être un peu trop mais est heureusement portée par des comédiens plus impliqués qu’on ne le penserait.

 

 

A commencer par Ever Habermann (la série Lexx) dans le rôle de la pauvre assistante martyrisée, qui joue ici son rôle au premier degré et parvient miraculeusement à rester crédible. Plus surprenant encore est George Hardy, qui n’a jamais vraiment été un acteur et dont on ne connait de lui que Troll 2. S’il est désormais coincé dans le circuit Z américain où n’apparaissent que ceux qui survivent grâce aux conventions, et s’il cabotine à outrance sans aucune subtilité pour l’occasion, il se montre très divertissant avec son gros accent de plouc, d’autant que l’âge lui a donné de faux airs de Tim Thomerson. Greg Sestero en revanche est plus un invité de luxe qui ne reste pas longtemps et n’a rien à faire, mais il ne cède pas à la facilité de jouer faux par principe, rappelant qu’il est avant tout un véritable acteur (comme il le faisait déjà dans Retro Puppet Master). Cyst s’en sort donc avec les honneurs malgré ses limitations, se montrant plus généreux et plus honnête que ses compatriotes faussements nanars mais vraiment hypocrites.

 

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