Webs (2003)

 

Webs

(2003)

 

 

Petit téléfilm de Sci-Fi Channel calibré pour les samedi soirs, Webs est être l’une de ces multiples productions au rabais prévues pour animer la chaîne productrice. Au mieux un nanar, au pire un navet, ce genre de film est supposé être visible par le grand public et prive donc les aficionados de tout ce qui pourrait leur plaire (édulcoration maximisé, scénario prétexte, pas d’insultes, de violence graphique ou d’ambiance glauque). Les exemples sont très nombreux et rien n’indique que Webs fait exception, et pourtant c’est bel et bien à une vraie petite série B que l’on a affaire !

 

 

L’histoire est pourtant à la limite du ridicule: à Chicago, une équipe d’électriciens arrive dans un immeuble abandonné pour en couper le courant avant la démolition. Dans les sous-sols ils découvrent une pièce qui n’apparaît pas sur le plan et qui possède carrément un générateur nucléaire portable. Il s’agissait en fait d’une expérience visant à ouvrir un portail dimensionnel qu’ils déclenchent sans le vouloir. Projetés dans un Chicago parallèle, déserté et couvert de toiles d’araignées, ils sont alors confrontés à des espèces de zombies mutants ayant supplantés la population et doivent se battre avec les survivants de ce monde, tout en essayant de regagner le leur…

 

 

Une histoire qui repompe alors les grandes lignes de Aliens (les araignées-zombies et leur Reine) tout en empruntant à Je Suis une Légende de Richard Matheson (la ville déserte et ses survivants qui tuent les zombies à l’aide de pieux en acier) et bien sûr on pense inévitablement à Sliders. Rien d’innovant, comme on pouvait s’y attendre, et on reste dans le schéma classique du genre: le héros tout de suite identifiable, la belle du casting qui fini bien sûr dans ses bras, le Black du groupe dont l’avarice lui cause une fin tragique (pas loin de la conclusion du film en plus, c’est pas de chance !)… Et pourtant, allez comprendre, ça se laisse suivre tranquillement et on se surprend même à apprécier la chose.

 

 

Passé les quelques soucis qui font souvent basculer le films vers les abîmes du nanar (musique mollassonne et dispensable, effets spéciaux souvent approximatifs, acteurs pas tous des plus doués, sans parler d’un nombre d’erreurs de script assez hallucinant témoignant d’un tournage à la va-vite comme c’est souvent le cas dans productions Sci-Fi), force est de reconnaître que Webs possède aussi des qualités que l’on ne lui soupçonnerait pas ! Tout d’abord l’absence de temps mort et l’évacuation de toutes présentations de personnages: pas de blabla inutile, dès les premières minutes nous sommes projetés dans l’univers parallèles et les hostilités commencent. Un bon point car le spectateur entre dans le bain immédiatement et assiste à quelques réjouissances auxquelles il ne s’attendait pas du tout: pratiquement pas de hors-champ lors des attaques des mutants, combats tenant bien la route et pas mal d’agressivités pour ce qui est un petit produit formaté et généralement à distribution du cadre familial.

 

 

Webs nous montre des combattants œuvrer au javelot, les munitions des armes à feu ayant été épuisées lors de combats passés, tandis que nos mutants savent bien se servir de leurs griffes et de leur dentition proéminente. On s’égorge, se transperce les entrailles et se poignarde avec une hargne évidente qui fait plaisir à voir: un combattant saute de son perchoir pour empaler deux créatures en même temps, un pauvre survivant égorgé d’un coup de griffes n’hésite pas à cribler son agresseur d’une multitude de coups de machettes en l’insultant, quant aux armes à feu ramenées par nos électriciens (car en Amérique avec un peu d’argent on peut s’acheter un arsenal durant la pause-déjeuner, dixit l’un d’eux) elle font jaillir des hectolitres de sang noirâtre du corps des mutants lors de leurs violents impacts. Un bourrinage certes limité par une réalisation plate et un faible budget mais qui fait quand même illusion.

 

 

Pour preuve cette scène où le macho de service, du genre à jalouser la classe naturelle du héros, se met à tenir la dernière place à lui tout seul, se préparant à un combat un contre deux avec une machette dans chaque main. Poseur, charismatique à mort, une aura qui fait immédiatement écho à celle d’un certain Ash dans Evil Dead 2: un faciès un rien ressemblant à Bruce Campbell, le visage couvert de sang et de bile noire, l’homme se lance dans une lutte perdue qui rappelle qu’avant tout, le réalisateur David Wu est également celui qui était le monteur des meilleurs John Woo en son temps (Le Syndicat du Crime, Une Balle dans la Tête, À Toute Épreuve). Une bonne dernière scène pour un personnage que l’on aura cru insipide, avant de le voir remporter toute notre sympathie par sa combativité même si cela arrive un peu tard.

 

 

De bons points qui rehaussent quelque peu le niveau de Webs sans pour autant effacer ses nombreux défauts. Car oui, comme nous l’avons vite passé en revu plus haut, le téléfilm possède tous les problèmes relatif à sa nature de produit de commande de chaîne télé: des protagonistes bien souvent pathétiques (un type pense encore à prendre une montagne d’argent alors qu’il est coursé par des mutants sanguinaires, le personnage principal n’a aucun charisme) et des effets spéciaux très limités (les créatures sont affublées d’un fond de teint et de cheveux sales ridicules, ainsi que d’un énorme dentier en caoutchouc), même si pour une fois les CGI sont très correct. Le plus flagrant reste quand même les erreurs techniques apparentes (la bande de scotch qui retient l’appareil servant à faire gicler le sang apparaît sous la chemise des mutants) ainsi que la grande modestie des lieux de tournage (quelques rues et deux ou trois intérieurs, c’est pas le top pour représenter tout un monde envahie par les mutants arachnéens). Quelques séquences savoureuses de ringardise, comme lorsque nos héros assurent au vieux scientifique qu’ils ont les capacités pour recréer un portail dimensionnel, puisque après tout ils sont électriciens (!) ou que le personnage principal se souvient avec tristesse de ses amis décédés par le biais de stock-shots risibles en noir et blanc sous fond de musique à côté de la plaque… A noter aussi la petite trouvaille du monteur: de nombreux inserts inutiles ainsi que d’incessant ralentis en début ou fin de plans. Amusant, quand on a pigé le truc, de voir à quel point il en abuse pour rallonger le métrage et lui permettre d’atteindre les basiques 90 minutes de rigueur.

 

 

Alors évidemment un film d’aussi petite envergure ne peut jamais exploiter son sujet à fond et c’est tout naturellement que plus de la moitié des éléments du script sont simplement racontés (les 30 ans de guerre entre le monde parallèle et les araignées mutantes) quand ils ne seront tout simplement pas inexploités et passés sous silence (l’origine des Reines, provenant elles aussi d’une autre dimension, leur organisation et leur don de télépathie). De nombreuses questions reste sans réponses: pourquoi les Reines (enfin LA Reine plutôt, car évidemment nous n’en voyons qu’une) ne choisissent que des femmes pour nourritures et des hommes comme soldats ? Qui a tissée toutes ces toiles d’araignées et pourquoi ? (de vraies toiles d’araignées, alors que nos mutants sont d’anciens humains et la Reine trop grande pour le faire)… Et bien sûr LA question: pourquoi une araignée mutante a t-elle des seins (mais pas de tétons) ?!

 

 

Bref inutile d’inventer une logique à ce qui n’est pas expliqué ni explicable: Webs ne cherche pas à approfondir son univers mais juste à remplir la grille de programmation de la chaîne productrice. Heureusement le tout est bien rythmé et supérieur à la moyenne du genre, et se termine par une petite touche d’humour à la Un Cri dans l’Océan, permettant de finir sur une bonne impression. Loin d’être indispensable, vous l’aurez compris, Webs possède cependant quelques petites surprises qui font plaisir à voir alors que l’on aurait pu s’attendre à un produit conventionnel et complètement transparent comme bien d’autres, lui donnant aisément ses galons de bonne petite série B.

 

2 comments to Webs (2003)

  • Blue Espectro (Daniel) Blue Espectro (Daniel)  says:

    Il y a effectivement des passages ringard (le coup du flashback), les mêmes bouts de décors sont utilisés encore et encore (le banc recouvert de toiles d’araignées) et le héro, avec sa tronche à la Mickey Rourke, à le charisme d’une poupée gonflable, MAIS rien n’y fait, je l’aime vraiment beaucoup ce petit DTV. Un vrai plaisir coupable au même titre qu’un Monster Man ou qu’un Wishcraft.

    • Adrien Vaillant Adrien Vaillant  says:

      Oui c’est tout-à-fait ça, bonne comparaison. D’autant qu’il s’agit ici d’un petit téléfilm, donc le mérite est vraiment gagné.

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