The Walking Dead (5.09)

The Walking Dead
Ep.5.09

What Happened and What’s Going On

 

 

A la pause du mid-season, j’ignorais totalement si j’allais reprendre ma série de chroniques hebdomadaire en raison du schéma répétitif dans lequel s’enlisent rapidement celles-ci. Car d’épisodes en épisodes, de saisons en saisons, The Walking Dead n’avance pas d’un poil et s’expose toujours aux mêmes critiques. Je ne parle pas nécessairement de narration, encore qu’on pourrait résumer l’intrigue en une succession de péripéties très similaires les unes aux autres, mais bien de conception en général. Qu’il s’agisse du casting, de la réalisation ou de l’écriture, c’est toujours la même rengaine, on alterne entre le catastrophique et le tout juste passable avec, parfois, une ou deux exceptions qui viennent raviver l’intérêt et nous faire croire que le show va enfin devenir intéressant, surprenant, osé…
Peine perdu, on est là encore face à une histoire peu prenante, molle, extrêmement prévisible et dépourvue de la moindre subtilité. Vous savez, The Walking Dead en est arrivé à un point où il n’y a plus qu’une chose qui provoque l’effet chez le spectateur: la disparition subite et violente d’un protagoniste. Ce qui était autrefois, dans la version comics, une manière réaliste de décrire un univers où n’importe qui peut mourir, est depuis longtemps devenu un gimmick visant à secouer le public et faire parler de la série (série télé j’entends) quand bien même l’épisode en lui-même serait extrêmement banal. Cela devient une habitude et, à force, il devient même très facile de savoir quand et à qui cela va arriver.
Dès qu’un personnage autre que Rick et son fils, et les deux favoris (Michonne et Daryl) se voit subitement être le centre de l’attention, vous pouvez être sûr que celui-ci va mourir en cours d’épisode. Surtout si un nouveau protagoniste a été introduit peu avant. L’exemple le plus flagrant restera probablement celui de T-Dog (si quelqu’un se souvient encore de lui), et il va sans dire que cela pendait au nez de celui qui subit ici ce triste sort.

 

 

Car oui, quoi de mieux pour reprendre la saison en beauté que supprimer un nouveau membre du casting régulier ? Une stratégie imparable après la pause de mid-season, afin de secouer l’audience et s’assurer du bouche à oreille. Et tant pis pour ceux qui découvriront la série après-coup en DVD, et qui auront l’impression de revoir quasiment les mêmes épisodes l’un derrière l’autre avec la mort « totalement inattendue » d’un des membres de Team Rick.
Le plus amusant c’est que dans cet épisode la réalisation se vautre dans le ridicule en essayant de nous surprendre. What Happened and What’s Going On tente une approche différente de d’habitude, un effet de style limite expérimental, pour nous tromper, jouer avec ce que l’on voit à l’écran et mieux le montrer sous un jour différent à la fin de l’épisode. Nul doute que les responsables pensaient avoir là une astuce intelligente, originale, du genre à provoquer une réaction de surprise chez le spectateur. Et malheureusement non seulement c’est raté, mais c’est franchement pathétique. L’impression de répétition n’en ressort que d’autant plus et l’idée de manipulation des images est trop ambitieuse compte-tenu de la qualité plus que moyenne de la série. Désolé monsieur Nicotero, c’est un échec.
Oh, je suis certains que beaucoup trouveront la chose bien amenée, qu’ils parleront de réflexions ou de développement à propos du protagoniste central. Après tout, quand on voit comment un « film » comme The Battery est encensé alors qu’il ne montre que du vide, The Walking Dead en comparaison c’est Romero au sommet de son art. Mais en fait non. Ce sont les mêmes ficèles grossières que les créateurs ne savent même plus comment camoufler, jouant sur le montage pour faire illusion. C’est ridicule et ça n’aide vraiment pas la série à ce stade.

 

 

L’intrigue se déroule juste après les évènements tragiques du mid-season finale. La première chose qui nous est montré est un enterrement et nos pensées viennent évidemment nous rappeler le sort tragique de Beth, d’autant qu’un plan insiste pour nous montrer sa sœur Maggie en larmes, complètement détruite par ce qui est arrivé. Normal et la vie continue, aussi voyons-nous une petite troupe se mettre en route pour retrouver la famille de Noah, le nouveau venu.
Le jeune homme est accompagné de Rick, Daryl, Michonne, Glen et… Tyreese. Et immédiatement, on sait. On comprend. Noah ne peut pas disparaître car il vient d’arriver, Michonne, Daryl et évidemment Rick sont hors jeu et Glen est le seul du lot à avoir un couple « légitime » dans la série, ce qui est bon pour les scénaristes. Ne reste donc plus que ce gros patapouf à qui on a jamais rien donné à faire. Tyreese le nounours, qui a toujours été une déception dans son traitement et jamais particulièrement intéressant à suivre. C’est probablement parce que le scénario insiste sur ses discussions avec Noah, où il tente de remonter le moral du garçon, de créer des liens, ou c’est peut-être parce que la caméra s’attarde sur le personnage lors de scènes de marche dans la nature. Lorsque l’équipe croise un squelette sur leur chemin, personne n’y fait attention sauf lui. Oui, donc. Immédiatement, on sait.
L’intrigue emmène tout ce petit monde vers le refuge où est censé habiter la communauté de Noah, qui pourrait éventuellement être le nouveau point de chute de notre groupe, sans abris depuis un bon moment maintenant. Hélas c’est trop tard, l’endroit a été totalement décimé par les Walkers et il ne reste aucun survivant. Mais parce qu’ils veulent être sûr, parce que Noah doit faire son deuil, les survivants s’introduisent plus loin dans les ruines et commencent leur exploration…

 

 

Dire qu’il ne se passe strictement rien et que l’épisode semble inutile est un euphémisme. Si tôt arrivé sur place, Team Rick s’expose à des risques qui n’en valent pas la peine, mais décide sans véritable raison à fouiller les parages. Pour récupérer quelques objets probablement, encore qu’en-dehors d’un maillot de baseball dédicacé il n’y visiblement rien à retenir de ce petit village. Tout ce qui se déroule ici aurait pu être évité si les protagonistes avaient décidés de faire aussitôt demi-tours, où tout simplement de ne pas se séparer en deux groupes inégaux. D’un côté Rick, Glen, Michonne et Daryl, soit les quatre qui ont le plus de ressources et de talents, de l’autre un Noah totalement perturbé et Tyreese qui tente vaguement de le reprendre. Mais sans trop insister.
Lorsque ces deux là se décident à visiter la maison d’enfance du jeune homme, vous pouvez être sûr qu’ils vont au-devant de gros emmerdes. Le plus jeune est vite mis à l’écart lorsqu’il découvre le corps de sa mère, réalisant alors qu’il a tout perdu et se laissant aller au chagrin. Inutile de voir ça apparemment, ce genre d’émotion ferait répétition avec ce qui c’est passé récemment. Du moins je suppose que c’était la note d’intention, car je ne trouve aucune autre explication pour la suppression d’une telle séquence émotionnelle.
Par contre filmer Tyreese déambuler sans but dans les couloirs, et se figer sans raisons devant des photos de famille, apparemment voilà la priorité. Et une excuse parfaite pour lui faire baisser sa garde, quand bien même cela n’a aucun sens. Rien de ce que l’on connait du personnage n’explique pourquoi il réagit comme il le fait ici: être chamboulé de voir un enfant mort sur le lit, découvrir une photo qui révèle des jumeaux, et donc que le zombie qui se trouve dans la pièce d’à côté (dont il a connaissance) est probablement le frère de la victime. Peut-être le scénariste essayait-il de faire un parallèle entre cette fratrie et la relation frère/sœur qui se dégrade entre Tyreese et Sasha, mais c’est franchement indiscernable en l’état. Là encore, je ne fais que supposer pour apporter un semblant de logique.

 

 

En réalité j’ai l’impression que le but n’était pas de créer le suspense ou la surprise, mais plutôt que les responsables voulaient raconter une histoire du point de vue d’un mourant. L’excuse est grossière, illogique et très mal rendue: le protagoniste se rend dans une pièce, découvre une photo qui révèle un fait sans grande importance puis reste paralysé pendant quelques instants. Un moment d’inattention qui permet à un Walker caché dans un coin de le surprendre et de le mordre. Sauf que le monteur fait tellement trainer la scène en longueur que ces « quelques secondes » de distraction deviennent de précieuses minutes. Et Tyreese passe pour un gros idiot.
Quoiqu’il en soit, le bonhomme se débarrasse de son assaillant avant d’entrer en état de choc. Entre la fatalité de son sort et l’avenir incertain de son groupe (et donc de Sasha, sa seule famille), Tyreese perd les pédales et hallucine. Lui apparaissent alors différent personnages, tous des êtres désormais morts et enterrés, tous ayant eu des liens plus ou moins fort avec lui. Et j’insiste sur le « plus ou moins », mais je vais y revenir. Des « fantômes » du passé qui viennent le tourmenter, qui viennent l’accuser d’être responsable de sa propre perte et qui insistent pour qu’il cesse de s’accrocher à la vie. En bref, ses démons intérieurs ressortent pour l’aider à mourir plus vite.
On y retrouve sans grande surprise ce cannibale à qui il avait laissé la vie sauve, et qui avait prédit que lui et le bébé étaient trop faibles pour survivre. Bob, son « beau frère », Beth, dont la disparition est aussi récente que tragique à ses yeux. Et bien sûr les deux jeunes filles que lui et Carol avaient sous leur garde la saison précédente. David Morrissey revient également sous les traits du Gouverneur, lequel lui rappel qu’il lui avait donné sa chance avant qu’il ne se retourne contre lui…

 

 

Tout cela est bon et bien, si ce n’est pour quelques acteurs franchement médiocres qui sont toujours aussi cripsant (le cannibale et les deux gamines). Seulement il me semble qu’il manque une personne d’importance dans ce groupe. Quelqu’un comme, oh, je ne sais pas… Sa compagne ? Celle qui était malade et que Carol a achevée afin de préserver le groupe ? Celle dont la mort à failli lui faire perdre la raison et la volonté de vivre ? Et ce n’est pas comme si elle avait été totalement oubliée: les discussions avec les revenants remettent sur le tapis le fait que Tyreese ait pardonné à la meurtrière, et utilisait ce trauma pour communiquer avec Sasha et lui dire qu’il comprenait ce qu’elle ressent depuis la mort de Bob. Alors pourquoi cet oubli ? Est-ce que l’actrice ne désirait pas reprendre son rôle, alors qu’il aurait été facile de camoufler ce fait sous une couche de maquillage de grand brûlé ? Aucune idée, mais le personnage brille par son absence et les paroles des morts paraissent n’avoir que très peu de poids, puisque aucun n’étaient vraiment proche de Tyreese. Qu’il s’agisse de le torturer ou de le rassurer sur sa mort à venir, elle aurait été parfaite, la voix de la raison ou de la corruption, celle qui aurait représentée une paix mérité ou une épreuve à surmonter.
Peut-être en attendais-je un peu trop. A la place nous avons Beth qui sort sa guitare et pousse la chansonnette. C’est bien aussi, non ? Alors évidemment non. C’est poussif, ridicule, et ça plombe pas mal la dignité de la jeune femme qui était quand même sortie de la série en beauté. Mais pour être juste, ce n’est pas comme si cet épisode hallucinatoire était particulièrement intéressant. Du dialogue de sourd surtout, les protagonistes parlant pour dire des choses sans intérêt. En boucle. Les fantômes reviennent sur des faits du passés, mais sans jamais ajouter quoique ce soit. En ressort l’impression que l’instant veut être significatif, alors que ce n’est que du vent.

 

 

Ce n’est pas la première fois que The Walking Dead veut avoir l’air profond, intelligent, subtile, et encore une fois c’est un échec sur toute la ligne. On s’emmerde gentiment, et passé la troisième apparition on attend simplement que Tyreese se rebiffe, ou que la situation arrive à son terme. Pour ne rien arranger, la forme tente de coller au fond en bombardant l’épisode d’effets visuels « artistiques » complètement à côté de la plaque. Des images saturées, des lens flares et de la shaky cam, des flashbacks sur des décors ou des éléments mineurs (la prison, une voiture, etc) en plan fixe pendant plusieurs secondes, et des larsens à vous faire saigner les oreilles. Tout est là pour ressembler à ces films expérimentaux qui passe dans votre petit club ciné « arts et essais », au point que j’avais envie de me lever de mon fauteuil et crier « SYMBOLISME ! » en levant les mains au ciel.
Et c’est comme ça durant toute la durée de ce What Happened and What’s Going On, qui veut également jouer sur la réflexion de la sauvagerie humaine, en opposition avec la morale de la civilisation. Et ainsi, chaque scène avec Rick et ses compagnons revient sur la mort de Dawn et le dilemme qui en découle. Chacun sembler avouer que la femme ne méritait pas d’être abattue, car la mort de Beth était un accident, mais que si Daryl n’était pas passé à l’acte, c’est quelqu’un d’autre qui s’en serait chargé. Que cette mort « inutile » ne les touches absolument pas et que rester trop longtemps dehors à devoir survivre les transforme progressivement, d’où la nécessiter de trouver un endroit où se reconstruire. Ce qui, au cas où ça aurait échappé à certain, est le thème central de cette seconde partie de saison.
Ici par exemple, certains émettent l’idée de reconstruire le village dévasté pour se créer un nouveau refuge, tandis que Michonne déclare que le groupe devrait malgré tout tenter de rejoindre Washington vu le peu de distance qu’il reste à parcourir. Pourquoi Washington, alors que Eugène à précisé qu’il avait inventé toute l’histoire du remède ? Et bien parce que selon elle, il ne devait pas avoir entièrement tort et s’il a pensé à cette ville en particulier, c’est pour une raison. De tout le territoire américain, ce serait l’endroit où il y aurait une meilleure chance de survie. Non, elle n’a pas plus d’arguments. Oui, elle parvient à convaincre les autres. Les mots me manquent pour dire à quel point c’est complètement con.

 

 

Dans tous les cas, la série va totalement ignorer ce concept (c’est finalement pratique ces trois semaines de retard sur mon planning) et simplement utiliser cet objectif pour faire repartir le groupe en marche et les mener en fait vers la Safe-Zone d’Alexandria ; un endroit où, dans les comics, les personnages ont élu résidence et habitent encore même maintenant. Ça n’empêche pas la déclaration d’être particulièrement stupide et d’enfoncer encore un peu plus loin l’épisode dans les méandres de la nullité.
Mais comme je ne veux pas me faire taxer de hater, ou que l’on me reproche d’uniquement passer en revue les mauvais aspects de la série, il me faut aussi mentionner les quelques bons moments du show. Et il y en a ! De très bons même, surnageant comme ils peuvent dans la vacuité de l’ensemble. Comme par exemple lorsque Tyreese, malgré qu’il se sache condamné, décide malgré tout de se défendre contre un nouvel agresseur et utilise son bras blessé comme un bouclier. Ou lorsque Noah, pour sauver un compagnon, détruit sans réfléchir sur le Waker avant de réaliser après coup qu’il s’agissait de son petit frère. Belle idée que ce zombie protégé de la décapitation à cause d’une tige en métal plantée dans son corps, le sauvant d’un coup de katana.
Il y a aussi ces quelques indices sur les mœurs d’un groupe de survivants différent, comme le montre ce camion rempli de Walkers qui se limitent à un torse et une tête, avec un étrange marquage sur le front, ou les vestiges d’une bataille qui laisse envisager qu’un autre clan a attaqué la communauté, défonçant leur mur protecteur à l’aide d’un véhicule…

 

 

Enfin le réalisateur (Greg Nicotero, pour malheureusement le nommer) se décide par moment à abandonner sa mise en scène pédante pour livrer quelques passages soignés et efficace. Une confrontation tout au ralentis, où Team Rick décime une horde de morts-vivants afin de se frayer un chemin vers la sortie. La scène est filmée du point de vue de Tyreese, aux portes de la mort et totalement déphasé, et nous voyons un zombie passer entre les mailles du filet et se rapprocher dangereusement de lui, encore et encore. Voilà quelque chose qui n’avait encore jamais été fait dans la série et qui souligne parfaitement l’état d’impuissance dans laquelle se trouve le personnage.
De la même manière, son décès et la réaction du groupe sont bien rendus puisque filmés de loin, sans son. La voiture s’arrête, les protagonistes en extrait son corps inanimé puis le dépose sur la route avant de marquer une pause. Pas de shaky cam, d’effet visuel rébarbatif, tout est fait avec retenue. Il ne manquait, peut-être, que le coup de feu pour s’assurer que Tyreese puisse rester « en paix » mais je peux totalement faire sans. Reviennent alors les premières images de l’épisode et nous réalisons que l’enterrement était le sien, et non celui de Beth (et j’en reviens au plan trompeur sur Maggie, qui n’a jamais vraiment connu Tyreese pour se laisser aller ainsi). Sasha semble totalement désemparée et le groupe apparaît plus perdu que jamais. Il s’agit, vraiment, d’une très bonne façon de conclure l’épisode et de poser la problématique de l’après mid-season.
Si ce n’était pour le dernier plan qui montre la croix funéraire être ornée du bonnet « iconique » du défunt, faute de goût impardonnable (ce n’est pas un pendentif, un objet fétiche ou symbolique, c’est juste un gros bonnet en laine tout moche et qui pue !) venant carrément révéler une vérité sur ce personnage totalement gâché: du véritable Tyreese, celui du comic-book, il n’y a jamais rien eu. Ni force de caractère, ni prouesse physique, ni scène mémorable. Cette version de substitution n’était, en fait, caractérisé que par une seule chose… ce foutu de bonnet !

 

2 comments to The Walking Dead (5.09)

  • Ghost Dog Ghost Dog  says:

    Excellente analyse.
    Tout a fait d’accord avec toi…

    • Adrien Vaillant Adrien Vaillant  says:

      Merci beaucoup Ghost Dog !
      Très heureux que tu partages mon avis et que tu aies lu cette chronique 🙂

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