Surf Party (2009) | Endless Bummer

National Lampoon Presents

Surf Party

(2009)

 

Et si je regardais de la merde pour changer ?

C’est à peu près ce que je me suis dis en choisissant de voir cette production National Lampoon. Personne n’est dupe quant à la qualité du label de nos jours: celui-ci représentait autrefois une valeur sûre de la comédie, avec des titres comme Animal House, la parodie de slasher Class Reunion avec Gerrit Grahams et la série des Vacation, avec Chevy Chase – ou même des trucs grossiers comme Alarme Fatale, qui était encore drôle. Mais depuis l’avènement American Pie, la marque n’a de cesse de se vautrer dans le ridicule en produisant à la chaine des DTV trash et vulgaires “pour jeunes”. Des films censés être amusant mais se contentant d’aligner les stéréotypes offensant, les situations pathétiques qui n’amuseront que la génération MTV / télé-poubelle d’aujourd’hui, et la nudité gratuite pour attirer le regard.
La Teensploitation n’est pas un genre nouveau et de tels films existent depuis la nuit des temps, avec même quelques titres connus comme les Meatballs, les Porky’s ou les Revenge of the Nerds. Hé, même la Troma s’y était mis avec des trucs plus obscures comme The First Turn-On ! ou Squeeze Play. Et si vous voulez vraiment jouer le jeu, il suffit de revenir dans les années 50/60, à l’époque des drive-in, où ce genre de productions faite à la va-vite pullulaient sur les écrans, tel cet autre Surf Party datant de 50 ans plus tôt. C’est un style obligatoirement bête et reprenant constamment les mêmes clichés puisque tous les jeunes sont un peu les mêmes, de génération en génération. Ils se marrent de conneries, aiment les filles nues et préfèrent se voir représenter sous un beau jour, de préférence déconneurs, fêtards, rebelles et tombeurs.

 

 

Hélas ce qui se fait de nos jours est d’un tout autre niveau. Les teenagers d’avant n’étaient pas antipathiques. Il n’étaient pas détestables, avaient encore une morale, une culture naissante, des problèmes et des passions. Même aux débuts de MTV l’adolescent restait globalement sympa, provoc’ mais doté d’un bon fond. Des navets comme Ski School, pourtant insupportables et donnant des envies de meurtres, n’étaient pas aussi lamentables que ce qui sort dans les bacs aujourd’hui. Entre temps la télé réalité à fait son travail, le phénomène jeune est fracturé et la représentation générale fait peur à voir: imbus d’eux-mêmes, incultes, agressifs, buvant et fumant à l’excès et surtout rêvant de passer à la télévision afin de devenir célèbres, mais sans en glander une pour autant. On pouvait se moquer des ados dans les années 80, avec leurs bières et leurs joints, mais eux au moins ne faisaient de mal à personne et ne pétaient pas plus haut que leur cul.
Et ainsi National Lampoon est devenu le porte-étendard de cette génération télé-réalité, en reprenant à leurs comptes toutes les tares et en les amplifiants avant de façonner un style d’humour et de références au ras des pâquerettes mais totalement au niveau de leur audience. Quiconque s’est infligé Dirty Movie et a survécu acquiescera en silence, la larme à l’œil. Elle est loin l’époque du Brat Pack et de Breakfast Club. Preuve parmi tant d’autres, ce Endless Bummer, sorti en 2009 puis réédité en tant que Surf Party en 2014. Aucun changement entre les deux versions, juste une affiche et un titre différent. Ça en dit long sur les pratiques de National Lampoon et les clowns qui la dirige…

 

 

En profondeur, en grattant beaucoup, on peut apercevoir un squelette d’histoire qui évoque les thèmes habituels de la Teensploitation. L’intrigue tourne autour d’une bande de potes qui, suite à un problème, est obligée de partir en aventure, au terme de laquelle tous en ressortirons changés. D’abord immatures et refusant l’idée de grandir, ils vont accepter le fait qu’ils faut un jour prendre ses responsabilités, et qu’une vie autre que faire la fête n’a rien d’ennuyeuse et peu même se révéler être agréable. C’est un classique que l’on a vu de nombreuses fois, un peu comme le thème de l’underdog pour les films sportifs. Mais pour trouver ça il faut retourner le film dans tous les sens, prêter attention aux moindres dialogues afin de trouver ceux, très courts, errant ici et là, qui évoquent le sujet. Autrement Endless Bummer n’apparaît que comme une succession de séquences stupides et sans intérêt qui n’ont rien à voir avec l’histoire censée être racontée. Un film con, ennuyeux, et dont on ne comprend pas l’humour. Et cela n’a rien à voir avec l’âge. C’est plus une question de structure qui n’a aucun sens, et de mauvaises décisions de la part des responsables du film.
Ainsi le récit tourne autour de J.D., un surfeur bête comme ses pieds qui passe son temps à boire des bières, faire du surf et trainer avec tous les stoners de son bled. Ce qui ici est perçu comme le summum de la cool attitude. Un jour il va chercher la nouvelle planche que lui a confectionné son idole, un ancien champion à la retraite qui s’occupe de sa vie de famille, et va la tester. Malheureusement une mauvaise vague le fait chuter, et impossible alors de retrouver l’objet: quelqu’un semble l’avoir volé…

 

Joan Jett. Vraiment.

 

Il n’a pas tort car elle a été récupérée par un des « Sudistes », c’est-à-dire un touriste de passage provenant d’un peu plus bas dans la région (nous sommes ici à Ventura, tout au nord de la Californie). J.D. décide donc de réunir ses amis et de partir en chasse pour retrouver le responsable. Cela emmène le groupe au-delà de la ville, qu’ils n’avaient jamais quitté jusqu’à présent, et ils vont se retrouver totalement hors de leur élément. L’équipe va devoir réfléchir et faire des choix inattendus pour parvenir à leurs fins et rentrer chez eux… Tout est prévisible, suivant une formule maintes fois réutilisées: le groupe se trouve plongé dans les emmerdes, va devoir compter sur chacun pour trouver des solutions et, au final, non seulement l’amitié en ressort grandit mais les évènements auront permis à tous d’avoir une belle leçon de vie. Ils reconnaitront leurs faiblesses et leurs points forts, et se diront en conséquence qu’il n’y a pas de mal à changer un peu, grandir et s’affirmer en tant que future adulte.
Sauf que non. Ici les héros n’ont pas besoin d’enquêter pour connaitre le responsable puisque par l’aide de deux personnes, ils découvrent nom et adresse. Sur place leur proie n’est pas là, mais son père accepte d’écouter leur histoire et de leur resituer l’objet en comprenant la situation. Boum. La quête est terminé, l’objet est récupéré. Il n’y a rien de plus. Pas d’embûches, pas de recherches, pas de péripéties. On s’imaginait avoir droit à une version “bière et nichons” de Pee-Wee’s Big Adventure, ou Adventures in Babysitting, mais pas du tout. Le reste du film joue sur l’idée de se venger du coupable, avec la promesse au paternel de ne pas aller trop loin, et même cela ne débouche sur rien ! Une fois la planche obtenue, le groupe parvient à retracer le voleur jusqu’à son lieu de travail (car, heureux hasard, l’une des petites nanas de la troupe est son ex-copine et se souvient du moindre détail le concernant), d’où ils le provoquent.

 

 

Le jeune homme se barricade et, déçus, les héros repartent. Directement chez lui, pour l’y attendre. Et c’est tout. Entre temps chacun se parle un peu, de tout et de rien, puis arrive la confrontation qui est immédiatement désamorcée car prise en charge par le père: ainsi, pour punir son fils, il autorise J.D. à le frapper trois fois ! La seule problématique intervient lorsque l’un de ses amis, une petite teigne toujours énervée, lui vole sa revanche. Ivre mort, il rate, et s’établit une étrange règle qui n’a aucun sens, le père et le fiston décrétant que celui qui a donné le premier punch doit donner les deux autres. Tant pis s’il ne s’agit pas de la victime et tant pis si l’agresseur est soûl et n’a pas conscience de ses actes.
Voilà pour les trente secondes de suspense. Tout se résume à savoir si, à travers son pote défoncé et antipathique, J.D. pourra prendre sa revanche et casser la gueule à l’adolescent qui lui a volé sa planche dans un moment de perdition. Car on apprend bien vite que celui-ci a agit sur un coup de tête, s’étant fait briser le cœur par l’une des héroïnes qui l’aurait quitté pour un surfeur (ce qui, en réalité, ne semble pas du tout être le cas). On applaudit bien fort nos héros, mesdames et messieurs, ainsi que la morale du film. La violence peut résoudre tous les problèmes, même quand il n’y a pas de problème ! Reste une sorte “rajout” pour remplir le film, montrant le groupe se séparer en deux durant cet acte. Tandis que certains attendent le voleur devant chez lui, les autres font un tour en voiture pour je ne sais quelle raison… Ils tombent en panne d’essence et vont avoir quelques ennuis.

 

 

A peine en fait. Là encore le conflit est résolu en trente secondes. Parce qu’il est totalement stoned, le conducteur est contraint d’emprunter un bidon d’essence et va faire sa demande auprès de deux loubards en camionnettes quelques kilomètres plus loin, lesquels sont évidemment intéressés par ses amies. Et pourtant, alors qu’on imagine directement les soucis arriver sur place, voilà que les voyous acceptent non seulement d’escorter l’équipe jusqu’à leur véhicule, mais en plus de leur faire don de l’essence ! Alors que le garçon va faire le plein, les filles sont agressées dans une séquence presque trop réaliste pour convenir au film. Immédiatement leur ami intervient, et bien qu’il était incapable de parler correctement l’instant d’avant, le voilà apte à se battre contre des gars plus grands que lui…
Dans un cas comme dans l’autre, il n’y a aucune prise de conscience pour les personnages de Endless Bummer. Tout se passe comme sur des roulettes, rien ne vient jamais les mettre dans une situation compliquée et ils s’en sortent avec à peine quelques sueurs froides. Et pourtant le scénario va les faire s’interroger constamment, leur donner des répliques parlant de malchance, de désillusion. Le titre du film est utilisé par J.D. pour décrire toute son aventure: une “déception continue”. Sincèrement je cherche encore en quoi. Le seul passage qui abonde dans ce sens se déroule un peu moins de dix minutes avant la conclusion, lorsque l’ami alcoolisé de J.D. se sent de retourner coller une rouste au Sudiste. Déchainé, il est même prêt à attaquer son père, pour ne pas avoir à obéir à un quelconque règlement stupide. C’est là que le surfeur s’agace, remettant son ami à sa place et lui faisant comprendre qu’il n’est qu’un idiot qui boit et parle trop. Puis la fâcherie est oubliée trois minutes plus tard…

 

 

Tout ça pue le scénario pondu en vitesse, certainement par des types n’en ayant rien à faire et devant simplement remplir un certain cahier des charges. Au-delà de deux ou trois dialogues, c’est comme si aucun des responsables n’avait la moindre compréhension de ce type d’histoire. Très certainement que, comme J.D., ils devaient s’envoyer quelques bouteilles et fantasmer les actrices qui se dénuderaient durant le tournage. Pour autant Endless Bummer n’est pas la production la plus trash de National Lampoon. On compte quelques gags à base de pets, des numéros de « danses » censés faire rire, où les personnages se coincent des pistolets à essence entre les jambes en mimant des mouvements de va et vient, et quelques poitrines siliconées sont dévoilées, mais uniquement par des MILF vulgaires et un peu trop âgées pour susciter le moindre engouement. A ce titre je cherche encore à comprendre l’affolement de nos héros lorsqu’ils croisent la apparemment célèbre “femme au bikini rouge”, un quarantenaire qui agite tristement son fessier et exhibe ses seins, tandis que leurs petites amies se trouvent juste à côté d’eux, elles-mêmes en maillots de bain et nettement plus mignonnes…
Bref, sur la forme ça aurait pu être pire, mais dans le fond cela reste quand même bien triste. Il n’en ressort qu’une seule chose, et contre toute attente: la prestation de Matthew Lillard. Celui qui fut autrefois une des icônes de la génération ados MTV apparaît sous un jour complètement différent. Il a bien vieilli et incarne ici un père de famille apparemment dépassé par la jeunesse. Le seul bon échange du film reste celui qu’il entretient avec le père du voleur, ce dernier se culpabilisant quant à l’acte de son fils en arguant qu’il était un père trop absent. Du reste, l’homme n’a aucune passion pour le projet et ne s’investit absolument jamais. Avare en paroles et visiblement très fatigué, Lillard nous donne ici son 0% en matière d’acting, et on ne peut que le comprendre. Un vrai zombie ! Lorsque, devant une des danses “drôles” de nos héros, il déclare que c’est la chose la plus stupide qu’il ait jamais vu, on se dit que ce Surf Party est quand même vachement lamentable.

 

 

Sinon il y a toujours Vanessa Angel en guest, qui joue une couguar pendant deux minutes, ou la rockeuse Joan Jet en folle du village, qui récupère des trucs sur la plage pour faire des œuvres d’art bizarres. J’ignore ce que la chanteuse de I Love Rock’n’Roll vient foutre dans cette galère, mais en une seule scène, elle possède bien plus d’intensité que l’ensemble du casting réunis. Pour ma part, et afin de ne pas rester traumatiser, je me contenterai de la vision de l’actrice Allison Scagliotti en bikini noir. Avec son physique à la Danielle Harris, l’héroïne de Warehouse 13 a bien plus accaparée mon attention que tout ce qui se trouve dans le film. Comme on dit, if you can’t beat them, join them.

Concluons ce tour d’horizon par quelques éléments que je n’arrive pas à caser dans la chronique mais qui valent quand même la peine d’être relevés:
• L’acteur incarnant J.D. est un sosie de William Katt, et ça c’est plutôt perturbant.
• Pour une raison qui me dépasse, sa mère possède un fort accent teuton. Pourquoi ?
• Pourquoi la voix-off qui narre l’intro et la conclusion, censée être celle de J.D. plus vieux, est faite par un autre acteur, lequel possède lui aussi un étrange accent ?
• Pourquoi celle-ci, en résumant le destin des personnages à la fin du film, semble t-elle dire qu’un des héros à fini par « disparaitre », comme s’il était mort ?
• Si National Lampoon a décidé de retitrer Endless Bummer en Surf Party et à refait le générique de début, pourquoi ne pas modifier aussi le générique de fin, qui affiche toujours l’ancien titre et l’ancienne date ?

Enfin, peu importe. Quand je pense que j’ai encore Dorm Daze 1 et 2 dans ma pile de films à visionner, ça me rend malade. Finalement un slasher ennuyeux, ce n’est pas si mal: au moins les protagonistes finissent par mourir à un moment ou un autre…

 

   

   

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