Silent Night, Bloody Night: The Homecoming (2013)

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Silent Night, Bloody Night: The Homecoming

(2013)

 

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On ne pourra pas dire que Silent Night, Bloody Night ait connu un gros succès à sa sortie, et la chose est tombée dans l’oubli pratiquement aussitôt qu’elle a quitté les grandes salles. Il faut dire que le film ne fut pas trop aidé par sa qualité médiocre, son intrigue trop complexe pour son propre bien et la mauvaise gestion de son copyright par la Cannon, en charge de la distribution, qui la fit tomber dans le domaine publique. De plus débarqua très vite Black Christmas, un autre avatar de la christmasploitation horrifique marchant sur les mêmes plates-bandes qui devint plutôt légendaire de son côté, et près de dix ans plus tard son propre titre fut pratiquement réapproprié par un nouveau représentant du genre, Silent Night, Deadly Night, qui l’éclipsa totalement à l’aide de la franchise à quatre suites qu’il engendra. Ainsi pendant de nombreuses décénnie notre proto slasher demeura invisible pour ne refaire surface qu’à l’occasion chez certains éditeurs sans-le-sou ou dans les listes des plus completistes de la série B, et tout indiquait qu’il n’en serait pas autrement pendant les années à venir, au moins jusqu’à sa ressortie Blu-ray éventuelle.

 

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Et pourtant les années 2010 ramenèrent l’oeuvre sur le devant de la scène, avec les arrivées consécutives d’un remake anglais, d’une séquelle américaine et même d’une pièce de théâtre à Brooklyn le temps d’une unique représentation ! Si l’on peut expliquer l’existence de ces rejetons par le fait que le film soit complètement libre de droit, permettant aux plus magouilleurs de l’exploiter comme ils le souhaitent à la manière de La Nuit des Morts-Vivants, cela ne nous dit pas pourquoi trois projets différents furent mis en chantier durant la même période après tant de temps. Une réponse possible est le plein essort de l’ère nostalgique qui imprégna l’industrie quelques années auparavants, poussant les plus désespérés et les plus filous à faire les fonds de tiroirs. Quant à la question « mais pourquoi Silent Night, Bloody Night ? », et bien comme on dit, your guess is as good as mine. Et dans le cas de The Homecoming la chose ne fini pas de nous hanter tant le remake rejoue les évènements à l’identique sans jamais chercher à les modifier (hormis lors des dix dernières minutes) mais sans le budget ni même l’astmophère.

 

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Car c’est bien à un petit film amateur que nous avons affaire ici, du shot on video digital torché par un adepte du style, James Plumb (l’horrible Night of the Living Dead: Resurrection, lui aussi profitant du domaine publique), qui semble n’avoir acune ambition question mise en scène. Si le film original n’était pas une référence, il s’essayait quand même à l’ambiance mystérieuse avec ce manoir perdu dans la campagne enneigé, ces flashbacks malsains teintés sépia et l’esthétisme début 70s encore sensiblement gothique. The Homecoming en revanche évoque un « n’importe où » contemporain sans identité, sans âme, où tout semble vide et cheap. La nouvelle Butler House est certes grandes mais n’a rien d’une maison hanté, et découvrir ses pièces bien propres et dépourvues de fournitures donne juste l’impression d’assister à la visite d’une demeure en vente. Même l’aspect Noël passe à la trappe faute de neige et de décorations, malgré quelques musiques et dialogues occasionels sur le sujet, et la conclusion pompe volontiers Massacre à la Tronçonneuse sans aucune tentative de l’associer à la thématique des fêtes de fin d’année.

 

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Bref, ce remake a été conçu à la va-vite sans aucune volonté de rendre hommage à son prédecesseur ou de l’améliorer, et le mot d’ordre tient finalement à bien peu de chose: refaire pareil, mais en plus gore. Débarquant en 1972, Silent Night, Bloody Night n’était pas un slasher à proprement parlé mais en présentait certaines caractéristiques à une époque où le genre n’était pas encore né. Le script s’intéressait plus à l’enquête des protagonistes qu’aux crimes commis par l’assassin et la violence physique était minimaliste. Tout le contraire de cette nouvelle mouture qui abandonne l’histoire au profit du gore qui tâche. Du gore amateur pas toujours réussi et peu divertissant puisque trop simple, forcément limité par les petits moyens des producteurs. Reconnaissons-lui de ne pas faire dans la dentelle et de blinder ses quarantes premières minutes de meurtres sauvages, ce qui est un peu l’inverse de ce qu’un slasher nous offre habituellement: têtes éclatées à coups de hâche, crânes défoncés au pied de chaise ou à la porte de voiture, gorges tranchées au rasoir, étranglements à la guirlande électrique…

 

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Durant le fameux massacre de l’hôpital psychiatrique, un fou transperce l’orbite d’un médecin avec un verre à champagne, le laissant se remplir de sang avant de le retirer et d’avaler le contenu. Le duel final aux armes à feu est remplacé par une confrontation moins théâtral où le perdant décharge son arme par accident lorsque son corps est bougé par un témoin, mais la décharge éventre littéralement l’adversaire dont les tripes se répandent sur le sol. Plus extrême encore: le cadavre d’un bébé retrouvé en charpie dans son landau, sans qu’aucun contexte ne soit vraiment donné à l’évènement. Autant dire que le réalisateur n’y va pas avec le dos de la cuillère, mais la raison à cela est malheureusement assez triste: c’est tout ce qu’il peut se permettre. Il n’y a rien d’autre à voir ici, et le seul bénéfice de se remake est de simplifier le mystère qui était rendu inutilement compliqué dans l’original avec nombre de dates à retenir et de fausses pistes. Tout cela disparaît pour ne garder que l’essentiel et il s’agit sans doute de la seule qualité véritable du film, même s’il ne faut pas être dupe sur sa raison d’être.

 

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James Plumb ne voulait pas s’embarasser d’égnimes et comptait juste sur l’ultraviolence pour satisfaire son public. Une belle idiotie car ce faisant il oublie le seul élément intéressant de Silent Night, Bloody Night: la backstory macabre de toute l’affaire où se mêlent pédophilie, inceste, maladie mentale et vengeance qui dérape. Les faits sont toujours présent, avec cette pauvre gamine de treize ans violée par son père qui provoque alors le suicide de son épouse et la catatonie de sa fille, celle-ci ayant fini par tomber enceinte. Comme la dernière fois notre aristocrate timbré réalise son erreur et transforme sa baraque en un hôpital psychiatrique dans l’espoir d’apaiser sa victime et d’autres âmes en peine, mais il déchante en comprenant que les médecins sont aussi décadent que lui, maltraitant les patients. Il libère alors les malheureux qui vont massacrer leurs tortionnaires, mais aussi la fille de Butler durant l’émeute, avant de s’échapper en ville où certains prendront une nouvelle identité pour vivre confortablement. Désemparé, le tragique violeur va faire croire à son suicide pour préparer sa revanche une seconde fois, des années plus tard.

 

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Tout cela est là, mais les révélations sont beacoup moins effectives non seulement à cause de l’absence de moyens, mais par la manière dont ils sont dévoilés. Les choses sont platement annoncées, avec des flashbacks pas franchement glauques et bien sûr l’absence de toute surprise puisque la narration ne s’est cette fois pas articulée autour de la tragédie. On questionnera aussi le choix du metteur en scène de suivre fidèlement son modèle pour mieux changer les choses à la toute fin, modifiant la conclusion pour l’allonger un peu en rejouant les poursuites et la scène du repas de Massacre à la Tronçonneuse. Un final qui gâche d’ailleurs l’une des rares bonnes idées du film, le relooking de Wilfred Butler qui dans le film original ressemblait juste à un vieux fou au visage couvert de suie. Il est ici drapé dans un manteau noir, avec des bandages sales sur le visage et un respirateur sur la bouche. Très chouette sauf qu’il s’agit d’un masque derrière lequel l’antagoniste apparaît tout à fait normal, puisqu’ici il ne s’est pas immolé par le feu et a brûlé un clochard afin de passé pour mort.

 

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La seule chose à retenir de ce merdier, c’est le passage où l’héroïne attachée par des menottes s’entaille le poignet afin de s’échapper, faisant glisser sa main à travers l’anneau de métal en s’arrachant toujours plus la peau, qui se retire comme un gant. Ça et une jolie réplique de la part de Jeffrey, le fils du péché, lorsqu’il découvre ses origines (« I’m right where I belong. Amongst the ghosts and the crazies« ). Autre chose: la voix du tueur lorsqu’il téléphone à ses victimes, qui semble cette fois féminine comme pour prétendre à un twist final qui n’a jamais lieu où le coupable ne serait en fait pas Wilfred mais sa fille Marianne. Mais non, la seule raison à cela est que le réalisateur a engagé Adrienne King, inoubliable final girl du premier Vendredi 13, pour un caméo audio, permettant de placer son nom en tête d’affiche et d’attirer l’attention des fans sur son petit film. Une technique malhonnête mais trop souvent utilisée de nos jours, et qui colle à l’ensemble de cette oeuvre de toute façon bien opportuniste. Faut-il être surpris d’apprendre que celle-ci peine à arriver au bout de ses 78 minutes en faisant du constamment du remplissage (comme le film original, tiens !) et en gonflant son générique de fin qui s’étale sur plus de six ?

 

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L’occasion de pomper Massacre à la Tronçonneuse encore une fois, en caviardant celui-ci d’images vieillies des divers meurtres qui apparaissent au son de flashes d’appareils photos, qui sonnent ici très faux puisque le bruitage évoque plus le claquements de bouteilles en plastique. Et comme si cela ne suffisait pas, James Plumb ne rate jamais une occasion de nous renvoyer à sa fausse suite de La Nuit des Morts-Vivants, plaçant le DVD du film sur le bureau d’un personnage et ramenant l’acteur qui y jouait Ben le temps d’une apparition durant laquelle celui-ci regarde la version de George A. Romero sur sa tablette. Fier de lui, le réalisateur va jusqu’à nous promettre une séquelle via une séquence post-générique nonsensique (Wilfried joue tranquillement du piano alors que l’héroïne s’enfuit en le croyant mort, et tant pis s’il est censé avoir été découpé à la hache) et un annoncement fatidique après les crédits. Titré Silent Night, Bloody Night: Season’s Greetings, ce nouvel opus n’a heureusement jamais vu le jour et les responsables ne firent pas grande carrière après ça. Tant mieux car avec son gore crados, son érotisme de pacotille (des filles toutes girondes comme on en croise dans le PMU voisin), son fanservice hors sujet et ses effets de montage foireux à base de split screen et de transitions cartoonesques, ce remake ne donnait pas envie d’en voir plus.

 

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Manque de bol les américains renchérirent immédiatement derrière avec Silent Night, Bloody Night 2: Revival, suite directe de l’original qui débarqua à peine deux ans plus tard. Un autre gros Z tourné au caméscope pour pas un rond, et qui en plus tente de raccrocher les wagons avec Silent Night, Deadly Night en proposant un meurtrier déguisé en Père Noël. Blâmons Golan et Globus, si la Cannon avait fait son boulot correctement à l’époque nous n’en saurions pas là. Ou alors ils auraient dû perdre les négatifs plutôt que le copyright, cela aurait arrangé tout le monde.

 

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