Shredder
(2001)
Si Shredder est le grand ennemi des Tortues Ninja, c’est aussi le titre d’un slasher hivernal avec un skieur assassin. Précisons toutefois quil ne s’agit pas d’un remake de Iced, où un meurtrier vêtu de la même façon s’en prenait à quelques amis en vacance à la montagne, et s’ils partagent effectivement quelques situations, ce serait comme considérer que Sleepaway Camp est un remake de Vendredi 13 car ils déroulent tous les deux dans un camp d’été après qu’une tragédie ait frappé un enfant. Quoiqu’il en soit le responsable est un certain Greg Huson, qui aurait tenté de monter le projet dès les années 90, et s’il délégua le script à un total inconnu (Craig Donald Carlson, éléctricien sur le plateau de La Revanche de Pinocchio !), il y apporta quelques retouches avant de le mettre scène. Résultat il est difficile de dire lequel des deux manque d’imagination tant l’intrigue s’inspire de Friday the 13th avec un soupçon de Psychose…
Une fille à papa invite ses potes dans un gîte abandonné, autrefois une station de ski qui ferma après un accident mortelle où de jeunes snowboarders ivres se heurtèrent à petite fille. Depuis les shredders ne sont plus le bienvenu en ville et nos héros le découvre dès leur arrivée sur place, mais cela ne les empêche pas d’agir comme des imbéciles et ils s’attirent bientôt l’attention d’un skieur tout de noir vêtu qui va les éliminer les uns après les autres. Il y a un peu plus derrière cette sombre affaire, comme le fait qu’un des responsables de l’incident original rejoint le groupe incognito pour enquêter sur la disparition de ses amis, et ces coupures de presse qui indiquent que la mère de la victime a également perdu la vie dans le même type de situation (comme si le film ne pouvait se décider sur les origines de son meurtrier), mais cela n’importe pas vraiment tant ces éléments sont à peine exploités par la suite.
Car Shredder a clairement été conçu pour la génération Jackass, avec ces ados adeptent du sport extrême et des blagues potaches, se filmant constamment y compris lorsqu’ils se rendent aux toilettes ou se retrouvent en face du tueur. Une ambiance Y2K qui ne plaira pas à tout le monde avec son humour lourdingue, sa bande-son pop rock ringarde et son côté méta piqué à Scream, mais au moins cet aspect du film se marie assez bien à la violence grâce à un humour noir appréciable et de meurtres cartoonesques: un type est empalé par un stalactite qui le traverse part en part, une corde tendue sur la piste décapite un snowboarder, un bellâtre est noyé dans un jacuzzi à coups de pelle et un malheureux est happé par la fraise d’un chasse-neige. Les cadavres sont eux cachés dans des bonhommes de neige ou allongés dans la poudreuse pour faire des anges de neige.
Un cinéaste en herbe se retrouve avec un bâton de ski planté dans l’objectif de sa caméra qui lui remonte jusqu’à l’oeil, l’appareil éjectant alors un flot de sang à la place de la cassette, les derniers mots d’une pétasse à son petit ami sont “I never loved you” et un obsédé sexuel croit être intouchable parce qu’il est puceau. L’assassin conserve aussi le cadavre de la fillette façon Mme Bateman dans son repaire, ici totalement congelé, et imite Jack Torrance dans Shining en défonçant une porte au tissonnier. Car une fille se cache dans un placard, en compagnie du cadavre de son amant, et le pique va malencontreusement se planter dans la tête du défunt et s’y coincer, forçant l’agresseur à abandonner sa proie ! Le plus fou reste cette idiote que le psychopathe tente non pas de tuer, mais de prévenir d’un problème alors qu’elle emprunte le télésiège, puisque son écharpe s’est prise dans le mécanisme. Elle meurt bêtement de sa propre faute, pendue à la machine qui va la promèner tout le long de la piste.
Bref, Shredder ne se prend pas au sérieux une seconde et c’est tant mieux puisque cela permet de fermer les yeux sur quelques problèmes techniques (l’ombre du réalisateur visible dans un coin de l’écran, qui applaudit ses acteurs après une chute en snowboard !) et séquences bancales, comme lorsque le shérif entend les pleurs d’une gamine dans le lointain avant que le tueur ne se débarasse de lui. Une claire reprise de Vendredi 13, quand Mme Voorhees imite la voix d’un enfant pour tromper une victime, sauf qu’ici le skieur se cache à deux mètre de sa proie qui se dirige de toute façon vers lui. Le script établit la rumeur qu’un fantôme hante la montagne et l’idée était peut-être de nous y faire croire le temps d’une scène, mais comme le reste du film ne fait jamais allusion au surnaturel cela tombe complètement à plat.
Ce qui n’est pas plat en revanche, c’est la poitrine des actrices que le réalisateur mais souvent en valeur. Il faut dire qu’il débuta sa carrière sur des vidéos Playboy, et cela se fait bien ressentir tant Shredder se montre aussi sexy que sanglant. Une bonne chose puisque cela permet de passer le temps entre deux meurtres. Les filles se baladent en soutif ou en culotte dans la neige, les personnages ont tous des noms de pornstars (Kirk Armstrong, Kimberly Van Arx), la salope de service fait sa première apparition sous la douche tandis que sa lingerie coquine traine partout dans sa chambre et une demoiselle est si excitée qu’elle commence à séduire sa copine sous la couette (“I’m not gay, I’m just horny”). Cela va tellement loin que même lorsqu’un beau gosse fait une sombre confession à sa partenaire tandis qu’ils font trempette, la seule réaction de sa copine est de lui plonger la tête sous l’eau pour qu’il lui fasse un cunnilingus !
Autant dire qu’on ne s’ennuit pas trop dans ce slasher, et le paysage enneigé ajoute une plus-value non négligeable, bien aidé par une caméra énergique. Shredder est peut-être très con, mais il est plutôt bien foutu dans son genre, et à des années lumières des Bloody Murder, Camp Blood, Clown de l’Horreur et autres Final Scream qui populaient le genre à la même époque. D’ailleurs le Japon ne s’y est pas trompé, retitrant carrément le film Jason Z en une hilarante tentative de nous faire croire qu’il s’agit d’une suite à Jason X ! Que dire de plus ? Eventuellement un mot sur le casting, le héros étant joué par Scott Weinger, la voix original du Aladdin de Disney, alors que la mignonne Candace Moon atterrit ensuite dans le Speed Demon de David DeCoteau puis Lions et Agneaux, avec Tom Cruise, Meryl Streep et Robert Redford. Si avec ça vous n’êtes toujours pas convaincu, c’est sans doute que vous avez un cœur de glace.
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