Iced (1988)

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Iced

(1988)

 

I didn’t have any tits, hardly.
And I was terrified my secret would be discovered.
I stuff my bra with toilet paper.

 

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Les slashers hivernaux ont ce petit quelque chose d’attirant grâce à leur cadre différent des camps de vacances ensoleillés que propose le genre à longueur de temps. Le sang colorant la neige est un effet visuel efficace tandis que l’idée du froid apporte un semblant d’inconfort qui fonctionne pour la tension et l’isolation des protagonistes. Ils demeurent une espèce rare cependant, et si en plus on retire de la liste ceux qui se classent sous la thématique de Noël, on se retrouve seulement avec une petite poignée de représentants: Blood Tracks, Curtains, Détour Mortel 5, Shredder, et bien sûr ce Iced dont le titre évoque tant la glace que le concept de “refroidir” quelqu’un. Apparemment aussi connu sous le nom génial de Blizzard of Blood (aucune preuve concrète hormis un ou deux référencements sans sources), il débarque hélas à la fin des années 80 alors que le genre commence à mourir à force d’innombrables rejetons bouffant tous au même râtelier.

 

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Pas un bon signe puisque cela signifie que le film n’aura rien d’original à proposer, peu d’argent à sa disposition et aucun nom intéressant au générique. Et c’est en partie vrai ici, même si en examinant le casting on peut trouver une ou deux petites choses, à commencer par la présence de Lisa Loring qui n’est autre que la Mercredi Addams originale des années 60. Elle a bien grandi depuis et nous le faisait savoir à l’époque à travers quelques séries B (Blood Frenzy, Savage Harbor avec Frank Stallone), même si son talent s’est grandement effrité avec le temps et qu’elle ne sort finalement pas beaucoup du lot. Plus obscure est l’homme à l’origine du projet, un Joseph Alan Johnson dont la carrière est minuscule mais en partie dédiée au genre horrifique. Vu uniquement dans de petits rôles, il aura quand même trainé ses guêtres du côté du slasher américain (Berserker, Slumber Party Massacre) et de l’épouvante à l’italienne (House of Lost Souls d’Umberto Lenzi, Les Fantômes de Sodome de Lucio Fulci).

 

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Sans doute inspiré par cette époque, il se décida d’écrire son propre film, se donnant un rôle clé au passage et engageant une ancienne collègue pour jouer l’héroïne (Debra De Liso, aperçue également dans Slumber Party Massacre), puis confit la réalisation à Jeff Kwitny, alors débutant mais qui tournera l’année suivante le gore et sympathique Evil Train, alias Beyond the Door III. Leur intrigue ne révolutionne évidemment rien mais fait pour un whodunit tout à fait fonctionnel: venu skié avec des amis pour les vacances, le pauvre Jeff voit la fille avec qui il tentait de sortir tomber dans les bras d’un autre. Blessé dans son orgueil, il défit publiquement son rival dans une course qu’il va malheureusement perdre. Non seulement Trina fini la nuit avec Cory, mais leurs camarades vont se moquer ouvertement de lui. Humilié, il se met à boire et retourne sur la piste en pleine nuit, faisant une chute mortelle sur les rochers… Quatre ans plus tard tout est oublié. Cory et Trina se sont mariés et tout le monde se retrouve une nouvelle fois à la montagne.

 

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Le groupe est invité dans une station de ski luxueuse qui va bientôt ouvrir au public et offre un séjour en avant première à quelques élus. Mais un mystérieux skieur les observe et commence à les tuer un par un. Qui est donc ce meurtrier ? Jeff qui aurait survécu miraculeusement ? Alex, le gérant de l’hôtel sous pression ? Ou ce copain adepte de la cocaïne qui cache un flingue dans ses affaires et se constamment assaillit de visions violentes ? Peu importe à vrai dire, même si cela amène à une révélation inattendue dans la conclusion. Imprévisible surtout dans le sens où aucun élément n’est offert durant l’introduction pour deviner le coupable, celui-ci étant volontairement gardé secret. Pas très honnête mais le public s’en moquera certainement, ce qui compte étant le quota de sexe et la violence. Et là dessus Iced n’est pas nécessairement mauvais, trouvant même une assez bonne balance malgré l’habituel ventre mou de ce type de production (la plus grosse partie du carnage n’ayant lieu que dans les vingt dernières minutes).

 

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La progression des évènements se retrouve rythmée avec une bonne demi-douzaine de mises à mort et quelques scènes de nudités gratuites entre chaque pour faire patienter. Une demoiselle est électrocutée dans son jacuzzi, un type est réduit en charpie par un chasse neige et un promeneur se prend une série de pièges à loup étonnamment bien placés. L’assassin imite un instant  Michael Myers lorsqu’il soulève une victime par la gorge d’une seule main avant de la transpercer d’un gigantesque stalactite, et la mort de Kevin Bacon dans Vendredi 13 est pratiquement reprise telle quelle avec un joli planté du bâton dans la gorge à la place de la flèche. Le gore est minimaliste, parfois même esquivé à l’aide d’ellipses, la faute au budget, mais cela aurait pu amplement passer s’il ne manquait pas un détail crucial qui vient tout foutre en l’air: le bruitage. Le monteur a en effet oublié les effets sonores, et de ce fait les meurtres n’ont aucun absolument aucun impact !

 

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Un problème qui handicape gravement le film, donnant parfois l’impression de regarder une workprint inachevée, mais cela n’est que le sommet de l’iceberg. Le montage est un véritable désastre qui cumule les jump cuts, les mauvais raccords et tout un tas de petites erreurs. Certains plans sélectionnés semblent être les mauvais, notamment dans les dialogues où la caméra ne filme pas nécessairement celui qui parle mais l’acteur qui vient de finir sa réplique et attend son tours pour continuer. Cela entraine d’étranges pauses où les comédiens se tiennent là, sans rien avoir à faire pendant plusieurs secondes, alors que le bon sens voudrait que le film nous montre les autres personnages réagir à la place. On ne peut qu’émettre l’hypothèse que la responsable, Carol Oblath, était alors novice avec un seul autre titre à son actif l’année précédente, en plus d’un rôle d’assistante sur Le Monstre est Toujours Vivant dix ans plus tôt.

 

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Elle se rattrapa les années suivantes avec notamment le cauchemardesque Brain Dead et quelques productions Full Moon (Puppet Master III, Bad Channels), mais en attendant elle reste l’une des grosses responsables de la mauvaise allure du film, qui n’avait vraiment pas besoin de ça. Outre l’introduction qui s’étire inutilement sur une quinzaine de minutes, il faut composer avec les hallucinations d’un drogué qui rêve et fantasme constamment à force de prendre ses drogues, sans que l’on ne sache toujours de quoi il en retourne. Dans certains cas cela tient de la vision prémonitoire, dans d’autres il est difficile de discerner le fantasme de la réalité. Et donc quand le bonhomme s’en-tête à violer Mercredi Addams après un moment de frustration, on pourrait débattre sans fin pour savoir si l’incident à vraiment eu lieu ou non. La scène est jouée sérieusement, mais l’instant d’après la victime s’en va tranquillement faire trempette tandis que l’agresseur dors dans une autre pièce.

 

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Dans le monde des mauvais films, cela permet heureusement à Iced de se forger sa propre identité et de proposer quelque chose à son public (n’importe quoi oui, mais c’est toujours quelque chose). D’ailleurs il sait aussi se montrer efficace lorsqu’il le faut et propose plusieurs petites idées intéressantes comme cette caméra subjective façon Halloween où le masque est remplacé par des lunettes de ski à la visière brisée, et l’image de ce bonhomme de neige qui pleure des larmes de sang. Une fille morte est retrouvée nue et couverte de neige au lendemain du crime, un type à poil renifle de la cocaïne avant de découvrir son propre cadavre dans son lit et un pauvre unijambiste défenestré se retrouve suspendu au-dessus du vide car sa prothèse s’est coincée sur le balcon. La musique fait des efforts sur la fin en s’inspirant d’Harry Manfredini, un protagoniste évoque un improbable I Was a Teenage Martian Lesbo en parlant série B, et à tout cela se rajoute la nudité assez poussée.

 

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Lisa Loring n’hésite pas à montrer ses seins, la final girl s’enfuit en petite culotte dans le froid, n’ayant pas le temps de remettre son pantalon durant sa course-poursuite avec le tueur, et les couples se font des papouilles sous la couette comme il se doit. Ça ne réveillera pas les morts mais ça tient suffisamment chaud pour fonctionner. Alors bien sûr cela ne change en rien la qualité générale de l’œuvre: Iced reste un mauvais film pur jus, blindé de problèmes et de mauvais acteurs (la secrétaire d’Alex qui balance “I have a hot date” sans faire preuve de la moindre émotion humaine, la mort du tueur qui fait une chute d’un mètre dans la poudreuse, et ne parlons pas de son immonde combinaison de ski bleue), mais comparé à certains avatars du genre vers la même époque, cela reste parfaitement recommandable. Ne serait-ce que pour le génial épilogue situé cinq ans plus tard et montrant l’héroïne désormais maman de gamins d’une bonne dizaine d’années, qui repompe sans aucune honte celui de Vendredi 13.

 

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Alors que l’année 2020 s’achève, Iced n’est toujours pas disponible autrement qu’un VHS. Cela pourra paraître étrange tant les éditeurs n’hésitent plus à faire les poubelles pour gonfler leurs catalogues. En attendant sa résurrection en haute définition, le film survit en quelque sorte à travers Shredder, un slasher des années 2000 qui n’a rien à voir avec les Tortues Ninja et que certains pensent – à tort – qu’il s’agit de son remake. Si le skieur tueur demeure, les deux films n’ont aucuns liens. Mais que cela ne vous abstiennent pas de tester cette version plus moderne, car si elle a tout aussi mauvaise réputation que son aînée, elle lui est supérieur en tout point. Certes le niveau n’était pas très difficile à atteindre, mais les jeux de massacres sur piste noire sont si difficiles à trouver que l’on ne peut pas vraiment faire la fine bouche.

 

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2 comments to Iced (1988)

  • Rigs Mordo Rigs Mordo  says:

    Il est nul celui-ci, mais je l’adore quand même 🙂

    • Adrien Vaillant Adrien Vaillant  says:

      Bien d’accord, mauvais comme un cochon, mais ça se laisse bien regarder.

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