Shock Waves (1977) | Spécial 20ème Anniversaire !

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Shock Waves

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Un sympathique petit film que ce Shock Waves, dont le titre français de Commando des Morts-Vivants est un rien mensonger. Car si nous avons bien affaire à des sortes de zombies, ils n’ont rien à voir avec les créatures cannibales de George A. Romero malgré la sortie alors récente de Zombie et prédisent plutôt Universal Soldier, puisqu’il est question de militaires réanimés. Des SS tués au combat durant la Seconde Guerre Mondial et transformés en super-soldats capables de survivre à n’importe quel environnement, tuant uniquement à mains nus. Cette idée on la doit au réalisateur, le débutant Ken Wiederhorn qui co-écrivit l’intrigue avec un ou deux camarades encore plus néophytes que lui. Et pour un premier long métrage celui-ci s’en tire avec les honneurs, puisque si le manque de moyens ne lui permet pas de montrer grand chose (ni gore, ni nudité, ni scènes chocs, et les célébrités en tête d’affiche ne sont que des guest stars au temps de présence très limité), il se rattrape amplement avec sa mise en scène très atmosphérique.

 

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Ainsi, si les bavardages et explorations de couloirs constituent du film faute de budget, il bénéficie quand même de décors somptueux cadrés avec soin, d’un éclairage étudié avec contre-jours et jeux de lumière pour créer l’ambiance, et d’une musique synthé délicieusement rétro qui prédit pas mal les compositions de John Harrison pour Creepshow. Et ça marche du tonnerre, les séquences de remplissages passant mieux lorsqu’elles ne sont pas filmée platement. La tension y gagne aussi beaucoup malgré que les meurtres aient tous lieux hors-champ et que la menace se résume à une bande de couillons en uniformes se promenant un peu partout sans jamais vraiment agir. Car ils se baladent beaucoup ces pauvres membre du Toten Korp, et sur les 84 petites minutes qui composent le film, ils n’interviennent que sur la fin sans grands exploits. Heureusement Wiederhorn parvient là encore à arranger les choses grâce à sa scénographie et en exploitant un tas de petits détails.

 

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Les “morts-vivants” possèdent un look unique, à la fois albinos et affublés d’étranges lunettes de protection sans lequelles ils sont aveugle. Totalement silencieux, ils errent tel des spectres sur l’île exotique où se déroule l’action et observent leurs victimes de loin, simples silhouettes dans le paysage façon Michael Myers. De superbes plans sous-marins les montrent marcher au fond de la mer ou dans l’épave coulée de leur navire de guerre, et lorsqu’ils ne traquent pas le touriste, ils se reposent tranquillement dans de petites niches creusées naturellement dans les récifs, un peu en forme de cercueils. Supposément indestructible, ils restent cependant vulnérable aux éléments extérieurs et se décomposent en accéléré s’ils sont exposés aux rayons du soleil. Dommage du coup que leurs origines soient plutôt confuses, le narrateur de l’introduction et le commandant de bataillon se contredisant constamment, de la nature scientifique ou surnaturel des zombies à l’état mort ou vivant des cobayes.

 

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Selon le premier des cadavres de combattants furent utilisés pour l’expérience, mais d’après l’autre il s’agissait de prisonniers composés de gangsters et de meurtriers. L’introduction évoque la branche occulte des Nazis et l’idée de créer un guerrier invulnérable d’après une ancienne légende, ce que le film semble confirmer avec cette éclipse solaire clairement magique et l’émergence du bâteau fantôme, mais le narrateur évoque ensuite des expériences scientifiques que corrobore l’officier survivant en charge des zombies. Bref c’est un peu n’importe quoi, et c’est dommage puisque d’autres éléments de cette histoire fonctionnent plutôt bien, comme lorsqu’il est précisé que les SS rencontrés ici ont été spécialement développés pour oeuvrer sous l’eau sans avoir besoin de respirer, et que leur chef prit la fuite avec eux à la fin de la guerre afin d’éviter la capture, coulant son navire en réalisant que l’Allemagne a fini par capituler. Celui-ci s’exila sur l’île déserte la plus proche tandis que ses hommes survécurent car incapable de se noyer, demeurant prisonnier du cargo englouti pendant des années…

 

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Evidemment cela ne fait pas un film, et c’est là que Shock Waves montre ses limites. Car passé la sympathique mise en scène et les explications farfelues, il ne s’y passe pas grand chose. Une bande de vacanciers en voyage organisé se retrouve perdue en pleine mer suite à un événement étrange qui bousille leurs moyens de navigation. Quand leur rafiot est percuté par une frégate surgissant de nulle part, ils se réfugient sur la seule île en vue et rejoignent l’hôtel abandonné qui s’y trouve. L’unique occupant se trouve être un ancien Nazi vivant en ermite depuis la fin de la guerre, lequel leur prie de quitter les lieux lorsqu’il apprend que ses hommes ont finalement rejoint la surface après plusieurs décades d’immersions. Mais c’est trop tard et les super-soldats commencent à tuer tout le monde un par un, noyant leurs proies dans les nombreuses zones inondées du coin. Et c’est à peu près tout, jusqu’à ce que quelques survivants se retrouvent assiégé la nuit venue, chacun tentant de s’échapper de son côté sans vraiment y parvenir.

 

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Quelques moments surnagent cependant, et difficile d’oublier ce passage où un gars marche malencontreusement sur d’énormes oursins en tentant de fuir, tombant tête la première dedans sous le coup de la douleur. L’hôtel envahie par la végétation est impressionnant avec ses allures de temple à grandes colonnes et ses statues sataniques, et des cadavres immergés sont montrés depuis le fond transparent d’une barque. Une piscine mal entretenue est utilisée pour une ou deux attaques, les héros se cachent dans une minuscule chambre froide, déclenchant une crise de claustrophobie chez un type auparavant héroïque qui va alors devenir un couard dangereux, et une femme est retrouvée morte dans un petit aquarium, faute d’endroit où la noyer. L’image est d’autant plus douloureuse qu’une saloperie de poisson pierre y vivait. L’apparition du bâteau fantôme (joliment nommé le Proteus) éclairé à la fusée de détresse en pleine nuit reste impressionnante, et il convient de préciser que l’embarcation est un véritable site de plongée sous-marine qui existe encore de nos jours, l’épave étant échouée depuis 1926 (le SS Sapona, qui a aussi un beau rôle dans le roman Opération Tonnerre de Ian Fleming).

 

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Un autre attrait du film est la présence des légendaires Peter Cushing et John Carradine, alors vieillissant et dont les scènes ont majoritairement été tournées à part. Ils ne sont présent que pour quelques minutes et servirent surtout à vendre le film sur leurs noms, mais leur charisme et leur professionnalisme est indéniable. Le réalisateur eu surtout une préférence pour Cushing, gentleman forcément courtois et attentionné, se détachant d’un John Carradine avec qui il fut plus difficile à travailler puisque très malade et sensible au climat, rongé par un arthrite sévère qui lui déformait douloureusement les mains. Un peu salaud, mais dans l’équipe se trouvait un jeune Fred Olen Ray, véritable fan qui se prit d’affection pour lui et resta sans doute à ses côtés durant le tournage. Tel Ed Wood avec Bela Lugosi, il garda contact avec le vieil homme pour lui filer du travail sur les dernières années de sa vie, avant d’exploiter son image en filmant des scènes génériques juste avant sa mort pour les utiliser selon les besoins, comme dans Jack-O.

 

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Autre célébrité, la jolie Brooke Adams, alors en début de carrière. Conscient de faire un film d’exploitation, Wiederhorn lui fait régulièrement porter le bikini, la suivant sous l’eau lorsqu’elle fait trempette et déboutonnant sa chemise afin d’exhiber au maximum son décolleté. Cela ne l’empêche pas de la montrer sous un jour moins flatteur lorsque son personnage se retrouve avec le visage horriblement brûlé par le soleil après des heures de dérive à l’issue de l’histoire. Forcément on s’attardera un peu moins sur Luke Halpin, star de Flipper s’étant depuis laissé poussé la pornstache, comme pour s’affranchir de son look d’ado à gueule d’ange. A la même époque il fit aussi des apparitions dans Les Mâchoires Infernales et Mr. No Legs, se perdant toujours un peu plus dans le circuit de la série B et des rôles secondaires avant de mettre un terme à sa carrière. Un destin que partagea le réalisateur, qui après ça monta en grade avec de plus gros projets (Meatballs II, Dark Tower) pour se retrouver carrément à la barre du Retour des Morts-Vivants 2, qu’il foira complètement une sorte de suicide professionnel.

Dur fut la chute, puisqu’il se retrouva un temps cantoné à la télévision (sept épisodes des Cauchemars de Freddy quand même) puis disparu complètement ans faire de gros remous. Un peu comme ses zombies Nazis à la fin du Commando des Morts-Vivants en fait !

 

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