Scream For Summer
(2017)
Produit sous la bannière de Studio 605, une boite spécialisée dans les films d’horreur indépendants sans-le-sou (Campground, The Woods Within, et prochainement Don’t Fuck in the Woods 2), Scream For Summer est le projet personnel de Cheyenne Gordon, un scénariste et acteur occasionnel qui a lui aussi ses billes dans le milieu, désireux de passer à la mise en scène. Avec cette première réalisation il signe ce qu’il prétend être un hommage aux neo slashers des années 90, des œuvres qui selon lui troquaient le sexe et la violence des 80s pour des intrigues whodunit plus élaborées et des protagonistes plus développés. En gros le bonhomme s’imagine des choses puisque tout ceci existe depuis la naissance du genre et la principale raison pour laquelle cette nouvelle génération était plus portée sur les personnages étaient justement parce qu’elle ne pouvait pas se permettre d’être graphique. Certainement pas avec des major studios en guise de décisionnaires qui s’étaient mis en tête de conquérir un jeune public rafolant plus du star system que des boogeymen masqués.
En fait c’est surtout Scream et ses suites que le cinéaste évoque, même s’il faut lui reconnaître de ne pas simplement en reprendre l’aspect meta et autoréférentiel (désormais assez lourdingue) et de vraiment vouloir présenter une histoire tournant à la tragédie lorsque frappe l’assassin. Doté d’un budget misérable de 6000 dollars en grande partie réuni via crowdfunding, il va malheureusement voir un peu trop grand, se lançant dans une intrigue qui s’étire sur près de deux heures et s’offrant sans véritable raison l’un des rôles principaux. Une erreur de débutant, mais aussi de concept puisque le slasher selon Gordon s’avère particulièrement chiant, le bavardage l’emportant sur la terreur et les scènes chocs. Le look du tueur est affreuseument générique, les meurtres se déroulent presque tous hors-champ et sans imagination, et le cadre de l’été revendiqué par le titre est à peine exploité. Quant à la révélation finale, elle n’a rien d’innovante et ne vaut que pour le changement de comportement radical du coupable qui passe de bourreau calme et mutique à psychopathe blagueur et surexcité.
Le point de départ n’a rien d’excitant: c’est l’été et les étudiants d’une petite ville situé au bord d’un lac fêtent leur remise de diplôme en organisant une soirée. Lorsque l’organisatrice est tuée à coups de hache par un mystérieux agresseur, la police mène l’enquête, mais une petite bande ne semble pas franchement inquiétée par ce fait divers, regrettant presque de ne pas avoir été présent lors de l’incident puisqu’ils ne portaient pas la victime dans leur cœur ! Seule la jolie Sam se montre un peu compatissante, mais c’est parce qu’elle se remet tout juste d’un drame personnel, son petit ami ayant perdu la vie un an plus tôt dans un accident de bateau. La situation lui permet au moins de retrouver Matt, policier et ancien copain de sa sœur qui avait dû s’éloigner pour soigner son alcoolisme… Bientôt le groupe se retrouve invité à une petite sauterie en l’honneur de la disparue, ignorant qu’il s’agit d’un piège du meurtrier qui les a également dans le collimateur. La routine en somme, et Scream For Summer ne se montre jamais plus excitant que ça, la faute à son scénariste qui s’éparpille beaucoup trop.
Il est clair que Cheyenne Gordon ne sait pas du tout où il va avec ses multiples sous-intrigues, développant à n’en plus finir les backstories jointes de son héroïne et de son propre rôle (Matt) au point de donner l’impression de regarder un drame sentimental à propos d’une famille fracturée. Le plus amusant étant que si cela sert à créer des interrogations et présenter de potentiel suspects, le physique du tueur – de petite taille et peu musclé – permet de faire aussitôt le tri et de rejeter la majorité de ces pistes qui deviennent obsolètes. Cela n’empêche pas le réalisateur d’insister lourdement, croyant dur comme fer que cela rend son histoire plus intéressante. Le shérif du coin paraît ainsi plus intéressé par les histoires de cœur de son adjoint que par l’enquête au point de le sermoner pendant cinq bonnes minutes sur sa vie amoureuse, tandis que la mère de l’héroïne semble malade mentale sans que cela ne serve en rien à l’affaire. Encore une fois, Scream est clairement une source d’inspiration dans cette tentative de donner un peu de vie aux habitants de la ville, mais rien n’est maitrisé et rien ne prend.
Le pire étant le comportement des “héros”, bande d’insupportables dude bros qui passeraient pout les méchants dans n’importe quel autre film. Odieux, ils se marrent à l’idée du meurtre et suicide de certains de leurs camarades de classe, quand bien même ils sont censé avoir perdu l’un des leurs auparavant. Autant dire que c’est le spectateur qui se met à applaudir dès que l’un d’eux mord la poussière. N’en espérez pas trop cependant car la plupart des mises à mort se montrent sacrément feignantes. Beaucoup de coups de couteau filmé de loin ou dans le dos du tueur, quelques bruitages visqueux pour simuler des crânes fendus à la hache et un étranglement à l’aide d’une corde attachée à une grosse pierre jetée à l’eau, où le supplicié se contente de grimacer sans que le nœud coulant autour de son cou ne se ressert. C’est vraiment le strict minimum malgré un ou deux plans gores furtifs (une joue arrachée d’un mauvais coup de lame, deux cadavres avec des trous béants dans la tête ou la poitrine) et une seule exécution sort du lot: lorsqu’une idiote se maquille dans sa voiture, le tueur surgissant pour lui cogner la tête contre le volant, lui enfonçant son pinceau à mascara dans l’oeil jusqu’au cerveau !
Amusant, d’autant que le bourreau hésite à utiliser son arme avant de se raviser devant l’occasion. C’est le seul instant où le film se lâche un peu et décide de s’amuser, au point que la séquence semble provenir d’une œuvre différente. Bon point aussi pour l’interprète de l’assassin qui, une fois démasqué, cabotine à fond afin de rendre la prise d’otage finale plus fun, gagnant un peu de personnalité au passage. Le reste du temps il se montre très générique avec un masque à grand sourire proche de celui du catcheur Evil Uno, et évoque plus un figurant d’American Nightmare qu’autre chose. Surtout lorsque Cheyenne Gordon le montre en plein jour, le présentant comme un simple mec en blouson et sweatshirt à cagoule peu intimidant. Un choix étrange parmi tant d’autres, comme l’idée de caster une actrice trop âgée pour jouer la sœur de Sam, au point qu’on peut la confondre avec sa mère, et cette inexplicable séquence bullet time sur les lieux d’un crime, où la caméra se faufile entre des policiers pour présenter le décors… Sauf que le manque de budget fait que les acteurs sont simplement immobile comme s’ils jouaient à 1, 2, 3, soleil !
Incompréhensibles aussi le passage où un type sur le point de s’envoyer en l’air avec une superbe blonde, déjà nue et montée sur lui, arrête les choses car il doit partir pisser, l’insupportable bande-son qui ressemble à de la stock music d’ambiance neutre ou relaxante qui ne colle jamais aux scènes de suspense ou d’attaques, l’horrible mixage audio déséquilibrant le volume sonore entre les dialogues et le score, les déportants presque sur des canaux différents, et la surutilisation de la machine à fumée dans les scènes nocturnes qui enfume un peu trop le plateau de tournage. Quant aux clins d’oeil sur le genre, ils sont minimalistes au possible avec quelqu’un portant un T-shirt avec l’inscription “slasher”, des filles regardant un film d’horreur jugé stupide et l’apparition surprise du masque du tueur de Redwood Massacre, titre plutôt obscure et déjà vieux de trois ans à l’époque. On se rattrapera avec quelques beaux mouvements de caméras très fluides, de jolies prises de vue aérienne par drone et le paysage cinégénique de ce petit drive-in local. Sinon il reste toujours l’actrice principale.
Très mignonne et bien mise en valeur, elle se promène constamment en petits shorts et porte des hauts courts ou transparants, exhibant ici et là de jolies gambettes ou un ventre découvert, et jusqu’à un bout de fesse lorsqu’elle retire sa petite culotte. Alors oui c’est sans doute vilain de ma part de me centrer là dessus au détriment du reste, que le metteur en scène a vraiment essayé de faire fonctionner, mais pas de bol pour lui tout est raté et il faut bien se raccrocher à quelque chose pour tenir ! Et puis ce n’est pas comme si le bonhomme ne comptait pas là-dessus non plus, cela restant du cinéma d’exploitation. Rien d’autre ne viendra justifier la vision de Scream For Summer, et il reste maintenant à espérer que son créateur ait pu en tirer une bonne leçon pour la suite de sa carrière.
Ouh que c’est vilain de ta part de te raccrocher à la petite culotte de l’actrice principale, ouh que c’est vilain ! ( joli cul ceci dit…)
Oh c’était histoire de dire que je sais que c’est un coup bas de ma part envers le film. Au cas où un mec me balance que c’est irrespectueux ou je sais pas quoi. Je me fais parfois emmerder parce que je suis trop direct ou méchant, alors parfois j’essai de marcher sur des oeufs.
Oui, je comprends bien, j’aurais fait de même pour être honnête. Ça devient de plus en plus compliqué, c’est vrai. J’ai juste trouvé ça mignon car à titre personnel, je ne regarde des films QUE pour ça. La scène de la petite culotte. (Bave)
En fier pervers moi-même, je comprends tout à fait et te rejoins parfaitement là-dessus 8)