Red River (2011)

ROAD TO HALLOWEEN II

 

 

Red River

(2011)

 

 

Datant de 2011, Red River est l’un de ces films amateurs (pardon, “indépendants”) tournés au caméscope bon marché et conçus avec les moyens du bord. Dans certains cas cela n’empêche pas le résultat d’être bon malgré tout, et j’en veux pour preuve l’hilarant Coons ! Night of the Bandits of the Night, chroniqué par Rigs Mordo de la Toxic Crypt, dans le dernier Vidéotopsie (et boum, double pub !). Malheureusement ces exceptions sont très rares et ce type de production est généralement blindé de problèmes en tous genres et donc tout simplement inregardable. Chacun aura ses limites, de l’acting atroce aux problèmes de sons, en passant par l’image dégueulasse ou les effets spéciaux, effectivement très “spéciaux”. En ce qui me concerne c’est le rythme inexistant qui me décourage, car je sais qu’il ne se passera jamais rien et qu’il va falloir endurer de longues scènes de remplissages que le réalisateur fabrique afin de créer une durée d’exploitation valable (condition obligatoire pour obtenir la mention “long métrage” et ainsi vendre la chose à un distributeur).
Parfois, malgré le carnage technique, on peut quand même sauver une ou deux éléments. Un comédien qui s’amuse, une intrigue intéressante, un meurtre qui détonne ou un Craignos Monster qui vaut le coup d’œil. C’est très peu et ça ne justifie pas la vision de ces navets, mais dans notre douleur on peut au moins se raccrocher à ça. Pas autant de chance avec Red River, qui est un ratage sur toute la ligne doublé d’une véritable perte de temps. Cela ne passe pas même au 38ème degré, avec de l’alcool ou des copains, et comme je me suis infligé ça tout seul et sobre, je vous laisse imaginer mon état.

 

 

S’inscrivant dans le registre de l’Hicksploitation (qui à 90% du temps se contente de pomper Massacre à la Tronçonneuse), le film se déroule dans le trou du cul des États-Unis, un parc forestier appartenant au bled de Red River, en plein dans le Kentucky. C’est là qu’un nombre alarmant de disparitions oblige les Rangers à fouiller la zone, la population endurant le phénomène depuis quelques années maintenant. Les autorités sont loin de se douter que le responsable est un de leurs concitoyens, Roland Thatcher, véritable pilier de la communauté. D’apparence inoffensif car vieux et quasi muet, ne pouvant parler qu’à l’aide d’un laryngophone, il est également un membre actif de l’Église protestante du coin, jouant les prédicateurs, et partage son fertilisant révolutionnaire avec les autres habitants.
En réalité c’est un meurtrier sanguinaire et cannibale qui massacre les promeneurs avec un plaisir sadique. Il ramène les corps dans son antre, une maison délabrée paumée au fond des bois, afin de les cuisiner et de recycler les restes pour faire son engrais. Il aime également garder quelques filles nues dans sa cave, qu’il fait surveiller par son propre fils: un dégénéré difforme qui se comporte comme un chien. Malgré le fait qu’il s’en prenne à quiconque et sans la moindre précaution, Thatcher n’est pas du tout inquiété par l’enquête (film d’horreur de merde oblige) et poursuit ses ignobles activités comme d’habitude.
C’est évidemment là que débarque un groupe de jeunes venus faire de la randonnée, lesquels vont tous finir kidnappés et / ou découpés en morceaux.

 

 

Dire que le scénario n’est pas original relève de l’euphémisme car il s’agit ni plus ni moins que de la même tambouille qui nous a été resservi depuis 1974, dans sa forme la plus rudimentaire et la plus vulgaire possible. N’y cherchez rien qui ne vaille la peine d’être relevé: le “film” n’est qu’une accumulation de scènes sanglantes commises par Thatcher, sans que rien ni personne ne viennent perturber le déroulement des faits. Pas de rebondissements, de révélations ou de surprises ici, tout y est extrêmement monotone: l’homme tue des gens, ceux-ci tentent de fuir et il les achève. Certains s’introduisent dans son repaire et essaient de délivrer les prisonnières, mais son rejeton les prend par surprise et les dévore. Resservez en boucle pendant 70 minutes.
Dans Red River il n’y a pas tant un scénario qu’une check-list, les éléments sont juste “là” et ne sont jamais proprement introduit. Aucune caractérisation non plus d’ailleurs, et on ne saura jamais pourquoi Thatcher tue, pourquoi les héros se rendent en vacance dans un lieu réputé pour ses disparitions (une journaliste enquête même sur le sujet et demande aux habitants pourquoi ils ne déménagent pas) et comment la police s’est retrouvée impliquée.
Même le fils monstrueux n’a pas de présentation, débarquant comme ça subitement, sans que l’on comprenne s’il s’agit d’un zombie, de la victime d’une cruelle expérience ou d’autre chose. Utilisé sur l’affiche comme s’il était l’attraction principale du film, cette créature au visage décharné et squelettique est en fait à peine employée. Leatherface du pauvre incapable de parler ou même de penser, le fils Thatcher passe son temps dans la cave, enchainé à sa niche, à grogner sur les donzelles enfermées avec lui.

 

 

Quelques détails amusant interviennent par instant (il garde toujours une peluche avec lui, son père lui apprend à prier avant de le servir sans même une gamelle, et il frotte son entrejambe sur un cadavre dont il dévore la cervelle, comme s’il était en rut), mais il s’agit de simples gags vite oubliés. Même le dernier acte, qui le libère et lui permet de découvrir la lumière du jour pour la première fois depuis X temps, n’explore pas du tout la situation et jamais le “chien” ne va se retourner contre son geôlier ou prendre la fuite.
Il n’est de toute façon pas le seul à souffrir du manque d’ambition du réalisateur, car les effets gore eux-mêmes ne valent même pas la peine d’être mentionnés. Loin des délires démentiels d’un Olaf Ittenbach ou d’un Andreas Schnaas, ils se limitent à quelques membres orphelins (une tête, un bras, un doigt, un sein), un crâne éclaté à la masse et surtout beaucoup de tripailles. De la barbaque de boucher baignant dans un colorant rouge, balancée un peu partout sans aucune imagination. N’espérez vraiment rien d’inventif ou d’amusant. Même lors des dernières minutes, lorsque l’antagoniste blessé et laissé pour mort revient après s’être rafistolé, remplaçant sa main coupée par un crochet en métal façon tueur de légende urbaine, absolument rien n’est mis en scène et c’est à peine si l’on réalise qu’il s’est scotché l’outil sur le poignet. Le caméraman n’avait visiblement pas le moindre intérêt pour ce qui se déroulait devant lui ce jour là…
Il y a en revanche une chose que l’équipe braque constamment devant leurs objectifs, ce sont les poitrines dénudées de leurs actrices. Bizarrement, là, les cadrages sont réfléchis, originaux et les séquences paraissent beaucoup mieux troussées. Et les occasions ne manquent pas: baignades, partie de jambes en l’air sous la tente, levrette effectuée en plein air, et naturellement il y a les prisonnières de Thatcher, enfermées pratiquement nues dans leurs cages.

 

 

Elles doivent se geler les tétons dans ce sous-sol mal éclairé, et je ne peux que plaindre la Final Girl de service qui s’évade en pleine nuit, une machette à la main et vêtue seulement d’une petite culotte. Sans vouloir lancer de fausses accusations, j’en viendrai presque à croire que tout le projet Red River n’était qu’un prétexte de l’équipe pour voir des filles nues.
Comment, sinon, justifier la création et distribution de ce navet techniquement tellement à la ramasse qu’on ne peut pas réellement le suivre du début à la fin ? Outre l’image en basse résolution et le montage incohérent qui ne s’embarrasse pas de raccord, la qualité audio est tout simplement déplorable que l’on ne peut pas toujours entendre ce qu’il s’y dit. Il faut dire que le film a été tourné en prises de son directes, ce qui rend une bonne partie des dialogues inaudibles, et bien que les responsables aient pensés à effectuer un (mauvais) doublage en ADR pour corriger le soucis, le résultat est le même: on ne comprend pas la moitié des mots qui sont prononcés. Précisons qu’au naturel l’accent du Kentucky est déjà atroce, avec une sonorité campagnarde difficile à comprendre, et beaucoup d’acteurs “mangent” leurs mots. Si vous rajoutez le fait que Thatcher parle avec un micro ou que les Rangers comptent dans leurs rangs un attardé mental qui possède un accent encore plus caricatural, alors vous comprendrez que le résultat est globalement inutilisable.

 

 

Par décence j’éviterai de parler du surjeux abominable des “comédiens”, notamment l’interprète de Thatcher qui crache ses poumons constamment et n’en fini jamais de gesticuler comme un clown, ni des longueurs éreintantes qui séparent chaque scène horrifique (mention spéciale pour la visite du tueur à la carrosserie, où lui et trois obèses déclament des inepties et hurlent de joie devant une voiture qui se fait écraser par un tracteur).
Reste quand même l’idée sympa de montrer le “héros” perdre progressivement des morceaux de son corps au fur et à mesure du film, tombant dans un piège à loup, se faisant assommer à la pelle, arracher une oreille et une joue, un œil… Intéressant également cette prisonnière croupissant dans sa cellule depuis si longtemps qu’elle a perdue tout espoir de s’en sortir et regarde distraitement les autres personnages s’activer autour d’elle pour fuir, sans que cela ne provoque chez elle la moindre émotion.
Mais sinon il n’y a rien à retenir de Red River. La seule chose que j’ai un tant soit peu aimé est le logo de Bloody Earth Films au tout début, présentant un globe terrestre façon Universal qu’une main de zombie vient agripper et presser comme une orange. Bien sûr on peut toujours faire pire, et S.I.C.K. – Serial Insane Clown Killer me vient en tête puisqu’il s’agit globalement de la même chose mais sans gore et sans nudité, mais cela n’est pas du tout une consolation. Cette vidéo ridicule est probablement l’une des pires choses que vous pourriez vous infliger cet Halloween ou à tout autre moment de votre existence, ni plus ni moins. A éviter.

 

 

VERDICT: TRICK

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