Python
(2000)
Phillip J. Roth est un petit artisan de la science-fiction au rabais. Producteur, scénariste et réalisateur, il est coupable de nombreux films généralement conçus pour les chaînes câblées (Digital Man et A.P.E.X., mais aussi Dark Drive, Velocity Trap, Total Reality, Interceptor Force ou encore Deep Core). Des films souvent très semblables et vite torchés. Lorsqu’en 1997 sort Anaconda, qui remporte un petit succès, c’est tout naturellement qu’il s’empare du sujet (bien que devancé par les frères Hillenbrand en 1999 avec leur King Cobra) pour le décliner à l’infini par la suite avec Python 2 puis un Boa avant de se sacrifier à la mode du crossover alors en vogue (Freddy vs. Jason, Alien vs. Predator).
L’histoire est simple et déjà vue mille fois: la compagnie BioGene attend la livraison d’un serpent géant pour leurs études. Celui-ci est transporté par avion mais a vite fait de s’échapper, causant le crash de l’appareil. Ayant survécu, il attaque alors les habitants de la petite bourgade du coin. Pendant que les autorités mènent l’enquête, pensant à un tueur en série, des hommes du Gouvernement partent à la chasse au reptile…
Si Phillip Roth produit et écrit l’histoire, il laisse cependant la réalisation à Richard Clabaugh, le directeur de la photographie des deux premiers Prophecy avec Christopher Walken, ainsi que des quatrième et sixième Enfants du Maïs. Il s’agit cependant de sa première réalisation et Python s’avère être un bien piètre film. Produit par la chaîne UFO, on devine le budget anémique.
Dès l’ouverture, un avion et une tempête en CGI très lissent nous mettent l’eau à la bouche: Python va être cheap. Notre serpent géant est une créature animée par ordinateur avec une maladresse qui fait plaisir à voir. Pas un seul instant le monstre ne semble réel et son incrustation aux prises de vue est une catastrophe. Personne n’est dupe, pas même l’équipe du film qui réduit les apparitions de l’animal le plus souvent possible (grosse utilisation du hors-champ et de la vue subjective) afin de limiter les dégâts. Cependant nous avons quand même le droit de voir la créature dans toute sa “splendeur” à plusieurs moments, ce qui évite au film d’avoir l’air trop malhonnête malgré tout. A noter qu’il existait bien une version en animatronique du monstre (on peut en avoir un aperçu sur quelques clichés promotionnels) mais elle ne fut jamais utilisée…
Du serpent parlons-en justement. Provenant d’Asie du sud-est, on ignore s’il s’agit d’une évolution naturelle de l’espèce, d’une mutation causée par l’Agent Orange ou bien d’une opération secrète du Gouvernement (car on voit ça tout le temps dans les films, dixit le héros !). Longue d’une quarantaine de mètres (129 pieds pour être précis), la bestioles est en fait un hybride conçu à partir d’un grand nombre d’espèces de serpents (pourquoi ce nom de “Python” alors ? Tout simplement en rapport au monstre de la mythologie grecque que tua Apollon, fallait pas chercher plus loin). La bête peut alors projeter ses fluides gastriques pour attaquer ses victimes (comprendre leur vomir de l’acide à la gueule) quand il ne les décapite pas d’un coup de queue (attention pas de plaisanterie mal placée. Mais bon, quand on sait que c’est l’ancienne Playmate Jenny McCarthy qui subit le sort…). Un monstre redoutable en somme, également doté d’une vision nocturne (qui ne va pas lui servir), capable de muer subitement (sans que sa taille n’ait véritablement changé), d’une intelligence redoutable (même si ce sont plutôt les chasseurs du dimanche qui ne sont pas très débrouillard) et capable de ramper à une vitesse supérieure à 80 km/h (on vous rassure, on le sème facilement en VTT). Le film fonctionnant à l’économie la plus totale, il ne faut pas trop s’attendre à des attaques excessivement violente et l’apparition de quelques corps squelettiques et liquéfiés devrait déjà nous réjouir. C’est franchement pas grand-chose mais ça aurait pu être pire, aussi saurons-nous nous en contenter.
A défaut d’effets spéciaux spectaculaire faut-il se raccrocher à l’histoire ? Non plus ! Python est un téléfilm vite emballé (normal puisque produit pour le marché de la télévision) et se retrouve alors dépossédé de toute créativité ou originalité. Le scénario n’étant qu’un ramassis de clichés usés jusqu’à la corde, rien ne vient perturber le rythme de croisière du film, totalement prévisible de A à Z. Le script cumule un grand nombre d’incohérences et de passages hautement ridicules: le transport du serpent se fait dans un petit avion avec pour tout équipage le pilote et un gardien, la bête étant enfermée dans une grosse caisse en bois sans aucun système de sécurité ! Le crash de l’engin ne devrait pas passer inaperçu malgré la tempête et les deux collines qui cachent un peu la vue, mais personne en ville ne s’est rendu compte de l’accident ni ne découvre les décombres de l’appareil. Et on ne parle pas de l’intelligence de nos héros, se réfugiant dans un abri souterrain sans même penser à fermer la porte derrière eux alors que le serpent est sur leur trace ! Du grand n’importe quoi (comme ce générique interminable montrant un cycliste tester son vélo cross) peu aidé par certains acteurs assez pitoyables…
Nous avons par exemple en guise de personnage principal un type qui n’a pas hésité à piquer la copine de son meilleur ami ! Un jeune minet sans aucun charisme ni virilité, déambulant pendant pratiquement tout le film dans un costume de cycliste moulant aux couleurs flashy . Ridicule. Passons sous silence le rôle de la dites copine, personnage inutile à l’intrigue et qui semble faire la gueule tout le long du film (sauf quand ça se termine, tiens). Il y a également le copain punk au cheveux violet, piètre comédien assez exaspérant, les deux débiles profonds travaillant à l’usine – drôle un instant mais franchement lourd – et surtout un pauvre Casper Van Dien relégué aux petites productions depuis Starship Troopers (on aura pu le voir l’année précédente dans Shark Attack), lequel se retrouve affublé d’une petite moustache du plus mauvais goût.
Heureusement certains s’en tirent mieux que d’autre, comme ce shérif adjoint qui vole carrément la place au héros (que l’on retrouve d’ailleurs dans Python 2) et surtout le sympathique Robert “Freddy” Englund qui campe son rôle de scientifique sobrement mais efficacement, alors qu’on le sait capable de cabotiner à mort dans ce genre de production. Enfin il faut surtout mentionner l’impeccable duo formé par Scott Williamson et Jenny McCarthy, tout bonnement sublime le temps d’une scène de drague hilarante. Dans un registre bien plus secondaire on peut noter la présence de John Franklin, le Isaac des Démons du Maïs, dans le rôle du coroner de la ville.
Si Python semble bien parti pour être un navet gonflant, il rehausse le niveau grâce à un humour volontaire et pleinement assumé. Ainsi malgré des personnages stéréotypés et inexistants, il est toujours amusant de voir cet espèce de shérif adjoint un peu neuneu jouer les sidekicks gaffeurs ou encore le héros se faire tabasser par son ex-meilleur ami devant un parc pour enfant. La campeuse se faisant faire un cunnilingus au début du film se révèle avoir une femme pour partenaire (gros bouleversement des conventions !) tandis qu’une proie du serpent, prise au piège dans sa douche en référence à Psychose, va vainement tenter d’aveugler la bête en l’aspergeant de shampoing pour enfant (qui ne pique pas les yeux) pour ensuite l’attaquer avec une serviette et l’achever en lui lançant un canard en plastique à la figure ! Et surtout il faut voir les mimiques faciales de Jenny McCarthy lorsqu’elle se fait draguer par son agent immobilier sous fond d’une musique délirante au possible: sans conteste LE moment d’anthologie du film. Bien entendu le quota nanar est très bien respecté avec ce serpent géant même pas foutu de rattraper un cycliste et qui arrive à rester inaperçu les ¾ du temps malgré sa taille impressionnante. L’air de rien, c’est avec ce sont ces petites touches d’humour, volontaires ou non, qui font que Python se laisse suivre sans soucis.
Le réalisateur, débutant, tente pourtant de se justifier: non, il ne voulait pas faire une simple imitation d’Anaconda et son inspiration s’orientait plus vers Tremors. Le seul réel rapport entre les deux films est la présence d’humour et le fait que l’on ne connaisse pas l’origine exacte du serpent (ce qui est ici dû à un simple changement de script de dernière minute, le monstre étant génétiquement modifié par le savant incarné par Robert Englund dans la première mouture du scénario). A propos des modifications, on peut également expliquer la fin navrante du film, sans aucun climax: il manque en fait toute une scène où l’usine chimique devait exploser (d’où la panique du héros en début de film, séquence d’introduction à cette scène manquante) qui n’a pas été tournée pour des raisons de budget… Ont également été sucrés du montage un plan final dévoilant des œufs de serpents cachés et tout prêt à éclore ainsi qu’une scène de sexe entre notre cycliste et sa compagne (qui a dit dommage ?), ce qui explique par ailleurs pourquoi celle-ci annonce qu’elle est enceinte à la fin du film, séquence arrivant maintenant comme un cheveu sur la soupe. Ces changements ont eu quelques incidences sur le matériel promotionnel du film qui était basé sur le premier scénario avant les retouches, et c’est donc souvent que notre Python est déclaré être le fruit de manipulation génétique et mesurant alors quelques dix huit mètres (soixante pieds précisément) sur les jaquettes et les flyers…
Film fauché au scénario inexistant, aux effets spéciaux ratés et nanti d’un casting très moyen, Python est aussi jetable qu’un rasoir Bic après vision mais remplit cependant son but premier: divertir son spectateur le temps d’une soirée. Un petit nanar passable mais qui fait son office.
GALERIE
– Photo de tournage –
Animatronique du Python
Du bon nanar comme on les aime, avec les images de synthèse les plus cheap de la création (quoique les insectes d’INFESTED battent sans doute tous les records) et quelques has-been de luxe (Casper l’ancien Starship Trroper et Robert l’ancien Freddy) payant ici leurs impots sans conviction.
Ah le coup du canard en plastique… J’avais chopé le DVD voilà plus de dix ans maintenant, c’était un coffret en carton réunissant les deux films. Celui-ci est naze mais rigolo, et comme tu le dis avoir des squelettes liquéfiés c’est déjà énorme dans une prod du genre, mais c’est une tuerie à côté du deuxième, encore plus mauvais et très laid. Je crois que ça se passait majoritairement dans une espèce de QG sous-terrain de merde… Belle chro sinon!
Rohlala oui, Python 2 est juste abominable ! Encore moins de budget, moins d’ambition, une histoire de merde et se déroulant quasi intégralement dans un repaire militaire souterrain en effet.
Y a Boa qui est des mêmes mecs et tout aussi naze malgré un perso de « terroriste » sympa (si !) plutôt incroyable. C’est un miracle que Boa vs. Python soit si fun en fait…