Poseidon Rex (2013)

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Poseidon Rex

(2013)

 

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A vue de nez Poseidon Rex a tout l’air d’une énième production Roger Corman, un monster movie en images de synthèse à la Dinocroc, Piraconda ou tout autre titre du même genre qui s’applique à reproduire la même formule faisandée comme on en bouffe depuis maintenant vingt ans. Surprise, ce n’est pas tout à fait le cas puisque c’est la Titan Global Entertainement qui est derrière cette production, laquelle possède sa propre expérience en la matière (Avalanche Sharks, Jurassic Attack), la confusion s’expliquant par l’existence de Dinoshark, un autre film de dinosaure marin venant semer la panique en mer. A la tête du projet on retrouve Mark L. Lester, inoubliable réalisateur de Class of 1984 et Commando qui a lui-même versé dans le téléfilm horrifique avec Ptérodactyles en 2005 avant d’en développer tout un tas pour différentes compagnies: Beach Shark, Fire Wasps, Yeti: Curse of the Snow Demon… Il s’occupe ici de la mise en scène et délègue l’écriture du script à Rafael Jordan, un partenaire justement spécialisé dans le genre avec des titres comme Arctic Predator et Les Dents du Bayou à son actif.

 

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La première chose que fait celui-ci est de placer l’intrigue du côté Belize, un paradis fiscal situé à proximité de la mer des Caraïbes, pour offrir à son patron et à l’équipe un cadre de travail agréable et un brin d’exotisme toujours apprécié dans ce type de film. De quoi aussi exploiter le fameux Grand Trou Bleu, un gouffre sous-marin créant tâche bleue sombre au milieu des eaux turquoises et rendu célèbre par le Commandant Cousteau qui explora ses profondeurs dans les années 70. Ici la fosse abrite un ancien trésor Maya, de l’or volé par les conquistadores qui coula avec un navire, désormais convoité par le plongeur Jackson Slate. Un baroudeur sous la coupe d’un gangster local qui compte bien l’éliminer une fois qu’il aura accompli sa mission. Mais lorsque les sbires qui l’accompagnent font sauter une barrière de corail, ils vont libérer une créature préhistorique qui va pratiquement tous les massacrer et s’échapper vers le grand large. Si Slate est sauvé par des touristes venu explorer les fonds marins, il se retrouve maintenant traqué par son partenaire qui pense avoir été doublé.

 

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Pendant ce temps le monstre fait des ravages en s’attaquant à tous les bateaux qu’il croise, et si Slate pensait d’abord profiter de la situation pour échapper à ses ennemis et récupérer le précieux butin, sa conscience va l’obliger à agir pour sauver tout le monde. Surtout lorsqu’il découvre de nombreux oeufs parmi les pièces, tout prêt à éclorent… Un scénario somme toute basique pour un creature feature mais il n’en faut pas nécessairement plus pour satisfaire le public-cible, principalement constitué de gens ordinaires vendu à la cause du nanar par effet de mode. Le titre de Poseidon Rex n’est d’ailleur pas laissé au hasard, faisant volontairement “ringard” ou “stupide” pour attirer l’attention. Hélas il faut avouer qu’une fois passé l’affiche et l’allure forcément mal branlée du dinosaure, il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent, la faute à une histoire qui n’utilise jamais vraiment sa bestiole et ne propose rien de nouveau ou d’unique. Malgré des débuts plutôt enjoués et des apparitions régulières du reptile, le résultat fini par devenir ennuyeux avec plusieurs passages à vide bien sentis.

 

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Le saurien s’en retrouve un peu atteint puisque se retrouvant avec peu à faire si ce n’est couler quelques navires de la façon la plus paresseuse possible, les véhicules s’écroulant dès qu’il les frôle. De temps en temps il a quand même le droit d’avaler tout rond quelques personnes, mais il ne faut pas s’attendre à plus de sa part et c’est assez triste puisqu’il avait du potentiel: surnommé Poseidon Rex, ou P-Rex, par une scientifique, et faisant dix bons mètres de haut, il est amphibien et peut grimper sur la terre ferme pour poursuivre ses proies si besoin est, se retrouvant même à courser un petit avion en plein décollage. Plutôt joli avec sa crête membraneuse translucide et ses nageoires avants qui se transforment en petit bras dès qu’il fait surface, il fait parfois montre de caractère, comme lorsqu’il se vautre lamentablement au sol en essayant de rattraper une voiture, se frottant le museau en se relevant, et devient un véritable kaiju sur la fin en encaissant un tir de missiles d’avions de chasse. Même sa progéniture a de l’allure, avec ce petit bébé agressif qui vient au monde dans le laboratoire de l’héroïne.

 

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Une scène qui n’est pas sans rappeler celle du poisson bipède de Piranhas, la chose échappant aux mains des héros pour semer la zizanie dans la pièce avant d’être enfermé dans un frigo. Quelques idées sympathiques dans cette scène, comme l’échographie de l’oeuf révélant la forme du reptile et l’irruption de criminels qui finiront dévorer lorsqu’ils ouvriront la réfrigidaire. L’espace d’un instant Poseidon Rex devient une véritable série B fun et sincère. Cela ne perdure pas hélas, et les moments de ce genre se comptent sur les doigts d’une main: un mec saute à l’eau pour sauver une fille de la noyade mais atterri directement dans la gueule du P-Rex, un bras coupée flotte au visage d’une plongeuse pour créer un jump scare et l’antagoniste humain est un véritable borne dont l’oeil abimé est plutôt impressionant… De bonnes petites choses que le réalisateur saborde à coups d’effets spéciaux approximatifs (le flash des armes à feu en CGI) et de personnages totalement creux (Slate et la scientifique, transparents au possible, là où le caïd rasta et le couple à la dérive venu recoller les morceaux disparaissent en cours de route).

 

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Le script se plombe également avec de nombreuses pistes abandonnées (la chasse au trésor qui n’a jamais lieue, la menace des œufs qui est mise de côté, la sous-intrigue des gangsters qui ne revient qu’à l’occasion) et le montage n’aide pas avec l’utilisation de stock shots à l’image parfois granuleuse pour simuler l’activité d’une base militaire, et quelques erreurs un peu grossière comme lorsque l’on peut voir le ponton d’amarrage lors d’un gros plan sur un bateau censé être en pleine mer. Autant d’indices qui prouvent que le film a été emballé à toute vitesse par une compagnie peu regardante sur la qualité de la marchandise. Cependant dans ce cas précis il y a peut-être une raison acceptable à tout cela, puisqu’un grave accident vint perturber la production lors des premiers jours de tournage. Une collision entre deux bateaux qui coûta presque la vie de l’interprète original de Slate, Corin Nemec, alias Parker Lewis. Tout le côté droit de son corps fut sévèrement touché avec de multiples fractures et une importante perte de sang, et cinq opérations de chirurgie furent nécessairent pour le sauver.

 

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Il va sans dire que cette tragédie aurait pu être plus grave encore, mais nul doute qu’elle perturba l’équipe du film. Mark Lester dû prendre la décision de le remplacer et c’est Brian Krause qui prit sa place, acteur un temps connu pour son rôle d’ange gardien dans la série Charmed. Le bonhomme n’est cependant pas étranger au genre et, comme Nemec, sa filmographie regorge de petits films d’horreur calibré pour la télévision: entre La Nuit Déchirée d’après Stephen King et le remake de The Toolbox Murders par Tobe Hooper, on aura pu le voir dans Beyond Loch Ness, Camel Spiders, Growth, Triloquist et quelques autres. A ses côtés la blonde à (très) gros seins Anne MacDaniels, vu dans L’Attaque de la Pom-Pom Girl Géante et incarnation parfaite de la bimbo même s’il faut avouer qu’elle parait avoir dix ans de plus que son vraie âge, et la mignonne Candice Nunes, une inconnue qui a le mérite de rester en bikini durant l’intégralité de sa participation. Très apprécié, même si cela ne suffira pas à sauver Poseidon Rex de la médiocrité et de la concurrence. Au moins cela ne dure que 75 minutes, ce qui n’engage pas à grand chose.

 

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