Patrick Still Lives
(1980)
Dernier film de Mario Landi (Giallo a Venezia, dont il reprend certains acteurs), Patrick Viva Encora est une fausse suite italienne au même titre que le Alien 2 de Ciro Ippolito ou le Terminator 2 de Bruno Mattei. Un dérivé qui ne reprend que le concept général, le film étant en fait totalement indépendant de son modèle. Drôle de choix quand même de succéder à ce thriller surnaturel australien, mais son potentiel a sûrement inspiré le scénariste (Piero Regnoli, le Croc-Blanc de Lucio Fulci) pour en livrer une version plus extrême et proche du slasher, où un autre Patrick plongé dans le coma décime son entourage à l’aide de pouvoirs psychiques. Ici le jeune homme fut victime d’un accident, recevant une bouteille de verre au visage alors qu’il se tenait sur le bord de la route, jeté par la fenêtre d’un véhicule fonçant à toute allure. Son père médecin le garde depuis dans sa villa personnelle, ayant conduit sur lui des expériences pour développer sa force mentale. Il invite un poignée de personnes chez lui, tous des suspects dans l’affaire dont fut victime Patrick, afin que celui-ci se fasse vengeance, se moquant bien de ceux qui pourraient être innocents.
Mais si son plan marche comme sur des roulettes, son fils tombe amoureux de sa jeune secrétaire qui est pourtant sur leur liste. Forcément le duo ne va pas s’entendre sur la façon de régler les choses… S’ensuit un jeu de massacre où le protagoniste omniscient se débarasse de ses proies avec zèle et créativité, finalement plus proche de Freddy Krueger que de son modèle: il ébouillante un nageur dans sa piscine, lâche des chiens affamés sûr la bonne, pend un mec par un crochet enfoncé dans la gorge et coupe une tête avec la vitre électrique d’une voiture, devant s’y reprendre à plusieurs fois pour y parvenir. Le clou du spectacle reste l’horrible sort réservé à Mariangela Giordano, petite amie du producteur, empalée du vagin à la bouche par une broche à rôtir. Patrick Still Lives verse dans le porno gore pour l’occasion avec gros plan des parties génitales transpercées. Un passage surprenant mais totalement à sa place dans ce film plus graveleux et malsain qu’on ne le croirait, mettant en scène une bourgeoisie décadente et perverse où tout le monde ment et manipule pour arriver à ses fins.
Une ambiance qui n’est pas sans rappeler celle du Manoir de la Terreur sorti l’année suivante, où là aussi quelques riches se retrouvent assiégés par une entité maléfique et se bouffent le nez en attendant leur trépas. Une impression d’autant plus forte qu’on y retrouve aussi Giordano et que l’action se déroule dans la même bâtisse. De ce fait la nudité est fréquente au point de flirter avec le softcore épicé, les actrices se déshabillant sans cesse pour séduire ou provoquer, et Patrick utilisant ses dons pour abuser sexuellement de celle qu’il convoite. La belle Andrea Belfiore (Blow Job) est ainsi mise en transe et contrainte à prendre du plaisir sous hypnose, se caressant le corps sans retenue. Elle lèche les barreaux du lit où repose l’inconscient avant de s’y frotter les seins et l’entrejambe, puis elle est carrément prise en lévrette par une force invisible. Très cru, le film montre les choses ouvertement mais se permet parfois une atmosphère onirique, comme lorsque la jeune femme totalement nue s’adosse à une paroie en verre derrière laquelle on peut voir les cobayes du Dr. Hershel, comateux, partiellement décomposés et baignés dans une lumière verte fantasmagorique.
Des chiens gémissent et hurlent à la mort dans le fond sonore, un lapin est retrouvé crucifié et éventré dans un frigo et la présence de l’assassin se fait ressentir à travers brises violentes et portes claquantes. Seul effet ringard pour simuler sa présence aux personnages: l’apparition de ses yeux surimposés sur l’image avec un filtre coloré, façon un peu grossière de représenter son esprit errant. Autre faute de goût, le thème principal qui imite salement Tubular Bells avec les sonorités d’un Claudio Simonetti sans-le-sou. Malgré tout cela reste toujours plus recommandable que le vrai remake de Patrick.
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