Django, Prepare a Coffin ! (1968)

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Django, Prepare a Coffin !

(1968)

 

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Au royaume de Django, ce Django, Prépare ton Cercueil ! est roi, puisqu’il trouve le moyen d’être une suite semi-officielle de l’original. Écrit par Franco Rossetti qui avait scénarisé l’original en collaboration avec le réalisateur Sergio Corbucci, le film devait supposément ramener Franco Nero dans le rôle avant que celui-ci ne décide de s’envoler pour Hollywood et jouer dans Camelot, le Chevalier de la Reine aux côtés de Richard Harris. Il fut donc remplacé par un jeune Terrence Hill qui n’était pas encore cette figure du western comique, qu’il parodia à n’en plus finir avec ses Trinita et Lucky Luke. C’est Ferdinando Baldi qui mis en scène et développa le scénario d’après l’intrigue de Rossetti, bien à l’aise avec le genre puisqu’on lui doit aussi Blindman (une relecture de Zatoichi dans l’ouest sauvage avec Ringo Starr), Le Salaire de la Haine (avec le géant George Eastman, que l’on retrouve d’ailleurs ici) et surtout Texas Adios avec Nero. Le résultat apparaît cependant bien différent de l’oeuvre de Corbucci, délaissant assez l’aspect sale et sombre pour quelque chose de plus propre et coloré, à la manière des westerns américains.

 

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Mais si les costumes et les décors sont plus flamboyants, cela n’en fait pas une déclinaison gentilette pour autant et l’âme de ce Django demeure avant tout italienne. Cette version nous présente ainsi Django Cassedy, qui au début de l’histoire n’a rien du pistolero vengeur que l’on connait: il est marié et travaille pour son ami David, un politicien ambitieux qui vise le poste de gouverneur et lui confit tout un tas de tâches pour mener à bien ses affaires. Las de cette vie, il démissionne pour travailler à son propre compte et devient convoyeur d’or pour le gouvernement. Mais le gang de Lucas l’attaque pour voler le magot et massacre toute son équipe, dont sa femme, le laissant pour mort. Cinq ans plus tard Django fait désormais profile bas, oeuvrant comme bourreau itinérant pour les petites villes du comté. L’occasion de préparer sa vengeance puisque nombreux sont les innocents qui ont été inculpé des vols avec le temps, ce qui lui donne l’idée de truquer les exécutions pour secourir ces infortunés et former son propre groupe. Mais si le but est d’attendre la prochaine attaque de transport pour surprendre les coupables et les traduire devant la justice afin que chacun puisse laver son honneur, certains semblent plus intéressé par l’or que la vengeance et rien ne va se passer comme prévu.

 

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S’il est regrettable de ne pas voir le personnage partir en croisade avec sa propre horde sauvage, l’intrigue prend un tournant inattendu avec la trahison de Garcia, un indien (malgré un nom et un look mexicain) tout désigné pour être le fidèle sidekick du héros qui se transforme subitement en une crapule prête à tout pour s’emparer du pactole. Il ment, trahi et tir dans le dos après avoir portant montré patte blanche avec sa triste épouse qui le sait innocent et était prête à mourir à sa place sur l’échaffaud. Surprenant, mais compréhensible lorsqu’il explique n’avoir connu que la faim et la pauvreté toute sa vie. A quoi lui servirait  la justice si cela est pour retomber dans la misère juste après, surtout avec une petite fille à élever ? Autant dire que sa confrontation finale avec Django ne manque pas d’intérêt, d’autant que celui-ci a sauvé sa femme de la pendaison et qu’elle ignore elle-même pourquoi son époux a adopté ce comportement déshonorable. Un développement surprenant, tout comme celui de Lucas qui apparaît bien vite comme un simple employé qui agit pour une plus grande menace. Un desperado fatigué dont la situation échappe complètement à son contrôle.

 

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Un personnage  calqué sur celui de Henry Fonda dans Il Etait une Fois dans l’Ouest, et dont le patron se révèle bien vite être David, qui utilise l’or dérobé pour financer sa campagne électorale. La conclusion est quant à elle reprise à la plus célèbre scène du premier Django, avec un duel dans le cimetière. Le cowboy y creuse sa propre tombe alors qu’une armée se rapproche de lui pour l’abattre, et la situation semble désespérée jusqu’à ce que l’on se souvienne que ce qui traine dans le cercueil de Django est généralement très utile pour se débarasser d’un large groupe de personnes… De la même manière le siège du saloon en proie aux flammes évoque directement Yojimbo et Pour une Poignée de Dollars, que Franco Rossetti copie à nouveau en plaçant ici des scènes qu’il n’avait pas utilisé la dernière fois. Outre la destruction du gang par le feu, on retrouve le sauvetage de la gentille épouse, le passage à tabac du héros découvert par ses ennemis et le vieux bonhomme servant d’allié et d’informateur. On pourra accuser le script d’être un patchwork grossier de meilleurs films, mais il faut reconnaître que l’assemblage fonctionne.

 

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Car ce Django est bien aidé par un rythme soutenu qui enchaine les scènes d’action (duel en plein milieu d’un incendie, poursuite en diligence avec un pauvre garde perché sur le toit, massacre intelligent dans une rivière où les cavaliers ne peuvent fuir car leurs montures ont les pattes dans l’eau), quelques instants de violence fulgurants (type brûlé vif avec une lampe à huile, des tas et des tas de coups de fouet en plein visages) et par un casting impeccable, à commencer par Terence Hill dans le rôle titre. Habillé tout de noir comme Franco Nero (ici la couleur du deuil plutôt que l’uniforme de Secession) et fumant des cigarilllos comme l’Homme Sans Nom, il se montre bien moins taciturne que ses aînés. Plus chevaleresque aussi, comme lorsqu’il encaisse par réflexe un coup de fouet destiné à une innocente. George Eastman semble lui presque à contre-emploi dans le rôle de Lucas, un criminel ne s’énervant que rarement et qui ne joue jamais de son physique impressionnant. Tout le contraire de Horst Frank, allemand à tête sévère que l’on a pu voir dans Le Chat à Neuf Queues et Les Tontons Flingueurs, et qui fait de David une sorte de sociopathe qui explose à la moindre frustration.

 

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Bon western, bon Django et tout simplement bon film, Django, Prepare a Coffin est la preuve que le cinéma d’exploitation peut réussir aussi bien que n’importe quel autre malgré ses ambitions peu artistiques. Attention quand même pour les francophones car se le procurer n’est pas toujours une mince affaire. De son véritable titre, Preparati la Bara ! (prépare le cercueil), aussi connu sous celui alternatif de Viva Django, il est connu chez nous sous deux noms différents: celui respectueux de Django ! Prépare ton Cercueil, qu’il convient de ne pas confondre avec Django Arrive, Préparez vos Cercueils, une toute autre production, et celui de Attention ! Trinita’ Prépare ton Cercueil !, une version au doublage différent sortie dans les années 70 pour profiter du succès de On L’Appelle Trinita malgré que le film de Ferdinando Baldi ne soit pas une comédie. Les Allemands allèrent encore plus loin en sortant à la même époque une version censurée et avec un nouveau doublage changeant des noms (Django devient Joe, comme dans Pour une Poignée de Dollars) et des éléments du scénario, et qui voit le héros mentionner “le gros” en référence à Bud Spencer, dont le duo avec Terence Hill était devenu très populaire en Europe.

Réussir à battre les italiens au jeu de la copie bootleg à ce niveau là, c’est vraiment un talent…

 

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GALERIE

 

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