No Man’s Land: The Rise of Reeker (2008)

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No Man’s Land: The Rise of Reeker

(2008)

 

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Reeker 2 a un problème, en cela qu’il est exactement le même film que Reeker 1. D’ailleurs on notera que le titre n’est pas Reeker 2 mais No Man’s Land, ce qui créé presque une cission entre cette nouvelle mouture et l’ancienne. Certes le sous-titre nous rappelle que nous avons bien affaire à la même créature dans ce qui semble être une préquelle, mais soyons honnête, le projet est plus un remake complet du premier opus au point qu’il rejoue le même mystère sans prendre en compte les spectateurs ayant déjà vu l’autre film. Le script reprend de nombreuses scènes et éléments à l’identique, créant la redite pour ceux qui connaisse le sujet, ne révise aucunement sa formule et se débarasse même du carcan de l’origin story au bout de dix minutes, passé l’introduction. Alors oui on pourra toujours dire que si Reeker était devenu une franchise à la Détour Mortel ou Destination Finale, elle aurait sans doute commis la même erreur encore et encore. Le soucis c’est que le responsable de ce nouvel épisode est le même type à qui l’on doit celui d’avant, Dave Payne, qui persiste à vouloir porter toutes les casquettes sur le projet.

 

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Il scénarise, réalise, compose et produit, mais jamais ne se renouvelle malgré l’envie d’enjoliver la mythologie de son univers avec de nouveaux détails et de nouvelles règles. Des rajouts peu nombreux qui ne sauvent pas vraiment l’intrigue prévisible, laquelle se retrouve ici non seulement dénuée de son originalité, mais aussi de ses personnages intéressants. Car Reeker avait des protagonistes sympathiques comme cet aveugle forcément vulnérable, ce vieillard victime de blackouts et ce drogué à priori agaçant mais devenant héroïque lorsque le besoin s’en faisait ressentir. A la place nous avons un duo de flics père et fils qui cherche à se connaître, une femme souffrant d’anosmie (la perte de l’odorat, handicap en théorie intéressant mais jamais exploité) et quelques braqueurs dont l’un est le petit ami d’une serveuse qui lui fait gueule durant tout le film. Pas vraiment un groupe qui force la sympathie, et encore plus quand celui-ci n’est jamais unis malgré la menace, la plupart se barrant à droite à gauche faire ses propres trucs sans se soucier des autres. Quant au Reeker, si son identité nous est révélée, cela n’a aucune incidence sur ses actions.

 

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Même lorsque l’homme autrefois responsable de son arrestation se retrouve parmi les victimes, le zombie ne réagit pas, continuant de tuer sans se fixer une priorité ou commettre un excès de zèle. Plutôt logique dans les faits puisque nous apprenons que le monstre oeuvre littéralement pour la Mort et que son travail est donc juste de s’emparer des âmes errantes. Mais puisque No Man’s Land reprend les mêmes défauts que son modèle (à savoir retarder autant que possible la partie slasher), cela provoque forcément un peu de frustration. Car après le prologue il ne se passe rien pendant un bon moment, l’histoire suivant simplement les protagonistes confus par leur situation et persuadés qu’ils sont au cœur d’une simple affaire criminelle. Les choses se trainent ainsi pendant plus de 45 minutes, ce qui est un peu abusé sachant que le film dure à peine 1h30, et les meutres eux-mêmes n’ont rien de spectaculaire même s’ils demeurent relativement graphiques (un crâne troué à la perceuse, une femme transpercée par le bras mécanique du croquemitaine, un téton arraché à la tenaille).

 

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Comme dans l’original, ce sont les idées délirantes qui sauvent le naufrage, lesquelles interviennent assez régulièrement pour retenir l’attention: une serveuse plonge la main dans une cuvette de toilette gorgée de sang pour la déboucher, l’un des héros doit explorer la fosse sceptique d’un bouiboui pour trouver des clés, se retrouvant dans la merde jusqu’au cou, quelqu’un observe un oiseau enflammé planer dans le ciel et celui-ci revient plus tard en forme de volaille rôtie et morte-vivante qui parle avec la voix du Reeker, et un petit vieux en chemise d’hôpital débarque de nulle part et voit son cœur lui sortir violemment de la poitrine par une force invisible, interrompant alors une prise d’otage en cours à proximité. Un type calciné revient à la vie pour avertir ses copains, une tête coupée et abandonnée sur un lit remercie un flic d’avoir essayé de lui venir en aide et le bas d’un corps coupé en deux s’enfuit à toutes jambes. Le tueur possède désormais un lance-flammes ainsi qu’une main-pince ornée d’un petit crâne d’animal décoratif pour simuler des morsures animales sur ses proies…

 

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Amusant aussi ce mur invisible façon jeu vidéo qui entoure la zone d’action du tueur, empêchant quiconque de fuir. Un idiot en voiture se le prend à pleine vitesse, se retrouvant avec le crâne à demi arraché mais toujours vivant et en pleine forme. Un camarade lui place un sac sur la tête pour nous épargner cette triste vue, tandis que le pauvre se retrouve incapable de détecter l’odeur du monstre qui le poursuit (“I don’t have a nose…” avoue t-il un peu honteux). Enfin, un flic dépassé par les évènements et complètement ivre déclare subitement et sans le moindre contexte “I like it when fish fuck”, avant d’assurer à son interlocuteur qu’il n’est pas zoophile mais que voir des dauphins s’accoupler est quand même très érotique. En revanche, malgré son sous-titre de Rise of the Reeker, le film ne fait pas grand chose de sa créature qui demeure aussi peu visible que la dernière fois. Citons un nouveau design le rendant moins dégoulinant et une aura de puanteur plus discrète qui permet de l’apercevoir un peu mieux, mais c’est tout. Heureusement alors que le script nous en apprenne plus sur lui et la raison de son existence.

 

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Il est l’un des nombreux élus destiné à tuer dans l’entre-vie, où se retrouvent ceux qui sombrent dans le coma ou au bord de la mort suite à un accident. Il fut entrainé à tuer dès son enfance, guidé par des voix, et poursuivit cette activité durant la guerre du Vietnam, puis en devenant un tueur en série nommé le Death Valley Drifter. Le jugeant prêt, son patron surnaturel lui conseilla de se laisser capturer par la police afin d’être exécuté et de renaitre dans les limbes pour commencer son vrai boulot. Un job qu’il poursuivra jusqu’à la décomposition totale de son cadavre, après quoi il cessera simplement d’exister et sera remplacé par un autre Reeker. Il en existerait ainsi partout dans le monde et depuis toujours, et d’ailleurs la conclusion présente un gamin psychopathe en bonne voie pour devenir l’un d’eux. Un concept intéressant même s’il y aurait bien des choses à revoir (une vie entière d’entrainement pour une seconde existence très temporaire, à ce niveau c’est vraiment du dévouement), et au final il aurait presque été préférable de voir un film entier sur la période “humaine” du personnage.

 

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L’intro vaut au moins le coup d’oeil avec ce représentant d’outils à l’allure timide croisant un vagabond effrayant sur la route. Le brave homme prend peur et redémarre avant de faire marche arrière comme par regret… avant de percuter volontairement le piéton puis de l’écraser tout doucement avec sa voiture, lui broyant le thorax en se garant sur lui ! Il lui coupe la langue et ramène le morceau dans son antre, une sorte de cabane-chappelle perdue en plein milieu du désert où pourissent des morceaux de cadavre, son masque à gaz lui servant en fait à supporter cette odeur nauséabonde qui deviendra plus tard sienne… Intéressant, tout comme son entretien avec une psychiatre où il décrit ses meurtres comme une simple tâche pour laquelle il ne possède aucun sentiment particulier. L’acteur, Michael Robert Brandon, a vraiment la tronche de l’emploie avec sa tête chauve bizarrement formée, et il est regrettable que sa carrière soit si anecdotique. Il n’est pas la seule belle trogne dans le casting d’ailleurs, comme ce Ralph Richeson pratiquement inconnu mais régulier de la série Deadwood à l’époque.

 

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La bimbo Mircea Monroe (House of the Dead II, Ptérodactyles, Tekken live action) rééquilibre un peu tout ça avec son jolie décolleté et Robert Pine de Chips succède à Michael Ironside dans le rôle de la guest star, mais n’intéressera personne tant il se montre ennuyeux. Cela ne fait pas beaucoup d’atouts dans la manche unique de ce No Man’s Land, et Dave Payne semble s’en rendre compte puisqu’il évoque à demi-mots la petite ampleur de cette suite dans les blagues du générique de fin. Si Reeker provoquait la critique en arguant que si un journaliste écrivait une phrase facile du genre “ce film pue”, c’est qu’il était mauvais à son job, No Man’s Land tente de marchander en rappelant qu’il n’est qu’une petite série B où un zombie puant est tué par une bombe fabriqué avec des chiottes. Il n’a pas tort, mais bonjour l’aveu de faiblesse ! Sans surprise il n’y eu jamais de Reeker 3, et Dave Payne échoua à son tours dans les limbes télévisuelle comme simple faiseur pour Nickelodeon, avec des trucs horribles comme Fred: The Show et Supah Ninjas. Espérons qu’il réussisse à y trucider quelques producteurs vereux avant qu’il ne redevienne poussière à son tours…

 

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