Bad Candy (2020)

ROAD TO HALLOWEEN VIII

 

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Bad Candy

(2020)

 

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Scott B. Hansen est un passionné de cinoche, du genre à n’avoir jamais rien fait d’important mais s’être retrouvé à bosser dans absolument tous les domaines possibles de la profession. Du scénario à la réalisation en passant par la production, le montage, les effets spéciaux, l’équipement technique et l’acting. Son seul gros titre est Texas Chainsaw 3D, où il fut caméraman, et le bonhomme traine essentiellement dans le petit budget avec quelques courts-métrages et documentaires à son actif, ainsi qu’une poignée de Z comme The Possession Experiment. C’est avec sa partenaire Desiree Connell, qui partage le même le même type de CV hétéroclite, qu’il tente le grand bond, et ensemble ils écrivent et réalisent ce Bad Candy qui s’inspire énormément (un peu trop même) de Trick ʽr Treat. Car il s’agit du même concept – l’anthologie où les histoires sont entremêlées plutôt que séparées, se déroulant dans la même ville et la même nuit, les personnages se croisant d’un épisode à l’autre. Et en guise de Sam il y a le croquemitaine Bad Candy, sorte de fusion entre Pennywise et Slender Man. Pour l’originalité on repassera, mais sur le papier cela se tient.

 

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Pour attirer l’attention du public les compèrent embauchent quelques guest stars (Zach Galligan de Gremlins et Waxwork, Corey Taylor de Slipknot) et soignent leur bébé autant que possible visuellement, ne traitant jamais le thème d’Halloween par-dessus la jambe. Citrouilles, guirlandes, costumes, squelettes, épouvantails et tout le toutim sont au rendez-vous, superbement filmés et éclairés. Des couleurs automnales à l’image d’une petite sorcière en bicyclette traversant un cimetière, et jusqu’à cette véritable parade avec lampions et marionnettes géantes, tout est prévu pour être attractif. Même l’un des logos qui ouvre le film retient l’attention, Digital Thunderdome se dévoilant dans une séquence en stop motion où un petit squelette sort de sa tombe avant de perdre son crâne en allant trop vite ! Autant dire que Bad Candy s’ouvre en fanfard, mais hélas il fini par griller ses cartouches un peu trop vite, nous en mettant plein la vue avant de sombrer dans la médiocrité une fois que l’on dépasse sa première moitié. La faute à quelques histoires moins inspirées que d’autres et au montage qui alterne entre tellement de segments que cela prête à confusion.

 

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Car ce sont pas moins de sept histoires qui bousculent, les intros des unes se retrouvant parfois placées en préambule des autres. Ambitieux, mais si cela signifie qu’elles sont toutes très courtes afin de tenir sur les 100 minutes de métrage. Le fil conducteur vient heureusement pallier au problème en les présentant comme des légendes urbaines, des ragots colportés par deux animateurs radios de la petite ville de New Salem durant la nuit d’Halloween. De quoi justifier un peu la durée des segments même s’il en résulte quand même la sensation que les créateurs ne savaient pas équilibrer leur script. Dans le premier, la petite Kyra s’apprête à faire la chasse aux bonbons avec ses copains lorsque son beau-père lui ordonne de rentrer à la maison sans plus attendre. Il faut dire qu’elle a un pouvoir étrange: tout ce qu’elle dessine se réalise, et elle ne peut pas s’empêcher de griffonner machinalement. Cette année elle invente Bad Candy, un clown démoniaque qui va veiller au bon déroulement de la fête, aidant ou punissant ceux qui croisent son chemin en fonction de leurs actions.

 

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Il réserve un terrible sort au petit garçon qui dévaste les citrouilles et les décorations, le transformant en jouet immobile mais conscient qu’il place dans sa grande collection, mais sauve une fillette en renversant son sac à friandises afin qu’elle n’avale pas le gâteau empoisonné qu’un méchant voisin lui a offert. Kyra n’aura cependant pas le temps de découvrir sa création puisqu’elle se retrouve enfermée dans sa chambre pour la nuit. Elle va évidemment continuer de donner vie à d’autres bestioles pour s’occuper et son paternel va mal réagir, détruisant aussitôt les petits monstres. La gamine va alors faire appel à sa maman pour régler l’affaire… en la ramenant à la vie à grands coups de crayons. C’est certes prévisible mais cela évoque bien l’esprit EC Comics à la manière d’un Creepshow. On y trouve un adorable petit monstre façon My Pet Monster ainsi qu’une fée ridicule (actrice en bodypaint et accessoires de carnaval filmée sur fond vert) qui heureusement se fait éclater comme un moustique dans une gerbe de sang fluorescent. Un amuse-bouche divertissant qui sert avant tout à donner le ton et bénéficie d’une superbe imagerie.

 

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Le deuxième épisode reprend à son compte l’idée du vieux grincheux qui déteste Halloween mais se retrouve confronté à des forces surnaturelles, faisant pratiquement un remake d’un des contes les plus mémorables de Trick ʽr Treat (elle-même inspirée d’un épisode de Tales From the Darkside). Ici en revanche pas question de subtilité: l’accariatre est un vrai salopard s’amusant à planquer des lames de rasoirs dans les barres de chocolat et à injecter de la mort-aux-rats dans les sucreries. Bad Candy va mal le prendre et lui rendre la monnaie de sa pièce à l’aide d’un Jack-in-the-Box maléfique. La confrontation est rapide mais sympathique, le croquemitaine faisant bouffer au vilain ses propres rasoirs tandis que l’autre sort le tromblon. L’impression de déjà vu reste cependant trop grosse pour être honnête. Le troisième intrigue s’ouvre en plein concert de death metal dans la salle des fêtes locales, où un dealer rôde afin de distribuer sa merde à qui veu bien la prendre. Mais alors qu’il se rend aux toilettes et s’amuse à contacter un numéro tagué sur le mur, il invoque malgré lui un assassin déguisé en démon qui va aussitôt le prendre pour cible…

 

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C’est l’occasion d’une reprise du meurtre au couteau dans l’oreille de Scream 2, ici rendu plus douloureux par le fait que la victime ne meurt pas. Un pauvre type perd sa langue tandis qu’un autre se fait frapper le crâne contre le rebord en porcelaine d’un chiotte sale au point d’en perdre des dents. Plutôt impitoyable, même si le sketch est étiré plus que de raison (le protagoniste quitte la fête et se rend dans une station service juste pour faire gagner quelques minutes au film), et la musique évoque clairement le bon vieux son synthwave de John Carpenter. Bien vu car cela gonfle toujours l’ambiance, surtout lorsque le héros reçoit un SMS avec une photo de ses pieds prise de l’autre côté de la porte de son box, immédiatement après avoir envoyé un message au numéro maudit. Cela n’empêche pas les réalisateurs ne se vautrer dans l’humour parodique, comme lorsqu’apparaissent des jumeaux métalleux qui vont saluer leurs copines à l’unissons (‘sup ?). Du comique de situation totalement absent de la prochaine histoire, où une employée de la morgue doit abandonner ses plans de soirée au dernier moment.

 

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Plantée par son petit ami qui la trouve ennuyeuse et contrainte de remplacer son chef à l’improviste, elle va s’envoyer drogue et alcool avant de venir travailler et perd les pédales en découvrant le cadavre fraichement arrivé dont elle est censée s’occuper. Le trouvant plutôt beau gosse, elle va flirter avec puis se livrer à un acte de nécrophilie, chevauchant le mort et se caressant contre lui pour se consoler de sa déception amoureuse… jusqu’à ce que le macchabé outre les yeux et se redresse. Mort-vivant ou bad trip ? La voilà poursuivit par le zombie alors que son cerveau hallucine de plus en plus sous l’emprise des stupéfiants, et bientôt elle trouve refuge dans la chambre froide de l’établissement, où sont entreprosés les autres corps… Un sujet plutôt osé même s’il ne faut pas s’attendre à quoique ce soit d’ouvertement graphique. Les fans de Nekromantik seront déçus mais l’idée a le mérite de changer un peu de l’habituel parcours de train fantôme, et la conclusion trouve un compromis assez équilibré entre le réel et l’imaginaire. Malheureusement c’est aussi à partir de là que la qualité va dégringoler.

 

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Le cinquième segment s’ouvre étrangement par un (long) prologue du sixième épisode avant de sauter du coq à l’âne, et il s’agit aussi de l’intrigue la moins intéressante de l’anthologie. La jolie Marie rentre de boite de nuit après un échange assez houleux avec son ex et découvre que des cambrioleurs se sont introduits chez elle. C’est en explorant les lieux à la recherche de son petit frère qu’elle tombe nez-à-nez avec les criminels, parmi lesquels sont ancien copain qui va vouloir la supprimer pour la faire taire, mais aussi la violer pour se venger de leur dispute. Les deux vont se battre, et quiconque s’attendra à un twist intelligent en aura pour ses frais car les scénaristes ont visiblement torché ce segment juste pour caser un vilain mâle blanc en casquette MAGA pour coller à l’actualité. Heureusement Bad Candy ne devient pas subitement woke et l’héroïne ne se transforme pas en justicière invincible sans raison, toutefois l’issu de l’affrontement est très bancal, l’agresseur trouvant le moyen de s’étranger lui-même dans les cordes d’une balançoire en poursuivant la jeune femme !

 

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Il est ensuite tué et démembré hors champ par un mystérieux individu que l’on devine être le clown dans une séquence bâclée et décevante. Même l’image de cette tête coupée abandonnée sur un toboggan, la bouche remplie de bonbons, ne provoque pas grande réaction tant ce conte est inintéressant et semble n’exister que pour dire “Fuck Trump” et bien se faire voir de son public. Reste un beau moment d’auto-défense lorsque Mary défonce le pied de son poursuivant au pistolet à clous, et son interprète se montre très mignonne dans ce costume de fliquette en short court, exhibant de jolies gambettes avec collant résille. C’est déjà ça de pris. L’histoire suivante fini d’amorcer le virage vers la médiocrité avec un concept qui semble ne pas avoir été complètement développé. Un uber driver déguisé en Dracula ne rencontre que des clients désobligeants et insultants qu’il fini par capturer. Il se trouve que lui et quelques autres sont d’anciens soldats, vétérans de la guerre d’Afghanistan, qui enlèvent les citoyens qu’ils jugent être de grossiers personnages afin de faire leur mini Purge à eux.

 

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Ils relâchent leurs prisonniers – aveuglés par une citrouille placée sur la tête – sur un terrain piégés puis font du tir aux pigeons à l’aide de javelots, masses d’armes et autres outils. Sans qu’aucune explication ne nous soit donné, l’un d’eux est aussi un vampire, ou plus exactement une chauve-souris-garou, qui se métamorphose et prend son envole avant de fondre sur ses proies pour les dévorer… Et c’est à peu près tout. Ce sketch fait du remplissage et se traine en de longues séquences inutiles comme ce combat à plusieurs très maladroits, où un allié du protagoniste surgit subitement de nulle part pour l’aider, se montrant même totalement improvisé par endroits, comme le prouve les commentaires en roue libre de plusieurs protagonistes. Pour ne rien arranger, le carnage est monté n’importe comment, les plans s’enchainant sans logiques ni fluidités, les effets gores font trop “plastiques” pour fonctionner, et aucun détail n’est donné à propos de ces anciens militaires à la force surhumaine (ils peuvent transpercer les corps et les troncs d’arbres d’un seul coup) ou des origines du monstre.

 

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Reste quelques éléments amusants ici et là, tel ce type déguisé en Dracula qui cache une véritable canne-fusil dans son costume, la réplique d’une prostituée à propos de ses clients costumés (“If I have to fuck one more clown, I swear I’m gonna lose it.”) et ce type enfermé dans un sac dont la main émerge pour tendre le majeur à son kidnappeur. L’ultime segment se montre plutôt ennuyeux, perdant encore une fois du temps sur des choses inutiles pour finir sans surprise. Des chasseurs de fantômes se rendent dans une maison réputée hanté pour leur émission, enquêtant sur l’incendie accidentel qui coûta la vie à un adolescent des années plus tôt. Bientôt la présentatrice est prise de visions, découvrant ce qui s’est vraiment passé. Il se trouve qu’il n’y aucun revenants dans la bâtisse et que ce sont ses agissements à elle, dans le présent, qui se répercutent dans le passé, créant un effet de présence qui fit paniquer le gamin et provoqua le feu. Elle va alors tenter de le sortir de là grâce à son influence… Quant aux animateurs radio, ils ne sont pas sans avoir eux-même un lien avec cet incident.

 

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Une bonne idée que cette connexion passé / présent où les spectres ne sont que des échos des deux époques, même si cela n’est pas totalement original (au hasard, l’épisode Hide de Doctor Who), et il y a une volonté de créer une atmosphère à l’ancienne avec cette ville noyée dans le brouillard et la superposition des temps lors de l’exploration de la maison (là encore déjà vu en mieux ailleurs, comme l’épisode Television Terror des Contes de la Crypte). Pas de bol on s’y emmerde grave faute d’une mise en scène flippante, et on se contente de suivre tout ce beau monde sans se soucier de ce qui arrive. Encore une fois l’argument fantastique n’est jamais expliqué, ni vraiment exploité, l’héroïne à des visions juste comme ça, pouf, sans que cela ne soit construit, et la tentative de sauvetage du jeune homme est parasité par l’implication du fil rouge, forcément plus intéressant car se déroulant “dans le présent” et donc plus important. Bad Candy se tire un peu une balle dans le pied en se terminant sur ce pétard mouillé qui donne un peu l’impression d’avoir perdu son temps.

 

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Ce n’est pas Zach Galligan qui dira le contraire, celui-ci semblant s’y faire chier à mort et ne décochant jamais un sourire. Relégué au rang de faire-valoir de Corey Taylor (qui lui fait l’effort d’assurer le spectacle, en bon showman), il reste la plupart du temps le cul vissé sur sa chaise à attendre que le temps passe sans jamais vraiment s’impliquer. Une non-énergie qui symbolise bien la seconde partie frustrante du film, qui pourtant semble ne pas vouloir s’arrêter, nous abreuvant de mid-credits scenes à répétitions, de courtes animations, de bloopers et d’un gag post-générique qui n’en vaut pas bien la peine. Bad Candy illustre ainsi plutôt bien le principe du verre à moitié plein / à moitié vide et il dépendra de chacun d’apprécier ou non la chose dans son ensemble. Reconnaisons au moins aux réalisteurs d’avoir poussé le visuel d’Halloween assez loin et de d’avoir fait appel aux CGI le moins possibles (même s’ils sautent alors aux yeux). Et puis quelques clins d’oeils faciles pourront faire sourire: une figurine de Snake Plissken, la station  nommée Psychotronic Radio se trouvant sur la fréquence 6.66 FM, Taylor disant à Galligan de penser à manger avant minuit…

Pas de quoi faire office de Trick ‘r Treat 2 pour autant…

 

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GALERIE

 

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