Mutant (1984)

Mutant

(1984)

Voici un film de zombies responsable de la faillite de sa maison de production ainsi que de la disparition mystérieuse de son président, qui à ce jour n’a toujours pas été retrouvé. A l’origine titré The Pestilence et inspiré par Le Fléau de Stephen King, le script fut acheté par Edward L. Montoro pour les besoins de sa Film Ventures International, spécialisée dans la série B, qui réalisa quelques classiques en son genre (Grizzly,Vigilante) et distribua du Bis italien comme Le Sadique à la Tronçonneuse. Fonctionnant à l’économie et déjà plombé par une poursuite avec les studios Universal pour la sortie de La Mort au Large trop ressemblante à leurs Dents de la Mer, le producteur fit réécrire l’histoire pour la rendre plus simple et moins cher à tourner. Devenu Night Shadows et révisé en seulement deux semaines, le projet perdit ensuite son réalisateur, Mark Rosman (The House on Sorority Row), alors remplacé un John Cardos (L’Horrible Invasion) vétéran du cinéma drive-in, puis le résultat fut renommé Mutant, certaines de ses affiches gagnant au passage un monstre gluant qui n’apparait jamais dans le film et entretien la confusion avec l’autre Mutant de deux ans son aîné, alias Forbidden World.

Dommage que cette aventure rocambolesque ne se reflète pas à l’écran car le produit final est plutôt quelconque, avec une première heure un peu ennuyeuse qui tente en vain de construire l’atmosphère. L’intrigue suit deux frangins (dont Wings Hauser, sobre) contraint de s’arrêter dans un petit bled du sud des États-Unis après une altercation sur la route avec quelques bouseux. Ils tombent sur un cadavre portant d’étranges brûles sur le corps mais celui-ci disparaît aussitôt qu’ils préviennent le shérif (Bo Hopkins, monolithique) et seule la trace d’une substance acide corrobore leurs dires. Après analyse il apparaît que celle-ci absorbe le sang humain pour gagner en masse, et étonnament personne ne pense à questionner la compagnie de produits chimiques qui opère dans les parages. Il faut dire que les habitants souffrent tous d’une mauvaise grippe et se terrent chez eux, laissant la ville à l’abandon, et quand l’un des frères est à son tours porté disparu, il ne reste plus grand monde pour enquêter. Peu importe puisque les contaminés sortent enfin de leur trou pour attaquer, devenu des albinos dont le sang corrosif s’échappent par des plaies.

A partir de là Mutants devient l’habituel film de morts-vivants où les protagonistes se retranchent dans des lieux clos et utilisent les moyens du bord pour repousser la menace, exploitant à peine les fluides caustiques de ses créatures et expédiant en une seule scène toute l’intrigue du laboratoire corrompu. Autant dire que les réécritures et le manque de moyen se font ressentir, donnant l’impression d’avoir affaire à une production complètement différente, plus bête et plus cheap mais heureusement plus drôle et plus rythmée. Il y a de bonnes petites choses ici et là, comme cette vieille dame faisant chambre d’hôte qui garde sa fille mutante enfermée dans sa cave, continuant d’accueillir des visiteurs qu’elle lui sacrifie grâce à une trappe secrète cachée sous un lit. Le fait que l’endroit devient une ville fantôme du jour au lendemain à un petit côté La Quatrième Dimension et le réalisateur livre de jolis plans nocturnes où la brume s’installe, lorgnant du côté de Frayeurs et servant à merveille cette scène où l’héroïne doit attendre dans une voiture que ses compagnons reviennent, se retrouvant entourée d’infectés qu’elle n’a pas vu venir.

Le film offre un twist sur le shérif sceptique qui se trouve être alcoolique et n’arrive pas non plus à convaincre son supérieur, une scène voit un gamin caché dans les toilettes de son école être happé sous la porte du box par ses camarades zombifiés, et Wings Hauser à un duel à la barre de fer avec un redneck. En contrepartie il faudra accepter des créatures tantôt lentes tantôt rapides (l’une préfère sauter par une fenêtre que de se faire tirer dessus), les coupables sont accidentellement tué par un protagoniste qui les pousse dans un puit de mine en cherchant à fuir, et il y une séquence reproduit à l’identique celle où Peter Graves tombe malade dans Y a t-il un Pilote Dans L’avion ?, un type se transformant juste à côté d’une docteure qui récite à voix haute les étapes de la métamorphose sans avoir conscience de sa présence ! Naturellement Mutant fit pas exploser le box office et face à cet échec Edward Montoro, ruiné, déroba plus d’un million de dollars à sa propre compagnie avant de fuir on ne sait où, n’ayant jamais refait surface depuis. Quatre ans plus tard Hauser retrouva Hopkins dans le similaire Nightmare at Noon, considérablement meilleur et parfois prit à tort pour un remake.

GALERIE

Flynig jaquette d’un faux Mutant II, en fait Alien Predators, alias The Falling