Meat Loaf (1947-2022)

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“Ladies and gentlemen, I love you, thank you for coming, but I can no longer continue.
– Meat Loaf, au Metro Radio Arena de Newcastle (2007)

 

Octobre 1993. J’ai neuf ans et mes goûts musicaux sont inexistants. A cette époque j’écoute surtout les trucs de mes parents et des reliques de ma petite jeunesse sans que rien ne me touche personnellement. Et puis un jour, à la télé, une publicité attire inexplicablement mon attention à travers quelques notes et paroles en anglais que je ne comprends pas: le narrateur présente Meat Loaf, dont le nouvel album vient de sortir, et son tube I’d Do Anything for Love (But I Won’t Do That). Le spot ne dure que quelques secondes, et de ce long morceaux de 12 minutes je n’en entends que la fameuse réplique du refrain, mais pourtant quelque chose m’interpelle. A mon âge et sans Internet, il est difficile de s’accrocher à une chanson de passage comme ça et j’aurai en toute logique dû oublier son existence au bout de quelques jours. Mais les semaines passent et la pub continue sa diffusion au point que je fini par mémoriser l’artiste et – grossièrement – le visuel de la pochette qui à mes yeux ressemble à une gros patouillage de tons bleus et oranges. Je décide sur un coup de tête d’obtenir la chose (en suppliant mes parents lors d’un passage en supermarché) pour mieux comprendre mon obsession pour ces quelques notes entêtantes.

Bat Out of Hell II: Back Into Hell fut mon premier CD et mon premier choix de “vraie” musique. Avec le recul je devais sans doute être trop jeune pour pleinement apprécier cette œuvre, mais elle est restée avec moi toute ma vie pour différentes raisons. Car en ces temps ma famille venait juste de troquer les vinyles pour ce (relativement) nouveau support du disque compact, me donnant une impression de nouveauté totale. Et puis une fois l’objet en main, l’illustration de couverture m’en a foutu plein le yeux avec ce guerrier musclé à la Manowar chevauchant une Harley Davidson volante pour partir à l’assault d’une chauve-souris géante au milieu des grattes-ciels, le monstre gardant une jolie demoiselle prisonnière à la manière d’un dragon des vieux contes. Ce fut ma première exposition à l’univers hard rock, non seulement bad ass mais surtout très en phase avec l’imagerie horreur / fantastique qui me fascinait aussi. Près de trente ans plus tard, plusieurs pistes de l’album figurent toujours dans ma playlist et la seconde (Life is a Lemon and I Want my Money Back) demeure l’une de mes chansons préférées. En plus de bien symboliser ma vie.

 

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Si la musique n’a jamais vraiment été mon truc, ayant délaissé le média pour explorer plus en avant celui de la BD et du cinéma, Meat Loaf a toujours trouvé le moyen de revenir me hanter. Car il n’était pas juste chanteur mais également acteur, et il suffit de mentionner Fight Club pour que même ceux qui ignore tout de sa carrière se fasse une idée de son talent. C’est forcément avec grande peine que j’apprend sa disparition, le bonhomme nous ayant quitté le 20 dernier à l’âge de 74 ans à cause du COVID. Nombreux sont ceux qui lui rendirent hommage et c’est l’occasion de revenir un peu sur son parcour atypique. Né Marvin Lee Aday, il souffrit d’une enfance peu heureuse en raison d’un père alcoolique et instable. D’après une anecdote difficilement vérifiable, c’est lui qui serait principalement responsable du nom de scène de son fils, l’ayant trouvé si gros et laid à la naissance qu’il aurait convaincu les infirmières de remplacer son nom par Meat (viande) sur l’étiquette du berceau de la clinique. Un surnom qui lui colla à la peau, notamment lorsqu’il joua au football à l’école, son diminutif (M.L.) se transformant en Meatloaf (pain de viande) avec le temps, du fait de sa corpulence.

Peut-être parce qu’il s’y habitua, ou parce qu’il détestait son prénom natal (qu’il changea légalement en Michael quelques décades plus tard), il adopta ce pseudonyme comme nom de scène dès le début de sa carrière. Le plus drôle étant qu’il fut végétarien pendant une grande partie de sa vie et se retrouva malgré tout dénigré par certains bouffeurs de salades de la haute à cause de ça. C’est un peu vache, mais pas autant que la tentative de meurtre sur sa personne quand il n’avait que 19 ans, son paternel l’attaquant au couteau juste après les funérailles de sa mère, décédée d’un cancer. Il se cacha alors pendant plusieurs mois et il n’est difficile de comprendre pourquoi il se disait victime de phobie sociale. Un trouble qui fut sans doute accentué par le traitement que lui réserva l’industrie musicale américaine, qui selon lui le considérait comme un véritable clown. Il eu d’ailleurs toutes les peines du monde à s’imposer dans son pays d’origine et doit une partie de son succès à l’Europe, notamment l’Angleterre où il devint une star. Les britanniques firent justement appel à lui en 1997 pour les besoins de Spice World, nanar improbable basé sur les populaires Spice Girls, lui offrant le rôle du chauffeur de bus du groupe.

 

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I love these girls, and I’d do anything for them. But I won’t do that” balance-t-il quand quelqu’un lui demande de réparer les toilettes du véhicule. Pas le moment le plus glorieux de sa carrière c’est sûr, et pour cela il faudra plutôt revenir au théâtre et à Broadway, puisqu’il participa à divers comédie musicale très célèbre dont Hair, mais surtout le Rocky Horror Show original, où il interprétait au choix le biker Eddie ou Dr. Scott selon les spectacles. Le show fit un tabac monstrueux et devint vite un film, l’ultra culte The Rocky Horror Picture Show, auquel il participe également, trouvant là l’un de ses plus grands rôles. C’est Eddie qu’il choisi de jouer pour l’occasion, décision qu’il regretta par la suite, considérant l’adaptation comme inférieure au spectacle à cause de sa performance. Au moins il n’hésita jamais à se parodier, participant à quelques pastiches comme dans la série musicale Glee ou Saturday Night Live, qui le réunissait avec Tim Curry le temps d’un sketch. A son premier passage dans l’émission, en 1978, il est présenté au public par rien de moins que Christopher Lee.

C’est aussi là qu’il rencontre John Belushi, qui partage sa passion pour la musique, fondant notamment les Blues Brothers avec Dan Ayckroyd à la même période, et avec qui il va se lier d’amitié. Difficile de dire si c’est le comédien qui l’a introduit au monde de la drogue, mais hélas Meat Loaf va comme lui sombrer dans la consommation de stupéfiants et en payer le prix. Dans son cas, il fini par perdre sa voix alors qu’il multipliait les concerts avec sa partenaire Stoney en 1979, ce qui l’obligea à faire un break. Par bonheur il ne resta pas inactif et continua le cinéma, tournant la comédie loufoque Roadie, où il interprète un véritable McGuyver dépannant les groupes avec les moyens du bord et beaucoup d’ingéniosité. Le film lui fait visiter la maison des cannibales de Massacre à la Tronçonneuse, transformée pour l’occasion en repaire à gadgets, et il y retrouve Alice Cooper après avoir ouvert pour lui quelques temps auparavant dans divers concerts. Si le chanteur reprit ses activités après cela, continuant de faire vivre son chef d’oeuvre Bat Out of Hell sur scène, il retourna régulièrement sur le petit et le grand écran et participa à différents types de production.

 

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Dans sa filmographie, plusieurs films tout à fait normaux qui vont de la comédie au thriller sur lesquelles ont ne reviendra pas. Car le plus intéressant avec Meat Loaf c’était le fait qu’il était atypique, et donc plus à sa place sur des œuvres délirantes ou inhabituelles. En 1985 on le retrouve au générique de la série Equalizer, dont le thème musical reste à ce jour un excellent morceau de synthwave. Il y croise Charles S. Dutton et Mark Margolis dans une sombre histoire de vigilante qui exécute des criminels en se faisant passer pour le héros de la série. En 1988 on le retrouve avec surprise dans Monsters, le génial spin-off de Tales From the Darkside. Intitulé Where’s the Rest of Me ?, l’épisode en fait un savant fou vivant reclu dans une Amérique du Sud ravagée par une guerre civile et qui réanime le corps d’un rebelle mort. Pour faire fortune, il garde le zombie sous sédatif et revend ses organes à des clients fortunés et propose à ces derniers d’investir dans son business puisque le conflit peut leur offrir beaucoup de donneurs. Un huis clos plus oppressant qu’on ne le croirait malgré son petit budget.

Car les protagonistes, isolés dans la petite baraque qui sert d’unique décors, discutent de leur trafic tandis que le mort se réveille doucement, bien décidé à récupérer chaque morceau qu’on lui a volé. Pendant ce temps là l’armée des révolutionnaires se rapproche doucement mais sûrement. Et Meat Loaf se révèle être non seulement un Frankenstein en herbe, mais aussi le bourreau du dictateur en place, exécutant les dissidents par injection mortelle… Monsters n’avait pas son pareil pour créer l’ambiance malgré ses faibles moyens et Meat Loaf se donne à fond dans le rôle malgré l’absurdité de la situation. En 1991 il apparaît dans Motorama, improbable road trip où le héros est un gamin avec un bandeau de pirate sur l’oeil que notre chanteur défie au bras de fer. S’y croisent Drew Barrymore, Michael J. Pollard et Robert Picardo. En 1992 il fait une apparition dans Wayne’s World dans la peau du bouncer qui accueille Garth et Wayne au nightclub en début de film (“Jolly Green Giants and the Shitty Beatles”), et se fait remarquer dans l’un des meilleurs épisodes des Contes de la Crypte.

 

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C’est bien sûr What’s Cookin’, dont je vous avez récemment parlé suite à la disparition du super cool Art LaFleur. Une comédie noire où Christopher Reeve et Judd Nelson sauvent un petit restaurant de la faillite en créant des recettes cannibales à l’insu de tous, cuisinant quelques malheureux dont la viande va faire le bonheur de toute la ville. Meat Loaf incarne la première victime de ce commerce, sort en partie mérité même si on aurait aimé l’y voir plus longtemps. En 1995 il continue de jouer les crapules dans le film pour enfants How to Catch a Yeti, hilarant nanar qui aura connu une seconde vie dans les festivals de série B en raison de l’allure ridicule de sa créature. Une bestiole minuscule plus proche de E.T. que de Harry et les Henderson qui force le rire avec sa tronche impayable. Le chanteur lui vole cependant la vedette a plusieurs reprise dans la peau de ce chasseur odieux mais génial qui maltraite son assistant à longueur de temps et traverse la route sans regarder, pointant simplement du doigt les voitures pour qu’elles s’arrêtent nettes. Clairement l’une de ses performances les plus mémorables. Plus en tout cas que celle qu’il donne dans South Park où il joue les guests en 1998 (Chief Aid, saison 2).

Anecdotique aussi sa présence dans le pourtant sympathique Black Dog, thriller musclé avec le légendaire Patrick Swayze sortie la même année, qui aujourd’hui encore demeure méconnu. La faute au script et à la réalisation plutôt plate, et à une époque où l’actioner se meurt, disparaissant des grandes salles pour se cantonner au DTV. Fort heureusement vient ensuite Fight Club où le chanteur devient l’inoubliable Bob, adorable bonhomme aux nichons gigantesques, brisé par la vie et l’abus de stéroïdes. En apprenant la mort de Meat Loaf, Edward Norton aura repartagé la fameuse image où ils s’enlacent tous les deux pour pleurer, expliquant que s’il ne possède aucune photo de ses films à la maison, il a toujours gardé celle-ci avec lui, son partenaire la lui ayant offerte avec une dédicace. On pourrait en parler pendant des heures, aussi contentons de rappeler que dans ce film, son nom est Robert Paulson. Son nom est Robert Paulson. Son nom est Robert Paulson. Et au rayon des anecdotes, il aurait également aidé David Fincher au montage du film, ce qui n’est pas rien. En 2000 il participe au revival de la série Outer Limits, chez nous Au-Delà du Réel, l’Aventure Continue, et incarne un soldat de la Guerre de Secession qui va voyager dans le temps.

 

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Plus surprenant, il apparait dans Wishcraft en 2002, série B pondue durant la vague de neo slasher qui inonda le genre après le succès de Scream, laquelle tape un peu plus dans le surnaturel que les autres. Un film oublié, pas très bon et noyé dans la masse, où il devient inspecteur de police et partage une scène avec l’adorable Zelda Rubinstein, la médium liliputienne des Poltergeist. En 2005 le teuton Uwe Boll l’engage sur BloodRayne et le transforme en vampire à perruque. Il y a l’air ridicule et bien moins impressionnant que dans le clip de I’d Do Anything for Love, mais au moins il y est entouré par un groupe de nenettes topless, alors comment lui en vouloir ? En parallèle il s’associe avec Danny Trejo, Gary Busey, Jeffrey Dean Morgan, Michael Madsen et Michael Rooker pour Chasing Ghosts, qui malgré son titre n’est pas un film fantastique mais un thriller policier. 2006 fut l’occasion de deux excellentes apparitions: l’une dans Tenacious D in The Pick of Destiny, où il interprète une version caricaturale du père de Jack Black dans la chanson d’ouverture (l’ultra fun Kickapoo, où figure aussi le regretté Dio), et l’autre dans Pelts, la seconde réalisation de Dario Argento pour Masters of Horror.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, cet épisode est probablement l’un des meilleurs films du maestro italien ainsi que l’une des meilleurs interprétation de Meat Loaf. Une histoire extrêmement sombre, peut-être partiellement inspiré de la nouvelle I’m Dangerous Tonight de Cornell Woolrich avec sa robe maudite qui transforme toutes celles qui la porte en folles meurtrières. Un petit chef d’oeuvre dont plus personne ne parle et qui mériterait vraiment d’être redécouvert. On ne pourra pas en dire autant de Urban Decay, DTV horrifique de 2007 pratiquement invisible où un croquemitaine zombiesque nommé Puss Head vit dans les égouts et sort occasionnellement à la surface façon C.H.U.D. pour croquer du passant. Une série B bête mais pas dégueu où trainent également Dean cain et Tim Thomerson. En 2010 c’est sur le ring qu’intervient Meat Loaf, débarquant à la WWE pour s’en prendre à Randy Orton dans un épisode de Monday Night Raw. Inutile de dire que la Vipère lui colle un RKO bien senti. L’année d’après il se prend la tête “pour de vrai” avec Gary Busey dans Celebrity Apprentice, une émission de télé réalité dont je ne sais rien et ne veux rien savoir.

 

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Enfin concluons ce tour d’horizon avec le Stage Fright de 2014, slasher musical qui n’est pas un remake du Bloody Bird de Michele Soavi ni du Nightmares de John D. Lamond malgré leurs titres alternatifs similaires. Bien sûr tout ce dont je viens de parler ne concerne que la carrière d’acteur de Meat Loaf, son boulot secondaire, et il y aurait beaucoup de chose à dire à propos de son oeuvre musicale. Hélas je ne suis pas le mieux placé pour en parler, n’ayant pas écouté chacun de ses albums et étant toujours moins intéressé par la musique que le reste, comme en 1993. On pourra toujours rappeler qu’à ses débuts l’artiste ouvrit pour quelques noms très connus (The Grateful Dead, Alice Cooper, The Who), qu’il collabora avec plusieurs célébrités sur certains albums (Hugh Laurie, Jack Black, Jon Bon Jovi) et que Hang Cool Teddy Bear parle peut-êtrede son père à demi-mots, puisque les chansons ont pour héros un soldat mourrant sur le champ de bataille qui s’imagine alors comment sa vie aurait pu continuer (M. Aday participa à la Seconde Guerre Mondial et devint alcoolique après avoir été blessé par un tir de mortier).

Après les succès de Bat Out of Hell et Bat Out of Hell II (qui lui valu un Grammy Award), il produisit un Bat Out of Hell III auquel participa sa fille adoptive Pearl Aday (épouse de Scott Ian du groupe Anthrax) puis il déclina la franchise en une comédie musicale à Broadway, qui lui rendit d’ailleurs hommage publiquement peu après sa disparition. Meat Loaf prévoyait l’enregistrement d’un nouvel album pour cette année 2022, avec au moins sept nouvelles chansons ainsi que l’inclusion de quelques morceaux live datant des années 70 aux années 2000, mais le projet n’a semble-t-il jamais été concrètement lancé…

 

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Le plus dur maintenant reste d’encaisser ce que certains médias et internautes disent de lui sur les réseaux sociaux. Car s’il fut un temps où la politesse était de ne pas dire du mal des gens récemments disparu, le monde a bien changé et la culture du politiquement correct peut être sacrément brutale avec ceux qui ne rentre pas dans le rang. Ainsi l’homme devient facilement un monstre parce qu’il apporta un temps son soutien à la candidature de Donald Trump en 2017 (même s’il revint sur ses dires quelques années plus tard en déclarant ne pas être 100% fan du milliardaire perruqué). Et malheureusement ses propos sur la pandémie ne sont pas dans l’oreille d’un sourd puisqu’il était contre l’obligation vaccinale et que le port du masque le faisait royalement chier. Il était pourtant une personne vulnérable, ayant souffert de nombreux problèmes de santé (du kyste dans les cordes vocales au syndrome de Wolff-Parkinson-White) en plus d’être asthmatique. C’était son choix on dira, et allez savoir si certaines de ces paroles étaient sincère ou juste de la com’. Il prétendait ainsi serrer les gens dans ses bras malgré les restriction déclara notamment: “If I die, I die, but I’m not going to be controlled”.

Une phrase quelque peu sortie de son contexte puisqu’il s’adressait de façon compatissante à un journaliste paniqué qui disait en avoir marre d’être constamment contrôlé dans le cadre de son travail à longueur de temps. Mais laissons là ces offusqués de la vie qui s’indigne pour un oui ou pour un non: comme le disais Meat Loaf dans Everything Louder Than Everything Else, “You gotta learn to dance before you learn to crawl”. Et ça, mes amis, c’est l’une des meilleures leçons de vie que j’ai jamais reçu.

 

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