Le Démon et l’Ourson (Look Who’s Talking Too, 1990)

Lost (and found) in the 5th Dimension

Épisode 16

 

LE DÉMON ET L’OURSON

Look Who’s Talking Too (1990)

 

 

Il y a des films auxquels il semble impossible d’échapper à certains moments, et puis avec les années ils disparaissent de toutes les mémoires comme s’ils n’avaient jamais existé. Par exemple, vous souvenez-vous du film Allô Maman, Ici Bébé, avec John Travolta ? Moi non plus, si ce n’est pour quelques images. Je me rappelle d’une intro où les spermatozoïdes commentent leur course à l’ovule et du principe qui était d’entendre le bébé parler comme un adulte, commentant la vie de couple de sa mère et de son nouveau petit ami, et des situations entre adultes et tout petits. C’était très simple et très bête, totalement le fruit de son époque, mais cela parait aussi être un concept original tant alors que maintenant, puisque je ne crois pas que l’idée ait été réutilisée depuis. J’ai encore moins de souvenir du second opus si ce n’est une scène “traumatisante” où le bébé du premier film se dispute avec sa petite sœur et arrache la tête de son pingouin en peluche. J’avais trouvé ça très méchant de sa part et les pleurs de la petite m’avaient un peu bousculé – à ma décharge, je devais avoir moi-même en-dessous de 10 ans. Enfin, il y a un troisième volet dont je ne me souviens de rien si ce n’est que ce sont des animaux de compagnie qui y sont doté de la parole, les enfants étant désormais devenus trop grands.

 

 

Une chose que je ne me rappelais absolument pas cependant, c’est de la présence de petits monstres de film d’horreur au tout début du deuxième film. Des créatures pourtant vraiment marquantes et qui sont sans doute les ancêtres de quelques bestioles de la Full Moon ! Et si tout le monde s’accorde à dire que Allô Maman, C’est Encore Moi est l’une des pires choses qui existent sur cette planète (l’ayant revu, c’est effectivement très mauvais en plus de simplement copier les grandes lignes de son prédécesseur), tout le monde dit aussi que cette scène est la chose la plus terrifiante jamais mise dans un film familial… Difficile à croire, d’autant que le passage en question ne dure pas plus d’une minute, et pourtant force est de reconnaitre que les bambins et leurs mamans peuvent s’en retrouver très surpris s’ils ne sont pas prévenus. Et donc, après un générique pillant celui du premier opus, la séquelle commence par une scène montrant le cauchemar du petit Mikey, le bébé du premier film qui a un peu grandit. On le retrouve dans sa chambre, la nuit, ne parvenant pas à s’endormir car ayant peur du noir et de ce qui peut s’y trouver. Ainsi essaye-t-il de faire le point entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas, dans une logique d’enfant plutôt comique: il n’y a pas de sorcière mais le Père Noël existe, les dinosaures ne sont pas réel et les monstres n’existent plus de nos jours mais peut-être confond-t-il les deux…

 

 

Alors qu’il jette un œil autour de lui, il repère quelque chose parmi ses jouets. La porte d’une grange en plastique s’ouvre et, dans le noir, on peut apercevoir une minuscule paire d’yeux brillants. Aussitôt un monstre en émerge, un homoncule qui évoque carrément Satan, ou en tout cas l’image traditionnelle du diablotin rouge et cornu ! Et très honnêtement, si ce n’est pour la musique et la voix de Bruce Willis qui ne prend évidemment pas les choses aux sérieux et exagère à mort, l’apparition aurait effectivement de quoi déstabiliser. Ce “Satan miniature” est doté d’une peau rouge écailleuse, d’une petite barbe, de cornes minuscules et même d’ongles noirs et pointus. Naturellement il laisse éclater un rire démoniaque de train fantôme. L’instant d’après il apparait près d’un adorable ourson en peluche vêtu d’un gros nœud papillon, et le corrompt en le touchant: l’animal devient alors un monstre doté de griffes qui s’allongent à n’en plus finir, ouvre la gueule pour révéler une mâchoire garnie de crocs et surtout baisse mécaniquement la tête durant la transformation, avec une lenteur surréaliste qui confère un aspect onirique assez perturbant à l’ensemble. Sans dire que l’on sombre dans le domaine de l’épouvante, il faut avouer que le moment est assez fort et peut marquer les plus impressionnables.

 

 

Alors bien sûr cela ne va pas bien loin, mais il faut admettre que la qualité d’animation et le soucis du détail transforment ce qui n’aurait dû être qu’une séquence cartoonesque en quelque chose de bien plus remarquable. Ce n’est pas surprenant lorsque l’on se renseigne sur les responsables des effets spéciaux, puisqu’il s’agit des employés de la boite à Chris Walas, le type derrière la magie de La Mouche et de Gremlins. Celui-ci n’a pas participé lui-même au projet, sans doute trop occupé entre le tournage de La Mouche 2 et son boulot pour Le Festin Nu, mais il est intéressant de voir qui il a choisi comme superviseur sur ce travail: un certain James Isaac, qui traine dans son équipe depuis quelques temps déjà (on le retrouve sur Gremlins, Enemy Mine et House II) et qui s’est initié à la réalisation l’année précédente avec House III ! On peut dire que le futur réalisateur de Jason X n’a pas prit ce job à la légère et a sans doute veillé à ce que le résultat ne face pas honte à l’image de marque de sa compagnie. Car non seulement la séquence aura impressionnée un grand nombre de spectateurs (notons qu’il s’agit littéralement de la première scène du film, donc quiconque n’y prête pas attention pourra se faire de mauvaises idées sur ce qu’il regarde), mais son démon et son ours brun ont même fait des petits chez la Full Moon…

 

 

Un an plus tard, Subspecies débarque dans les vidéo-clubs et l’on y retrouve les mêmes homoncules rouges à tête de démon. Sans surprise, l’idée générale du film provient de Charles Band et il y a fort à parier qu’il fut fortement inspiré par le cauchemar du jeune Mickey. Encore un an après sort Demonic Toys, où des jouets innocents deviennent meurtriers car possédés par les forces maléfiques d’une créature infernale. Parmi eux, un ours en peluche doté de griffes et de crocs très similaire à celui que nous venons d’évoquer. Là encore le concept du film fut lancé par Band et c’est sans doute à sa demande que le Teddy Bear figure dans l’intrigue. Et tant qu’à l’accuser de piller les idées des autres, ce n’est pas un hasard non plus si l’animal devient géant à la fin du film, puisque cela arrivait déjà dans Dolls (réalisé en 1987 pour sa boite précédente, Empire) à travers – encore une fois ! – le cauchemar d’un enfant. Quel filou ce Charlie ! Croyez-le ou non mais le démon et sa peluche ne sont pas les seuls monstres que l’on peut trouver dans Allô Maman, C’est Encore Moi, car il y a aussi ce Mr. Toilet Man à qui Mel Brooks prête sa voix ! Et d’ailleurs maintenant que j’y pense, je crois me souvenir que le premier film avait même une scène avec une tête qui explose, façon Scanners.

Il va peut-être falloir que je me remette à cette série tout compte fait…

 

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