Le Clan Nanaue (R.L. Stine’s The Haunting Hour, 2011)

Lost (and found) in the 5th Dimension

Épisode 43

 

LE CLAN NANAUE

R.L. Stine’s The Haunting Hour: The Series (2011)

 

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Petite déception que ce Pool Shark (requin de piscine), qui certes montre bien un squale se balader dans un grand bassin public mais n’utilise jamais vraiment le concept comme on l’imaginerait. Il faut dire que The Haunting Hour cible plutôt les enfants que les amateurs de sharksploitation, mais tout de même, l’épisode ne va jamais plus loin que cette image et cela s’avère assez frustrant. Surtout pour moi qui, petit, m’étais déjà imaginé la présence d’un grand blanc au fond de la piscine intérieure (car plus sombre) de Saint-Laurent-Nouan. Bref, ce que cette histoire aurait besoin c’est de R.L. Stine lui-même, qui aurait sans doute tapé dans son registre habituel pour la énième fois, mais aurait sans doute mieux exploité la chose que Neal Shusterman (scénariste régulier de la série Chair de Poule) qui inventa cette histoire de toutes pièces pour l’occasion. Son idée n’était pas mauvaise pourtant puisqu’il est ici question de requins-garous, et plus particulièrement du mythe hawaïen de Nanaue, fils du dieu requin Kāmohoaliʻi. Une révision sacrément édulcorée puisque cette nouvelle incarnation possède une vie beaucoup moins tragique que la divinité et surtout possède une apparence humaine totalement normale, là où le véritable Nanaue possédait une gueule béante dans le dos.

 

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L’intrigue tourne donc autour de ce jeune homme qui ignore tout de sa véritable nature et se montre terrifié par l’eau, ayant rencontré un squale en cours de baignade lorsqu’il été petit et s’en retrouvant fort traumatisé. De quoi se demander pourquoi il a choisi de travailler à la piscine du coin plutôt de choisir quelque chose de moins stressant, mais on pourra toujours supposer que c’était un choix inconscient. Toujours est-il que le jeune homme répugne à faire trempette et va commencer à avoir des hallucinations après avoir été la cible de moquerie, jurant voir un gros poisson se balader parmi les baigneurs. Il en cauchemarde jusqu’au jour où il fini par vouloir prendre le taureau par les cornes en se jettant à l’eau… pour découvrir que le monstre marin n’était autre que son propre père, et qu’il partage le même pouvoir de transformation. Et oui, le scénario opère un twist très Teen Wolf dans l’âme (Teen Shark aurait fait un super titre au passage) où il n’y a pas qu’un seul descendant du dieu requin, mais tout un clan. Et à la manière d’une histoire de loup-garou, la métamorphose n’est pas une malédiction en soit, même s’il convient de faire attention à ses pulsions pour éviter de devenir un mangeur d’homme.

 

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Cela aurait pu jouer dans la conclusion où le rival du protagoniste revient le harceler jusqu’à ce que les deux en viennent à faire une course de natation, mais le jeune homme-requin va se contenter d’effrayer son adversaire un bon coup pour s’éviter des problèmes avec les associations parentales. Ce qui est un peu stupide puisque des tas de gamins connaissent de sombres destins dans les écrits de R.L. Stine ou les autres séries du même genre comme Fais-Moi Peur, et on ne pourra que rediriger les plus déçus vers le premier épisode de Manimal, où le héros – lui aussi métamorphe – fini par se changer en grand blanc pour aller croquer Ed Lauter dans sa piscine. Ce n’est pas plus violent, mais l’ambiguité du final fonctionne beaucoup mieux et évoque totalement le type de conclusion que l’on retrouve dans les Chair de Poule. Du reste, l’amateur de mythologie pourra sourire devant le happy end qui voit le héros emballer une jolie nageuse dans ce qui est supposé être une simple amourette passé à la moulinette du genre fantastique. Le sous-entendu est que les deux adolescents finiront ensemble et s’accoupleront pour continuer la lignée de Nanaue, ce qui est émis ici en toute innocence, seulement voilà: le scénariste confond l’histoire de Nanaue avec celle de Kāmohoaliʻi !

 

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Car c’est le dieu requin qui succombe au charme d’une baigneuse et lui fait un enfant. La vie de son fils fut bien plus tragique, le demi-dieu s’étant malheureusement découvert un appétit insatiable pour la chair humaine et ne pouvant résister à ses pulsions. Il dévora ainsi chaque fille qu’il rencontra, et dans ce contexte on ne donnera pas bien cher de la peau de sa copine – d’autant plus que celle-ci est plutôt appétissante dans son petit maillot de bain. Mais bon, chacun imaginera ce qu’il voudra, et il faudra au moins ça pour rattraper la triste représentation de(s) Nanaue(s) qui n’existe(nt) que sous la forme de stock footage. Des images d’archives non créditées mais clairement moderne, qui alternent de vraies images de requin avec quelques différences dans les espèces choisies. Le grand requin blanc est évidemment la source d’inspiration principale mais on croise également un requin tigre, et du coup ce requin-garou évoque un peu les squales sanguinaires de Bruno Mattei et Joe d’Amato qui changeaient d’apparences d’un extrait à l’autre. Ajoutez à cela de bonnes vieilles nageoires dorsales en polystyrène pour fendre la surface, et on pourrait finalement croire que ce Shark Pool mérite bien sa place au sein de la sharksploitation malgré sa nature “pour bambins” un rien restrictive. C’est déjà ça.

Oh, et sans surprise on apprendra que Neal Shusterman travailla aussi sur la série Animorphs. Voilà qui explique beaucoup.

 

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