Laid to Rest (2009)

 

Laid to Rest

(2009)

 

 

En 2006 le réalisateur Adam Green fait parler de lui avec Hatchet, une tentative de renouer avec le slasher à l’ancienne qui a pratiquement disparu depuis la transformation malheureuse du genre opérée par Scream et ses rejetons dix ans plus tôt. Un projet qui ramène en grandes pompes les maquillages et autres effets mécaniques devenu rares, et qui entend miser sur la nostalgie des années 80. L’année suivante le double programme Grindhouse de Quentin Tarantino et Robert Rodriguez confirme la bonne réception de cette méthode et la mode “rétro vintage” prend son envole pour conquérir jusqu’au public mainstream, perdurant encore de nos jours. En 2009, alors que Hatchet II s’apprête à voir le jour, sort ce Laid to Rest qui compte lui aussi profiter de ce succès fulgurant en misant avant tout sur la méthode oldschool. C’est le spécialiste Robert Green Hall qui écrit et réalise, avec à son actif un CV impressionnant d’une bonne centaine de titres.

 

 

Il aura tout fait, du petit DTV mal branlé (Caged Heat 3000, Crocodile 2) au moyen budget plus confortable (Ghosts of Mars, Wishmaster) en passant par une foule de séries B honorables (La Nuit de l’Épouvantail, Une Nuit en Enfer 3) et de séries télé populaires (Buffy, X-Files). Ironiquement il sera trop occupé à devoir tout gérer pour faire lui-même le boulot et devra déléguer la gestion des effets gores à un assistant nommé… Erik Porn ! Quoiqu’il en soit le metteur en scène accouche d’un petit film effectif puisque généreux en sang et bien rythmée sur ses 80 petites minutes, mais aussi parce qu’il donne la part belle à ses personnages, bien plus soignés que ne le veut le schéma classique revendiqué par Robert Hall. Ainsi l’intrigue s’intéresse à une jeune fille amnésique qui se réveille dans un cercueil de pompes funèbres sans comprendre ce qui lui arrive. Bientôt un individu masqué tente de la tuer et elle prend la fuite, errant de nuit dans une petite ville de campagne…

 

 

L’homme à ses trousses est Jesse Cromeans, un grand chauve en costume évoquant pas mal l’Agent 47 des jeux vidéos Hitman mais avec deux poignards à la place des pistolets, et portant un masque métallique en forme de crâne qui lui vaut le surnom de Chromeskull. Tueur en série recherché par le FBI, il sévit dans toute la Floride, kidnappant des femmes qu’il s’amuse à découper en morceaux et dont il filme l’agonie avec un caméscope fixé sur son épaule. Un sacré vicelard qui n’est pas sans rappeler le psychopathe vicieux de The Collector, sorti la même année. Comme lui il prend plaisir à jouer au chat et à la souris avec ses cibles, utilisant tout un équipement pour les piéger au point de faire parfois penser à Predator: outre le masque sans attaches et la caméra d’épaule qui se substitue au canon laser, il utilise le son de ses vidéos pour tromper ses proies un peu comme le Yautja imite les voix, et trimballe avec lui une trousse de soins pour se retaper en cas de blessure.

 

 

Mais malgré la présence de ce super vilain bardé de gadgets au cœur de l’histoire, Laid to Rest donne une personnalité à ses protagonistes et évite d’en faire de la simple chair à canon. L’héroïne, victime d’un trauma crânien, est récupéré par le sympathique Tucker, qui ne peut pas se déplacer sans une canne. Une relation père/fille s’installe entre eux et ainsi le meurtre inattendu de la femme de ce gentil bonhomme apparait comme une véritable tragédie. Il va la pleurer durant tout le film tout en essayant de garder la tête froide pour protéger celle qu’il a surnommé Princess, et apparait plus d’une fois comme héroïque mais également faillible et humain. Comme lorsqu’il laisse sa colère éclater devant l’attitude défaitiste de la jeune fille et de leur nouveau compagnon Steven. Ce dernier, un nerd solitaire, échappe lui aussi à la caricature en apparaissant comme un jeune homme isolé et encore secoué par le récent décès de sa mère.

 

 

Pétochard et peu assuré, il fini progressivement par s’affirmer et devient lui aussi un protecteur créatif lorsque le film arrive dans sa dernière partie. On s’attache très vite au petit trio et on ne peut que se ranger de leur côté tant Chromeskull semble invincible et omniscient, capable de ls retrouver où qu’ils aillent. On s’éclate, même, de les voir porter de nombreux coups à l’assassin plutôt que d’avoir l’air d’empotés impuissants comme c’est trop souvent le cas dans ce type de film. Même les insupportables dude bros croisés à la fin du film, petits branleurs venu faire la fête, tentent instinctivement de protéger Princess lorsqu’ils réalisent ce qui se passe, l’un acceptant difficilement la mort de l’autre. L’air de rien ces instants où les personnages montrent leurs émotions aide beaucoup à prendre le film au sérieux et à percevoir le tueur non pas juste comme une menace, mais comme un véritable monstre que l’on désire voir mourir dans d’atroces souffrances.

 

 

Autant dire que lorsque cela arrive, à grand renfort d’effets sanglants, Laid to Rest peut se targuer d’avoir conquis son public, d’autant que la méthode utilisée est particulièrement marquante. Sans vraiment déflorer la surprise, disons que cela implique entre autre le remplacement de l’adhésif médical qu’il utilise pour coller le masque à son visage par de la colle à pneu… La destruction que cela engendre n’est pourtant qu’un des nombreux effets sanglants que propose le film, et si le résultat reste parfois un peu grossier sur certaines prothèses, il rivalise sans problème avec ce que Hatchet et sa suite ont a proposer. Il faut dire que l’antagoniste est un virtuose de la lame, frappant avec agilité et rapidité, comme lorsqu’il éventre une victime en un mouvement de ballet ou quand un type ne réalise qu’il a été égorgé qu’après avoir vu du sang sur ses chaussures. Un carnage maximisé par les dagues crantées utilisées qui sont pratiquement des lames vorpales.

 

 

Elles découpent tout sans se soucier des lois élémentaires de la physiques, provoquant des blessures gargantuesques rien qu’en effleurant la chair. Chromeskull décapite en quelques secondes, perfore des boites crâniennes, scie les gorges plutôt que les trancher, et arrache même tout un visage lorsqu’il retire un couteau planté dans les joues d’un pauvre type. Tout un festival auquel se rajoute une trombine explosée au fusil et surtout l’incroyable liquéfaction d’une tête sous l’injection d’un produit ultra corrosif via le conduit auditif. Chromeskull ne recule devant rien, exterminant tout un commissariat façon Halloween 4 (hors champ, donc) et se débarrassant de son partenaire de longue date lorsque celui-ci ose lui faire une réflexion. Comme les autres protagonistes, le meurtrier possède un caractère qui lui est propre et l’éloigne des habituels tueurs mutiques à la Michael Myers quand bien même il demeure masqué durant tout le film et ne parle jamais.

 

 

Sa voiture est un corbillard customisé avec des dessins tendance disque de heavy metal sur la carrosserie, plaque d’immatriculation à son nom et volant en forme de chaine. Même son porte-clés possède un petit crâne chromé, symbole qu’il s’est également tatoué sur le torse, trahissant un égo démesuré. Il utilise une fonction de texte à reconnaissance vocale pour communiquer, le logiciel utilisant les voix de ses victimes, et on peut le voir facilement perdre patience lorsque les choses ne se déroulent pas comme il le souhaite: lorsqu’un gêneur décide d’intervenir, fusil à la main, il soupire profondément. Autant d’éléments qui, à la manière du masque pare-balle et de son repaire avec ces cadavres en morceaux gisant dans des cercueils, dressent le portrait d’un tueur méthodique et expérimenté ayant une personnalité bien à lui.

 

 

Quoique l’on puisse dire de Laid to Rest – qu’il n’est pas particulièrement friqué ou qu’il se contente d’imiter tout ce qui a déjà été fait avant lui, il faut au moins lui reconnaitre d’avoir un peu plus de substance que la moyenne et de faire preuve de bonne volonté derrière l’argument principal du “no CGI”. Alors bien sûr le film a ses faiblesses, notamment dans les incessantes allées et venues des personnages entre les différents lieux, souvent forcées, alors qu’ils sont libre de quitter la ville pour échapper à Chromeskull. certains éléments ne sont pas toujours clairs, comme la nature exacte des rapports entre le tueur et le directeur du funérarium, mais il est impossible de ne pas éprouver un peu de sympathie pour un film qui affiche une collection de bon vieux McFarlane Toys et où un mec se promène en baskets Iron Maiden ! En plus certaines idées sont étonnamment déviantes, comme ce rapport assez freudien entre Steven et sa mère, dont le cadavre est utilisé comme une marionnette pour le terroriser, ou cette prisonnière attachée nue contre le corps décapité d’une autre victime déshabillée, le visage face au vagin.

 

 

Cerise sur le gâteau, le casting est très efficace, à commencer par le trop rare Sean Whalen qui nous gratifie de son éternel sourire de dément. Kevin Gage, vu dans Heat et G.I. Jane (ou Strangeland et Jurassic City selon vos préférences), donne véritablement vie au personnage de Tucker, tandis que Nick Principe (leader du goupe de punk hardcore CTK) compose un Chromeskull caractériel sans jamais montrer son visage. On retrouve aussi une Lena Headey pré Games of Throne, qui à l’époque était surtout la nouvelle Sarah Connors dans la série télé Terminator dont Robert Hall s’occupait des maquillages. Sans surprise il ramène aussi Thomas Dekker, qui jouait son fils John, dans un petit rôle à la fin du film. Princess est quant à elle jouée par une quasi inconnue à (très) forte poitrine, Bobbi Sue Luther, qui se trouvait être… la femme du réalisateur. Ils divorceront l’année suivante, et lorsque viendra Chromeskull: Laid to Rest II son personnage sera tué dès sa première scène !

 

 

Mais celui que l’on retiendra le plus reste ce bon vieux Richard Lynch, alors sur la fin de sa vie et sans doute incapable d’en faire beaucoup, ce qui explique pourquoi il n’apparait que le temps d’une ou deux scènes, mais toujours aussi charismatique et efficace. Robert Hall, qui enchaina ensuite par la sympathique websérie Fear Clinic, avec Robert Englund, tente désormais de monter un troisième opus, Laid to Rest 3: Exhumed, sans succès jusqu’à présent. Souhaitons lui d’y parvenir un jour, même s’il faudrait déjà qu’il réponde aux questions de ses backers sur Indigogo, qui attendent toujours de savoir ce que devient leur investissement. Ce serait quand même dommage de répéter les erreurs de feu Ryan Nicholson pour Gutterballs 2

 

 

 

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