Ice Spiders
(2007)
Réalisateur autrefois inspiré de The Gate et Lectures Diaboliques, ce pauvre Tibor Takács a depuis sombré dans l’enfer du creature feature DTV pour ne jamais vraiment en sortir. Les années 2000 furent relativement prolifiques pour lui avec des titres comme Kraken, Mansquito, Rats et autres Mega Snake auxquels il faut rajouter ce Ice Spiders. Un téléfilm Sci-Fi Channel à base d’araignées géantes qui s’attaquent à une station de ski. Une intrigue banale pour un résultat prévisible, sans surprises ni gros moments, et avec une conclusion qui se veut un poil plus pessimiste que d’habitude mais qui nous en touche une sans faire bouger l’autre. Ajoutez des monstres essentiellement composés d’images de synthèses à petit budget, et vous comprendrez qu’à moins d’être un vrai passionné de série B, cet énième rejeton du genre n’a pas grand intérêt. Et quand bien même, il n’y pas grand chose à se mettre sous la mandibule ici en-dehors des origines inutilement complexes des bestioles.
Car comme les Graboids et leur cycle de vie loufoque, les arachnées passent par bien des étapes avant d’obtenir leur transformation ultime, et pas une seule n’est logique: c’est d’abord l’armée américaine qui découvrit le fossile d’une araignée préhistorique en Afghanistan, que le Département de la Défense a ensuite confisqué et donné à un laboratoire afin de l’étudier. Les scientifiques en extrairent de l’ADN qu’ils combinèrent à celui d’espèces modernes pour créer quelques hybrides, dans l’idée d’utiliser leur super-soie et fabriquer de nouveaux types de gilets parballes et autres équipements de protection. La récolte n’étant pas suffisante ils firent grossir les bêbêtes en les nourrissant d’hormones, de stéroïdes et de bouffe ultra calorique, les enfermant dans un endroit top secret en pleine montagne pour que le froid prévienne de toute évasion. Mais le chef du projet continua de booster les spécimens à l’insu de tous, dans l’espoir d’impressionner sa communauté et obtenir une bourse plus importante.
Tout cela nous est raconté à travers un dialogue sans flashbacks ni démonstrations faute de temps et de moyens, et à ce titre il convient de remercier les infographistes responsables des CGI car à en croire le script, les créatures étaient à l’origine toutes similaires avec juste des aptitudes différentes. Quelqu’un a heureusement compris que voir le même modèle encore et encore serait ennuyeux et le résultat final est plutôt varié en formes et en couleurs: grande verte aux pattes épineuse, petite ronde toute jaune, tarentule tigrée et veuve noire… Ce n’est certes pas grand chose mais c’est toujours plus d’effort que n’en donna le scénariste avec son histoire qui se contente du strict minimum: devenues voraces et impossible à contenir, les monstres s’échappent dans la nature pour dévorer la faune locale avant de s’attaquer aux touristes du coin. Seul un ancien champion de ski et une généticienne vont pouvoir les arrêter, et y parviendront sans trop de mal.
Déjà pas bien originale, l’intrigue se tire aussi dans le pied en ignorant des éléments prometteurs mis en place: les araignées sont inexplicablement immunisées contre la température glaciale alors qu’il s’agissait de leur faiblesse naturelle, une tempête de neige capable de tout geler sur son passage est annoncée pour ne jamais intervenir, un scientifique explique que les créatures se sont multipliées à un rythme alarmant mais est contredit par une collègue qui limite le nombre aux six spécimens originaux, et les jeunes sportifs venus s’entrainer pour les Jeux Olympiques – clairement présentés comme les protagonistes – sont aussitôt abandonnés pour ne rien faire du film, alors qu’un parallèle était établit entre leur entrainement et les manipulations génétiques menées sur les arachnées, qu’une scientifique compare à doper des athlètes. La seule chose qui est vraiment exploité est le retour en forme du héros, qui perdit sa carrière professionnel suite à une blessure et se retrouva simple moniteur.
Le dernier acte lui donne l’occasion de redorer son blason en faisant la course avec les grosses bêtes sur la piste, mais il n’y a pas grand spectacle vu les faibles moyens de la production. C’est donc encore une fois les mutants (et leurs animateurs) qui sauvent la mise, le réalisateur étant parfaitement conscient de leur importante: les araignées grimpent au télésiège, descendent d’une cheminé façon Père Noël, bondissent pour choper un acrobate en plein saut et pêchent des proies avec leur toile, qu’elles ramènent à elles en tirant dessus comme une corde. Une bestiole frustrée de ne pouvoir entrer dans un véhicule dégueule sur la vitre, de gros riffs de guitare électrique ponctuent les attaques, et les victimes sont gardées vivantes dans des cocons, tel ce type qui tente d’attraper son téléphone portable avant de mourir de froid. Les humains deviennent également plus fun en leur présence, se défendant au bâton de ski ou au trophée de chasse, le héros utilisant une tête d’élan pour éclater une tarentule à coups de cornes.
Difficile de ne pas sourire lorsqu’un soldat chantonne Itsy Bitsy Spider en plein boulot, qu’un vacancier se heurte de plein fouet à un monstre entrain de grignoter pour illico devenir son nouveau repas ou quand le protagoniste écrase une araignée en moto-ski, les pattes arrachées gigotants encore. A cela se rajoute des trouvailles visuelles comme ces gros plans des yeux des créatures où se reflètent leurs proies, un soupçon de gore à l’ancienne avec des cadavres éventrés et de vrais monstres en caoutchouc juste le temps de quelques intéractions avec les acteurs. Forcément le casting ne peut pas rivaliser et d’ailleurs Ice Spiders ne s’embarasse pas de grands talents. Citons Patrick Muldoon, rival de Casper Van Dien dans Starship Troopers et vu dans quelques épisodes de Melrose Place (qui se la joue dude bro malgré son âge), Vanessa Williams, la jeune maman de Candyman aussi aperçue dans Melrose Place, et Thomas Calabro, qui traina sur Exterminator 2 et près de deux-cents épisodes de Melrose Place.
Plus intéressants sont les hommes de l’ombre car on retrouve Danny Draven (Cryptz) au montage et à la post-prod, Brian Trenchard-Smith (Leprechaun 3) en consultant créatif, et ce bon vieux Fred Olen Ray qui est crédité comme consultant de production quand bien même il aida directement au tournage en manipulant caméras et grosses bêbêtes en carton-pâte. Selon lui le film aurait plutôt bien fonctionné sur Sci-Fi Channel et il parait alors étrange qu’aucune suite n’ait été commandé malgré cette fin ouverte où le gouvernement américain intervient pour sauver la dernière araignée, menaçant de morts les survivants afin qu’ils ne racontent pas la vérité à propos de l’affaire. A la place Tibor Takács parti rejoindre Nu Image, alors rebaptisé Millenium Films, embarquant Patrick Muldoon avec lui pour un Spiders 3D plus cher et plus ambitieux, mais pas forcément meilleur au demeurant.
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