Hollow Gate (1988)

ROAD TO HALLOWEEN IX

 

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Hollow Gate

(1988)

 

Happy Halloween, gook !

 

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Débarquant à la fin des années 80, Hollow Gate (ou plutôt Hollowgate comme le disent l’écran-titre et une pancarte sur un portail) est l’un de ces slashers médiocres qui contribuèrent à saturer le genre, cherchant à profiter de sa popularité sans rien avoir à proposer pour autant. Mais celui-ci possède au moins la particularité d’avoir été produit par Richard Pepin et Joseph Merhi à une époque où ils n’avaient pas encore fondé la PM Entertainment. Ils opéraient alors la moins connue City Lights International, qui certes tapait déjà dans l’actioner à bas budget (L.A. Crackdown et sa suite), mais faisait aussi dans l’horreur à l’occasion, avec par exemple Death by Dialogue et The Newlydeads sortis la même année. Si Merhi était le réalisateur attitré de la compagnie, les compères donnèrent ici les rennes du projet à l’inconnu Ray Di Zazzo, qui s’occupa du scénario et de la mise en scène avant de disparaître mystérieusement de l’industrie sans jamais rien faire d’autre. Vu le résultat ce n’est peut-être pas plus mal.

 

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Car force est de reconnaître que le bonhomme n’était pas doué, se montrant aussi mauvais dans les deux départements et ne laissant plus au film que l’acting et les effets spéciaux pour convaincre le public. Son intrigue trouve ainsi le moyen d’être à la fois simple et compliquée, la faute à des séquences d’exposition rajoutées pour faire un peu de remplissage qui finissent par ne plus être vraiment raccord avec les évènements filmés. L’histoire s’intéresse au pauvre Mark Walters, qui gamin doit subir les colères d’un père alcoolique et violent, et fini par détester Halloween après une énième humilation devant d’autres enfants. Dix ans plus tard le voici devenu un brave jeune homme travailleur mais toujours moqué par ses paires, et lorsqu’un couple de jeunes décide de se moquer de lui durant la nuit du 31 Octobre, il fini par craquer et les tuer. Deux ans plus tard il agresse de nouveau quelqu’un lorsqu’une jolie fille se refuse à lui, toujours à Halloween, et son cas fini par être étudié par la Justice qui fini par l’assigner à résidence.

 

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Mark vit désormais confiné dans la grande bâtisse de sa grand mère, condamné à l’isolement et à la prise de médicaments pour calmer ses pulsions. Mais après un temps d’emprisonnement nébuleux, et une semaine avant Halloween, il parvient à tromper sa geôlière en prétendant prendre ses pilules et être guéri. Quand celle-ci le laisse sortir de sa chambre, il la tue immédiatement et passe ensuite commande à la boutique de costumes du coin pour quelques déguisements, prévoyant d’organiser sa propre fête. C’est évidemment là que débarque l’habituelle bande de teenagers, justement en route pour une teuf, lesquels vont malencontreusement se retrouver au manoir d’Hollowgate pile à temps pour les hostilités. S’ensuit l’habituel massacre jusqu’à une conclusion prévisible, et rien $ne viendra révolutionner le genre. Ce qui ne serait pas un problème si les divers composants du film étaient un minimum soigné, et malheureusement Hollow Gate échoue à pratiquement tous les niveaux.

 

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La narration opère de multiples sauts dans le temps sans que cela n’est un réel impact sur les évènements, et la chronologie chaotique devient encore plus confuse lorsque l’on prend en compte les choses racontées par les flics ou les magistrats ayant eu affaire au cas Mark Walters, qui se contredisent ou s’intercalent mal entre les scènes dont nous sommes témoins. Ici un spécialiste prétend que son patient est “normal” malgré son agression à l’encontre d’une jeune femme, là un policier raconte que Mark a reçu une thérapie à base d’électrochoc durant un passage en institution. Un meurtre présenté en début de film n’est jamais évoqué par les forces de l’ordre dans l’historique du tueur, mais on apprendra qu’il aurait découpé en morceaux une bande de gamins un soir d’Halloween sans que l’on sâche exactement où cela se place par rapport à ce que l’on vient de voir. S’ajoute une sombre histoire de famille jamais développée, avec la mort des parents dont on ne saura jamais la cause et l’adoption par la grand-mère qui aurait beaucoup insistée.

 

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Bref, un vrai bordel qui n’avait pas besoin d’exister et pourrait bien être le résultat de rajouts commandités par les producteurs, afin de rallonger la durée du film. Des séquences très vite détectables tant elles sont déconnectées du reste de l’intrigue (cinq minutes d’avocats se disputant dans une pièce par-ci, cinq minutes de flics patrouillant sur les routes par-là), auxquelles il faut rajouter la façon rocambolesque dont les héros finissent par se retrouver à Hollowgate. Plutôt que de se perdre en chemin et demander de l’aide à la première barraque venue, ils possèdent toute une aventure: visitant le magasin de costumes après une pause repas, l’une des filles craque pour une perruque à paillettes qu’elle ne peut pas se payer malgré un prix ridicule de quelques dollars et le vendeur va faire un deal avec eux, son livreur étant absent. La petite bande fait alors un détour chez Mark pour lui apporter ses paquets en main propre, à la grande surprise du maniaque qui ne s’attendait pas à voir autant de monde !

 

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Et les meurtres alors ? Car comme déclaré plus haut, Hollow Gate ne peut plus compter que sur ses effets et ses acteurs pour compenser. Et bien ils ne valent pas grand chose faute de moyens. Un cadavre suspendu par des cordes avec un ciseau planté dans l’oeil et une hachette plantée dans un crâne constituent les seuls moments de valeurs de ce slasher très chiche en gore. Il y avait de l’idée pourtant, Mark revêtant un costume différent pour commettre chaque crime afin de bien payer hommage à Halloween. Mais ses panoplies n’ont rien de délirantes, se limitant à de simples vêtements assez communs (un cowboy, un médecin, un shérif, une sorte d’uniforme de chasse à courre), et elles n’ont pas vraiment de liens avec les mises à mort. Un idiot est poignardé dans le thorax, un autre est dévoré par des chiens affamés et une fille se fait déchiqueter vivante par une moissonneuse batteuse. Sympa sur le papier, mais tout se déroule hors-champ avec à l’occasion un gros plan sur un visage grimaçant couvert d’hémoglobine.

 

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On a connu pire, mais même en 1988 alors que le slasher dépérit, la concurrence proposait mieux, et lorsque le vilain se fait asperger le visage avec un produit corrosif et revient à la charge sans la moindre blessure visible, on ne peut que se dire que Pepin, Mehri et compagnie n’ont juste pas voulu faire le moindre effort. On se consolera avec cette exécution très PM Entertainment dans l’âme où un couple périt dans l’explosion d’une voiture transformée en cocktail Molotov géant, Mark utilisant la petite culotte de la passagère pour mettre le feu au réservoir, et les derniers instants du tueur qui encaisse deux headshots consécutifs avant de s’écrouler directement sur le corps de la survivante qui en perd la raison et fini à l’asile, complètement paranoïaque. Si Hollow Gate avait été de ce tonneau du début à la fin, on lui aurait facilement pardonné tous ses défauts. Ou presque, car il sera difficile de justifier la sous-exploitation du manoir Hollowgate lui-même, relégué en arrière-plan puisque la traque se déroule essentiellement… dans le jardin !

 

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L’endroit avait du potentiel avec son portail en fer forgé électrifié et ses chambres dotée d’interphones, et il est certain que le script devait y placer l’essentiel de l’action. On ne pourra que supposer que les lieux coûtaient trop cher aux producteurs, et que là encore des changements hâtifs furent organisé en cours de route. A ce niveau là on peut presque parler d’un désastre, mais il convient de saluer la performance de l’acteur principal, Addison Randall (L.A. Heat, le film et la série, Out For Blood avec Don “The Dragon” Wilson) dans le rôle de Mark, qui conjure une énergie similaire à celle de Eric Freeman dans Silent Night, Deadly Night 2. Il surjoue, s’esclaffe, cabotine, et assure le spectacle à lui tout seul. Il faut quand même le voir, fringué en militaire, s’exclamer un raciste “The gooks are out !” en partant à la chasse, répétant l’insulte encore et encore sur les cinq prochaines minutes. Et c’est encore plus drôle du fait que l’acteur est un quadragénaire bedonnant au crâne dégarni, alors que Mark est censé être un jeune homme à peine majeur !

 

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En comparaison ses partenaires de scènes font pâle figure, ne faisant rien d’autre que de pleurnicher dans leur coin sans vraiment tenter de fuir ou de se défendre. Amusante quand même cette scène où une bimbo en deuil commence à monologuer interminablement à propos de son copain mort et de leur vie sexuelle, nous racontant subitement leur première nuit d’amour sans aucune pudeur. Même chose lorsque l’un des survivants se met à engueuler sa copine défaitiste parce qu’il ne supporte plus son apathie, lui reprochant de ne rien faire pour aider leur situation alors qu’il ne fait lui-même que chouiner à longueur de temps. C’est un peu triste lorsque ce sont les traits de caractères des personnages qui sont les éléments les plus mémorables d’un slasher, mais voilà où nous en sommes avec Hollow Gate ! Pas tellement un problème pour Pepin et Merhi qui continuèrent leur bonhomme de chemin les années suivantes, décrochant de juteux contrats avec les chaînes câblées en échange de petits actioners pétardants.

 

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Ray Di Zazzo disparaitra quant à lui de la circulation, même s’il est possible qu’il n’ait été qu’un pseudonyme pour l’un des producteurs ou un quelconque cinéaste de leur écurie. Pourquoi pas Addison Randall lui-même, puisqu’il leur resta fidèle en apparaissant dans un tas de petits films (Cold Fire de Wings Hauser, Maximum Force avec John Saxon) et en passant derrière la caméra à l’occasion (East L.A. Warriors). Pour des raisons de droits un peu bizarre cependant, la PM Entertainment ne devint pas nécessairement propriétaire du catalogue de la City Lights International et certains de leurs films furent récupéré par d’autres distributeurs au fil des ans. Hollow Gate fini ainsi par attérir dans les mains de la Troma pour son édition DVD, et bien qu’aucun changement ne fut apporté à l’oeuvre, on pourra remarquer une petite modification de tagline amusante: si la VHS affichait un message prétendant que la fête de Mark Walters est tellement effrayante que même Freddy et Jason n’osent pas y aller (totalement pompée sur le slogan de Night of the Demons sorti la même année !), la galette se fend quant à elle d’un petit “Trick or tracheotomy” nonsensique.

Never change, Hollow Gate. Never change.

 

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