ROAD TO HALLOWEEN X
Halloween III: The Devil’s Eyes
(2001)
Dire que ce dernier épisode de Halloween version Chaos! Comics a souffert durant sa gestation serait un euphémisme. Pensez-vous: non seulement la compagnie souffrait de problèmes financiers qui forcèrent les artistes à sortir précipitamment la conclusion, mais en plus les attaques du 11 Septembre sont passées par là, comme le rappelle tristement un message à la fin de la BD. Non seulement ça, mais en terme d’écriture il y a une claire rupture entre ce volume et les précédents qui se fait durement ressentir. Car si Halloween: Behind the Mask se bornait jusqu’ici à être une suite de Halloween: The Curse of Michael Myers avec quelques subtiles références à la nouvelle timeline (la mort de Loomis notamment), ce The Devil’s Eyes fait un bond de deux ans en avant se déroule en fait juste après les évènements de H20. D’une page à l’autre Tommy Doyle cesse d’être le protagoniste et le culte de Thorn disparaît comme par magie, tandis qu’une nouvelle héroïne est introduite sans qu’il ne reste assez de place pour qu’elle fasse quoique ce soit !
Le final se contente de rejouer à l’identique certaines scènes clés du Halloween original tandis que le twist se devine à l’avance, dès que la narration précise les différentes dates à retenir. On comprend aussitôt où le scénario veut en venir et il n’est pas dit que la conclusion ne satisfasse les fans de la chronologie originale, car le final (alors définitif) de 20 Ans Après est bien canon ici. Au moins l’épilogue laisse entendre que la nature de Michael Myers peut être autant surnaturelle que psychologique, avec d’un côté les origines druidiques un peu folles de la famille et de l’autre la maladie mentale qui gangrène ses membres à force d’alcool et d’inceste sur plusieurs générations (Rob Zombie, es-tu là ?), mais aucune de ces explications ne sont satisfaisantes et elles rabaissent l’image du croquemitaine. Un constat qui résume assez bien ce Halloween III qui dérive tellement par rapport à ses prédecesseur qu’il fini par ruiner ce qu’ils essayaient de construire, la faute tant au script qu’au fait de tout avoir condensé en un seul numéro.
L’intrigue commence à Smith’s Grove où Tommy a été interné après avoir été reconnu coupable du meurtre de Brackett. Un coup monté par le culte bien sûr, et d’ailleurs le Dr. Wynn dirige toujours les opérations, ayant survécu on ne sait comment à Halloween 6 avec quelques cicatrices à peine visibles sur le visage. A l’approche de la fête celui-ci décide de sacrifier son prisonnier dans un quelconque rituel mais le jeune homme parvient à s’échapper, libérant les autres fous comme Myers l’avait fait tant d’années auparavant pour semer la confusion, et s’emparer d’une voiture. Avant de s’enfuir il a le temps d’apercevoir le croquemitaine caché dans la foule, preuve qu’il serait toujours vivant malgré ce qui lui est arrivé dans H20. L’histoire s’intéresse ensuite à Lindsey qui est devenu une grande journaliste et cherche à écrire un livre à propos du massacre de 1978. Pour apporter de l’eau à son moulin, une douzaine de meurtres auraient été commis à Haddonfield depuis la confrontation entre Laurie et Michael.
Elle apprend que le cimetière a été profané et que les corps des victimes originales – Annie, Bob et Lynda – ont été volés comme le fut celui de Judith. Retrouvant un Tommy fugitif auquel elle ne fait pas entièrement confiance, la jeune femme va enfin se confronter à son passée lorsque The Shape revient pour s’en prendre à eux. Une simple excuse pour rejouer la dernière partie de Halloween à l’identique: comme Laurie elle découvre les cadavres dans un lit avec leurs pierres tombales en guise d’oreillers, fait une chute dans un escalier et trotte jusqu’à chez le voisin alors que l’assassin est sur ses talons. Elle blesse son assaillant à l’oeil, utilisant un morceau de miroir au lieu d’un ceintre, et Tommy la sauver tel Dr. Loomis pour en tirant sur Michael qui tombe du balcon. Aucune intervention du culte pendant ce temps, ni même de personne puisque les habitants de la ville ont tendance à fuir les lieux durant la nuit, emmenant leurs enfants dans la ville voisine par sécurité.
Et il n’y a rien de plus dans ce Halloween III, qui abandonne tous les enjeux mis en place au profit d’une conclusion ouverte où le croquemitaine fini de nouveau à Smith’s Grove (toujours dirigé par Wynn), attendant de pouvoir s’échapper encore une fois. Tommy est supprimé de façon expéditive et les révélation qu’il fait à Lindsey ne sont pas prise au sérieux malgré quelle soit une reporter talentueuse en possession des journeaux de Loomis, le culte n’agit jamais malgré que Haddonfield soit pratiquement abandonné et la surprise finale, éventée, se limite à un instant “Scooby-Doo” où les héros retirent le masque pour découvrir l’identité du malfaiteur. Car oui, Laurie Strode est bien devenu The Shape à la fin de 20 Ans Après, ce qui nous est expliqué en détail dans un monologue qui évoque un peu celui de Psychose. Un concept en vérité poussif comme cela signifie que le film s’intercale entre Halloween II et Halloween III – le genre de truc bien confus que personne ne fait jamais.
C’est dommage car il y avait quelques idées intéressantes comme le fait que Haddonfield devient une ville fantôme durant Halloween, ou cette scène à la Vendredi 13, Chapitre 2 lorsque Lindsey se rend dans la vieille maison Myers et s’installe à la coiffeuse de Judith pour l’imiter et tromper “Michael”. Hélas cela est contrebalancé par des contradictions et du remplissage qui prennent le pas sur tout le reste. Pourquoi introduire la nounou de Halloween 6 comme la nouvelle dirigeante du culte si Wynn est toujours vivant ? Pourquoi ce flashback sur l’entretien entre Loomis et la sage femme qui fit naitre Michael s’il présente les mêmes choses qu’expliquait Brackett le numéro précédent ? Si le docteur y apprenait que les parents eurent un troisième enfant, pourquoi semble-t-il si surpris dans Halloween II ? Pourquoi Tommy est-il gardé en vie pendant deux ans pour subitement être considéré comme inutile ? Et puis si ce pauvre croquemitaine est par deux fois enflammé, électrocuté et prit dans une explosion, comment ce fait-il qu’il ne porte aucune trace de brûlures dans H20 ?
Une référence à Halloween 5 peut-être, et peu importe puisque les fans du personnage se retourneront contre la BD dès qu’ils découvriront que Laurie a volée sa tête pour la transformer en lanterne. Et ce ne sont pas les illustrations de Jose “Justiniano” Rivera, hautement basiques dans le genre fin 90 / début 2000, qui détourneront l’attention des lecteurs. A l’exception peut-être du nouveau look de Tommy, maintenant chauve et doté d’une barbichette qui lui donne des airs de Dr. Loomis bodybuildé – un choix volontaire vu son rôle dans la dernière partie. L’artiste a depuis été condamné pour possession d’images pédo pornographiques et cela fait une raison de plus pour grimacer à la lecture de ce Halloween III. On se consolera comme on pourra avec la présence du coloriste Jay Fotos (30 Days of Night, ‘68) dont la contribution reste cepedant insignifiante, et de ce patient errant dont les couilles à l’air ont visiblement échappées à la censure. On s’amusera aussi du fait qu’à quelques détails près, tout cela se raccorde sans trop de problème à Halloween: Resurrection…
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