Flagellation Mentale, Chapitre 2

FLAGELLATION MENTALE

 

L’eau chaude devrait faire du bien. Les douches sont faites pour se détendre normalement… Moi je vois surtout mon corps marqué par les hématomes et les plaies mal cicatrisées. Je n’avais pas remarquée que j’étais couverte de bleues comme ça. Je dois être repoussante.

Ça te va bien…

L’eau ne fait pas du bien. La chaleur qu’elle dégage me brûle comme de l’acide. Ça me démange, je m’écorche en me grattant.

Plus fort.

Je me griffe de plus en plus, et je n’arrête que lorsque mes avant-bras ne sont plus que des plaies sanguinolentes. Je me sens si sale, si misérable. Une envie de violence monte au fond de moi, je le sens dans mon ventre.

Encore.

Je sens que mes gestes ne sont pas les miens, mais ceux de la petite voix. Celle qui me dit que je me déteste. Mon corps me démange comme jamais et j’arrête ma douche. Elle n’a fait que me brûler et me blesser. Je ne me sens pas mieux, je suis toujours vaseuse, ma peau me gêne comme jamais, et mes courbatures sont toujours là. Je m’étire et, arquant mon corps, entends des vertèbres craquer. J’ai les reins en miettes.

Ça te rappel des souvenirs, hein ? Ça te manque, hein ? Tu penses à l’époque où tu faisais…

Je prends du Chatterton, ce gros scotch noir pour les cartons, et m’enroule les bras avec. La flemme de panser correctement mes blessures. Et puis j’ai pris l’habitude de ce genre de bandage à la va­‑vite. Même si je sais que ce n’est pas bon pour mon corps.

Tu fuis tes propres pensées, c’est méprisable !

Je sens des élancements dans tout mon corps lorsque je m’habille. Et là, devant le miroir, j’ai du mal à me regarder en face. Ma tête est horrible, ça me rend folle de savoir que je ressemble à Ça.

Tu fuis même ton propre regard.

Je me lave les dents et découvre des coupures sur mes gencives. Je me coiffe et découvre des bosses sur ma tête. Je suis une abomination et je tente encore de me faire belle , comme si j’étais une fille.

Tu rejettes tout, si ce n’est pas pitoyable…

Je n’aime pas ce que je vois en face de moi. Ce n’est pas moi. Ça peut pas être moi, je suis si différente sur les photos…

Vas-y.

Je ne peux pas croire que cette chose qui me renvoi un regard vide puisse être moi. Je pense, j’ai des sentiments, je ne suis pas vide.

Allez !

JE NE SUIS PAS UN ZOMBIE !!!!

ALLEZ !!

Mon poing vient violemment heurter le miroir. Un bruit se fait entendre et je vois les fissures se former, je sens la partie enfoncée.

OUI !!!

Je constate que je me suis frappée en plein milieu du visage. Mes yeux m’ont renvoyés, l’espace d’un instant, quelque chose. Un sentiment. Une émotion. Je ne suis pas vide.

Parfait !

Je retire mon poing. Il est tout écorché et du sang coule. Mon bras revient le long de mon corps, comme si je n’étais qu’un automate venant d’obéir à un ordre de quelqu’un d’autre.

Je peux bouger.

Est‑ce vraiment MOI qui ai frappé sur mon reflet ?

“Aïe…”

Ça me fait mal… Je me suis coupée. Je n’ai même pas réfléchis à mon geste, aux conséquences.

Aucune importance.

Le Chatterton va encore servir. Je ne comprends toujours pas ce qui m’a poussé à faire ça… Ce n’était pas vraiment moi, c’était… C’était comme une autre moi. Ça me fait… peur ?

Faux. Ça t’as fait plaisir.

Je frissonne. Je réalise que ce genre de chose m’ait déjà arrivé depuis… leur disparition… Comme si quelque chose grandissait en moi. Quelque chose que je ne veux pas mettre au monde.

Pourquoi pas ? T’as rien à perdre.

Cette petite voix en moi. Elle va grandir je le sens. Il ne faut pas que je l’écoute.

Trop tard.

Qu’est-ce qui m’arrive ? Il faut que je me reprenne…

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