Flagellation Mentale, Chapitre 1

FLAGELLATION MENTALE

 

Debout…

Je me réveille…

Lève toi !

C’est difficile, j’ai mal dormi… Encore et toujours des cauchemars. Et je me réveille et je n’arrive plus à trouver le sommeil avant un moment… Ces visions me hantent depuis si longtemps…

Prends-le.

Je me redresse sur ce qui me sert de lit, et ma main vient prendre doucement l’objet métallique posé à côté de moi. Je remarque le médaillon. Il représente un jeune homme tout ce qu’il y a de plus séduisant et sympathique.

Ne perd pas de temps.

La dernière fois, j’avais essayée avec l’autre, celui qui à un médaillon représentant une petite fille. Ça ne m’avait pas vraiment porté chance…

Vas-y.

L’objet est déjà préparé depuis hier. Chargé, prêt à l’emploi, sans sécurité. Il est froid dans ma main et je me mets à frissonner… Ou peut‑être que ce n’est pas ça… J’ai toujours ce sentiment de peur, chaque matin. Pas seulement à cause des cauchemars…

Met‑le dans la bouche.

Vieux réflexe que j’ai depuis un long moment maintenant. Chaque matin après le réveille. Chaque fois j’espère ne pas flancher. J’espère que cette fois j’y arriverai. Alors j’ouvre la bouche et je pose le long objet froid contre ma langue, le faisant remonter contre mon palais. Il est bien calé.

Appuie.

Mon index est logé contre une petite partie incurvée. Je n’ai qu’à appuyer. J’ai envie d’appuyer. C’est tout simple à faire, mais… Des larmes commencent à me couler des yeux.

Appuie.

Le doigt se crispe et je sens cette petite partie en métal partir vers l’arrière. Très facilement. Ma main est faible et tremble. Je sens l’objet se décoller de ma palais. Il faut que je réaffirme ma prise. Mon doigt est comme bloqué au moment où le déclic se fait entendre.

Appuie !

C’était la marge. Maintenant il faut une pression plus franche pour rabattre le chien. Et PAN, ça sera fini. C’est comme ça chaque matin… Comme j’ai un moment de flottement, je baisse les yeux vers le petit carnet à photos près de moi. J’y vois l’homme du médaillon, m’enlaçant dans ses bras. Et celle que j’étais autrefois, souriante et insouciante.

APPUIE !

Ce n’est plus moi. Je ne suis plus cette fille. Et le garçon n’est plus là. Faut que j’appuie. J’en suis capable. Je peux le faire. Allez, courage, j’appuie.

Le chien tremble, manquant d’équilibre parce que partagé par son emplacement et le rabattement vers la culasse. Il tremble comme la gâchette. Comme mon doigt. Comme moi toute entière.

Allez !

Je peux le faire, je peux le faire… Je jette un nouveau regard sur la photo… Il me manque…

TIRE !

Je… relâche mon doigt.

Je sors le canon tandis que je me laisse aller aux soubresauts, aux gémissements.

“Pardon…”

Ce matin encore, je n’ai pas réussie.

“Je suis désolée, je peux pas… Je peux pas…”

Je pause le flingue et m’essuie les yeux.

…Pauvre conne…

Je passe une main sur la photo comme pour la caresser, puis la serre contre mon cœur.

“Bientôt, je te promets… On se reverra… Laisse-moi juste encore un peu de temps…”

T’es vraiment qu’une pauvre conne…

“… J’y arriverai…”

Le matin vient de se lever , et je n’ai pas pu me mettre une balle dans ma tête. Une petite voix hurle en moi.

PAUVRE CONNE !!!

Je l’entends à peine, j’ai trop mal. Mais je sais qu’elle me déteste… Qu’elle déteste ce que je suis.

Incapable de crever ! Lâche devant la vie, lâche devant la mort !

Je reste un instant, la photo contre ma poitrine. C’est comme ça chaque matin. Chaque matin depuis une éternité il me semble. Je n’ai plus la notion du temps maintenant.

Pitoyable…

Je vais me lever… Une nouvelle journée commence, et la petite voix se réveille en même temps que moi. Il faut que je profite de ces instants où elle est encore trop faible.

Pathétique…

Une journée ordinaire s’annonce…

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