Lost (and found) in the 5th Dimension
Épisode 57
FAMU LA MOMIE
The Haunt of Fear (1950)
L’histoire de Famu, messager royal du pharaon Khufu, remonte à 2902 avant J.-C. Ne le cherchez pas dans les livres d’histoires puisqu’il n’a évidemment jamais existé, contrairement à son monarque, et fut imaginé pour les besoins d’une histoire des EC Comics. Inutile de dire que la date donnée par les auteurs n’est pas non plus raccord avec ce que nous disent les chercheurs à propos du règne du souverain de la Quatrième Dynastie, puisque cela est généralement le point commun à toutes les histoires de momies pondues par les américains durant la première moitié du XXème siècle. Ici au moins elle ne nous est pas présentée comme un vilain monstre mais une figure essentiellement tragique et même un rien héroïque, puisqu’elle sauve l’héroïne d’une mort certaine. Il faut dire que de son vivant le bonhomme était non seulement un fidèle serviteur, mais aussi le soupirant de la belle Nirrah, fille du Haut Prêtre.
Un amour réciproque qui fut hélas la cause de la mort de Famu, le roi ayant jeté son dévolu sur la jeune femme afin d’en faire sa reine et la mère de son héritier. Ne désirant pas d’un rival encombrant, il chargea deux soldats de convoquer le messager dans un endroit isolé afin de lui tendre un piège et de le tuer. Par jalousie il ordonna qu’il fut momifié et enterré vivant dans la crypte royale de sa pyramide, s’assurant ainsi que personne ne le retrouverait jamais. Ligoté de bandelettes et enfermé dans un sarcophage, la pauvre homme mourra sans que sa bien-aimée ne sache ce qu’il advint de lui. Quelques semaines après sa disparition, le souverain commença à courtiser Nirrah, prétendant que son ancien compagnon l’aura quitté pour une autre fille. Quelques mois plus tard elle fut mariée de force au pharaon, et un an après les faits elle donna naissance à son enfant, devenant aussitôt inutile à la cour.
Congédiée mais toujours reine, elle usa de son influence pour découvrir la vérité sur Famu et l’un des soldats responsable de son exécution confessa son meurtre. Accâblée de chagrin, la jeune femme se tourna vers son père dans l’espoir de ramener le défunt à la vie, le Haut Prêtre lui faisant alors don d’un précieux parchemin contenant une prière secrète capable d’un tel miracle. Nirrah se rendit alors dans la salle cachée de la pyramide pour effectuer le rituel, mais fut assassinée par Khufu avant de parvenir à ses fins. Son corps fut abandonné au pied du sarchophage et le pharaon fit sceller la tombe… jusqu’à ce qu’une expédition du British Museum ne l’exhume quelques milliers d’années plus tard. Par hasard ou caprice du destin, un descendant direct du pharaon se trouva parmi les explorateurs: la jolie Nina, portrait craché de la reine et elle aussi au centre d’un dangereux triangle amoureux.
L’amateur de films de momie y verra une référence évidente à La Momie originale de Karl Freund, même s’il n’est jamais question de réincarnation ici. Dans tous les cas le destin va se répéter, et alors que le groupe découvre les restes de Nirrah, la jeune femme met la main sur le parchemin sacré qu’elle tenait encore entre les mains. Jouant son rôle de traductrice, elle va réciter à voix haute l’ancienne prière et cela non pas dans l’intimité de sa tente, mais en pleine crypte et juste devant le tombeau ouvert de la momie, laquelle présente étonnament peu de signe détérioration. Famu va revenir à la vie sous l’habituelle forme de mort-vivant enrubanné, mais jamais Nina ne s’en rendra compte. Car tout comme pour son ancêtre, un prétendant fou de jalousie va la rejoindre pour la tuer, décidé à ne pas la laisser partir avec un autre. S’évanouissant sous le choc, la jeune femme ne verra pas Famu s’extraire du sarchophage pour attaquer…
A son réveil, Nina pourra constater que son agresseur est mort, le corps couvert de poussières et de lambeaux de bandages, et que la momie a tout bonnement disparue. Une conclusion un peu abrupt qui manque d’un petit quelque chose pour vraiment convaincre, comme une description grotesque du défunt ou la disparition du squelette de Nirrah que Famu aurait pu embarquer avec lui, afin de tenter de la ressusciter également à l’aide du parchemin. C’est sans doute en demander trop de la part d’une petite histoire vite torchée par l’équipe d’EC Comics, le scénariste Al Feldstein ayant sûrement pondu le script en même temps qu’une dizaine d’autres pour les différents magazines de la compagnie. Quantité ne peut pas toujours être synonyme de qualité, mais on appréciera quand même sa ferveur et sa créativité, même si – il faut bien le dire – il y a finalement très peu de momie dans cette histoire de momie.
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