Curse II: The Bite (1989) | The Bite

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Curse II: The Bite

(1989)

 

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Si l’on ne peut pas dire que The Curse ait connu un succès extraordinaire à sa sortie, cette adaptation italo-américaine de La Couleur Tombée du Ciel de H.P. Lovecraft se montra quand même suffisament profitable pour que son producteur se risque à capitaliser sur son titre à peine un an plus tard. Mais Ovidio G. Assonitis n’est pas Crésus, et produire une véritable suite lui coûterait trop de temps et d’argent. Aussi il décida d’avoir recours au même gimmick utilisé avec un autre de ses films, Beyond the Door, en collant simplement un numéro 2 sur l’affiche d’une œuvre sans aucun rapport, et si possible déjà disponible pour la balancer rapidement en rayon vidéo et attirer le chaland. Ainsi, si Beyond the Door II cachait en fait Les Démons de la Nuit de Mario Bava, qui n’a aucun lien avec le sous-Exorciste auquel il succède, Curse II se trouve être une série B nommée The Bite dont l’intrigue à base de serpents radioactifs ne vient évidemment pas de l’écrivain de Providence.

 

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Écrit et réalisé par Frederico Prosperi (Les Bêtes Féroces Attaquent), avec l’aide de Susan Zelouf (Beyond the Door III la même année), le film combine étrangement La Mouche de Cronenberg avec Rambo sous fond de road movie, pour un résultat qui ne vaut en réalité que pour ses effets spéciaux rudimentaires mais démentiels signés Screaming Mad George (Society). Tout le reste est d’un niveau franchement médiocre et qualitativement un cran en-dessous de The Curse, mais heureusement le facteur Bis italien relève le niveau grâce à ses bizarreries et son insistance à prendre très au sérieux une histoire pourtant absurde. Il est donc question d’un jeune couple en voyage sur les routes américaines qui va commettre l’erreur de chercher un raccourci à travers le désert de Yellow Sands en Arizona, une région que les locaux évitent comme la peste puisqu’elle a été ruinée par des essais atomiques et autres expériences polluantes menées par le gouvernement.

 

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Les animaux, et principalement les serpents, y ont subi d’étranges mutations ayant affecté tant leur comportement et leur biologie, et leur venin est capable d’affecter l’ADN de leurs proies, les transformant en horribles hybrides à moitié reptiles ! Ce pauvre Clark en fait les frais lorsqu’un crotale entre dans le coffre de sa voiture durant une creuvaison, le mordant ensuite à la main lorsqu’il débarasse ses affaires en arrivant à un motel. Contaminé, le jeune homme va lentement être corrompu par la substance qui va non seulement le rendre violent, mais surtout changer son bras en une chose monstrueuse et dotée d’une vie propre. Un appendice serpentesque qui va attaquer toute personne qui s’en prendrait à lui. Perdant progressivement le contrôle de lui-même, le garçon va se retrouver en sus poursuivit par un flic retord avec qui il s’est accroché, et sa petite amie Lisa, qui ne comprend rien de ce qui lui arrive mais espère encore pouvoir le sauver, sans comprendre que son organisme est en plein ébullition et que le pire est encore à venir…

 

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La décalque de La Mouche est ici très apparente avec de nombreuses répétitions de scènes: le mec qui se fait casser le bras dans un bar, la mutation physique de plus en plus grotesque en fin de film, la tentative de suicide du protagoniste devant sa bien-aimée et jusqu’au coup de fusil fatal. Les héros font également l’amour post-mutation et il manque clairement un épilogue montrant Lisa accoucher d’une petite bestiole gluante, ce qui s’avère assez étonnant. Néanmoins le manque de budget et de talent se fait sacrément ressentir en comparant les deux œuvres, puisque si l’original montrait Seth Brundle se décomposer tout au long du film, Clark demeure physiquement normal jusqu’à son ultime métamorphose dans les quinze dernières minutes, gardant simplement sa main blessée sous des bandages sales. Un peu décevant, d’autant que le film se traine et nous fait patienter une bonne heure avant de dévoiler son monstre.

 

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Et malheureusement la partie Rambo est encore plus sous-exploitée, se limitant globalement à une unique rencontre avec le shérif autoritaire d’une petite ville qui va prendre Clark en grippe en raison d’un refus de coopérer. Le croyant drogué il va le malmener un peu, mais notre mutant aura tôt fait de tuer l’un des adjoints pour s’évader, devenant un fugitif dont la traque se résume à bien peu de chose puisqu’il va échouer tour à tour dans un hôpital puis chez une famille mormone sans vraiment avoir les flics sur les talons, le script privilégiant alors les ravages de sa main-serpent à la chasse à l’homme qui s’organise complètement hors caméra. Naturellement la police a son rôle à jouer dans le final, intervenant in extremis pour sauver une Lisa en mauvaise posture, mais nous sommes là dans le territoire du monster movie traditionnel et le concept prometteur du survival actioner body horror passe à la trappe sans jamais avoir été utilisé. Le vilain shérif ne s’y fait même pas bouloter, survivant à l’aventure malgré un comportement détestable !

 

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Beaucoup de potentiel gâché donc, et Curse II ne s’en remet que grâce à deux atouts: ses séquences gores et son univers délirant. Le premier met du temps à démarrer et se montre plutôt limité par le budget maigrichon, les serpents mutants évoquant surtout de grosses marionnettes couvertes de slime, mais la créativité de Screaming Mad George devient évidente durant l’incroyable final où Clark, infesté jusqu’au trognon, vomit des tas de reptiles sur sa copine, perdant de plus en plus de morceaux dans le procédé jusqu’à ce que son corps s’ouvre complètement, laissant s’échapper une dernière créature essentiellement composé d’une longue colonne vertébral et d’une tête de serpent faite de chair humaine. S’ensuit une poursuite dans un fossé de chantier boueux et inondé par la pluie où la jeune femme s’embourbe tandis que la chose nage tranquillement vers elle. Rien que pour ça le jeu en vaut la chandelle.

 

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Du reste la main-serpent possède ses propres moments de bravoure comme lorsqu’elle s’enfonce jusqu’au coude dans la bouche d’un flic pour en retirer le cœur encore battant, ou lorsqu’elle s’agrippe à la bouche d’une docteur sexy pour lui arracher la mâchoire inférieure. La bête est dévoilée par des images de rayon X, crache du venin corrosif au visage d’une personne et possède une langue extensible pour étrangler ses proies. Clark finira même par s’amputer à la hache, abandonnant la tête du mutant dans l’évier de toilettes publiques, mais la chose va repousser comme une queue de lézard quelques heures plus tard. Et tel Brundle qui perdait une oreille et des ongles durant sa métamorphoses, le garçon éjecte un globe oculaire et toute sa langue (aussitôt remplacée par un gros serpent !) alors qu’il atteint les derniers stades de sa transformation, sa forme humaine finissant en une sorte de gros cocon…

 

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Pour en arriver là le spectateur va toutefois devoir attendre le dernier acte et le temps paraitra parfois long. C’est là que les choix étranges inhérent au Bis rital interviennent, venant divertir volontairement ou non par leurs excès. La musique du film repompe fréquemment celle de Dead Zone, toujours de Cronenberg, l’héroïne passe son temps en petite culotte, l’unique garagiste de Yellow Sands vit barricadé dans sa station service et garde son chien mutant dans la cave (une référence au cabot difforme de La Mouche 2 ?), Lisa découvre la trainée visqueuse d’un serpent sur ses sous-vêtements tandis qu’un Clark perverti par le mal avale une mouche avec sa bière puis cogne copine parce qu’elle a osée danser avec un autre. Le rival en colère écrase alors sa cigarette sur sa main bandée et douloureuse pour lui apprendre les bonnes manières tandis que le blessé finira par bouffer les oiseaux de compagnie de sa nana par vengeance !

 

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Les tourtereaux en colèrent se rabibochent alors étrangement, le garçon venant caresser l’entrejambe de sa petite amie – toujours sans pantalon – de sa main blessée, la masturbant longuement alors qu’elle conduit. “I hate you” soupire t-elle dans son plaisir. Une relation qui donne le La à l’univers de Curse II, où chaque personnage se montre excentrique. Des gentils mais très intégristes mormons aux flics bourrus du Texas, en passant par les résidents pétochards d’un motel et ce groupe de camionneurs haut en couleur (ce dénommé Death Wish qui conduit un fusil à la main et regrette que l’avortement ne soit pas utilisé pour se débarasser de l’homosexualité), tout le monde se montre absurde, bizarre et décalé. La palme revient sans doute à ce commis-voyageur s’improvisant docteur et injectant un anti-venin à Clark avant de réaliser sur le tard qu’il s’est gourré de produit. Comprenant que le garçon risque la mort par son erreur, il va traquer le couple pour l’avertir, mais plus par peur d’être poursuivit en justice que par noblesse d’âme…

 

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Seul moment dont on se serait bien passé: ces nombreux serpents écrasés pour de vrai en voiture lorsque les héros traversent le désert et passeny sur une section de route littéralement recouverte de reptiles. Il est possible que les animaux utilisés étaient déjà mort puisqu’ils ne semblent pas bouger, mais les petites gerbes de sang visible à l’impact confirment qu’ils sont vrais. Considérant la nature toute italienne du film et les antécédents douteux du réalisateur (des centaines de rats crâmés au lance-flammes pour de vrai dans Les Bêtes Féroces Attaquent), il n’y a qu’un pas devant l’accusation sommaire qu’il n’est pas interdit de franchir. Ce qui est dommage puisque la séquence arrive assez tôt dans le film pour miner le moral, alors que le reste de la production parvient tant bien que mal à rattraper ses (fortes) lacunes. Alors bien sûr il existe des cas encore pire (le Food of the Gods de Bert I. Gordon, qui donne juste envie de tabasser le réalisateur) mais soyez prévenu quand même.

 

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De toute évidence cette pseudo séquelle ne vaut pas l’original même si l’on y trouve de bonnes petites choses dedans. Un mot sur le casting d’ailleurs: la sexy Jill Schoelen (Le Beau-Père, Popcorn) en héroïne déshabillée, ce vieux briscard de Bo Svenson (The Inglorious Bastards, les suites de Walking TallBeyond the Door III !) en shérif bouseux et Jamie Farr (M*A*S*H, Scrooged – Fantômes en Fête) en représentant de commerce paranoïaque. Curse II semble en tout cas avoir marquer certains esprits car il est possible de lui trouver quelques successeurs spirituels. Je ne parle pas de Curse III et IV, bidouillés à la va-vite pour le marché vidéo à partir de films déjà existants, mais de Night of the Demons III, où une adolescente portant un gant en forme de serpent se retrouve dans la même situation que Clark sous les maléfices de la succube Angela, et du Snakes on a Train de la Asylum, qui sous couvert de parodier Des Serpents Dans l’Avion refait tout le final de Curse II avec ce corps humain infesté qui se désagrège en libérant des hordes de reptiles rampants, mais sur sa totalité et avec un reptile géant façon kaiju eiga en plus.

 

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