Charlie’s Farm
(2014)
Et après The Redwood Massacre, voici un autre exemple de Slasher / Survival à petit budget conçu pour le marché vidéo. Exactement comme son prédécesseur, Charlie’s Farm n’a rien d’extraordinaire, d’innovant ou de surprenant: il s’agit encore une fois de l’intrigue déjà visitée des millions de fois depuis Massacre à la Tronçonneuse et mise en scène avec un budget dérisoire. Toutefois, à la différence de Redwood Massacre qui n’avait pour ainsi dire ni argent, ni même équipe (quatre personnes !), ce nouvel avatar rentre un peu plus dans le moule du film d’horreur DTV moderne, avec des valeurs de productions sensiblement plus élevés, des maquillages et effets spéciaux plus élaborés et même les désormais habituelles apparitions-éclairs de quelques personnalités, afin d’appâter les fans old school qui se précipiteront en espérant naïvement les voir dans un rôle important. Tout cela transforme Charlie’s Farm en cet espèce de produit formaté, pas vraiment mauvais mais pas particulièrement bon et surtout vite oublié après une première vision. Tel est la vérité sur le marché vidéo actuel, et le film se perd bien vite dans le lot, ne possédant pas grand chose pour se faire remarquer ou se rendre intéressant. Voilà sans doute pourquoi les responsables avaient décidés de taper un peu dans la provocation facile, en créant une première affiche “choc” pour attirer l’attention sur eux: on y trouve l’antagoniste du titre, Charlie, se curant les dents avec le gant de Freddy Krueger et entouré des têtes coupées de célèbres Boogeymen du cinéma (Freddy, Jason, Michael et Leatherface). L’idée est que ce nouveau personnage est tellement brutal et dangereux qu’il relègue les grandes figures d’antan à l’état de proies inoffensives. Et puisque le film provient d’Australie, on y trouve également le cadavre de Mick Taylor, le tueur de Wolf Creek, en guise de clin d’œil.
D’emblée la chose évoque ces comics indépendant publiés en masse durant les années 90, lorsque l’industrie allait très mal et entrait dans une phase ultra-violente avec des anti-héros brutaux, voir carrément maléfique. Les Evil Ernie, Razor, Darkchylde, Bloodshot et autres Lobo… Même graphiquement la pré-affiche de Charlie’s Farm évoque certains titres du genre, les moins soignés, avec ces traits brutes, ces proportions approximatives et la coloration plutôt légère. Généralement des bouquins distribués à la pelle, chacun ayant à l’époque l’intention de créer sa propre entreprise et de devenir le nouveau Marvel ou DC, préférant la quantité à la qualité. Des BD fast-food en quelque sorte, aussitôt lues, aussitôt abandonnées, et ne s’élevant jamais au niveau des Grands. C’est exactement la même chose avec le marché vidéo actuel, saturé de titres aussi similaires que convenus. Pourquoi en parler alors ? Tout simplement parce que cela fait une chronique vite écrite. Du contenu provisoire pour ce Blog. Voilà la réalité de la situation: le “cinéma” d’exploitation, autrefois fun et pouvant trouver son public, ne propose plus rien d’autres que des œuvres répétitives aux titres interchangeables. Des films vite écrits, vite tournés, vite regardés et vite oubliés. Du cinéma fast-food qui n’a aucune substance mais qui permet quand même de remplir quelques minutes et, pour le critique, quelques lignes. Il n’y a généralement pas grand chose à en dire, et au-delà de coucher sur écrit son avis personnel, les anecdotes et analyses possibles se résument à bien peu de choses.
Dans le cas de présent, y a t-il véritablement besoin de résumer l’intrigue ? Comme d’habitude, il est question d’une bande de jeunes adultes irresponsables et, hélas, détestables en raison de leur immaturité et manque d’épaisseur, qui décide de faire la fête dans un endroit dangereux. Une ferme abandonnée depuis des dizaines d’années en raison du drame sanglant qui s’y est déroulé. Une fois sur place ils deviennent naturellement les proies d’un monstre, un tueur invincible, et tombent comme des mouches jusqu’à ce que la Final Girl tente une ultime évasion, se confrontant une bonne fois pour toute à l’antagoniste. Les noms des personnages, leurs déboires sentimentaux et leurs tentatives de résoudre la situation importe peu. Les seules choses que l’on attend sont les meurtres, la mythologie construite autour de l’élément horrifique et éventuellement les séquences sexy à base de donzelles en lingerie et de scènes de sexe. Il s’agit du degré zéro du cinéma d’Horreur, où l’atmosphère, l’écriture, le suspense et la réalisation n’ont aucun intérêt. Là-dessus on est servit et il faudra prendre sur soi pour supporter les prémices qui n’ont aucune logique, même pour ce type de film. Voyez-vous, les quatre protagonistes principaux décident de partir en camping pour le week-end mais la destination n’est connue que par deux d’entre eux: les hommes, qui choisissent la ferme de Charlie pour son histoire macabre mais sans trop savoir eux-même ce qu’ils vont y trouver, ni ce qu’ils feront une fois sur place. Leurs amies acceptent de passer plusieurs heures en voiture sans se poser la moindre question et, lorsqu’elles apprennent la vérité, ne se vexent pas vraiment d’être trimballée sur les lieux d’un ancien massacre avec l’idée de s’y envoyer en l’air.
Il faut dire, nos “héros” en tiennent une sacrée couche, témoignant de toute la stupidité dont la race humaine peut faire preuve. Un équivalent des candidats de télé-réalités qui écument nos écrans: beaufs, superficiels, incultes et sans aucun savoir-vivre. Le pompon en revient notamment à ce queutard obèse, toujours partant pour se promener à poil ou exprimer quand il doit faire ses besoins. Bienvenu en Australie. En fait il n’est probablement pas demandé au spectateur de témoigner la moindre sympathie pour ces idiots, au point qu’une scène-clé les montre être responsables de leur propre malheur. Car il se trouve que le groupe ne sait pas vraiment où se trouve la ferme de Charlie (bonjours l’organisation) et doit alors interroger quelques locaux après avoir fait tout ce chemin. Vient l’inévitable scène du “Crazy Ralph” de service, toutefois il faut voir que ces braves gens tiennent vraiment à leur sauver la vie. On leur explique qu’il ne faut pas s’y rendre car la zone est dangereuse, perdue assez loin dans l’Outback, qu’on a déjà recensé grand nombre de disparitions et que la police ne s’y déplace même plus en cas de problème. L’un d’eux va carrément les prendre à part, les suppliant de ne pas y aller car l’endroit est mauvais et que beaucoup se souviennent encore de la tragédie d’autrefois. Une visite à la ferme serait de très mauvais goût en plus d’être un risque inconsidéré. Peine perdue, l’un des protagonistes se vexe de ne pas avoir ce qu’il veut et devient injurieux, agressif même, et bien plus que de raison. Excédé – et à raison – par un tel comportement, l’un des autochtones finira par leur donner la localisation précise de l’endroit, les envoyant vers une mort certaine.
Le reste du film n’est que remplissage via discussions et exploration des lieux, en attendant que le fameux Charlie ne vienne faire un peu ménage parmi ces visiteurs importuns. L’occasion parfaite pour balancer un peu de backstory à propos de l’antagoniste, et ainsi de fournir un peu plus d’épaisseur à ce nouveau tueur que le créateur du film tenait à nous faire passer pour plus dangereux que Freddy et Jason. En vérité, il ne s’agit que d’un mélange grossier entre The Devil’s Rejects, Bill Moseley intervenant justement dans ce segment, et la trilogie Hatchet (Kane Hodder à un petit rôle également). L’intrigue est la suivante: dans les années 80, un couple de fermiers psychopathes a sévit aux limites de l’Outback, s’attaquant aux travailleurs occasionnels ainsi qu’aux hippies sillonnant le pays. John et Merideth Wilson tuent, violent et mangent même leurs proies, encore que cette dernière pratique est moins pour eux que pour leur rejeton Charlie, un enfant difforme doté de yeux jaunes, d’une mauvaise peau et d’une impressionnante scoliose qui lui tord la colonne vertébrale (il va de soi que ce détail est repris à Victor Crowley, le Boogeyman des Hatchet). La population locale fini par réaliser ce qui se passe et se rend sur place pour faire Justice, tuant les parents sans état d’âmes exactement comme au début de Texas Chainsaw 3D. Et comme dans celui-ci, le concept semble être de montrer ce lynchage comme une mauvaise action, où l’on doit presque prendre la famille de psychopathes en pitié. C’est d’autant plus probant lorsque l’on sait que le précédent film du réalisateur (Daddy’s Little Girl) tournait autour de la capture et de la torture d’un homme accusé de pédophilie et de meurtre…
Étonnant de choisir ce parti-pris tant les Wilson sont détestables. Il faut voir Bill Moseley expliquer à sa victime, une jeune femme dénudée, battue et attachée à un lit, qu’il ne l’a absolument pas violé et que c’est elle qui lui fait des avances ! Tout au plus le sort réservé à ces tordus parait bien sage au regard de leurs actions. Mais peut-être que je cherche un peu trop à trouver des choses là où il n’y en a pas, et Charlie’s Farm ne cherche pas à faire autre chose que recopier un autre grand classique, Les Griffes de la Nuit, avec la célèbre mise à mort de Freddy Krueger de son vivant. Et de la même manière que les parents d’Elm Street sont poursuivit par leur victime des années plus tard, le meneur du lynchage contre les Wilson est hanté par ses propres actions et on le retrouve au bar à se noyer dans l’alcool, même trente ans après les faits. Jusqu’au dernier acte en tout cas, où il revient sur place pour sauver les campeurs et faire face à ses démons. Évidemment je raconte cela comme s’il s’agissait d’un point précis du scénario alors que sa réapparition permet juste un meurtre supplémentaire en fin de film, sans impact et sans avoir la moindre incidence sur l’ensemble de l’histoire. Pour le coup, c’est exactement le même soucis que le paternel en deuil de The Redwood Massacre. Dommage car il aurait été intéressant de voir l’homme en partie responsable de la légende urbaine qu’est le massacre des Wilson se confronter au monstre qu’il a aidé à engendrer. Car si John et Merideth ne sont plus, leur fils Charlie est toujours vivant, laissé pour mort dans l’Outback, où un enfant normal ne pourrait pas survivre…
Exactement comme Jason Voorhees dans le second opus de sa saga, Charlie a été témoin de la mort de sa mère et n’a jamais quitté les lieux du drame. Il a élu domicile à proximité, dans une vieille mine abandonnée, et a grandit au point de devenir un colosse gigantesque doté d’une force démentielle, tuant tout ceux qui traine dans les parages pour protéger son territoire. Malgré tout, Charlie a conservé quelque chose d’enfantin dans son comportement et n’est donc pas vraiment un adulte. Lorsqu’un couple en pleine baignade le surprend entrain de les espionner, il leur adresse un petit coucou de la main avec un grand sourire. Lorsque le type sort de l’eau, complètement nu, pour l’interpeller, Charlie éclate de rire à la vue de son pénis. Enfin, lorsqu’un de ses adversaires se révèle être un boxeur, il abandonne son arme et l’incite à venir se battre au corps-à-corps contre lui, pour s’amuser. La performance de l’interprète, Nathan Jones, est sans aucun doute la meilleure du film et ce n’est vraiment pas un hasard sur Charlie est responsable des séquences les plus intéressantes. Alternant constamment entre un amusement puéril et une rage monstrueuse, le personnage fait un Boogeyman tout à fait crédible, sorte d’ogre gigantesque, croisement improbable entre George Eastman dans Anthropophagous et André le Géant ! Ses méfaits sont visuellement très soignés et, que l’on ait affaire à du gore rentre-dedans ou à une mise en scène plus suggestive, sont très effectifs. Un type se prend un bon coup de hache qui fait mal, bien que la blessure soit invisible à la caméra, des gorges sont tranchées avec les ongles, une mâchoire est arrachée à la main… Quant à la Final Girl de service, elle se retrouve carrément empalée avec son propre fusil à lunette.
Quelques sévices sortent carrément du lot, notamment lorsque le tueur assomme une de ses victimes, la posant délicatement sur le sol pour ensuite pousser à mains nues un tracteur se trouvant à proximité, afin qu’une des roues lui broie la tête ! En raison du sol boueux, la pauvre ne meurt pas sur le coup et se retrouve “coincée” entre le sol et le pneu géant. Et Charlie de sauter à pieds joints sur le véhicule pour que le poids lui face éclater le crâne ! Le passage le plus mémorable semble carrément provenir d’un film d’Andreas Schnaas, montrant le géant émasculer d’un coup de machette le personnage le plus détestable du lot, ramassant ensuite le membre tranché pour lui enfoncer violemment dans la bouche jusqu’à étouffement. Le tout avec gros plans sur le moignon, coucougnettes poilues entr’aperçues et stouquette en plastique apparente ! Ce parti-pris graphique joue clairement en la faveur du film, qui se démarque alors de ses milliers de semblable qui n’affichent pas toujours la violence ou les maquillages nécessaires et perdent beaucoup en intérêt. Il faut dire qu’ici l’homme responsable du projet, Chris Sun, dirige également sa propre compagnie d’effets spéciaux (Slaughterfx) et compte justement là-dessus pour donner un peu de piment à son film. Bon dans l’idée, surtout dans l’esprit de série B à l’ancienne qu’il semble vouloir donner à son film, en hommage à ces vieux Slashers de vidéos clubs Cependant cela montre toutes ses limites de metteur en scène… Car les ambitions du réalisateur sont assez simplistes, voir même discutables: dans une interview donnée au site Sunshine Coast Daily, il avoue s’être endormie devant Wolf Creek et avoir voulu faire, grossièrement, la même chose mais en mieux. “Je voulais faire quelque chose qui aurait de l’action dès le début, dans la veine des classiques comme Razorback et Michael Myers, et ne pas avoir à attendre 40 minutes pour voir quelque chose” déclare t-il.
L’idée n’était ni de révolutionner le genre, ni de redorer le blason de l’Ozploitation, mais simplement de faire un film plus gore et plus rythmé que Wolf Creek, simplement parce que Chris Sun ne l’a pas aimé. Outre le fait que ce point de vue reste purement subjectif et pas nécessairement une vérité, et que la présence de Mick Taylor sur la pré-affiche face preuve d’une mauvais goût plutôt mesquin, on voit là que le cinéaste n’avait absolument aucune volonté artistique, aucune passion véritable, aucune envie de raconter une histoire. Il désirait simplement faire un produit simple et bourrin, pillant dans ses références pour se prétendre old school et affichant sa violence pour se débarrasser de tout effort de mise en scène. Un film d’adolescent en quelque sorte, qui se croit rebelle et transgressif, pensant faire mieux que son voisin juste parce que le style de celui-ci est différent et pas à son goût. S’il est indubitable que Charlie’s Farm gagne à être plus exagéré que Wolf Creek, devenant une série B assumée et évitant la redite façon “bête et méchante” du film de Greg McLean, je ne pense pas que cela en fasse un gage de qualité pour autant. Particulièrement quand Adam Green est déjà passé par là avec ses Hatchet auxquels le Slasher de Chris Sun ressemble par bien des aspects, mais en moins réussi. Moins fou, moins fort, moins bien foutu… Charlie’s Farm à le cul entre deux chaises et se situe quelque part entre ces deux films, sans jamais parvenir à s’élever à leur niveau. Et c’est dommage car si on regarde bien, on peut voir que le réalisateur est loin d’être incompétent et qu’il possède même un certain sens du détail plutôt intéressant. Un degré d’attention sur des petites choses qui finissent par rehausser la vitalité de son univers et le placer un peu au-dessus des autres DTV conçus en vitesse.
La fameuse ferme de Charlie est couverte de messages laissées par de précédents visiteurs (et autant de victimes probables de l’antagoniste). Des tags et autres tel qu’on retrouves dans les lieux abandonnés ou visités de façon illégal. Une ambiance de squat avec bouteilles abandonnées, merde sur les murs et phrases inscrites partout. Quiconque a déjà fait de l’Urbex se sentira en terrain connu. L’air de rien, cela donne une certaine épaisseur à la légende urbaine du film, son historique et comment elle attire du monde. Même chose avec l’antre secrète du colosse, sorte de version sérieuse de Massacre à la Tronçonneuse 2 où des guirlandes lumineuses viennent éclairer les couloirs garnis de cadavres en putréfaction, d’asticots et de toile d’araignées. Et à la manière du Tueur du Vendredi, le second Vendredi 13, le colosse-enfant à dressé une sorte d’autel en l’honneur de sa mère, entassant un tas d’objets sur une table, juste devant son cadavre. Des bijoux, des trophées, probablement récupéré sur des victimes féminines, dans l’idée de les offrir en cadeau à celle qui l’a élevée. L’héroïne y retrouve justement son collier en explorant les lieux, réalisant que Charlie lui a volé pendant qu’elle était inconsciente, le récupérant ensuite dans une séquence qui fait vaguement penser au vol du pull-over de Madame Voorhees. Les armes de Charlie sont clairement personnalisées en raison de sa taille et sa force, et les parents Wilson, véritables ploucs, sont loin d’avoir une apparence de citadin. John a un problème à l’un de ses yeux tandis que la dentition de Merideth trahie un manque d’hygiène. Ce ne sont que de petits trucs, mais ces éléments évitent le côté “préfabriqué” du cinéma et, si Chris Sun avait été plus impliqué, il aurait sûrement façonné un film bien plus intéressant.
Ici et là, quelques scénettes donnent un aperçu de cette “autre” Charlie’s Farm. Comme lorsque l’antagoniste retourne en pleine nuit à la ferme pour récupérer son ourson en peluche, que l’une des visiteuses pensaient ramener chez elle. Se réveillant au milieu de la nuit, elle aperçoit dans l’obscurité une gigantesque silhouette se détacher dans l’encadrement de la porte. Comme lorsqu’une victime des Wilson, attachée sur un lit, est surveillée par ce gamin étrange et muet qui fait du cheval à bascule, totalement indifférent à ses cris et supplications. Comme lorsque résonne cette intéressante musique à base de chœurs et de piano, qui diffère totalement des ambiances sonores habituelles des Slashers. Hélas tout ceci est enterré sous un manque d’originalité flagrant (les reprises à Vendredi 13, Massacre à la Tronçonneuse, Devil’s Rejects, Hatchet, dont le réalisateur reprend jusqu’à la conclusion coupant abruptement, et La Colline à des Yeux 2 avec ce Charlie vêtu de peaux de bêtes, renvoyant à Hades) et des choix de mise en scène trop évident (le générique de début sous fond de rock, qui certes donne le ton mais ne colle pas avec les éléments plus subtiles du film). Le jeu d’acteur est globalement passable et Tara Reid se montre particulièrement crispante, comme à son habitude. Et si son personnage est supportable en début de film, car étant la seule à avoir un comportement “normal” vis-à-vis de ses camarades survoltés, elle devient vite insupportable quand la situation se dégrade, ne faisant plus que hurler, agir comme une nunuche et croasser des répliques ridicules avec son horrible voix enrouée. Cela dit, il est toujours plaisant de voir cette “actrice” se faire trucider à l’écran et ce n’est pas tous les jours que je peux voir un film d’horreur où l’héroïne se prénomme Natasha !
Bill Moseley compose très naturellement son personnage de taré psychopathe et on pense presque, une fois encore, au Otis Firefly de chez Rob Zombie, en beaucoup plus calme. De toute manière il doit certainement savoir jouer ce type de rôle les yeux fermés et c’est probablement pour cette raison qu’il a été choisis. Kane Hodder joue bien également, mais sa présence tiens plus du caméo qu’autre chose. Il incarne un boxeur dont les scènes ont été filmées à part, probablement rajoutées après coup une fois que le cinéaste ait réussi à l’obtenir pour le film. Son personnage n’est globalement là que le temps d’une bagarre, afin de donner une chance à Charlie de s’attaquer véritablement à une icône de l’Horreur. C’est fun, mais pas aussi spectaculaire qu’on ne le croit. Celui qui tir son épingle du jeu, c’est naturellement Nathan Jones. Intimidant et semblant s’éclater dans ce rôle de tueur barbare, celui qui s’est récemment fait repérer dans Mad Max: Fury Road où il incarnait le titanesque Erectus, n’en est pas à son premier galop d’essai. On le aussi bien aux côtés de Jackie Chan (Contre Attaque, alias Police Story 4) et de Jet Li (Le Maître d’Arme) que dans l’ignoble remake de Conan le Barbare, où sa carrure massive ne faisait cependant pas tâche. Un temps catcheur pour la WWE, incarnant tour à tour un véritable psychopathe et un disciple de l’Undertaker, il se retrouva face à son camarade Stone Cold Steve Austin pour les besoins du très recommandable The Condemned. Prochainement, il affrontera Michael Jai White dans Never Back Down 3, qu’il me tarde de voir…
Pas mauvais, et même contre-exemple total d’un The Redwood Massacre complètement creux, Charlie’s Farm reste quand même un petit film sans véritable punch, sans saveur particulière, aussitôt vu, aussitôt confondu avec ses semblables si ce n’est pour la scène du pénis tranché. Le résultat est loin d’avoir le côté démentielle et rentre-dedans que Chris Sun nous vendait dans son affiche, même si ça serait mentir de dire que le film n’est pas gore ou surprenant par instant. Seulement le budget réduit et les faibles ambitions du réalisateur viennent ternir le projet, qui jamais ne parvient à s’élever au niveau de son “ennemi” Wolf Creek, ni de ses modèles. Le produit se perd facilement dans l’océan de DTV existant sur le marché et ce n’est pas le ventre mou qui se situe entre la légende des Wilson et l’apparition de Charlie qui va aider les choses. Reste un soucis du détail et cette volonté de rendre l’antagoniste iconique, qui fonctionne surtout grâce au physique de Nathan Jones et le fait que celui-ci ait choisi d’y aller à fond. Verdict: un fil passable, dispensable et oubliable, mais qui pourra malgré tout faire la soirée des amateurs du genre DTV en attendant Détour Mortel 7.
Pré-affiche du film.
A gauche l’original avec le look du tueur certainement emprunté à Nathan Jones au naturel.
A droite une version sensiblement remaniée, Charlie y apparaissant tel que dans le film.
Trouvable en vf ou vostfr ?
Pas de VF car pas encore de DVD français (mais ça pourrait sortir n’importe quand), STFR peut-être sur le Zone 2 anglais, mais je ne confirme pas !