Beach Babes From Beyond (1993)

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Beach Babes From Beyond

(1993)

 

“– You mean… You’re a beach babe from beyond ?
Bet your ass, dude !

 

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S’il ne fallait citer qu’un film de David DeCoteau pour prouver qu’il est l’un des pires cinéastes de tous les temps, ce serait probablement Bigfoot vs. B.D. Cooper. Mais s’il fallait en citer un autre… A Talking Cat !?! se pose là. A Talking Pony !?! aussi. En fait, des purges, il en a pondu des tas: Ancient Evil, Talisman, Totem, Voodoo Academy, sa longue série des The Brotherhood… Des trucs où il ne se passe souvent rien, filmés platements et vous plongeant dans un tel ennui que vous jurerez après coup de ne plus jamais regarder une autre de ses productions. Quelques métrages surnagent pourtant, certains sincèrements bons, d’autres proposant au moins quelque chose d’intéressant pour être mémorables, Puppet Master III et Sorority Babes in the Slimeball Bowl-O-Rama étant les meilleurs exemples. Bref avec DeCoteau c’est “quand il veut, il peut”, mais ça c’est uniquement quand il veut et c’est malheureusement très rare. Avec Beach Babes From Beyond il est clair qu’il se fiche complètement de ce qu’il fait, parasitant le concept pourtant simple que lui refourgua ce vieux filou de Charles Band (montrer des filles en maillots de bain) en se tournant volontier vers les mecs à la place, histoire de se faire plaisir et de passer le temps durant le tournage.

 

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Un peu de contexte: en ce début d’années 90, Band ne bénéficie plus des contrats de distribution qu’il avait du temps de Empire International Picture, et sa nouvelle boite Full Moon doit troquer les grandes salles pour les petits vidéoclub et les chaînes câblées. Pour se diversifier, et sans doute pour d’obscures raisons économiques, il invente plusieurs labels basés sur différents genres et ciblant différentes démographies, allant des plus jeunes (Moonbeam) aux plus adultes (Torchlight). C’est pour ce dernier que Beach Babes From Beyond voit le jour, petit softcore aux accents de teensploitation qui espérait sans doute maximiser son chiffre d’affaires lors de diffusions sur les chaînes coquines. Oui mais voilà, filmer des filles toutes nues, David DeCoteau s’en balance complètement: il est gay et plus intéressé par des mâles au physique bodybuildé, et puis il commença sa carrière dans le porno hard et n’a que peu d’intérêt pour la retenue. Ce projet n’est pas vraiment pour lui mais il s’en retrouve quand même à la barre, avec dans les pattes un script merdique écrit par Bill Kelman (Mortuary Academy) et un autre gars qui n’aura jamais rien fait d’autre.

 

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L’histoire raconte comment trois bimbos extraterrestres se retrouvent sur Terre après une panne d’essence, allant batifoler avec quelques humains avant de rentrer chez elles. Parler de scénario serait presque insultant dans ce cas précis, mais certains détails donnent l’illusion d’une intrigue: les parents de Xena partent en vacances afin de ressouder leur couple et la demoiselle contact ses copines Luna et Sona pour en profiter. Plutôt que d’aller à l’Astro Burger du coin, elles font une virée près de la Terre, secteur interdit, et finissent par se crasher sur une plage de Californie. Embêtées mais curieuses de rencontrer notre espèce, elles se font passer pour des touristes et vont aussitôt draguer des garçons en voyage pour l’été. Alors qu’un ancien scientifique devenu hippie va les aider pour recréer le fuel nécessaire à leur retour, les demoiselles vont devoir aider le Big Kahuna local (forcément appelé Big Cojones) menacé d’éviction par son ex, une femme d’affaire influente qui ne s’est jamais remise de leur rupture et cherche à se venger. Aussi tout le monde tombe amoureux, ce qui est très pratique pour amorcer quelques scènes de sexe et terminer tout ça dans la bonne humeur.

 

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On en demanderait pas plus à une série B érotique du moment qu’elle livre ce qu’elle nous promet, mais le résultat est si pauvre que le manque de substance devient un défaut supplémentaire. Soyons direct: la sexualité de DeCoteau n’est pas du tout la raison de l’échec de ce Beach Babes From Beyond. Au contraire, aurait-il vraiment livré un pendant masculinisé de la sexy comedy habituel que cela aurait été quelque chose de notable. Le fait est que le bonhomme n’a tout simplement aucun concept d’érotisme, présentant les corps des deux sexes de la façon la moins excitante possible (à part peut-être pour lui-même). Il le fait encore de nos jours d’ailleurs, mettant en scène ses propres fetiches sans pour autant les sublimer pour l’écran, et le résultat est soit ennuyeux, soit hilarant. Ici on ne se marre pas trop, la faute à l’ensemble des éléments qui ne prennent jamais: mauvais acteurs, mauvais budget, mauvais gags, mauvaise musique, mauvaise réalisation… Même le cul n’est pas bon, jamais créatif, jamais excitant et se limitant à peu de choses. On pourra trouver à l’occasion quelques massages et coups de langue plus osés, mais les multiples ralentis et répétitions des mouvements auront raison même des plus pervers.

 

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Le divertissement est bien difficile à trouver, surtout vu comment DeCoteau passe son temps à faire du remplissage en rabâchant les mêmes séquences encore et encore: une session de photos topless et un concours de bikini s’éternisent à n’en plus finir, et ce quasi numéro musical servant à présenter le décor et qui montre une trentaine de figurants danser sur une horrible chanson comme dans l’un de ces vieux films de page des années drive-in. On nous le recase plus d’une fois, et le seul moyen d’y survivre est de voir comment le cinéaste répond à ses propres attentes en plaçant quelques costauds entre chaque demoiselle, les faisant se pavanner comme des nymphettes. Citons quand même les rares gags liés tant à l’angle SF qu’au budget minuscule du film: un communicateur de vaisseau spatial n’est qu’un téléphone ordinaire, les héroïnes se font passer pour Suédoises en raison de leur accent alien, l’ancien scientifique devenu gérant de buvette possède un stand décoré de panneaux électroniques façon laboratoire, et certaines répliques provoquent parfois le sourire (“Can’t live with them, can’t desintegrate them with a Gamma death ray”).

 

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Quelques bruitages cartoonesques placés ici et là ne font qu’agacer, mais l’un d’eux fait son effet lorsque deux vilaines bimbos prêtent à en découdre émettent des grognements de chattes en colère, et si le concours de maillots de bain du dernier acte n’est qu’une énième façon pour DeCoteau d’allonger artificiellement la durée du film, il réserve quelques bons moments comme lorsque Xena remercie des gens d’une autre planète durant son discours de victoire, ou quand le groupe offre la récompense de 30.000 dollars au vieux Cojones qui en a bien besoin pour sauver sa résidence. “This is what I medidated for !” balance t-il, n’ayant effectivement rien foutu d’autre durant tout le film malgré l’urgence de sa situation. Enfin le gros atout du film, celui sur lequel il compte à fond les ballons justement, c’est son casting: Stallone, Swayze, Travolta ! Il faut alors jeter un œil aux prénoms pour se rendre compte de la supercherie: ce sont Don Swayze et Joey Travolta, frères de, qui viennent faire coucou, tandis que cette vieille bique de Jackie Stallone, mère de Sly, fait une brêve apparition dans le rôle d’une cougarde exigeante qui lui correspond assez bien.

 

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Autre invité surprise: Burt Ward, ancien Robin dans la vieille série Batman qui n’a pas grand chose à faire ici. Nulle doute que DeCoteau souhaitait savoir si la légende de son Big Bulge était vraie, mais il nous épargne heureusement le slip de bain vu que le comédien approchait les 50 ans à l’époque. Vieillissante aussi est Linnea Quigley, copine de longue date du réalisateur qui commence à ne plus trop avoir l’âge de jouer les jeunettes, se retrouvant ainsi dans la peau d’une femme d’un âge moyen malgré ses 35 ans et flirtant avec un Joe Estevez à la quarantaine bien entammée. Elle demeure professionnelle en livrant le minimum syndicale mais ne semble pas particulièrement heureuse d’être là, ayant apparemment été engagée à la toute dernière minute. Tout le contraire de Estevez, un habitué des micros budgets de chez Daniel G. Jackson qui semble s’éclater d’être, profitant des lieux sans avoir grand chose à faire mais dont l’entrain communicatif affecte aussi bien ses partenaires de scènes que les spectateurs. Pas grand chose à dire sur les Beach Babes du titre en revanche, si ce n’est que l’une d’elles (Tamara Landry, que l’on peut apparamment croiser dans Tango & Cash) est inexplicablement plus vieilles que les deux autres et ne passe absolument pas pour une teenager.

 

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Par bonheur l’interprète de Xena est la jeune hardeuse Sarah Bellomo, alias Roxanne Blaze (Up and Cummers, Crazy With the Heat II), méconnaissable ici tant David DeCoteau cherche plus à la rendre mignonne qu’explosive. Cela ne l’empêche pas d’ouvrir le film complètement nue avec une longue scène de douche, de prendre régulièrement la pose en bikini et de se retrouver attachée sur une chaise pour une courte séquence bondage avec Linnea Quigley que l’on aurait aimé être un peu plus poussée. Étrangement le cinéaste ne l’exploite pas vraiment pour ce qui est des scènes de sexe, et la sienne est repoussée jusqu’à la fin du film ! Et si celle-ci se trouve être un poil plus hot que les autres, avec une simulation de fellation, des pénétrations dans différentes positions et une meilleur balance acteur/actrice, le filtre bleu et flou gaussien utilisés semble presque trahir un body double, ou au moins des reshoots, tant l’actrice paraît différente. Autrement certains reconnaitront la siliconée Nikki Fritz (The Bare Wench Project, Dinosaur Island), qui transforme une séance photo en un long fantasme de film porno (un observateur s’imaginant alors la besogner sévère tout en s’enduisant de litres et de litres d’huile de massage); ainsi que des stock shots du Transformations de 1988 pour les images de vaisseaux spatiaux que Band et DeCoteau ne pouvaient pas se permettre.

 

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On pourrait penser que toutes ces petites choses permettraient de rehausser un peu l’intérêt de ce court Beach Babes From Beyond, qui dure moins de 80 minutes, mais ce serait commettre une erreur. Il faut au contraire creuser très profond pour lui trouver le moindre bon point, et seul les plus masochistes fouilleront assez loin pour exhumer la version alternative R-Rated du film. Une version moins explicite qui perd en nudité mais gagne en Joe Estevez via quelques scènes suppplémentaires pour compenser. Continuer l’excavation après ça risquerait de nous amener jusqu’en Enfer où nous attends justement la suite, Beach Babes 2: Cave Girl Island, toujours produit par Band, toujours réalisée par DeCoteau (et toujours sous son pseudonyme féminin de Ellen Cabot), mais sans Estevez, Quigley, Stallone, Swayze ni Travolta. Roxanne Blaze demeure pour faire monter la température, mais à ce niveau là est-ce vraiment nécessaire ?

 

“– To lust !
To therapy !

 

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