Alien Terminator
(1995)
Beaucoup d’Alien mais pas grand chose de Terminator dans ce Alien Terminator, dont le véritable titre était certainement Alien Intruder à l’origine, d’après le nom du virus mutant qui engendre le monstre de cette petite série B. Manque de bol il existe déjà un Alien Intruder datant de 1993 avec Billy Dee Williams, du coup New Horizons a sans doute fait un changement de dernière minute. Le film est exactement ce que l’on est en droit d’attendre d’une production Roger Corman de cette époque, à savoir une copie d’Alien fonctionnant à l’économie la plus totale (le film s’ouvre sur des images volées à Carnosaur 2 et se termine sur d’autres piquées à The Terror Within), le monstre lui-même n’apparaissant que dans les cinq dernières minutes du métrage et pour une poignée de plans seulements. Les morts ont toutes lieux hors-champ, le gore se limite à un peu de faux sang sur le visage des acteurs et l’action se résume à quelques dialogues et l’exploration de couloirs vides. Pourtant, allez comprendre, le résultat reste sympathique au demeurant.
Le script, co-écrit par le réalisateur, Dave Payne (Alien Avengers II et Not Like Us, toujours pour Corman, et plus tard les deux Reeker), s’inspire du fiasco de Biosphere 2, expérience scientifique alors récente visant à étudier un environnement totalement coupé du monde sur le long terme. Le résultat fut un désastre total, et comme pour remuer le couteau dans la plaie cela inspira également l’horrible comédie Bio-Dome avec Kylie Minogue et un Baldwin. Alien Terminator la précède d’une bonne année et montre donc une poignée de chercheurs opérer en totale isolation dans leur laboratoire souterrain, enterré très profond dans le désert. Mais alors qu’il ne leur reste plus qu’un jour à tenir avant la libération, un organisme génétiquement créé par l’un d’eux va s’échapper de sa cage et les attaquer afin de les bouffer. Il s’agit du virus Alien Intruder, une arme biologique développée dans le plus grand secret par la compagnie dirigeante, qui à la manière d’Umbrella dans Resident Evil compte bien faire fortune en la vendant au marché noir.
Administré à un rat, la chose va se nourrir de l’hôte et devenir une sorte de larve dégoutante, émergeant du cadavre avant de s’en prendre au chat du groupe et à son maitre. Bientôt la bestiole devient aussi grosse qu’un homme et les survivants vont tâcher de la détruire pour éviter qu’elle ne s’échappe vers l’extérieur. Pour ne rien arranger le grand patron observe la situation et compte bien les laisser mourir afin d’étouffer l’affaire. Avec seulement quelques heures d’oxygène en réserve, nos héros vont devoir repousser la bête, pirater l’ordinateur contrôlant l’écoutille de sortie et avertir la presse afin de punir les responsables. Un programme chargé pour les 82 petites minutes qui composent le film (génériques inclus), et malheureusement les choses stagnent très vite faute de budget. Peu de moments de bravoures puisque le monstre est littéralement absent jusqu’au dernier moment, ce qui nous vaut quelques scènes assez dingues comme cette reprise du déjeuner d’Alien où l’équivalent du Chestbuster sort discrètement par le dos de la victime, histoire qu’il n’y ait rien à montrer à la caméra: ni blessure, ni monstre, ni projection de sang.
Le metteur en scène n’a pas beaucoup à proposer pour meubler, mais il y parvient tant bien que mal grâce à quelques idées bancales et à l’humour involontaire: le savant fou de service est inexplicablement affublé d’une fausse barbichette très voyante, le président de la compagnie garde sur son bureau un petit cadre avec le logo de sa boite et l’accessoiriste a fabriqué un casque VR à partir de lunettes de ski sur lesquelles sont collés des fils électriques. Un généticien s’enfile du crystal meth pour “améliorer son intellect”, un narguilé trainant à côté du matériel à chimie, un couple s’envoit en l’air dans les conduits d’aération pour échapper aux regards et l’héroïne rendue folle par un confinement de deux ans colle son poing sur la gueule d’un collègue suite à des provocations un peu étranges (celui-ci prétendant qu’elle sent mauvais sur le ton de la blague, mais en le répétant plusieurs fois comme si c’était sincère). Et à plus d’une heure de film, quatre des six protagonistes sont toujours en vie.
Alien Terminator ne semble même pas vraiment clair sur la nature de sa menace. Le monstre semble être une nouvelle forme de vie générée par l’intrusion d’un virus dans un cobaye, laquelle grandit en dévorant de l’intérieur ses hôtes successif. Mais certains dialogues laissent entendre que c’est le rat de laboratoire qui a simplement muté, rendu plus fort et violent grâce au virus dont les capacités regénératives lui permettent de grossir. L’apparence de la créature va dans cette direction, avec ce costume grotesque d’homme-rat dont la tête est un masque d’Halloween doté de gros yeux globuleux qui jaillissent hors de leurs orbites. Une version mal branlée du Weasel de The Suicide Squad presque, dont on ne voit malheureusement rien sans doute pour éviter le ridicule. A ce stade la limite était pourtant largement franchie, et le pauvre monteur en est réduit à piocher dans The Terror Within pour ajouter quelques plans furtifs de sa bestiole, et tant pis si les physiques ne sont pas raccords.
Et que dire du final explosif sortie du nulle part (enfin si, de The Terror Within) où le laboratoire s’autodétruit sans raison ? Si compte à rebours il y avait, c’était uniquement sur le niveau d’air disponible ! Mais bon, la Playmate Lisa Boyle y exhibe sa poitrine siliconée et se fait lécher les seins par son partenaire de scène, donc tout est pardonné. Elle est crédité sous son pseudonyme habituel de Cassandra Leigh, et d’après une interview donnée dans Playboy son personnage devait être violée par le monstre à la manière de La Galaxie de la Terreur et Humanoids From the Deep, une vieille combine du cinéma d’exploitation pour ajouter un peu de nudité (et de crudité) au produit. Devant le refus de l’actrice, Corman ne trouva rien de mieux à faire que de recycler sa scène de douche dans Midnight Tease tourné l’année précédente. Pour compenser Maria Ford (Deathstalker IV, Slumber Party Massacre III) enfile un crop top si court que son soutien-gorge apparaît à l’écran dès qu’elle est filmé entre contre-plongée. Elle s’est aussi teinte en brune, ce qui lui va plutôt bien.
Également plaisant à regarder sont les décors en carton du laboratoire, en fait ceux de Carnosaur 2, dont on retrouve la chaise high-tech dans laquelle mourrait Miguel Núñez. Autrement on s’amuse de certaines touche d’humour décalé, comme lorsque la journaliste interview les héros dans la conclusion en leur demandant s’ils comptent vendre leur histoire à Hollywood tout en roulant des yeux lorsqu’ils s’embrassent, ou quand le président de la compagnie à priori intouchable fini par se suicider en découvrant via la télévision que le FBI va venir l’arrêter. Dommage que le script n’ait pas joué un peu plus sur ce type de situation, cela aurait rendu les choses plus intéressantes. A la place il faudra faire avec un scientifique nommé Newton, dont le diminutif donne “Newt” en une référence peu subtile à un certain film… Autant dire que dans son genre Alien Terminator est loin d’être une référence et que d’innombrables ersatz au rabais lui sont préférables (Creepozoids, The Dark Side of the Moon, Dead Space et j’en passe), même s’il possède un je-ne-sais-quoi de plaisant malgré tout.. Probablement juste la nostalgie de l’époque vidéoclub.
Au passage la jaquette VHS, qui représente le visuel officiel du film, est totalement à côté de la plaque avec cette silhouette de créature pas du tout ressemblante à celle qui apparaît dans le film et cette femme blonde en tenue sexy qui pourrait bien être Maria Ford, mais dont l’image provient clairement d’une autre production.
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