Big Freaking Rat (2020)

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Big Freaking Rat

(2020)

 

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Big Freaking Rat. Que dire de plus ? Le titre résume tout: nous avons là un foutu gros rat, et rien de plus. Écrit et réalisé par Thomas J. Churchill, producteur et metteur en scène d’une tripotée de gros Z dont un Amityville Harvest sorti cette même année, le film tape comme bien d’autre sur cette nostalgie intarissable pour la génération VHS et promet un creature feature à l’ancienne avec effets spéciaux mécaniques et humour autoréférentiel histoire de se qualifier de cheesy ou de campy auprès des fans. Pourquoi pas, tant que le résultat est divertissant ? D’autant plus que le gaillard sait comment appâter son public en rameutant cette bonne vieille Felissa Rose au casting, inoubliable Angela Baker de Sleepaway Camp qui se trouve aussi être la co-productrice du machin. Malheureusement le bonhomme n’a absolument rien d’autre à présenter que son monstre vedette et tourne surtout des banalités qui s’étirent interminablement afin de venir au bout des 80 petites minutes de durée réglementaire, livrant la même tambouille que les trois-quarts de ses collègues.

 

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Au lieu de scènes d’expositions, c’est le générique d’ouverture (tout en CGI !) qui raconte comment la créature vient au monde et dans quel contexte elle va surgir au grand jour. Pas un mauvais départ pour être franc puisqu’il s’agit d’un cliché tellement éculé qu’il vaut mieux le survoler plutôt que de perdre de longues minutes à le contempler: une compagnie balance des déchets toxiques dans un parc national et la tambouille chimique fuit dans les eaux d’un lac, s’infiltrant ainsi dans les égouts où un petit rat va faire son repas. Devenu aussi gros qu’un ours après sa mutation, il se nourrit de la faune locale et fait son nid dans un vieux réseau de tunnels abandonnés avant d’être accidentellement emmuré lorsque le gouvernement décide de nettoyer la zone polluée. 27 ans plus tard, alors que le parc rouvre officiellement ses portes pour accueillir quelques campeurs, deux idiots vont retirer les planches bloquant l’entrée de la mine, libérant la bête qui va commencer à bouloter tout le monde.

 

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Il n’en faut pas tellement plus pour satisfaire le fan de monster movie, et puisque l’ambiance est plus à la déconne qu’autre chose ces origines simplistes n’importent pas vraiment. Le problème c’est que jamais le cinéaste n’exploite son monstre et ses caractéristiques particulières, se contentant de le balancer sur quelques figurants pour le nourrir. Il aurait aussi bien pu être un gros raton laveur ou d’un alien de l’espace que cela ne changerait rien. Il ne possède aucune affinité pour les ordures, ne porte pas de maladie contagieuse, n’est pas une femelle gestante menaçant de libérer une portée affamée et n’a pas besoin de continuellement ronger quelque chose afin d’empêcher ses dents de grandir. Même lorsqu’une scène pense à montrer ses énormes déjections, on n’y trouve aucun débris humains à l’intérieur et la merde est simplement là pour faire glisser un flic et amuser la galerie. Il faudra donc se contenter d’attaques rapides et répétitives qui interviennent aléatoirement pour briser la monotonie d’un scénario particulièrement vide.

 

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Il n’y a pour ainsi dire aucun personnage central, plutôt un groupe de protagonistes dont on ne sait jamais vraiment qui est le plus important dans l’intrigue. Il n’y a pas de lente réalisation que quelque chose cloche dans le parc, pas d’exploration des galeries souterraines, dont l’une donne pourtant directement sur le bâtiment des park rangers que l’on suit, et ce n’est pas l’acting qui va arranger les choses, les comédiens récitant des dialogues un peu trop artificiels lorsqu’ils ne sont pas improvisés. Des banalités généralement, du discours écologique aux sérénades romantiques, le tout saupoudré d’un humour insipide et simplet. Le duel boomers / millenials devient vite assez lourd sur ce point, et voir Felissa Rose se donner un rôle minimaliste où elle n’a rien à faire que bronzer au soleil ou rester assise le cul vissé à son bureau est un peu frustrant. En fait les héros restent tellement chez eux à ne rien foutre qu’à dix minutes de la fin, ils ne savent toujours pas qu’un des leurs est mort et qu’une quinzaine de touristes ont été tués !

 

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Le rat lui-même doit venir les agresser en plein jour histoire d’accélérer un peu les choses, et l’ultime combat est si plat et anticlimatique (ça ce dit en français ça d’ailleurs, anticlimactic ?) que Big Freaking Rat à juste l’air de se terminer comme ça, par défaut, en l’absence d’une véritable conclusion. Alors oui, c’est l’animal qui importe avant tout, mais quand même ! Heureusement, Ô miracle, il y a Lenny et les mafieux. Seuls personnages ayant un semblant d’arc narratif, ils sont au centre d’une situation si conne qu’elle ne peut que faire sourire. Ainsi une bande de vieux gangsters pas très malins préviennent les autorités pour se plaindre du bruit causé par la bête dans leur cave, alors qu’ils sont eux-mêmes en pleine séance de torture. Car ils ont un “rat”, un traitre dans leur rang, et ils comptent bien le faire parler. Débarque Lenny, exterminateur rital et frimeur venu régler leur problème… Oui mais lequel ? Les criminels se méprendront, et le plus absurde est que l’autre persistera à vouloir faire son boulot quand bien même il a l’occasion de s’enfuir.

 

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Impossible de ne pas se prendre de sympathie pour ce personnage très Bruce Campbell dans l’âme, macho mais pétochard, lanceur de one-liners (“We’re gonna need a bigger trap”, bien sûr) et qui se marre à l’idée que des tueurs endurcis puissent craindre un gros rongeur. Si seulement le film avait été centré sur lui, le résultat aurait été diablement fun. En l’état il se retrouve le cul coincé entre chaises avec d’un côté une série Z chiante et mal foutue, de l’autre une série B bien shootée à la RED avec un amour visible pour le gros latex. Alors il reste le monstre, seule raison d’être du projet, effectivement impressionnant même si plutôt grossier. Il peut cligner des yeux, possède de grosses moustaches, des dents pointues et une longue queue avec laquelle il peut attraper ou repousser ses proies. Il encaisse les tirs de fusils à pompe, se prend du 9mm dans la bouche sans broncher et se fait même crever un œil d’entrée de jeu. Une véritable star que le réalisateur dévoile dès les premières minutes du film, se moquant totalement des règles élémentaires du genre.

 

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Le budget ayant sûrement été englouti dans sa construction, il ne reste alors plus grand chose pour décrire ses méfaits. Quelques têtes mâchouillées, une main tranchée et beaucoup de jets de sang. Les mutilations sont limitées faute de bons maquilleurs et à part pour un corps coupée en deux, il faudra surtout compter sur du hors champ, des ellipses ou quelques griffures peu profondes sur les visages. Décevant vu la taille de la bestiole et le carnage du camping, prévu comme le clou du spectacle, ne ressemble alors plus à rien à force de multiplier les fondus au noir pour simuler le chaos. Citons quand même cette caméra placée de temps en temps dans la gueule du rat et ce garde forestier juché sur un cheval qui se fait arracher un bras. Aussi, Thomas J. Churchill brise sa promesse du “no CGI” pendant deux courtes secondes, juste le temps de montrer la créature galopante dans son terrier. Un choix sans doute volontaire pour faire drôle et s’attirer les rires des nanardeurs. Pas très brillant tout ça, et il fallait sans doute s’y attendre vu la filmographie du responsable.

 

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Pour autant il parait évident que celui-ci a donné le meilleur de lui-même et ne cherche pas à gruger le spectateur: malgré ses nombreux défauts Big Freaking Rat semble honnête. Si les bonnes intentions vous suffisent, alors vous y trouverez peut-être votre compte. Pour les autres sachez que vous pouvez quand même compter sur la présence des jeunes Dylan Caleb Thomas (Candy Corn, The Terror of Hallow’s Eve, Zoombies 2) et Cece Kelly (rien sur le CV mais très mignonne en mini short), et surtout sur Dave Sheridan dans le rôle de Lenny. Allumette à la bouche, coiffé comme Elvis, celui qui fut Doofy dans Scary Movie et ce gentil adjoint dégommant les Firefly à la fin de Devil’s Reject semble s’éclater à jouer le Ash de service, y allant à fond sur le côté beauf. Étrangement, alors que son nom est crédité parmi les rôles principaux au générique, il n’apparait nulle part sur la page IMDb du film. Sans doute une erreur, après tout 2020 fut une année compliquée, mais pour le coup cette anecdote est bien représentative du produit: bancal, maladroit et franchement pas sérieux.

 

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