Shark Attack (1999)

 

Shark Attack

(1999)

 

 

Si on connaissait surtout Nu Image pour ses films de guerre et d’action au rabais, l’aube du nouveau millénaire signe un renouveau chez la firme. Celle-ci relance sur le marché du direct-to-video une batterie de films fantastiques animaliers dans l’espoir de redorer un peu son blason et d’élargir son cercle de vente. Sortirent alors simultanément Spiders, Crocodile, Octopus et, un peu avant, ce Shark Attack (ou Alerte aux Requins à la télévision française) qui va rapidement devenir un titre phare de la firme et le premier volet d’une trilogie.

 

 

Shark Attack se déroule à Amanzi, en Afrique du Sud. Nous y voyons le biologiste Marc Desantis être assassiné par deux policiers: tailladé, il est jeté à l’eau et aussitôt attaqué par un requin. Travaillant sur l’étrange recrudescence d’attaques de squales dans les parages, il aura toutefois eu le temps d’envoyer un e-mail à un confrère, Steven McKray. Ce dernier se rend alors sur place et apprend le décès de son ami. Avec la sœur de celui-ci, il entreprend alors de continuer l’enquête, gênant quelque peu le Dr. Miles Craven, un ancien camarade de McKray et Desantis qui travail également sur les requins. Pendant ce temps l’entrepreneur immobilier Lawrence Rhodes expulse les pêcheurs du coin suite au déclin de l’économie régionale depuis les attaques de requins…

 

 

Alors qu’on s’attendait à une bête copie du mythique Dents de la Mer, Nu Image “innove” en s’inspirant non pas de ce classique mais du Peur Bleue de Renny Harlin sorti la même année. Pas question d’un énorme requin intelligent mais bien de toute une colonie de squales ayant été rendu hyper agressif par la faute de scientifiques: dans l’espoir de guérir le cancer (contre Alzeimer dans Peur Bleue) avec le système immunitaire très performant des requins, une hormone de croissance synthétique a été placée dans leur cerveau afin de sur-multiplier leur métabolisme. Le problème c’est que cela entraîne une encéphalite (hypertrophie du cerveau) et donc un retour au besoin primaire. Pour faire simple: l’organe est tellement endommagé que les requins croient avoir toujours faim et cherchent à se nourrir continuellement, agressant alors tout ce qui passe à leur portée. Et comme il n’y a presque plus de poissons dans la baie, les humains sont au menu.

 

 

Toutefois Shark Attack se contente de reprendre simplement cet élément du film de Harlin, préférant au laboratoire immergé au beau milieu de l’océan un cadre plus exotique avec cette baie des côtes africaines, et zappant même pratiquement l’élément de science-fiction de son intrigue pour virer au pur film d’aventure et… d’action! Comme quoi, on ne se refait pas. La majeure partie de l’intrigue se déroule donc sur la terre ferme avec la mise en place d’un complot, car il est évident que les attaques de requins cachent quelque chose. On peut être surpris de cette orientation tant les mangeurs d’hommes ne constituent au final qu’un petit élément de l’histoire alors que l’on s’attendait à ce que l’action soit centrée sur eux (le film se rapproche alors plus de Barracuda que de Peur Bleue pour le coup). A ce titre, les attaques sont au final bien limitées: deux personnes dévorées (respectivement au début et à la fin de l’histoire), une autre blessée. Par ailleurs à l’exception de ces attaques, les squales n’apparaissent généralement que lors de séquences sous-marines incluant les deux personnages principaux. Autant dire que pour l’aspect horrifique et la peur du grand blanc, c’est plutôt maigre.

 

 

Bien entendu il s’agit moins d’une volonté créatrice que d’une histoire de budget. Shark Attack n’est qu’un téléfilm prévu pour la diffusion télévisuel américaine avant même une exploitation vidéo et en conséquence le budget n’est pas prévu pour faire des miracles. Le scénario exploite au maximum son histoire de complot et d’enquête, et avance de façon linéaire et prévisible, enchaînant les scènes de discussions et limitant le reste au minimum syndical. Et pour ceux qui s’attendent à une intrigue solide ou à un quelconque suspense, c’est plutôt raté: le film sombre presque dans la caricature tant le Dr. Craven est désigné comme quelqu’un de louche et irresponsable (son remède contre le cancer ne marche évidemment pas, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre ses expériences et de les tester sur des cobayes humains) et que les deux flics corrompus semblent tout droit sortit d’un film de Chuck Norris (un chauve barbu nerveux et un type qui ricane tout le temps).

 

 

Sûrement conscient de son histoire bancale et de sa quasi-absence de scènes d’horreurs aquatiques, le réalisateur tente comme il peut de garder éveiller l’intention du spectateur en lui offrant un peu de dynamisme. Ainsi le biologiste de l’histoire est également expert en arts martiaux à ses heures, comme il nous le prouve au détour d’un combat de bar purement gratuit, et les voitures explosent au moindre choc, comme c’est bien connu aux États-Unis. On se retrouve avec de la petite action digne des Nu Image habituel en somme. En fait c’est bien simple, passé les 60 première minutes les requins disparaissent complètement de l’histoire et les 25 minutes restantes semblent tout droit sortis d’un sous-James Bond: sidekick pseudo-comique, fusillades, poursuites en voitures et en bateau, explosion de véhicules en tout genre dont un hélicoptère, Shark Attack va même jusqu’à oser nous refaire le coup de la scène finale devenu un cliché ambulant: prisonniers dans le repère du grand méchant et entourés de viles gardes armés, nos héros découvrent qui tire les ficelles de toute cette histoire tandis que, évidemment, le fameux plan secret leur est révélé à la dernière minute. Ceci avant qu’un commando de pêcheurs en colère n’entre en scène et ne provoque le combat final entre les Méchants et les Gentils ! Hallucinant, mais après tout c’est un Nu Image.

 

 

Cependant il faut noter néanmoins une chose: Shark Attack a été un minimum soigné. Doté d’un paysage plutôt séduisant et qui change des plages américaines habituelles, il est amusant de constater que ces séquences de requins que l’on ne trouvait pas terrible à l’époque apparaissent désormais comme très bien maîtrisés aux vues des futurs autres films de la série. On ne voit certes jamais clairement les squales surgirent de l’eau lorsqu’ils attaquent, pas plus que de pauvres victimes se débattent dans leur gueule, ni même de séquences gore (quoique l’on apercevoir quelques dissections de squales), mais les faux grands blancs sont très réalistes et particulièrement bien conçues, tandis que les nombreux stocks shots sont parfaitement intégrés à l’action: pas de changement de grain d’images, pas d’appâts visibles, tout est calculé pour très bien correspondre à ce qui se déroule dans le film (un grand bravo au monteur en tout cas). Et surtout ici les requins ne rugissent pas comme des lions ! Alors si Shark Attack souffre toujours d’être une petite production Nu Image, elle n’en reste pas moins infiniment supérieur face à ses successeurs à ce niveau.

 

 

Enfin il est aussi bon de remarquer un casting assez étoffé puisque l’on y croise aussi bien un Casper Van Dien sur la touche depuis Starship Troopers qu’un Ernie Hudson qui s’est empâté depuis S.O.S. Fantômes. Et si le premier nous refait un peu la même chose que dans le film de Paul Verhoeven (il faut le voir lutter seul contre un énorme grand blanc à l’aide d’un simple petit bâton, ce qui renvoie un peu à son rodéo sur le scarabée géant), le second nous montre qu’il peut très bien interpréter les grosses enflures malgré son image de grand gentil. Dans un registre bien moins connu, le Dr. Miles Craven est lui interprété par Bentley Mitchum, que l’on a pu apercevoir alors tout jeunot dans Demonic Toys. Quant à Jenny McShane, qui ne sert à rien si ce n’est à faire acte de présence et à montrer son bikini de temps à autre, il faut croire que l’expérience lui a plu car nous la retrouverons au générique de Shark Attack 3 (dans un autre rôle, précisons).

 

 

Shark Attack, avec une réalisation plus maîtrisée que ses successeurs et ses quelques acteurs sympathiques, est le meilleur opus de sa série mais il ne reste toutefois qu’un petit téléfilm à bas budget (Nu Image coproduit avec l’Afrique du Sud et l’Israël, se payant ainsi des figurants moins cher), prévisible et sans grand intérêt. Il demeure ainsi semblable aux productions habituel de la firme, le côté nanar en moins, ce qui lui vaut de perdre de l’intérêt puisque du coup, il risque d’en ennuyer plus d’un ! Paradoxal ?

 

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